La participation politique dans les bidonvilles. Les cas de Newton-aéroport et de New-bell Douala.( Télécharger le fichier original )par Raouto Crazzilli NANTCHA Université de Douala - MASTER II- DEA Sociologie 2015 |
6-2-2- Le niveau de revenuLe niveau de revenu est un aspect non négligeable dans la détermination de l'intérêt qu'ils accordent à la vie politique. Dans ces quartiers, la majorité s'exerce dans le secteur informel et voici leurs activités : « mototaximen », vendeur à la sauvette, mécanicien, aide maçon, vigile, menuisier, travailleuse de maison et la liste n'est pas exhaustive. C'est partant de tout cela que, Philippe Bissek134(*) les appelait « populations à faibles revenus ». Aussi, Jean Marc Ela135(*)relevait que le mirage urbain attirait ces individus vers les villes. Mais ils viennent se confronter à une inadéquation entre les infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi. Quand bien même certains ont un revenu, ce revenu n'est pas de nature à leur permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi, qu'ils rabattent dans les bas-quartiers, les quartiers pour travailleurs sous-payés ou à revenu faible, où sévissent la misère, l'insalubrité, une forte pression démographique. C'est fort de cette situation qu'Achille Mbembe136(*) a relevé que c'est un certain seuil de revenu par tête qui viabilisera la démocratie en Afrique. Sinon les habitants ne prioriserons que la satisfaction des exigences matérielles et alimentaires sur d'autres, avec comme conséquence l'orientation des représentations politiques sur l'attente « du manger » ou du matériel. Dans la même lancée, Jérôme Lafargue mentionnait déjà qu'une mobilisation dans les bidonvilles n'est pas efficace à cause de la pauvreté des uns et des autres. Ainsi, le faible ou le manque de revenu pourrait expliquer ce faible investissement de ces populations dans la mesure où la participation requiert une certaine indépendance économique ou matérielle et un revenu important qui permettraient l'achat des journaux par exemple, d'adhérer à un parti puisqu'il y a des contributions à faire. Au demeurant, retenons de cette partie que les habitants des bidonvilles s'investissent peu dans la chose publique parce qu'ils recèlent en eux un sentiment d'incompétence en la matière. Ce sentiment est causé par le défaut de culture politique.Aussi, ils ressentent une désaffection et un désintérêt pour la politique, le tout accentué par l'abandon des partis politiques qui laisse un vide au niveau de la formation et de l'information politique. Cet état de chose peu aussi être corrélé à l'âge en ce sens que ce sont des quartiers constitués en majorité des jeunes ; également au sexe dans ce sens que la discrimination de genre fait en sorte que les femmes qui sont plus nombreuses n'ont pas un réel statut politique ; en plus, le niveau d'étude permet de relever que la déperdition scolaire fait en sorte que très peu s'investissent dans la gestion de la chose publique. * 134Bissek (Philippe), Habitat et Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, pp.11-12 * 135Ela (Jean Marc), La Ville en Afrique Noire, Karthala, Paris, 1983, pp. 71-99 * 136Mbembe (Achille), Afriques Indociles : Christianisme, Pouvoir et Etat en Société Postcoloniale, Karthala, Paris, 1988, pp.153-177 |
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