2.5. Méthodes d'analyse des données
L'ensemble des données traitées dans ce travail
proviennent de deux sites proches, à savoir l'AMP de Bamboung et le
bolon de Sangako. Le coup de pêche est l'unité d'effort de
pêche. Un coup de pêche représente 0,005 km2,
soit 0,5 ha. Le taux d'échappement de la senne tournante est de 50%
(Charles-Dominique, 1989). Les indicateurs biologiques (abondance, biomasse,
taille moyenne et taille maximale) et les indicateurs dont le calcul en
dérive (indices synthétiques, le niveau trophique) ont
été calculés en tenant compte du taux d'échappement
et sont ramenés à l'hectare. La taille des séries de
données obtenues est égale à 30 observations pour l'AMP de
Bamboung et 36 observations pour le bolon de Sangako.
Ceci correspondant au nombre de stations par site (5 ou 6
stations) multiplié par le nombre de campagnes par années (3
campagnes) et multiplié par le nombre d'années d'étude (2
années).
2.5.1. Les paramètres physico-chimiques
Les données de l'environnement ont fait l'objet d'une
étude descriptive et d'une analyse multivariée (l'Analyse en
Composante principale Normée (ACPn)). L'analyse en composante principale
normée a été réalisée sur les variables
environnementales pour chaque site d'étude puis pour l'ensemble des deux
sites. Les variables prises en compte sont la transparence, la salinité,
la température, la teneur en oxygène dissous et la profondeur.
L'ACPn permet de déterminer les ressemblances entre les
individus statistiques (les relevés environnementaux) à partir
des liaisons entre les variables (paramètres physico-chimiques). Les
données ont été centrées et réduites en
raison de la différence d'unité de mesure des variables
étudiées.
Le pourcentage de saturation en oxygène n'a pas
été mesuré lors de la campagne d'octobre 2008 faute de
matériel (la sonde multiparamètre n'était pas disponible).
Les valeurs de l'oxygène de surface et de fond sont des valeurs
manquantes pour cette période dans toutes les stations. Ces
données manquantes ont été remplacées par la
moyenne annuelle du pourcentage de saturation en oxygène de 2008 dans
chaque site dans les analyses statistiques.
2.5.2. Les indicateurs bioécologiques
La différence entre les deux sites est
étudiée à l'échelle de leur peuplement de poissons.
Un indicateur biologique ou marqueur biologique est un paramètre
mesurable présent dans un système biologique.
? Les indices globaux
L'abondance (ou effectif) est par définition le nombre
d'individus. La densité (abondance à l'hectare) est
calculée en sommant d'abord les abondances des 30 coups de pêche
dans l'AMP de Bamboung et des 36 coups de pêche dans le bolon de Sangako.
Cette somme est divisée par le nombre de coups de pêche pour avoir
une abondance moyenne. L'abondance moyenne est multipliée par le facteur
4 pour avoir la densité à l'hectare. Le facteur multiplicatif 4
s'explique par le fait que le coefficient d'échappement de la senne
tournante est de 50% et que la superficie de la senne tournante est de 0.5
ha.
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où A est la densité, Ai est l'abondance par coup de
pêche et x, le nombre de coups de pêche.
La biomasse est l'ensemble de la matière organique.
C'est la masse des organismes vivants présents dans un milieu
donné. La biomasse à l'hectare est calculée selon la
même procédure que la densité.
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où B est la biomasse, Bi est la biomasse par coup de
pêche et x, le nombre de coups de pêche.
La richesse spécifique (S) désigne le nombre
d'espèces présentes dans l'espace considéré. Une
richesse spécifique peut s'exprimer en richesse totale ou en richesse
moyenne. La richesse totale correspond au nombre total d'espèces
présentes dans un biotope ou une station donnée. La richesse
moyenne correspond au nombre moyen d'espèces présentes dans les
échantillons d'un peuplement étudié.
Le niveau trophique moyen (NTm) dans chaque site
est calculé par la formule suivante (McClanahan and Mangi, 2004):
où NTmk est le niveau trophique moyen du
site k, bik la biomasse de l'espèce i du site k, NTi le
niveau trophique de l'espèce i et bik, la biomasse totale du site k.
