Sous la direction de :
Dr Taïrou BANGRE
Présenté par :
Gaoussou NABALOUM
Année académique 2013-2014
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
EN LETTRES, ARTS ET COMMUNICATION (UFR/LAC)
Département - Communication et Journalisme
THÈME : FONCIER RURAL ET
COMMUNICATION : ANALYSE DE LA STRATEGIE DE DISSEMINATION DE L'INFORMATION
JURIDIQUE SUR LE FONCIER RURAL DANS LE CADRE DE LA PHASE 1 DU PROJET
SECURISATION FONCIÈRE DU MCA-BF
MEMOIRE DE MAITRISE EN SCIENCES ET TECHNIQUES DE
L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
Option : Communication pour le développement
DÉDICACE :
Je dédie ce travail de
mémoire
A ma chère tante rappelée à Dieu.
A toi, Maïmounata NABALOUM, je te suis reconnaissant de m'avoir conduit
à l'école le 1er jour de classe.
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont à tous ceux qui nous ont soutenu
et accompagné dans la réalisation du présent
mémoire de fin de cycle. Nous disons merci aux personnes
suivantes :
q Mon directeur de mémoire, Dr Taïrou
Bangré, Chef de Département Communication et Journalisme
q Monsieur Souleymane Ouattara, Directeur de Jade
Productions
q Toutes et tous ceux qui ont contribué de quelque
manière que ce soit à la réalisation de ce
mémoire
RECEVEZ MES SENTIMENTS DE PROFONDE GRATITUDE.
SOMMAIRE :
INTRODUCTION GENERALE
3
PARTIE 1 : PROBLEMATIQUE ET CADRE
GENERAL DE L'ETUDE
14
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE
GENERALE
14
I. La problématique
14
II. L'intérêt de
l'étude
18
III. Les objectifs de l'étude et
l'hypothèse de recherche
19
CHAPITRE 2 : ASPECTS THEORIQUES ET
CONCEPTUELS DE L'ETUDE
20
I. Revue de littérature
20
II. Cadre théorique
27
III. Cadre conceptuel
31
CHAPITRE 3 : DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
41
I. Présentation du terrain
d'étude
41
II. Le champ d'étude
42
III. Les outils et techniques de collecte
des données
45
IV. Le déroulement de
l'étude
46
PARTIE 2 : LA DISSEMINATION DE
L'INFORMATION JURIDIQUE SUR LE FONCIER
49
CHAPITRE 1 : LE CADRE GENERAL
D'INTERVENTION
49
I. Réforme foncière au
Burkina-Faso : une nouvelle donne législative
49
II. Présentation du Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF
54
CHAPITRE 2 : LES OUTILS DE
COMMUNICATION DE LA PHASE 1 DU PROJET
62
I. Les affiches éducatives sur la loi
034/2009
62
II. La pièce de théâtre
filmée
69
III. Le livret avec les 66
questions-réponses sur la loi
71
IV. Le cahier du participant (FDV)
72
VI. Les magazines, les microprogrammes et
les spots radio
74
CHAPITRE 3 : APERÇU GENERAL DES
RESULTATS
75
I. Les résultats de la campagne de
dissémination du PSF/MCA-BF
75
II. Les résultats de la collecte de
données
79
CHAPITRE 4 : ANALYSES, LEÇONS
DE L'EXPERIENCE ET PROPOSITIONS POUR LA MISE EN OEUVRE D'ACTIONS DE
COMMUNICATION SUR LE FONCIER
93
I. Analyse critique et propositions de
démarches de mise en oeuvre d'activités de communication sur le
foncier
93
II. Leçons de l'expérience
99
III. Propositions de valorisation d'outils
d'information sur le foncier
102
CONCLUSION GENERALE
105
BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE
107
ANNEXES
111
SIGLES,
ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
A.F.D.
|
Agence française de développement
|
A.P.F.R.
|
Attestation de possession foncière rurale
|
A.R.D.
|
Associates in rural development
|
B.D.
|
Bureau Domanial
|
CLAC
|
Centre de lecture et d'animation culturelle
|
C.F.V.
|
Commission foncière villageoise
|
C.C.F.V.
|
Commission de conciliation foncière villageoise
|
C.P.D.
|
Communication pour le développement
|
C.R.D.I.
|
Centre de recherche pour le développement international
|
C.V.D.
|
Comité villageois de développement
|
D.G.F.O.M.R.
|
Direction générale chargée du foncier et de
l'organisation du monde rural
|
D.V.
|
Disséminateur villageois
|
FAO
|
Organisation des nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture
|
F.D.V.
|
Formateur de disséminateurs villageois
|
G.P.U.T.
|
Gestion participative de l'utilisation des terres
|
GRAF
|
Groupe de recherche et d'action sur le foncier
|
I.L.C.
|
International land coalition
|
I.G.B.
|
Institut géographique du Burkina
|
MCA-BF
|
Millennium challenge account - Burkina Faso
|
MIO
|
Modèle intégré d'organisation
|
O.N.G.
|
Organisation non gouvernementale
|
O.P.
|
Organisation de producteurs
|
P.C.D.
|
Plan communal de développement
|
P.D.R.D.
|
Programme de développement rural durable
|
P.I.B.
|
Produit intérieur brut
|
P.N.G.T.
|
Programme national de gestion des terroirs
|
P.N.S.F.M.R.
|
Politique nationale de sécurisation foncière en
milieu rural
|
P.S.F./M.C.A.-B.F.
|
Projet sécurisation foncière du millennium
challenge account - Burkina Faso
|
RAF
|
Réorganisation agraire et foncière
|
S.F.R.
|
Service foncier rural
|
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition de la
population par village
3
Tableau 2 : Répartition de la
population par catégorie d'enquête et par village
44
Tableau 3 : Récapitulatif de la tenue
des causeries-débatsà grande échelle
61
Tableau 4 : Barème de
détermination des scores théoriques des indicateurs des
composantes du MIO
83
Tableau 5 : Principes d'affectation des scores
aux indicateurs selon leur positionnement dans la grille
d'évaluation
84
LISTE
DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Lieux d'organisation des
causeries-débats(CD) dans la commune de Loumbila
3
Graphique 2 : Aperçu global des temps
de tenue des causeries-débatsà Loumbila
76
Graphique 3 : Aperçu des
problèmes rencontrés lors des causeries débats
77
Graphique 4 : Tableau comparatif du niveau de
connaissance des coutumiers/religieux dans les villages de Goué et de
Kourit-Yaoghin
80
Graphique 5 : Tableau comparatif du niveau de
connaissance des éleveurs dans les villages de Goué et de
Kourit-Yaoghin
81
Graphique 6 : Tableau comparatif du niveau de
connaissance des femmes dans les villages de Goué et de
Kourit-Yaoghin
82
Graphique 7 : Résultat de
l'évaluation du niveau de connaissance des acteurs dans le village de
Goué
86
Graphique 8 : Résultat de
l'évaluation du niveau de connaissance des acteurs dans le village de
Kourit-Yaoghin
87
Graphique 9 : Sources d'information -
Coutumiers/Religieux - village de Kourit-Yaoghin
88
Graphique 10 : Sources d'information -
éleveurs - village de Kourit-Yaoghin
89
Graphique 11 : Sources d'information - femmes
- village de Kourit-Yaoghin
89
Graphique 12 : Sources d'information -
coutumiers/religieux - village de Goué
90
Graphique 13 : Sources d'information -
éleveurs - village de Goué
91
Graphique 14 : Sources d'informations - femmes
- village de Goué
91
LISTE
DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Localisation de la commune de
Loumbila au sein de la province de l'Oubritenga
3
Figure 2 : Stratégie de
dissémination de l'information juridique sur le foncier rural
60
Figure 3 : Evolution de l'affiche sur les
trois domaines fonciers
68
INTRODUCTION GENERALE
« Si le développement était une
étoffe tissée par les activités de millions de personnes,
la communication serait le fil qui les relie ensemble [...] ».
Colin FRASER et Jonathan VILLET.
La communication en appui aux projets et programmes vise
à faciliter la participation à une initiative de
développement. Au même titre que la mobilisation sociale et le
plaidoyer, cette approche de communication s'inscrit dans le champ de la
communication participative pour le développement. Guy BESSETTE,
chercheur au CRDI considère « la communication
participative comme une action planifiée, fondée d'une part sur
des processus participatifs et d'autre part sur les médias et la
communication interpersonnelle afin de faciliter le dialogue entre les
différents intervenants, d'identifier et de mettre en oeuvre une
initiative concrète qui vise à atteindre un but ou des objectifs
précis ».
Dans le cadre du développement et de la mise en oeuvre
des politiques foncières, la communication occupe une place centrale.
