1.1.6. LES MALADIES D'ORIGINE HYDRIQUE
L'accès très faible à l'eau au
nord Kivu généralement nous donne une idée sur la
quantité de l'eau qui peut être disponible dans les ménages
à Rubaya. Afin de clarifier le rapport entre l'approvisionnement en eau
et l'incidence de plusieurs maladies qui sont manifestes dans les
différentes structures de santé de l'AS Rubaya, ces maladies sont
souvent classées en quatre catégories.
1.1.6.1. La première catégorie est celle
des maladies d'origine hydrique Çwater-borne diseases')
La transmission se fait par ingestion d'une eau
contaminée ; cette catégorie regroupe toutes les
maladies de l'eau sale (choléra, typhoïde,
poliomyélite, méningite, hépatite A et B, dysenteries...),
dont les maladies diarrhéiques font partie. Elles sont causées
par un agent pathogène utilisant l'eau comme habitat principal pendant
une période essentielle de sa vie. Certaines de ces maladies sont
liées à l'absence d'hygiène personnel et absence de
drainage des eaux usée qui stagnent et l'accumulation des ordures dans
la cours.
32
1.1.6.2. La deuxième catégorie est celle
des maladies aquatiques ou (`water-based diseases').
La transmission de cette catégorie se fait par
des pathogènes qui passent une partie de leur cycle de vie dans l'eau ;
toutes ces maladies sont dues à l'infection par les vers parasites
(helminthes), qui dépendent d'hôtes aquatiques
intermédiaires (escargot d'eau) pour accomplir leur cycle de vie. Le ver
de Guinée est le seul dans ce groupe à être normalement
transmis par l'eau de boisson (ce n'est pas commun, mais la schistosomiase peut
être transmise également en buvant de l'eau
traitée)
Ces maladies dites d'infection intestinale ou
parasitaire sont liées à la qualité de l'eau. Ce sont les
maladies qui ne sont pas fatales en général (draconculose,
paragonimose, clonorchose, schistosomiases...); mais la morbidité
associée à ces maladies à des conséquences graves
en termes de pertes économiques, en réduisant les
capacités des malades à vaquer paisiblement à leurs
occupations. Elles sont également le résultat d'une contamination
de l'eau par substance utilisant l'eau comme porteuse, suite à
l'insalubrité provoquée par la non évacuation des
déchets solides et liquides aux alentours des parcelles, à
l'insuffisance de l'assainissement à l'intérieur, au manque de
système de raccordement aux égouts dans des milieux urbain
etc.
1.1.6.3. La troisième catégorie est les
maladies dues au manque d'hygiène (water-washed diseases).
Cela concerne les maladies dont on peut réduire
la transmission en augmentant le volume d'eau utilisé pour
l'hygiène, indépendamment de la qualité de cette eau :
infection de la peau ou des yeux (sepsis bactérien de la peau,
gale, infections fongiques de la peau, trachome) ; cette catégorie
renferme les maladies qui apparaissent en situation de pénurie d'eau
salubre et se développent dans de mauvaises conditions et pratiques
d'hygiène (trachome, lèpre, tuberculose, coqueluche,
tétanos, diphtérie...). La transmission de ces infections se fait
essentiellement à travers les mains sales.
1.1.6.4. La quatrième catégorie est
celle des maladies transmises par les vecteurs liés à l'eau -
(water-related insect vector).
La transmission de cette catégorie se fait par
des vecteurs qui se multiplient dans l'eau et sont actifs à
proximité des points d'eau (principalement malaria, fièvre jaune,
fièvre dengue, maladie du sommeil et filariose).
Certains insectes participent au cycle
fécal-oral en véhiculant des pathogènes fécaux sur
leur corps et dans leur appareil intestinal, ce sont les insectes vecteurs
liés aux excréments (mouches et cafards). Ces maladies se
transmettent généralement par la piqûre d'insectes vecteurs
(moustiques, mouches tsé-tsé...).
En fait on note deux types d'approvisionnement : celui
qui se fait à l'intérieur et celui qui se fait à
l'extérieur du logement. Lorsque l'approvisionnement se fait à
l'intérieur, on note une disponibilité en général
de l'eau en quantité contrairement à celui qui se fait à
l'extérieur du logement. Cependant pour la qualité c'est le type
d'approvisionnement qui le détermine. En fait, la qualité de
l'eau est fortement corrélée à sa source
d'approvisionnement. En effet les ménages qui consomment l'eau des mares
et des rivières comme certains ménages de Rubaya sont
extrêmement exposés aux risques de contamination par les germes
pathogènes.
L'approvisionnement en eau à partir des bornes
fontaines publiques est généralement plus sain que celui qui se
fait au niveau des puits qui souvent sont directement contaminés par les
eaux de ruissellement non salubres. Ces sources d'approvisionnement
extérieur par rapport aux sources à l'intérieur du
logement ont plus d'incidence négative sur la santé en fonction
de leur éloignement.
33
Rappelons par ailleurs à ce sujet que la
qualité de l'eau se réfère à l'eau traitée
ou non traitée. La catégorie eau traitée comprend : l'eau
du robinet, l'eau provenant des bornes fontaines ou des puits à pompe
publique; celle non traitée comprend l'eau provenant des puits sans
pompe et non protégée, marigots, rivières et autres,
(Béninguisse, 1993).
L'accessibilité en l'eau en quantité et
en qualité suffisantes pour satisfaire les besoins humains fondamentaux
est une condition préalable pour obtenir un meilleur niveau de
santé et un développement durable.
L'eau est un facteur de contamination de plusieurs
maladies, car c'est un véhicule qu'empruntent beaucoup de germes ou de
leurs vecteurs. Cette contamination peut se faire par contact avec l'eau
souillée comme nous l'avons dit tantôt. Les maladies liées
à l'eau sont une des principales causes du mauvais état de
santé chez les populations des pays sous-développés. Selon
l'OMS, (1997), près de la moitié de la population mondiale
souffre de maladies associées à une pénurie d'eau ou
à l'eau contaminée. Elle est aussi exposée à un
risque très haut de maladies transmises par l'eau et les aliments parmi
lesquelles les maladies diarrhéiques.
La qualité et la quantité de l'eau ont
un impact sur les maladies diarrhéiques des gens par le biais de la
consommation, la préparation des aliments, l'hygiène personnelle
et l'hygiène dans le ménage. En effet les ménages
disposant de l'eau de bonne qualité (traitée) et d'une source
interne d'approvisionnement avaient la prévalence diarrhéique la
plus faible par rapport aux autres (Diamé, E. et al. 1986 cités
par Béninguisse, 1993).2
|