4) Analyse et interprétation des
résultats
Les résultats présentés ci-dessous sont
issus d'enquêtes qualitatives. Ils seront analysés au regard de la
grille d'analyse et des questions formulées plus haut.
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a) Le dispositif départemental
d'appui-conseil
Dans la première phase du programme, 5 régions
ont été choisies dont la région Ouest. Au tout
début, 5 départements faisaient partir de cette phase pilote
à raison d'un département par région. La deuxième
année, 5 départements supplémentaires ont
été touchés. C'est ainsi que le programme ACEFA est
arrivé dans les Bamboutos lors de la deuxième vague de la
première phase plus précisément en 2010. 86 projets y ont
été financés dont 59 sont opérationnels (68.6%) et
20 en difficulté (Source : réunions ADOP et CODAC).
Généralement les projets sollicités dans les Bamboutos
concernent principalement les productions animales. Le dernier financement a eu
lieu en 2012.
Jusqu'ici plus de 305 groupements de producteurs sont
accompagnés dont 270 respectent leurs engagements. Parmi eux,
près de 236 présentent des résultats (151 dynamiques avec
d'excellents résultats). Et 6 OPA (2 coopératives et 4 unions de
GIC) et 44 EFA observatoires sont aussi suivies. (Source : réunions ADOP
et CODAC).
? Fonctionnement de la cellule
départementale
En se basant sur nos observations et enquêtes, on peut
dire que le dispositif d'appui-conseil du département fonctionne plus ou
moins bien. Car chaque membre de la cellule semble jouer son rôle et les
objectifs d'ACEFA au niveau des départements sont presque tous atteints.
En effet il était prévu 30 CGP par département et 12 GIC
par CGP donc 360 GIC à accompagner et 50 EFA observatoires. Ces chiffres
sont presque atteints et les GIC accompagnés sont fonctionnels à
plus de 88%.
Cependant il existe un manque de collaboration entre les
cadres de la cellule et les conseillers de bases. Ce problème se
manifeste surtout par le fait que contrairement aux cahiers de charge, les
conseillers de base (CGP) font très peu appel aux conseillers
spécialisés. Ils préfèrent faire appel à un
autre CGP. La raison peut être que le CTS est perçu comme un
supérieur hiérarchique et donc les conseillers
préfèrent éviter de lui faire part de ses
difficultés ou ils ont plus confiance en leurs collègues qu'ils
côtoient depuis plus longtemps.
? Pluriactivité et relations avec le
ministère
En général tous les membres de la CTD occupent
d'autres fonctions dans leur ministère d'origine. Au niveau des cadres
de la CTD, tous les membres occupent un poste minime de cadre d'appui sauf le
Chef de la CTD et le RCTE qui occupent des postes plus élevés. En
tant que cadre d'appui, ils n'ont en principe aucune activité à
proprement parler dans leur ministère. Toutefois le chef de la CTD et le
CGE sont encore membres du PNVRA au sein duquel ils ont une certaine
responsabilité : le chef de la CTD est le superviseur
départemental du PNVRA dans les Bamboutos et le CGE est responsable des
organisations paysannes au niveau de département, du suivi des GIC et
des unions de GIC.
Au niveau des CGP, une certaine diversité
apparaît. Ceux originaires du MINEPIA sont principalement cadres d'appui
en dehors de 2 conseillers qui sont respectivement chef de section et chef de
centre zootechnique. Alors que ceux du MINADER sont presque tous des chefs de
poste agricoles.
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Ainsi dans la grande majorité des cas, les acteurs du
dispositif ont d'autres fonctions. Ce qui se répercute sur leurs
activités, ils sont moins disponibles pour les activités d'ACEFA.
Ce problème est sérieux dans la mesure où il peut arriver
qu'un cadre s'absente plusieurs jours pour pouvoir réaliser d'autres
activités ou qu'un conseiller accorde peu de temps à ses GIC.
Prenons le cas d'un cadre du dispositif qui est chef de poste agricole dans une
zone A mais cadre ACEFA dans une zone B. il serait obligé de repartir
son temps entre ces 2 zones. Il peut avoir des urgences dans la zone A et donc
indisponible pour recevoir des producteurs ou conseillers ACEFA. Le travail des
autres s'en trouve aussi ralenti.
? Moyens mobilisés
Chaque cadre dispose d'un ordinateur et d'outils
spécifiques pour ses activités. Par exemple, le CGE dispose de
logiciels (TOPAZE et TOPANALYSE).
En dehors de ces ordinateurs et outils propres à chaque
conseiller, la CTD dispose de :
-2 véhicules ;
-une photocopieuse très souvent en panne;
-un accès internet.
Chaque CGP tout comme les autres conseillers (CTS, CGE, CGO)
dispose d'une moto pour leur déplacement sur le terrain. 5 conseillers
élus par leurs collègues disposent chacun d'un ordinateur
portable offert par ACEFA.
Ainsi comme on le voit, les outils donnés par ACEFA aux
conseillers ne sont pas suffisants. 5 ordinateurs pour 31 conseillers, c'est
insuffisant quand on sait que chaque conseiller de base doit saisir les fiches
de suivi, de caractérisation sur une base de données accessible
seulement sur ordinateur. On comprend alors l'une des difficultés que
rencontrent les CGP pour la saisie des fiches. Avec une seule photocopieuse
très souvent en panne mise à la disposition de 39 personnes, il
ressort que les moyens sont insuffisants et peuvent représenter une
contrainte aux activités de la cellule technique.