Dans le document sur le cadre et les lignes directrices sur le foncier en
Afrique, il est préconisé que « la communication
soit utilisée de façon adaptée et transversale pour
l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques foncières.
Bien utilisées, les approches de communication participative permettent
de faciliter le processus de développement en mettant l'accent sur
l'amélioration des conditions de vie des membres de la
communauté, engagés ou concernés par la mise en oeuvre
d'activités sur le foncier ».
La lutte pour l'accès à la terre et aux
ressources naturelles demeure l'un des principaux facteurs qui alimentent
l'instabilité en Afrique. Les conflits fonciers, sous le poids des
intérêts divers des acteurs en présence, sont souvent
intenses dans les pays comme l'Angola, la République Démocratique
du Congo ou encore la Sierra Léone. En Côte d'ivoire, la
persistance des conflits a souvent occasionné un grand nombre de
déplacés internes, soulevant des questions complexes relatives
à l'accès à la terre, à la réinstallation et
à la réhabilitation. Par ailleurs, la croissance et le
développement en Afrique ainsi que la contribution du continent à
l'économie mondiale dépendent largement de la manière dont
les ressources foncières et connexes sont sécurisées,
utilisées et gérées.1(*)
Objet de convoitise, la terre en Afrique occupe une place
importante quand on sait que 60% de la population tire ses moyens de
subsistance et ses revenus essentiellement de l'agriculture, de
l'élevage et des activités connexes. La contribution du secteur
agricole au PIB dans la plupart des pays en Afrique subsaharienne
dépasse 25%2(*).
Du fait de la combinaison d'un ensemble de facteurs tels que
la croissance démographique, la migration et l'urbanisation, la
compétition autour des ressources naturelles, la disponibilité
générale des terres par tête d'habitant (en particulier la
terre agricole) est en baisse dans de nombreux pays. En Afrique de l'ouest, 50
à 75% de la population vit sur environ 25% du territoire national le
long des zones côtières, menant à des densités
beaucoup plus fortes dans les régions3(*)plus fertiles et aux énormes
potentialités pour la pratique de l'agriculture et de l'élevage.
Au Burkina Faso, la gestion du foncier est également
source de conflits. Droits fonciers bafoués, accès difficile des
femmes à la terre, conflits entre agriculteurs et éleveurs, la
question du foncier est un sujet sensible. Depuis le 16 juin 2009, le Burkina
Faso dispose d'une loi sur le foncier rural avec des textes d'application et un
plan de mise en oeuvre. Il s'agit de la loi 034-2009 AN portant régime
foncier en milieu rural. En septembre 2007, le Gouvernement adoptait la
Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
(PNSFMR), un document de référence et un outil efficace d'aide
à l'action. Ces deux documents capitaux s'inscrivent dans un processus
de réforme foncière engagé depuis 2005 et rendu
nécessaire par le faible développement du secteur
agro-sylvo-pastoral et une pression démographique de plus en plus
galopante.
Sécuriser le foncier rural et y accroître les
investissements deviennent donc une nécessité. Lancé le 29
janvier 2010, le Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF vise
à donner une réponse pratique au problème foncier à
travers trois composantes : changement législatif,
procédural et communication des changements ; renforcement des
capacités et développement institutionnel ; et enfin
interventions spécifiques sur sites. La Gestion Participative de
l'Utilisation des Terres (GPUT) et la résolution alternative des
conflits fonciers y occupent également une place centrale. Dans la
première phase, le Projet Sécurisation Foncière (PSF), a
été mis en oeuvre dans 17 communes (urbaines et rurales). Un
projet de cette envergure nécessite la mobilisation et l'implication des
acteurs stratégiques en matière de foncier (coutumiers,
religieux, chefs de villages, femmes, jeunes, agriculteurs, pasteurs) et du
grand public.
Quel dispositif mettre en place pour assurer la pleine
participation de tous les acteurs du foncier ? Comment développer
des messages simples à l'adresse des acteurs stratégiques ?
Comment assurer un processus de mise en débat et d'échanges sur
le foncier ? Quelle approche développer pour susciter
l'adhésion des populations rurales aux nouvelles réformes en
matière de foncier rural ?
Pour répondre à toutes ces questions, le Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF a développé et mis
en oeuvre une stratégie de dissémination de l'information
juridique sur le foncier rural dans les 17 communes de la phase pilote du
projet. Communication de proximité, approche média, renforcement
de capacités et partenariat sont les principales approches
utilisées pour informer, mettre en débat et susciter
l'adhésion des populations aux nouvelles réformes sur le foncier
au Burkina Faso.
Généralement, peu de projets et programmes
intègrent la communication comme une approche transversale qui se met en
oeuvre à travers un processus de recherche action. Très souvent,
le volet communication des projets est réduit aux activités de
médiatisation, de mobilisation ou de lobbying. Le PSF/MCA-BF, lui,
accorde une place centrale à la communication. Elle prend en compte la
nature des différentes activités à mettre en oeuvre et
s'inscrit dans une démarche holistique. Au Burkina Faso, c'est la
première fois qu'un projet d'envergure nationale et qui porte sur un
sujet aussi sensible que le foncier, accorde une telle place à la
communication participative pour le développement. D'où notre
intérêt pour ce thème et le choix du terrain circonscrit
dans la zone d'intervention du Projet Sécurisation Foncière.
La présente étude vise à répondre
à la question suivante : Comment la communication facilite une
dissémination de l'information juridique sur le foncier rural ?
Cette recherche qui revisite le processus de mise en oeuvre des
activités de communication sur le foncier s'articule sur deux
parties :
q La première partie,subdivisée en trois
chapitres, présente la problématique, les modalités
théoriques de recherche ainsi que le contexte général de
l'étude.
q La deuxième partie comporte quatrechapitres et
présente le PSF/MCA-BF et les différents acteurs de mise en
oeuvre. Elle expose également les résultats des données
collectées. Cette partie aborde le processus de mise en oeuvre de la
stratégie de dissémination de l'information juridique sur le
foncier, analyse les approches, outils et activités
développées et met en lumière des propositions d'ordre
général en matière de communication sur le foncier rural
dans les communes d'intervention du PSF/MCA-BF.
PARTIE
1 : PROBLEMATIQUE ET CADRE GENERAL DE L'ETUDE
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE GENERALE
I. LA
PROBLÉMATIQUE
En Afrique subsaharienne, les modes de gestion du foncier sont
complexes. Nombreux sont les auteurs qui le soulignent. En tant que produit de
construction sociale, le foncier et la complexité de ses modes de
gestion résident dans la diversité des formes d'organisation
sociale des groupes ethniques africains4(*). La coexistence entre plusieurs systèmes de
régulation foncière (système coutumier,
système de droit moderne occidental) ne rend pas non plus la tâche
facile. La diversité des types de droit génère une sorte
de syncrétisme qui favorise un jeu d'acteurs où chacun cherche
à tirer le parti qui lui est le plus avantageux, au regard de la
confusion5(*) des droits que
l'on peut constater6(*).
Dans un tel contexte, on assiste à des changements
notables en matière de foncier. A cause du développement
progressif de la vente des terres, la nature des règles traditionnelles
de gestion du foncier est en perpétuel changement. On assiste à
une monétarisation du foncier, conséquence de la
raréfaction de la terre qui lui confère dorénavant une
valeur marchande.
« Vendre la terre constitue une transgression
majeure du système coutumier de gestion du foncier, dans la mesure
où l'on passe d'une conception de la terre considérée
comme patrimoine commun, inaliénable et dont la valeur est religieuse
avant d'être économique, à une conception de la terre comme
facteur de production appropriée par un individu. C'est ce qui explique
que, dans un premier temps, les transactions monétaires sur la terre
sont largement masquées, rarement avouées et qu'elles se font
préférentiellement avec un membre de la famille ou du lignage. Ce
qui permet à la terre vendue de rester dans le patrimoine de la
communauté »7(*).
De plus en plus, on assiste à une individualisation de
l'appropriation des terres. Dans les différentes régions
sahélo-soudaniennes, on voit des agriculteurs clôturer leurs
parcelles, procéder à des aménagements fonciers (cordons
pierreux, Zaï, ...), planter des arbres ou protéger un certain
nombre de rejets arbustifs ou arborés dans leurs champs8(*), cette nouvelle gestion des
terroirs se faisant souvent au détriment des éleveurs
transhumants9(*). Ces
différents aménagements réalisés en l'absence de
titres fonciers ou de titre de jouissance des terres, peuvent être
interprétés comme la manifestation de la volonté des
agriculteurs de faire reconnaître leur droit de propriété
sur des parcelles dont ils n'avaient jusqu'ici que l'usufruit. La
compétition autour de l'occupation des terres est souvent responsable de
la naissance et de l'exacerbation des conflits fonciers.
