CHAPITRE 2 : LES OUTILS DE COMMUNICATION DE LA PHASE 1 DU
PROJET
I. LES
AFFICHES ÉDUCATIVES SUR LA LOI 034/2009
Il s'agit de 12 affiches axées sur les messages clefs
de la loi 034-2009 portant régime foncier rural. Les affiches
réalisées répondent à la formulation :
« un message, une illustration ». Elles ont
traitées de questions relatives au foncier rural à savoir :
l'attestation de possession foncière rurale, les constatations de
possession foncière, les trois domaines fonciers, les instances locales
de gestion du foncier, etc. Ces affiches ont servi d'outil d'aide à
l'animation lors des causeries-débatsorganisés dans plus de 500
villages des communes d'intervention du PSF/MCA-BF. Pour réaliser des
affiches informatives et adaptés aux publics cibles que sont les
producteurs ruraux, une approche en sept (07) étapes a été
développée.
1. L'ÉLABORATION DE
MESSAGES CLEFS
Les textes bruts de la loi 034/2009portant régime
foncier rural ont dans un premier temps été minutieusement
étudiés afin d'obtenir douze messages sur les points essentiels
de la loi. Ces points permettent à un producteur rural, novice, de
connaître les principaux changements que la loi 034-2009portant
régime foncier rural pourra induire dans son quotidien. L'accent a donc
été mis sur les dispositions pratiques de la loi et son
application sur le terrain.
2. LE PRÉ TEST DES MESSAGES
AUPRÈS DES ACTEURS VILLAGEOIS
Sur la base des messages élaborés, un premier
jeu d'affiches a été réalisé sur la loi 034-2009
portant régime foncier rural. Les douze messages ont été
édités sur des affiches, avec des illustrations, le logo du
MCA-BF et de Tetra Tech ARD en haut de page, celui de Jade Productions en pied
de page et l'annotation « pour toutes informations
complémentaires, adressez-vous au service foncier rural de votre commune
ou au service des domaines ».
Ce premier module a été testé lors d'une
enquête menée du 21 au 28 mai 2010 à Bama et à
Léo, deux des 17 communes d'intervention du Projet Sécurisation
Foncière du MCA-BF.
Une trentaine de personnes de chaque commune a ainsi
été réuni en focus-groups (producteurs, groupements
villageois hommes, groupements féminins, groupements d'éleveurs,
CVD...) afin de leur présenter les affiches pour récolter leurs
réactions sur les images et messages associées. Il faut
également noter qu'un atelier de travail spécifique pour les
femmes a été organisé à Léo.
Les réactions de ces focus-groups ont ensuite
été consignées, sur la base des questions suivantes:
o Les messages sont-ils clairs ?
o Comment sont-ils perçus (positivement,
négativement, de façon, mitigée) ?
o Qu'évoquent ces messages pour les personnes
présentes ?
o Les images correspondent-elles au message ? Quelles autres
propositions d'images ?
q L'état des lieux des
connaissances
Un état des lieux des connaissances des participants
sur la loi 034-2009 portant régime foncier rural a été
effectué dans un premier temps. Trois principaux faits ont
été établis autour des connaissances initiales sur la loi
:
- une méconnaissance de la loi par les
producteurs ruraux au sens large (les plus informés sont les leaders de
l'union des coopératives de Bama, dont certains ont pris part à
une session d'amendement de la loi);
- des informations erronées sur la loi, souvent
véhiculées par la rumeur et les proches. A titre d'exemple, voici
un propos rapporté par un paysan de Bama : « avec la
nouvelle loi sur le foncier, l'Etat a décidé de répartir
les terres entre tous les Burkinabé. Comme je ne suis pas bête, je
vais m'empresser de vendre ce que je peux vendre avant qu'on ne me le retire
pour une distribution collective » ;
- une confusion entre les dispositions de la PNSFMR et
celles de la loi 034/2009 portant régime foncier rural.
q L'analyse des
affiches
L'étude s'est concentrée sur 4 principaux points
lors de la présentation des affiches aux focus-groups de Bama et
Léo : la compréhension du message principal, sa perception
(recueil des préoccupations et craintes liées au projet), le
repérage/caractérisation de groupes sensibles et l'analyse des
images proposées.