? Gouvernance et organisation
? Organisation :
Dans le dispositif ACEFA, les Bamboutos sont subdivisés
en 4 secteurs. Chaque secteur est à son tour subdivisé en aires
de conseil où intervient un conseiller par aire. Chaque conseiller CGP a
à sa charge environ 10-11 groupements.
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Figure 4: répartition des aires d'appui conseil
par arrondissement. Source : CTD Bamboutos
? Réunions :
Il y a les réunions sectorielles une fois par mois pour
les CGP du même secteur. Les réunions hebdomadaires chaque lundi
pour la CTD et les réunions mensuelles départementales.
Dans la réunion hebdomadaire, on fait une
évaluation des activités qui ont été
programmées au cours de la semaine précédente. On voit ce
qui a été réalisé et ce qui n'a pas
été réalisé. On fait une programmation des
activités qui doivent être faites au cours de la semaine qui
suit.
La réunion mensuelle c'est la même chose sauf
qu'elle est élargie aux CGP alors la réunion hebdomadaire
regroupe le Chef de la CTD, le RCTE, le CGO et les Conseillers
Spécialisés. La réunion sectorielle organisée une
fois par mois à tour de rôle par un CGP. Elle a pour but de
préparer le rapport d'activité à rendre à la CTD,
encourager et faciliter les échanges entre CGP sur les
difficultés, les offres et demandes de leur GIC.
? Prise de décision :
En fait la prise de décision est très relative.
Les décisions techniques (utilisation du matériel, tenue des
réunions...) sont prises au niveau de la CTD. Pour l'administratif et
les dépenses, la CTD fait une proposition à la hiérarchie.
Ainsi la cellule dispose de très d'autonomie financière. Recourir
à chaque fois à la coordination régionale peut entrainer
des retards dans les activités.
Comme nous venons de le montrer, la composition réelle
et le fonctionnement du dispositif départemental d'appui-conseil
présentent très peu d'écart par rapport à ce qui
était prévu dans la documentation ACEFA. Il comprend les moyens
humains (chef de la CTD, RCTE, CTS,
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CGE, CGO, CGP) et matériels prévus. Le
fonctionnement du dispositif présente aussi des
spécificités propres aux régions. Par exemple la
répartition des conseillers n'étant pas abordée dans la
documentation ACEFA, elle relève donc d'une organisation propre à
chaque département. Ici dans les Bamboutos, les CGP sont répartis
selon les aires issues d'un découpage réalisé par le
système administratif du pays. L'aspect réunion dans le
département est aussi absent de ces documents. Ainsi les réunions
sont organisées par la CTD. Par exemple, les réunions
sectorielles présentent des rôles différents selon les
régions. Dans notre zone, elles ont 2 objectifs (préparer le
rapport mensuel sectoriel à déposer à la CTD et favoriser
les échanges entre CGP).
? Le dispositif de suivi-évaluation
Un dispositif de suivi-évaluation a été
mis en place et fonctionne de manière très verticale. Dans
l'ensemble, le rôle du dispositif de suivi évaluation semble avoir
été cerné par les différentes personnes
interrogées. Que ce soit les fiches de caractérisation et
d'évolution permettant de pouvoir suivre l'évolution des GIC au
fil des années ou les rapports d'activités et tableau de bord
à déposer.
Malheureusement, ce dispositif fonctionne mal dans la
réalité. Les acteurs du dispositif ont très peu de retour
de l'analyse faite de leurs résultats. De plus avec l'échec d'un
premier dispositif qui avait été installé lors de la
première phase, les conseillers attendent peu de ce nouveau dispositif
qui suscite alors peu d'intérêt. Les conseillers se plaignent des
conditions difficiles de recueil des informations car les producteurs ont du
mal à remplir ces fiches car ils ne font pas attention aux
quantités récoltées, aux dépenses.... Certains se
plaignent aussi du temps qu'ils passent à remplir ces fiches «
trop volumineuses ». L'un d'entre eux disait à cet effet :
« Le remplissage des papiers prend plus de temps. Ce qui diminue le
temps sur le terrain ». Le fonctionnement de ce dispositif met en
lumière la mauvaise planification des activités. Selon les
observations faites et les dires des acteurs, les demandes de rapport «
surgissent » avec des « échéances très courts
» obligeant les conseillers et cadres à arrêter souvent
toutes leurs activités afin de respecter les délais. Cela se
répercute sur la qualité des données recueillies et celle
des activités de conseil.
? Comités de cogestion :
Selon nos observations, ces comités de cogestion
existent et les réunions ont lieu. Cependant ils ne jouent pas leurs
rôles. En effet, lors de la réunion de l'ADOP les producteurs
participaient peu aux discussions. Ils donnaient l'impression d'être de
simples spectateurs. Ce n'est qu'à la phase « échanges
d'expériences entre producteurs » que leur participation a
été effective.
Pourtant ce système de cogestion était
censé être un lieu où les producteurs pouvaient s'exprimer
sur le dispositif d'appui-conseil. La réalité en est tout autre.
Cela pourrait être dû au fait que les producteurs présentent
un faible intérêt pour ces instances.
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