Dans le document sur le Cadre et Lignes directrices en
matière de foncier10(*), on nous apprend que les formes d'accès, de
contrôle et d'utilisation de la terre, aboutissent à une situation
complexe de revendications et de conflits sur les ressources
foncières.
Malgré les efforts de libéralisation de l'espace
politique, la lutte pour l'accès à la terre et aux ressources
naturelles demeure l'un des principaux facteurs qui alimentent
l'instabilité en Afrique. Dans les anciennes colonies de peuplement
comme le Kenya, le Zimbabwe et l'Afrique du Sud, l'incapacité à
satisfaire aux revendications historiques résultant des expropriations
coloniales, aggravées par la redistribution inégale des terres
après l'indépendance, demeure une source principale de conflits.
Dans d'autres parties de l'Afrique telles que les pays
richement dotés de ressources minières que sont l'Angola, la
République Démocratique du Congo, le Sud Soudan, la Sierra Leone
et le Liberia, les conflits fonciers alimentés par les
intérêts commerciaux globaux ont été intenses. Dans
d'autres pays comme l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Somalie, la
République Centrafricaine, la République du Congo (Brazzaville)
et la Côte d'Ivoire, la persistance des conflits au cours des
dernières décennies ont entraîné un grand nombre de
déplacés internes, soulevant des questions complexes relatives
à l'accès à la terre, à la réinstallation et
à la réhabilitation.
En outre, ces conflits ont dans plusieurs pays, conduit aux
évictions forcées et à des atrocités (y compris le
génocide au Rwanda) contre les femmes, les jeunes, les enfants, et plus
largement des groupes vulnérables. « Ainsi, au-delà
de la résolution des questions relatives à la réparation
des injustices historiques et à l'équité sociale,
l'élaboration des politiques foncières et les réformes
foncières doivent traiter du problème de la prévention des
conflits, de la restauration de la paix et de la sécurité en
Afrique »11(*). D'autres problèmes auxquels sont
confrontés les pays africains en matière de gestion du foncier,
c'est la croissance démographique et la migration. Du fait de la
combinaison d'un ensemble de facteurs tels que la croissance
démographique, la migration et l'urbanisation, la disponibilité
générale de terre par tête d'habitant (en particulier la
terre agricole) est en baisse dans de nombreux pays.
Au Burkina Faso, la croissance démographique est
forte et même insoutenable. Le taux de croissance était de 2,4%
entre 1985 et 1996 et de 3,1% entre 1996 et 2006. Une situation qui se traduit
par une forte pression sur les ressources naturelles. La densité moyenne
de la population est de 42 habitants au km². Elle varie de 10 habitants/
km² à plus de 100 habitants/ km² selon les cas. C'est une
densité élevée compte tenu des contraintes
agro-écologiques12(*). Elle a pour conséquences un surpeuplement
relatif des campagnes, la surexploitation du milieu physique, la saturation
spatiale et un blocage socio-territorial. La croissance démographique
est le principal facteur d'évolution des conditions foncières.
Elle entraîne une pression accrue sur les ressources de manière
mécanique : Plus de gens doivent vivre sur un même espace. Mais
l'évolution des modes de vie et la monétarisation des besoins
(phénomènes de marchandisation de services autrefois gratuits
comme la santé ou l'éducation) ont un impact. Les systèmes
de production et d'activités doivent répondre à ces
besoins monétarisés. Des activités diversifiés ont
vu le jour entrainant des compétitions multi-usages sur les mêmes
espaces. La tension se traduit par des conflits et de fortes migrations. Elle
pourrait être compensée par l'intensification des systèmes
de production qui a souvent été impossible.
Considéré par les autorités
burkinabè comme la base du développement économique
durable, l'accès au foncier et la sécurisation des droits
fonciers est une condition de réussite du développement rural.
On peut cependant relever un certain nombre de contraintes qui minent
l'accroissement des investissements et l'amélioration de la production
et de la productivité agricole. Ce sont :
- la méconnaissance
des textes législatifs règlementaires en matière de
gestion foncière
- la faiblesse des
institutions de gestion foncière locales (commissions foncières
villageoises, services fonciers ruraux) ;
- la faiblesse des
institutions de gestion des conflits fonciers au niveau local (commissions de
conciliation foncière villageoises) ;
- l'absence et/ou la non
application des chartes foncières locales ;
- la persistance des
conflits fonciers ;
- les résistances
socioculturelles à l'accès des femmes, des jeunes, des pasteurs
et autres groupes vulnérables à la terre ;
- les lenteurs dans le
processus d'opérationnalisation des services fonciers ruraux ;
- la méconnaissance
des règles qui régissent les transactions foncières
locales ;
- la faible
délivrance des attestations de possession foncière rurale.
Dans le cadre du Projet Sécurisation Foncière du
MCA-BF, une stratégie de dissémination de l'information juridique
sur le foncier rural a été mise en place à
l'échelle des 17 communes d'intervention. Le dispositif couvrait trois
(3) niveaux :
- le niveau national
(entités de mise en oeuvre du projet, opérateur de mise en oeuvre
du projet, experts fonciers, spécialistes en communication) ;
- le niveau
communal avec les formateurs de disséminateurs villageois ;
- le niveau villageois
avec les disséminateurs villageois.
Dans sa mise en oeuvre opérationnelle, le dispositif a
allié communication de proximité, approche média,
renforcement de capacité, transfert de connaissances et
développement de partenariat. Un ensemble d'activités ont permis
d'assurer une communication transversale à l'intention de divers acteurs
concernés par la question foncière.
Questions de recherche
La phase 1 du projet ayant été bouclée en
juin 2012, nous avons estimé nécessaire de documenter tout le
processus de mise en oeuvre des actions de communication sur le foncier rural.
En quoi consiste la stratégie de dissémination mise en place dans
le cadre du Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF ?
Quelles sont les approches et activités mises en oeuvre ? Avec
quelles forces et limites ? Qui sont les acteurs impliqués ?
Comment peut-on analyser les activités de communication mise en oeuvre ?
Quelles leçons peut-on tirer de l'expérience ? Comment
peut-on parvenir à une meilleure gouvernance foncière grâce
à la communication ?
La réponse à de telles questions permet de faire
la revue de la stratégie de dissémination, de la décrire
de façon approfondie, d'analyser les forces et faiblesses et de tirer
des leçons qui pourraient servir à mieux adapter les approches et
pratiques de communication dans la mise en oeuvre des actions de communication
sur le foncier.
II.
L'INTÉRÊT DE L'ÉTUDE
Deux intérêts guident la présente
étude :
- Un intérêt
d'ordre méthodologique : au Département de Communication et
Journalisme peu d'études ont adopté une approche
méthodologique qui vise à documenter les activités de
communication sous la dimension « processus de mise en
oeuvre ». Pour nous, cette étude permettra d'appliquer
les méthodes de recherche participative au cas de la sécurisation
foncière ;
- Un intérêt
pratique : une telle étude s'inscrit dans la logique d'une
modélisation des approches et actions de communication en appui aux
projets et programmes qui désirent s'intéresser aux questions
foncières. A travers la description, l'analyse du processus de
communication sur le foncier, nous espérons pouvoir formuler des
propositions à même de contribuer à la réflexion sur
la mise en oeuvre de projets et programmes sur le foncier au Burkina Faso.
III.
LES OBJECTIFS DE L'ÉTUDEET L'HYPOTHÈSE DE RECHERCHE
1. OBJECTIF
GÉNÉRAL
A travers cette étude, notre objectif
général est d'analyser le processus de mise en oeuvre des
actions de communication participative pour le développement en appui au
Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF. Il s'agit de
faire connaître l'importance de la communication dans la mise en
débat des thématiques foncières pour inciter les
communautés à une meilleure gouvernance foncière.
2. OBJECTIFS
SPÉCIFIQUES
Trois objectifs spécifiques permettront
d'éclairer l'atteinte de notre objectif général :
§ décrire la stratégie de
dissémination de l'information juridique sur le foncier rural dans le
cadre du Projet Sécurisation Foncière ;
§ analyser les forces et faiblesses des
approches, outils et activités de communication ;
§ dégager des perspectives/propositions
sur la base des leçons de l'expérience.
3. L'HYPOTHÈSE DE
RECHERCHE
En mettant l'accent sur les approches participatives, le Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF, a créé des
conditions favorables à la sensibilisation des acteurs villageois sur la
bonne gouvernance foncière en milieu rural.
CHAPITRE 2 : ASPECTS THEORIQUES ET CONCEPTUELS DE
L'ETUDE
I.
REVUE DE LITTÉRATURE
Les questions foncières sont aujourd'hui inscrites
parmi les priorités majeures des gouvernements et de la
société civile, ainsi que des partenaires au développement
en Afrique de l'Ouest. Actuellement, la plupart des Etats sont engagés
dans des initiatives d'élaboration, de révision ou de mise en
oeuvre de leurs politiques et/ou législations foncières.