Certains mots parmi les messages peuvent être trop flous
ou trop chargés de sens et il convient alors de les modifier. Une partie
de l'analyse a porté sur le repérage de ces mots. Par exemple,
pour la troisième affiche portant sur les chartes foncières, de
nombreux producteurs ruraux trouvent flous les contours du terme
« charte ». Certains se demandent notamment si la
charte peut délivrer un « papier ». Il convenait
donc de mieux expliciter ce terme.
Les difficultés rencontrées dans la
compréhension de certains messages ont également
été repérées. Par exemple, le message de l'affiche
5 présentant « Les trois usages des terres rurales :
louer, prêter et vendre » a été jugé
peu compréhensible. La formulation de l'affiche 7 « Les
locations simples de terres rurales ou baux à ferme de terres rurales -
Toute location de terre rurale est d'une durée de 5 ans au
moins » a aussi été jugée trop complexe.
q Le recueil des
préoccupations, craintes et points de crispation
La présentation de l'affiche 5 sur les usages de la
terre démontre par exemple, qu'à Bama comme à Léo,
les usages de la terre semblent susciter une grande inquiétude,
notamment quand il s'agit de la vente et de la location.
La présentation de l'affiche 10 « pour
régler les conflits sur la terre, la conciliation doit être la
règle » a permis de mettre en évidence, à
Bama, les réticences des maires à se mêler de conflits
liés à la gestion de terres. « Demandez aux autres
maires : ils ne se mêlent pas de problèmes de terres. Ils vont
mourir à midi » confie le maire de la commune de Bama.
Comment alors franchir certains tabous et communiquer sur le sujet sans
réveiller ou provoquer des craintes ?
Inversement, les espoirs suscités par le projet,
auxquels il faudra répondre ou qu'il faudra éclaircir le plus
vite possible, ont également été recueillis. De nombreuses
personnes attendent du projet une réponse à leurs
préoccupations concernant l'agro-business par exemple.
« Il faut réduire les terres des agro-business-men. Ils
viennent, ils utilisent les gens et n'arrivent pas là les
payer » témoigne un producteur.
Comment alors ne pas donner trop de faux espoirs aux
populations quant aux objectifs du projet? Il semble ainsi nécessaire de
formuler très clairement les objectifs du projet.
q Le repérage de groupes sensibles ou
distincts, qui doivent bénéficier d'un
« traitement » particulier
Concernant le groupe des femmes, le test de terrain a
montré que les perceptions sur site ne sont pas forcément
identiques à celles projetés et théorisées. A Bama,
par exemple, les femmes sont perçues par une partie de la population
comme plus riches que tout le monde : « ce sont elles qui
donnent les revenus à la famille ». Cette perception
hétérogène d'une zone à une autre est à
considérer dans les processus de communication sur le sujet.
Les attentes des producteurs de bananes à Bama sont
très fortes également : « les gens chez moi,
attendent impatiemment ça pour faire leurs titres. Ce sont des
producteurs de bananes. Et ils me demandent toujours quand est-ce que vous
allez commencer ?Ceux qui ont acheté veulent leur papier. Parce
qu'après mes petits fils viendront réclamer la terre de leur
père. » confie un propriétaire terrien. Il est
ainsi possible d'envisager une communication toute particulière pour ce
public.
q L'analyse des images
proposées
Il faut veiller à ne pas accentuer, via des images mal
choisies, les craintes et préoccupations relevées. C'est
pourquoi, sur le terrain, l'analyse des images a permis de faire des
propositions d'amélioration.
Par exemple sur l'affiche « les usages de la
terre : location, prêts, ... », les producteurs de Bama
suggèrent de ne pas faire figurer de billets de banque sur l'image pour
traiter de la question des transactions foncières. Autrement, les gens
en déduiraient qu'on ne peut obtenir de la terre qu'en l'achetant.
L'affiche 2 (« au Burkina, la terre a 3
propriétaires ») a été bien
appréciée, mais les participants ont suggéré de
bien habiller les gens de la commune (avec une écharpe) pour mieux les
distinguer. Ils suggèrent aussi d'ajouter l'image d'un homme du
gouvernement, qui doit être bien habillé, assis dans un bureau
avec un stylo dans sa poche.
Pour l'affiche 7, « toute location de terre
rurale est de 5 ans minimum », il a été
suggéré de faire figurer une main avec 5 doigts ou 5
bâtonnets pour expliciter le chiffre des 5 ans.
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