La taille maximale est obtenue par tri des tailles de poissons
débarqués à chaque coup de pêche.
TMO = Max (Ti Ti+1, Ti+2, Ti+3, Ti+4, Tn) où Ti est la
taille de l'individu i et n, le nombre total d'individus pesés. La
taille moyenne est calculée selon la formule suivante :
Tm = ?ti / n,
où ti est la taille de chaque individu i
et n, le nombre total d'individus mesurés.
? Les indices synthétiques
Le calcul d'indices synthétiques permet de mesurer le
degré d'organisation des communautés et la qualité de
cette organisation (Legendre et Legendre, 1984). La diversité peut
être mesurée par différents indices comme l'indice de
Shannon, l'indice de Simpson et l'équitabilité. L'indice de
Shannon est le plus utilisé et avait déjà
été choisi pour d'autres études sur les peuplements de
l'estuaire du Sine-Saloum (Diouf, 1996) ou sur ceux spécifiques à
Bamboung (Albaret et al., 2005).
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L'indice de diversité de Shannon (H') est un indice qui
permet de décrire la structure d'une communauté. Par
définition, il n'a pas de sens lorsque le nombre d'espèce est de
1. Une espèce très peu abondante n'aura pas un impact majeur sur
la diversité de l'écosystème ; inversement, une
espèce très abondante et représentant presque 100% du
peuplement aura un impact en diminuant l'indice de diversité de
Shannon.
où H' est l'indice de diversité de Shannon, i
une espèce et pi, la proportion de l'espèce i
par rapport au nombre total d'espèces (S) dans le milieu
d'étude (ou richesse spécifique du milieu), qui se calcule de la
façon suivante : p(i) = ni /
N
où ni est le nombre d'individus pour
l'espèce i et N, l'effectif total (les individus de toutes les
espèces).
L'indice de diversité de Shannon varie de 0 (une seule
espèce) à ln(S) (toutes les espèces ont la même
abondance). L'utilisation de l'indice de Shannon présente un
inconvénient : les valeurs prises par H' dépendent à la
fois de la richesse et de la répartition des effectifs entre les
différentes espèces.
Indice de diversité de Simpson 1-D : il correspond
à la probabilité que deux individus prélevés
aléatoirement dans la communauté appartiennent à des
espèces différentes. Il s'agit d'un indice
hétérogène qui prend en compte
l'équitabilité de la répartition des espèces ainsi
que la richesse spécifique et se calcule par la formule suivante :
où Pi est la proportion de l'espèce
i et s, le nombre total d'espèces.
Equitabilité de Simpson E1-D : Cette mesure
résulte de la décomposition de l'indice de diversité de
Simpson, en divisant l'indice de Simpson par (1-1/S), S étant la
richesse spécifique. Cet indice permet de s'affranchir de la richesse
spécifique, et ainsi n'étudier que la distribution des
différentes espèces les unes par rapport aux autres. L'indice
d'équitabilité permet de mesurer la répartition des
individus au sein des espèces, indépendamment de la richesse
spécifique. Il mesure la régularité avec laquelle les
individus sont répartis entre les taxons présents.
L'équitabilité est comprise entre 0 et 1 : elle est proche de 0
quand la quasi-totalité des effectifs est concentrée sur une
seule espèce (dominance d'une des espèces); elle est proche de 1
lorsque toutes les espèces ont la même abondance
(équirépartition des
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individus dans les espèces). On parle de
régularité complète lorsque l'indice
d'équitabilité est égal à 1.
Tous les indicateurs ont fait l'objet d'une analyse
descriptive suivie d'une analyse de comparaison en utilisant le test non
paramétrique de Wilcoxon. Les traitements statistiques et les graphiques
ont été réalisés avec le logiciel R disponible en
accès libre sur le web à l'adresse suivante :
http://cran.r-project.org/ et la librairie ade4 pour les analyses
multivariées (Thioulouse et al, 1997). Certains graphiques sont
tracés à l'aide du logiciel Excel.
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