L'engagement des Etats dans la résolution des
questions foncières se justifie entre autres par la multiplication des
tensions et conflits liés à l'accès ou à la mise en
valeur des terres, mais aussi par leur préoccupation d'assurer la
sécurité alimentaire d'une population sans cesse croissante, de
promouvoir la croissance économique dans un contexte de globalisation,
et de réaliser les objectifs de réduction de la
pauvreté13(*).
De tels objectifs ne pourraient être atteints qu'à travers une
meilleure gestion des conflits fonciers et par le développement de
formes de sécurisation foncière adaptés.
Pour nous faire une idée sur les différents
concepts développés en matière de foncier, nous avons
mené un exercice de recherche documentaire qui a permis de collecter des
opinions, certaines contradictoires et d'autres complémentaires. Elles
portent essentiellement sur deux points : les conflits fonciers, leur
gestion et les formes de sécurisation foncière.
1. LES CONFLITS FONCIERS ET LEUR
GESTION
Plusieurs auteurs ont traité de la question des
conflits fonciers en Afrique. La lecture de leurs ouvrages permet de faire le
constat suivant : les conflits fonciers portant sur le foncier tendent
à s'aggraver de plus en plus. Le système judiciaire en principe
chargé de régler les conflits fonciers peine à trouver des
solutions idoines dans le contexte des pays africains où se
côtoient des législations nationales et des coutumes. Le Burkina
Faso n'échappe pas à cette réalité.
Cité par Bernard BONNET, dans une note sur les
problématiques foncières et la gestion des ressources naturelles,
B. TALLET, S. SANOU et R. BALAC14(*) reviennent sur l'histoire des évolutions en
matière de foncier au Burkina Faso. Pour ces auteurs, jusqu'en 1970 on
avait affaire à un système d'accès négocié
au foncier. La terre constituait donc un bien commun, un patrimoine commun
reconnu par la communauté. Le contrôle foncier étant aux
mains des chefs de terre, il n'était donc pas question de
propriété individuelle du sol et le droit d'usage
généreusement accordé par ceux-ci aux migrants.
De 1970 à 1985, le contrôle du foncier
échappe progressivement aux chefs de terre. Ils ne sont plus
informés des attributions foncières du fait notamment de la
nouvelle réorganisation agraire et foncière initiée en
1984. De 1985 à 2000, on assiste à une fermeture de
l'accès aux ressources. On constate l'apparition de nouvelles
pratiques foncières : location et retraits de terres. Cette
période se caractérise par une montée des conflits
fonciers, les revendications des premiers occupants s'opposant à celles
des migrants et éleveurs installés sur la base d'un droit
d'usage. Entre les coutumes et la législation, différents droits
fonciers s'exercent sur une même terre. Entre la croissance
démographique et l'accroissement de la compétition autour des
terres, les conflits fonciers s'installent de plus en plus.
Pour Mamadou ZONGO15(*), la situation foncière en milieu rural au
Burkina Faso se caractérise par de nombreux conflits dont les plus
fréquents sont ceux qui opposent les éleveurs aux agriculteurs et
les migrants aux autochtones. Ce sociologue propose une typologie des
conflits fonciers :
ä Les confits entre agriculteurs et
éleveurs : ce sont les conflits les plus fréquents, les plus
violents et les plus meurtriers. Ils surviennent généralement
suite à des dégâts de culture ou de récoltes, mais
peuvent également concerner les droits d'accès aux
pâturages, à l'eau, et au non-respect des zones pastorales par les
autochtones qui y installent souvent des migrants, etc. ;
ä Les conflits entre autochtones et migrants : ils
se posent surtout dans les zones de colonisation agricole où les
migrants avaient obtenu la terre selon les modalités traditionnelles.
Les retraits ou tentatives de retrait en début de saison hivernale en
sont souvent les causes. On constate également des remises en causes
fréquentes des anciennes conventions (dons, prêts, location,
etc.). Ce sont des conflits souvent générés par des
tensions intrafamiliales ;
ä Les conflits intrafamiliaux : fréquents,
mais peu visibles, ces conflits découlent des revendications des droits
de culture des jeunes qui accèdent à la terre à la
maturité sociale et des transferts
intergénérationnels de la gestion des terres, dans les zones de
colonisation agricole notamment. Ils surviennent également au moment de
la transmission de l'héritage ;
ä Les conflits entre éleveurs : ils opposent
les éleveurs sédentaires aux transhumants, accusés par les
premiers d'être responsables de la dégradation des pâturages
et des infrastructures pastorales.
« A l'échelle du pays, ce sont les
conflits entre agriculteurs et éleveurs qui sont les plus
fréquents, tandis que dans les zones de colonisation agricole, à
cet aspect se rajoutent les conflits entre autochtones et migrants qui sont
souvent provoqués par des conflits intrafamiliaux »
reconnaît Mamadou ZONGO16(*).
KOFFI Alinon considère que la typologie des conflits
fonciers s'appuie communément sur les types d'acteurs impliqués.
A la proposition de Mamadou ZONGO, il rajoute les conflits fonciers impliquant
les pêcheurs, les conflits intercommunautaires et les conflits opposant
l'Etat à la population. « La gestion du foncier est
complexe et délicate surtout, dans les contextes des pays sahariens
où les législations étatiques coexistent de fait avec des
coutumes encore vivaces » soutient KOFFI Alinon17(*). Dans les différents
Etats de l'Afrique de l'Ouest, la gestion judiciaire des conflits fonciers a
montré ses limites. Très souvent, les parties en conflits ne se
réfèrent pas spontanément au juge pour le règlement
de leurs différends. Même quand elles le font, la décision
de justice qui en découle n'est pas effectivement mise en oeuvre pour
des raisons diverses. « On reproche aux instances judiciaires
l'application de règles uniformes et donc rarement adaptées
à la diversité des réalités locales. Un
procès judiciaire aboutit forcément à un « perdant
» et un « gagnant, ce qui est difficilement accepté
dans les communautés rurales ouest-africaines. Le caractère
impartial de la procédure est aussi sujet à caution au vu de la
corruption souvent dénoncée du personnel judiciaire. En fin de
compte, les cours et tribunaux sont engorgés de dossiers de conflits
fonciers, trahissant la faible efficacité du système judiciaire.
À cela, il faut ajouter une justice inaccessible pour les pauvres, en
raison des coûts élevés des procédures, des lenteurs
administratives et de la faible couverture judiciaire du territoire
national»18(*)
explique KOFFI Alinon. Au regard de ce qui précède, les modes
alternatifs de gestion des conflits fonciers apparaissent comme une alternative
crédible. Pour ce chercheur, diverses méthodes peuvent être
envisagées :
§ la négociation : ici, c'est le consensus
qui est recherché. Les parties identifient elles-mêmes leurs
besoins, leurs intérêts et s'entendent pour trouver des solutions
avantageuses pour tous ;
§ la médiation : c'est un processus de
concertation volontaire entre parties en conflits, géré par un ou
plusieurs tiers indépendants qui facilitent la communication et tentent
de conduire les parties à trouver elles-mêmes une
solution ;
§ la conciliation : cette méthode consiste
pour le conciliateur à rapprocher les positions au départ
divergentes des parties en conflits. A la différence de la
médiation, le conciliateur fait des propositions pour trouver la
solution au problème, qui pourra ensuite être consignée
par écrit.
On peut aisément constater des similitudes entre les
méthodes décrites et la gestion coutumière des conflits
telle qu'elle est pratiquée par les différentes
communautés et leurs leaders. Ces acteurs bénéficient
d'une certaine légitimité qui constitue un préalable pour
un règlement efficace des conflits fonciers. « Il
paraît plus pertinent d'institutionnaliser le règlement coutumier
dans la procédure juridique nationale sous forme par exemple
d'étape préalable obligatoire à laquelle les parties en
conflits devraient avoir recours avant de saisir le juge, comme c'est le cas au
Niger, et dans une moindre mesure au Burkina Faso»19(*) affirme KOFFI Alinon. C'est
ce que tente de faire le Projet Sécurisation Foncière à
travers la mise en place de commissions de conciliation foncière
à l'échelle des villages. La question de la gestion alternative
des conflits fonciers va également de pairs avec les formes de
sécurisation foncière mise en oeuvre.
2. LES FORMES DE
SÉCURISATION FONCIÈRE
Tout le défi en matière de foncier est d'arriver
à trouver des formes de sécurisation qui tiennent compte des
réalités locales, des structures de gestion au plan coutumier
tout en les adaptant au droit moderne. « La réflexion est
souvent centrée sur la recherche de l'outil miracle alors qu'il est
nécessaire de définir d'abord précisément des
orientations foncières, à partir desquelles on pourra ensuite
identifier quels mécanismes de sécurisation et de
régulation foncières sont les plus
adaptés »20(*). C'est ce que pensent Vincent BASSERIE et Patrick
D'AQUINO pour qui, il est important dans un premier temps de définir les
enjeux afin de proposer des outils adaptés en matière de
sécurisation foncière.
« Débattre des enjeux et s'entendre sur
leur diversité est indispensable pour deux raisons. D'une part, cela
aide à mieux comprendre la complexité de la question
foncière dans un contexte donné, en particulier les
différents intérêts en présence et leur logique, ce
qui permettra ensuite de mieux les rapprocher. D'autre part, cela est
indispensable pour pouvoir choisir des outils et mesures qui correspondent
mieux aux enjeux prioritaires partagés »21(*) argumentent-ils. Une approche
qui permettrait de répondre aux questions suivantes : quelle
sécurisation avec quels types de droits ? De quels types d'acteurs
et de quels types d'activités ? Ces deux auteurs nous apprennent
que les méthodes et outils de sécurisation sont nombreux et
diversifiés. Pour eux, les différents domaines dans lesquels on
pourrait agir renvoient aux éléments suivants :
- les niveaux de
décision et de gestion foncière ;
- l'identification/le
recensement des droits ou des occupations ;
- la formalisation des
droits ;
- les modes d'accès
au foncier et aux ressources naturelles ;
- la fiscalité
foncière ;
- les règles
domaniales ;
- l'allocation du foncier
entre acteurs ;
- l'aménagement du
territoire ;
- l'occupation des
sols ;
- la structure des
exploitations agricoles (tailles, configurations, distances) ;
- la délimitation
physique des espaces ou territoires ;
- les modes de gestion des
conflits fonciers, etc.
En tous les cas, « la meilleure voie pour
obtenir des politiques foncières efficaces est d'associer les
différents acteurs de la politique publique : usagers (en tenant compte
de leur grande diversité), élus locaux, représentants de
la société civile, chefferies coutumières, experts,
services techniques et administrations centrales et
déconcentrées... Ces démarches nécessitent
d'être mises en oeuvre sous une forme suffisamment complète pour
permettre des débats inclusifs (ne pas exclure certaines
catégories d'acteurs), informés (permettre à tous les
groupes d'acteurs d'atteindre un seuil minimum d'informations sur le sujet) et
équilibrés (éviter qu'un groupe d'acteur ne nuise à
la pleine participation des autres). »22(*) Tout l'enjeu étant
d'élaborer et de mettre en oeuvre des politiques foncières qui
reconnaissent les droits des différents acteurs et qui garantissent la
sécurité des investissements.
Pour Hubert OUEDRAOGO « du point de vue d'un
individu, la sécurisation foncière est perçue comme une
condition pour assurer la subsistance de la famille et pour assurer la
transmission des terres aux héritiers. Du point de vue de l'État,
la sécurisation foncière est surtout perçue comme une
dimension essentielle des politiques de développement. Accroître
la production agricole, maîtriser le développement urbain,
garantir la paix sociale nécessitent une bonne gestion de la ressource
foncière »23(*). Pour ce juriste anthropologue, bien au fait des
questions foncières en Afrique, au-delà de la question habituelle
« comment sécuriser ? », il est
essentiel d'oser s'interroger sur « qui veut-on
sécuriser ? ».
Si on fait un rapide tour d'horizon de l'histoire
foncière de l'Afrique de l'Ouest, on se rend compte que pour assurer la
sécurisation foncière, l'administration coloniale a très
vite choisi le système d'immatriculation foncière. La
sécurisation était alors assimilée à la
propriété privée de la terre et l'immatriculation devait
permettre de la généraliser. Aujourd'hui encore,
l'immatriculation foncière constitue le fondement des
législations foncières de la plupart des Etats de la
région. « On estime qu'en Afrique Subsaharienne, moins de
5% des terres ont été immatriculées, y compris les terres
détenues par l'Etat. L'écrasante majorité des terres
rurales sont toujours de fait gérées par les institutions
coutumières (chefs de terres, de lignages, etc.) »
affirme Hubert OUEDRAOGO24(*).
Pour ce dernier, si le système de l'immatriculation
foncière peut convenir à de grandes propriétés
bénéficiant d'investissements lourds, l'histoire de
l'immatriculation enseigne qu'il faut imaginer des approches alternatives pour
les petites exploitations familiales, s'appuyant sur le consensus autour de la
légitimité des droits fonciers locaux dans leur grande
diversité. C'est pourquoi, il propose trois pistes de travail pour mener
à bien une telle mission :
o La première piste est d'ordre
méthodologique : les approches participatives doivent être
à la base des processus d'élaboration des politiques et
législations foncières. Bien conduites, la participation et la
concertation sont de bons moyens pour limiter les risques d'adoption de
solutions foncières inadaptées et inapplicables. En cela,
l'expérience récente du Burkina Faso, montre les avantages
d'engager une réforme foncière en élaborant d'abord un
document de politique foncière, plutôt qu'un texte
législatif.
o La seconde consisterait à reconnaître les
droits fonciers légitimes avec les spécificités qui sont
les leurs, sous réserve qu'ils méritent la considération
et la protection de la loi. A titre d'exemple, la loi nigérienne affirme
que la « propriété du sol s'acquiert par la coutume
ou les moyens du droit écrit ».
o Enfin, la troisième option serait de s'appuyer sur
les institutions locales déjà existantes ou oeuvrer à leur
amélioration pour assurer l'effectivité de la gestion
foncière locale, à la condition de renforcer les capacités
de ces institutions et de veiller aux questions de gouvernance locale. Quant
aux outils de sécurisation foncière, les expériences du
terrain indiquent qu'il est préférable qu'ils soient
ajustés aux capacités des institutions locales à les
utiliser, en dehors d'une dépendance trop forte de l'aide
extérieure.
III. CADRE THÉORIQUE
La conduite d'une recherche en communication nécessite
de préciser le cadre de référence théorique dans
lequel on s'inscrit. Dans le cadre de l'analyse de la stratégie de
dissémination du Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF,
la communication participative pour le développement nous servira de
modèle théorique.
Pour Colin FRASER et Jonathan VILLET, « [...]
l'utilisation planifiée des techniques et activités de
communication et des médias met au service de la population des outils
puissants pour faire l'expérience des changements et même pour les
diriger. Un échange intense d'idées entre tous les secteurs de la
société peut conduire la population à s'engager plus
fortement pour une cause commune. C'est un élément fondamental
pour un développement approprié et durable.»25(*).
À l'intérieur de la perspective de communication
pour le développement, deux grandes tendances se sont successivement
formées : une approche privilégiant les actions de grande
envergure et s'appuyant sur les médias de masse, et une approche de
communication à la base, appelée aussi communication
communautaire, qui privilégie les microréalisations et qui
s'appuie surtout sur les médias légers (vidéo, affiches,
diaporamas, etc.).
Ces tendances coexistent encore aujourd'hui à des
degrés divers dans le domaine de la communication pour le
développement. Les anciens modèles utilisaient la communication
surtout pour la diffusion de l'information, pour faire comprendre à la
population les «bénéfices » que promet le
développement et les «sacrifices» qu'il exige.
L'imitation d'un modèle de développement, fondé sur
l'hypothèse que la richesse, une fois née, s'infiltrera
automatiquement dans toutes les couches de la société, comprenait
la propagation de pratiques de communication de haut en
bas . . . (MACBRIDE, 1980, p. 6)26(*).
Dans les pratiques de soutien aux projets de
développement, la communication combine l'approche communautaire et le
recours aux petits médias avec des pratiques pouvant être
reliées au modèle de diffusion des innovations. Cette approche
privilégie la planification des activités de communication comme
soutien à un projet de développement et vise à produire
une compréhension commune ou un consensus parmi tous les participants
à une initiative de développement. Elle favorise les
échanges de points de vue des acteurs engagés dans le projet de
développement, prend en compte les perceptions de la population dans la
planification de ce projet et la mobilise dans les activités de
développement prévues. La méthodologie utilisée est
empruntée à la technologie éducative et se
caractérise par l'intégration de mécanismes d'analyse de
besoins et d'évaluation dans le processus de communication.
L'expérience montre que le point de départ de la
communication pour le développement ne réside pas dans la
diffusion d'une innovation, ou d'une nouvelle idée pleine de promesses,
mais dans l'expression des besoins de la population.
La participation, en mettant l'accent sur les besoins et les
façons de voir des individus et des groupes, devient le concept
clé de la communication pour le développement. Le recours
à une méthodologie systémique, la mise en place de
processus horizontaux dans lesquels les gens sont associés directement
au processus de communication et sont ainsi amenés à formuler
eux-mêmes leurs problèmes et à prendre conscience de
nouvelles possibilités, ainsi que la prise en considération dans
le processus de communication de leurs connaissances et de leurs façons
de voir constituent les éléments déterminants.
La définition que donne Guy BESSETTE de la
communication participative nous semble la plus proche de la conception que
nous nous en faisons :
« La communication participative pour le
développement est une action planifiée, fondée d'une part
sur les processus participatifs et d'autre part sur les médias et la
communication interpersonnelle, qui facilite le dialogue entre
différents intervenants réunis autour d'un problème de
développement ou d'un but commun, afin d'identifier et de mettre en
oeuvre une initiative concrète visant à solutionner le
problème ou atteindre le but fixé, et qui soutient et accompagne
cette initiative. »27(*)
La communication participative pour le développement
renvoie généralement à l'exploitation planifiée de
stratégies et de processus de communication visant le
développement.
Au sein même de cette dernière définition,
il existe un vaste champ d'études recelant plusieurs approches,
idéologies et courants de pensées. On peut citer parmi ces
différentes approches, l'information, la conscientisation,
l'éducation, la vulgarisation, les médias, l'e-learning, le
marketing social, la communication participative et bien d'autres encore.
Selon l'OMS et l'UNICEF28(*), la communication pour le développement (CPD)
est « un processus faisant l'objet de recherche et d'une
planification qui est cruciale pour le changement social et met en jeu trois
stratégies principales : le plaidoyer qui vise à mobiliser
des ressources et à gagner l'engagement de dirigeants politiques et
sociaux en faveur des objectifs de développement. La mobilisation
sociale qui vise à atteindre la participation et la
propriété ainsi que la communication pour l'appui aux programmes
qui vise à changer les connaissances, les attitudes et les pratiques de
certains participants aux programmes ».
La communication pour le développement renvoie à
l'utilisation du processus de communication, des techniques et des
médias pour aider les gens à prendre conscience de leur situation
et des options à leur disposition pour toute action de changement ;
à résoudre le conflit social et à travailler vers un
consensus ; à aider les gens à planifier l'action de
changement et de développement durable ; à aider les
populations à saisir les connaissances et les qualifications en vue
d'améliorer leur condition et celle de leur communauté, et
améliorer l'efficacité des établissements publics.
Les activités de communication doivent être
programmées dans le cadre d'une stratégie globale qui prenne en
compte la recherche, la définition d'objectifs dans l'identification des
publics, la conception des messages adaptés, le choix des canaux de
diffusion, le suivi et la rétro-information.
Les approches multimédias qui utilisent de façon
combinée différents canaux de communication qui se renforcent
mutuellement donnent les meilleurs résultats.
En réalité, la communication pour le
développement constitue un outil fondamental pour sensibiliser les
populations, corps de métier, communautés sur divers
thèmes. Allant de l'utilité de l'inscription des naissances
à l'état civil, en passant par l'acquisition de nouvelles
techniques agricoles, jusqu'à l'information sur de nouvelles innovations
en matière d'évolution des textes réglementaires et
juridiques sur le foncier rural.
La communication participative pour le développement
est au coeur d'un défi majeur, c'est-à-dire, associer les
populations pauvres aux processus de prises de décisions qui influent
sur leurs vies. C'est un outil puissant qui contribue à la
réduction de la pauvreté et de la faim tout en encourageant des
processus démocratiques et des changements sociaux dans de nombreux
pays.
La participation active est reconnue aujourd'hui comme une
condition essentielle au processus de développement. Toute intervention
visant une amélioration réelle et durable des conditions de vie
des populations est vouée à l'échec si les personnes
concernées ne la prennent pas en charge. Pour parvenir à des
changements durables, il faut que les populations concernées soient
impliquées à tous les niveaux d'intervention, de l'identification
des problèmes à la recherche et à la mise en oeuvre de
solutions.
La communication pour le développement est au coeur
même de ce défi : elle représente le processus par lequel
les gens deviennent les principaux acteurs de leur propre développement.
Grâce à la communication, les populations cessent d'être des
bénéficiaires d'interventions de développement qui leur
sont extérieures pour prendre en main leur propre
développement.
Ce processus s'adresse aux entreprises, collectivités,
programmes et projets publics ou privés, qui sont soucieux d'impliquer
effectivement un grand nombre de parties-prenantes dans la réalisation
de leurs objectifs, afin de déboucher sur des résultats plus
légitimes et fédérateurs, donc plus efficaces.
IV.
CADRE CONCEPTUEL
Cette partie aborde les concepts clefs nécessaires
à la compréhension des résultats du présent travail
de recherche. Les concepts abordés sont en lien avec deux aspects :
la communication et le foncier.
1. LES CONCEPTS EN LIEN AVEC LA
COMMUNICATION PARTICIPATIVE POUR LE DÉVELOPPEMENT
q La communication participative pour le
développement
Le terme «communication»
réfère généralement aux médias et aux
activités de diffusion de l'information où le message est
lancé au moyen de publications imprimées, d'émissions de
radio ou de télévision, de bandes vidéo éducatives,
etc. La communication est perçue comme un outil pour faciliter la
participation et la prise en charge par les communautés de leur propre
développement. Une approche qui nécessite une implication
effective de tous les intervenants.
Par « intervenants », il faut entendre les membres
des communautés, les groupes communautaires, les autorités
locales ou régionales, les organisations non gouvernementales (ONG), les
services gouvernementaux ou toute autre organisation oeuvrant au niveau
communautaire, ainsi que les responsables qui sont engagés, ou devraient
l'être, dans l'initiative de développement retenue.
Pour Guy BESSETTE, ce type de communication implique une
révision des pratiques, en mettant l'accent non pas sur la diffusion
d'informations à sens unique ou sur la persuasion, mais sur la
facilitation des échanges entre les divers intervenants afin de
cerner les problématiques identifiées. Il permettra aussi
de mettre en place un dispositif cohérent d'intervention des
différents partenaires. Les échanges entre intervenants servent
donc à définir et à articuler les rouages de l'objectif
fixé, à choisir une série d'activités pour
atteindre cet objectif et à cerner les besoins en termes de
partenariats, de connaissances et de conditions matérielles.
Pour Guy BESSETTE29(*) toujours, la collaboration des participants au
processus de recherche ou de développement leur confère une
certaine autonomie qui transforme leur manière de voir et leur permet de
poser des gestes concrets.
En matière de communication, très souvent la
segmentation des publics se décline comme suit :
o Les cibles primaires : celles qui doivent
adopter une opinion, une attitude ou un comportement (populations
bénéficiaires, organisations de producteurs, Organisations
Communautaires de Base, conseillers ruraux, etc.)
o Les cibles secondaires : celles qui peuvent
amener les cibles primaires à adopter le comportement
désiré ou à changer : partenaires, leaders d'opinion,
décideurs politiques et religieux, autorités administratives.
o Les publics cibles tertiaires : ceux qui
peuvent influencer l'environnement juridique, règlementaire,
institutionnel et créer les conditions d'une bonne mise en oeuvre des
activités. Il peut s'agir de décideurs (au niveau national ou
local), de partenaires techniques et financiers, de leaders religieux, etc.
o Les partenaires (sur l'évolution du projet),
citoyens (sensibilisation et approche participative), les acteurs
au sein du projet, les personnes ressources, les personnes relais, les
journalistes et autres communicateurs.
Pour Jan SERVAES& Patchanee MALIKHAO30(*), « l'approche de
la communication au service du développement est l'utilisation
systématique des canaux et techniques de communications
appropriés pour renforcer la participation de la population au
développement et pour informer, motiver, former les populations rurales,
notamment au niveau de la base ».
q La dissémination
Selon le dictionnaire Larousse,
« disséminer » veut dire : disperser,
éparpiller. La dissémination, elle,renvoie à l'action de
diffuser, de transmettre une information à grande échelle pour en
assurer son appropriation par une majorité de gens en vue de susciter
des changements de comportement positifs. Pour l'Institut de recherche en
santé du Canada31(*), « la dissémination comprend
l'identification de l'auditoire approprié et l'adaptation du message et
du moyen de communication à l'auditoire. Les activités de
dissémination peuvent comprendre la présentation de
résumés et de séances d'information aux intervenants; des
séances d'éducation avec les patients, les praticiens ou les
responsables des politiques; l'engagement des utilisateurs des connaissances
dans l'élaboration et l'exécution des plans de
dissémination et de mise en oeuvre ; la création d'outils et
l'engagement des médias.
Dans le cadre de la mise en oeuvre du Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF, il s'agit d'une stratégie
mise en place pour informer, éduquer, convaincre et faire agir les
populations rurales pour une meilleure prise en compte du processus de
sécurisation foncière en cours. Il s'agit d'un dispositif de
renforcement de capacités, de transfert des connaissances et de mise en
débat de l'information juridique sur le foncier en vue d'impulser des
changements positifs.
q L'information juridique
Pour l'Académie de Droit international de la Haye
(Pays-bas)32(*),
l'information juridique renvoie à une information «
aisément accessible ». C'est une information que l'on peut
aisément se procurer ; mais c'est aussi une information
aisément intelligible et, par conséquent, qui soit
formulée en termes clairs et dans une langue largement utilisée -
sinon en plusieurs langues largement utilisées. Tel est le prix de la
transparence.
q La mobilisation sociale
Approche associée à l'UNICEF, la mobilisation
sociale, est un processus qui consiste à rassembler tous les
partenaires sociaux intersectoriels, ainsi que leurs alliés, pour
déterminer les besoins ressentis, renforcer la sensibilisation et
renforcer la demande pour un objectif de développement
spécifique. Ce processus suppose de s'assurer de la participation
de tous les acteurs en présence, y compris les institutions, les
groupes, les réseaux et les communautés dans l'identification,
l'amélioration et la gestion des ressources humaines et
matérielles, donc dans l'augmentation et le renforcement de
l'indépendance et de la durabilité des réalisations. C'est
un processus planifié qui s'appuie largement sur la communication.
q La participation communautaire
La communication pour le développement repose sur
l'hypothèse qu'un développement rural réussi se fonde sur
la participation active et consciente des bénéficiaires, à
toutes les étapes du processus de développement ; car, en
définitive, le développement rural ne peut intervenir sans
changements d'attitudes et de comportements au sein de la population
concernée.
Les médias utilisés dans des approches de
communication participative sont, entre autres : le film et la vidéo
interactifs, les radios communautaires et les journaux. Le principal
thème est l'émancipation de la population pour qu'elle soit en
mesure de prendre ses propres décisions. L'approche par la
conscientisation de Paolo FREIRE a montré comment la population peut
s'auto motiver dans l'action pour affronter ses problèmes
prioritaires33(*).
q Les connaissances, attitudes et pratiques
En communication pour le développement, l'intervenant
cherche à susciter des changements dans le comportement de la population
couverte par le projet dont il a la charge. Pour MCKEE N.34(*), « les
connaissances et les attitudes sont des facteurs internes qui influencent la
façon dont les êtres humains agissent. Il y a également
d'autres facteurs internes comme la pression et les normes sociales, le genre
etc. Un environnement favorable au niveau du système d'éducation,
du système politique et juridique, de facteurs culturels, de la
fourniture de services, de la religion, des facteurs socio politiques ou encore
de l'environnement physique et organisationnel peuvent également avoir
une influence sur les connaissances et les attitudes du groupe
cible ».
Les connaissances sont constituées d'apprentissages
internalisés basés sur des faits scientifiques, des
expériences et/ou des croyances. L'expérience montre que les
connaissances ne sont pas suffisantes pour produire un changement de
comportement, qui ne peut se produire que lorsque les perceptions, la
motivation, les compétences et l'environnement social réagissent
également. Les attitudes sont des sentiments, des opinions ou des
valeurs que les personnes éprouvent sur une question, un problème
ou une préoccupation particulière.
2. LES
CONCEPTS EN LIEN AVEC LE FONCIER RURAL
q Le foncier
Etymologiquement, foncier veut dire en latin fonds de
terre35(*). De
façon globale, le foncier renvoie à la terre et à
l'ensemble des ressources qui s'y rattachent (hydrauliques, forestières,
halieutiques, fauniques). Il concerne également l'ensemble des relations
qui s'instaurent entre individus pour le contrôle et la gestion des
ressources.
Pour Marcel MAUSS, le foncier est « un fait social
totalqui met en branle, toutes les composantes de la société et
donne à voir sur toutes ses facettes sociale, économique, agro
écologique et politique »36(*).
Pour LE ROY E., (1998)37(*), le foncier désigne
l'ensemble particulier des rapports sociaux ayant pour
support la terre ou l'espace territorial. Ces rapports sociaux sont
principalement déterminés par :
o les facteurs économiques (accumulation
primitive du capital et extraction de rente),
o les facteurs juridiques (normes
d'appropriation et modalités de règlement des conflits),
o
puis par les techniques d'aménagement de la nature
pouvant matérialiser et caractériser ces rapports sociaux en
autant de régimes distincts...
q Le droit foncier
D'un point de vue strictement juridique, le droit foncier est
l'ensemble des dispositions comprenant les règles relatives à
l'accès à la terre et à sa gestion. Le droit foncier est
déterminé par la législation étatique et par la
gestion au jour le jour des enjeux que poursuivent les communautés
rurales et urbaines. Mais il est également régi par des usages
locaux instituant des droits et des pratiques foncières particuliers qui
peuvent s'écarter largement du droit étatique et
éventuellement s'opposer à lui38(*).
Les droits d'usages fonciers ruraux sont les droits
d'exploitation des terres rurales, consentis à temps et à titre
personnel par un possesseur foncier rural à une autre personne ou groupe
de personnes.
q Sécurisation foncière et
sécurité foncière
Selon le Manuel du foncier et le vocabulaire juridique de la
FAO39(*), La
sécurisation foncière se définit comme « le
processus par lequel les droits fonciers sont reconnus et
garantis ». De ce fait, ces derniers ne peuvent être
contestés ou remis en cause de façon inopinée. Ce
processus implique donc que des règles de gestion foncière
appropriées et légitimes soient mises en place.
Quant à la sécurité foncière,
c'est une notion qui concerne les modalités d'occupation et
d'appropriation de l'espace. Il est difficile d'en donner une
définition stricte puisqu'elle est avant tout liée au type
d'accord qui peut exister entre les pratiques des individus et les normes
sociales des groupes dans lesquels ils évoluent.
q Les acteurs du foncier rural
C'est l'ensemble des personnes ou groupes de personnes
physiques, ou morales, de droit privé ou de droit public, titulaires de
droits sur les terres rurales, soit à titre de propriétaires, de
titulaires de droits de jouissances, de possesseurs fonciers, soit encore
à titre de simples usagers de la terre rurale40(*).
q La possession foncière rurale
C'est le pouvoir de fait légitimement exercé sur
une terre rurale en référence aux us et coutumes foncières
locaux. Elle peut être exercée à titre individuel ou
collectif. Elle est exercée à titre individuel lorsque la terre
qui en fait l'objet relève du patrimoine d'une seule personne. La
possession foncière rurale est exercée à titre collectif
lorsque la terre concernée relève du patrimoine commun de
plusieurs personnes, notamment d'une famille41(*).
q Le prêt de terre rurale
Il s'agit de l'accord par lequel une personne autorise une
autre à occuper et exploiter une terre rurale dont il est possesseur ou
propriétaire, à des fins domestiques et à titre personnel
pendant une durée déterminée ou non, à charge pour
l'emprunteur de libérer les lieux lorsque le prêteur manifestera
l'intention de reprendre sa terre.
q La location de terre rurale:
C'est la convention par laquelle le possesseur ou
propriétaire foncier accorde la jouissance de sa terre au preneur en vue
de la réalisation d'activités agro-sylvo-pastorales, pour une
durée déterminée et, moyennant le paiement d'un loyer
périodique.
q Les espaces locaux de ressources naturelles
d'utilisation commune :
Ce sont des espaces ruraux tels que les forêts
villageoises, les bois sacrés, les mares, les espaces de terroir
affectés à la pâture, les pistes à bétail,
qui, selon les usages fonciers locaux, n'appartiennent pas en propre à
des personnes ou familles déterminées et, dont l'utilisation est,
conformément aux us et coutumes locaux, ouverte à l'ensemble des
acteurs ruraux locaux.
q L'administration foncière
Il s'agit de la structure et du processus de
détermination, d'archivage et d'octroi des droits fonciers et,
systèmes par lesquels la supervision générale de la
performance du secteur foncier est assurée42(*).
q La sécurisation foncière :
C'est l'ensemble des processus, mesures et actions de toutes
natures visant à protéger les propriétaires, les
possesseurs et utilisateurs de terres rurales contre toute contestation,
trouble de jouissance de leur droit ou contre tout risque d'éviction.
q La gouvernance foncière
Elle renvoie aux structures politiques et administratives, au
processus par lesquels les décisions relatives à l'accès
et à l'utilisation des ressources foncières sont prises et
exécutées, y compris la façon dont les conflits fonciers
sont réglés43(*).
q La politique foncière
C'est une série de principes déterminés
en vue de régir la propriété (ou l'accès à),
l'utilisation et la gestion des ressources foncières, d'améliorer
leur productivité et leur contribution au développement social,
économique, politique et environnemental et de favoriser la
réduction de la pauvreté44(*).
q La réforme foncière
C'est un processus impliquant la restructuration
complète ou la redéfinition d'au moins trois composantes du
système foncier; plus précisément la structure de la
propriété, la structure d'utilisation et de production et
l'infrastructure des services d'appui45(*).
q L'enjeu foncier
Le terme d'enjeu foncier est un raccourci. Un enjeu foncier
renvoie tout d'abord à une relation foncière, c'est-à-dire
à un rapport social noué entre acteurs individuels ou collectifs
autour d'une chose ou d'un bien (terre, plantation, mare, etc.), et non au
rapport direct d'un individu ou d'un groupe à cette chose ou à ce
bien. En outre, une relation foncière est souvent sous-tendue par un
complexe d'enjeux très hétérogènes et
dépendants des acteurs impliqués. Il peut s'agir d'enjeux
productifs, commerciaux ou de subsistance, rentiers, inscrits dans le court
terme ou dans la longue durée (par exemple en matière de gestion
de ressources naturelles renouvelables), liés à des questions de
sécurisation ou de gestion du risque, ou encore d'enjeux politiques,
religieux ou symboliques. En bref, une relation foncière n'est que
rarement purement foncière. Enfin, cette relation foncière ne
correspond pas seulement à un ou des enjeux donnés, mais elle
contribue aussi à en révéler d'autres ou à les
transformer46(*).
Les enjeux fonciers sont portés par des acteurs
individuels et collectifs, que l'on peut schématiquement ranger dans
deux catégories : d'une part des acteurs en compétition pour
l'accès aux ressources, autour de relations qui peuvent être de
concurrence, d'échange, de conflit, d'alliance ; d'autre part, des
instances ou institutions de contrôle de l'accès aux ressources.
La palette de ces instances chargées - ou revendiquant - de
réguler l'accès est très large : autorités
traditionnelles, services étatiques forestier, administration
territoriale et élus locaux.
q L'attestation de possession foncière
rurale :
Il s'agit d'un acte administratif ayant la même valeur
juridique qu'un titre de jouissance tel que prévu par les textes portant
réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso. Tout
possesseur foncier rural dont la preuve de la possession a été
établie conformément aux dispositions de la loi
N°034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier rural doit en
bénéficier. Dans le cadre des réformes foncières
au Burkina Faso, il s'agit d'un important document de sécurisation
foncière en milieu rural47(*).
q Le service foncier rural
Il est chargé, d'une part, de l'ensemble des
activités de gestion et de sécurisation du domaine foncier de la
commune y compris les espaces locaux de ressources naturelles d'utilisation
commune et d'autre part, des activités de sécurisation du
patrimoine foncier rural des particuliers sur le territoire communal48(*).
q Les chartes foncières locales
Ce sont de conventions foncières locales
inspirées des coutumes, usages ou pratiques fonciers ruraux,
élaborés au niveau local et visant à prendre en
considération la diversité des contextes écologiques,
économiques, sociaux et culturels en milieu rural49(*).
CHAPITRE 3 : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
I.
PRÉSENTATION DU TERRAIN D'ÉTUDE
La commune de Loumbila est la zone retenue pour ce travail de
recherche. Faisant partie des 17 communes pilotes du Projet Sécurisation
Foncière du MCA-BF, sa proximité avec la ville de Ouagadougou et
la diversité des problématiques foncières que l'on y
retrouve en fait un cas intéressant à étudier.
La commune de Loumbila est située dans la région
du plateau central dans la province de l'Oubritenga (voir figure n°1).
Elle fait partie des sept (07) communes que compte la province. Elle est
située à 13 km de Ziniaré, le chef-lieu de la
région et à 25 km de la capitale politique, Ouagadougou. Loumbila
s'étend sur une superficie de 176,99 km² (base de données de
l'IGB) et est limitée :
- à l'Est par la
commune de Ziniaré ;
- à l'Ouest par la
commune de Pabré et l'arrondissement de Nongremasson de la commune de
Ouagadougou ;
- au Nord par la commune
de Dapelgo ;
- au Sud par la commune de
Saaba.
Village au départ, Loumbila fut érigé en
chef-lieu de canton au cours des années 1957. Il est administrativement
reconnu comme arrondissement en 1982. Depuis 1985, il est devenu un
département par ordonnance N°85-046/CNR/PRES du 19 Août 1985.
A la faveur de la communalisation intégrale du pays à travers les
élections du 23 Avril 2006, dans ses limites départementales,
Loumbila devient le chef-lieu de la commune qui compte 30 villages.
Figure 1 :
Localisation de la commune de Loumbila au sein de la province de
l'Oubritenga
Source : Plan communal de développement (PCD)
de Loumbila, 2008
II. LE
CHAMP D'ÉTUDE
1. LE CHOIX DES VILLAGES
D'ÉTUDE
Le Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF dans
sa première phase a couvert 17 communes pilotes dont Loumbila qui compte
30 villages. Nous avons choisi de nous intéresser au cas de deux
villages de la commune : Kourit-yaoghin et Goué.
Le choix de ces villages s'est fait sur la base d'une
connaissance des problématiques foncières lues dans la
littérature et à partir des entretiens préliminaires
réalisées avec des personnes ressources : animatrice de
terrain du projet, service foncier rural de la commune, services techniques
(agriculture, élevage et environnement). En tant que villages à
maîtrises foncières totales (qui dépassent les limites
administratives des villages et en englobent d'autres), les villages de
Kourit-yaoghin et de Goué sont un terrain fertile pour mieux comprendre
les mécanismes d'accès aux documents de sécurisation
foncière.
q Présentation du village de Kourit-yaoghin
Le village de Kourit-yaoghin a été
créé par le benjamin de Naaba Oubri du nom de Kourita. Il est
arrivé accompagné d'un cortège royal constitué de
Niniossés, de tambourineurs venus de Koupèla et de Forgerons. Son
règne dura plus de trois(03) décennies et vu son âge, ses
sujets arrivèrent à la conclusion que ce village serait sa
dernière demeure d'où le nom
« Kourit-yaoghin » la tombe de Kourita.
Les patronymes des lignages fondateurs sont :
- ZOUNGRANA issu de la famille royale ;
- SAWADOGO issu du lignage des Niniossés,
protecteurs coutumiers de l'environnement ;
- ZONGO et BOUGMA du lignage des tambourineurs.
Le village a enregistré l'arrivée de quelques
migrants peulhs et rimaïbés qui vivent en parfaite harmonie.
q Présentation du village de Goué
Le village de Goué aurait été
créé vers 1112 par trois frères (Pasombou, Kotonguiba,
Naguèsbouria) venus de Bouli, une localité de Ziniaré. Les
trois frères qui ont laissé leur faucille après la coupe
d'herbes sont revenus s'installer à Goué suite à un
manque d'espace dans le village de Bouli. Goué dérive du mot
gouéogo (faucille en langue mooré) « l'endroit
où nous avons laissé la faucille ».
Les lignages fondateurs de Goué sont des
niniossés, protecteurs coutumiers de l'environnement de patronyme
SAWADOGO. Par la suite, Les Nakomsés vinrent de Ouagadougou pour la
sécurité du village et eurent pour patronyme ILBOUDO.
2. LA POPULATION CIBLE
Elle est constituée principalement de trois types
d'acteurs :
q les coutumiers/religieux ;
q les éleveurs ;
q et les femmes.
3. L'ÉCHANTILLON
Dans le cadre de cette étude, au total 40 personnes ont
été interviewées dans les deux villages. L'étude
étant qualitative, nous avons estimé que ce nombre était
significatif.
Tableau 1 :
Répartition de la population par village50(*)
Villages
|
Répartition par sexe
|
Population totale
|
Population d'étude
|
Kourit-yaoghin
|
Hommes
433
|
Femmes
488
|
921
|
20
|
Goué
|
Hommes
887
|
Femmes
964
|
1851
|
20
|
Total
|
Hommes
1320
|
Femmes
1452
|
2772
|
40
|
L'échantillon est réparti en fonction des
catégories de personnes enquêtées conformément au
tableau ci-dessous. Il s'agit de chiffres qui concernent la population cible de
l'étude (femmes, coutumiers/religieux, éleveurs). 50% de cet
échantillon est constitué de femme : ce qui permet de
prendre en compte la spécificité de ce groupe cible en
matière d'accès au document de sécurisation
foncière en milieu rural.
Tableau 2 :
Répartition de la population par catégorie d'enquête et par
village
|
Femmes
|
Coutumiers/religieux
|
Eleveurs
|
Total
|
Kourit-yaoghin
|
10
|
5
|
5
|
20
|
Goué
|
10
|
5
|
5
|
20
|
Total
|
20
|
10
|
10
|
40
|
III. LES OUTILS ET TECHNIQUES DE COLLECTE DES
DONNÉES
1. LES OUTILS DE COLLECTE
Afin de collecter les informations sur le terrain, nous avons
utilisé deux types d'outils : i) un guide d'entretien; ii) une
fiche d'observation participante.
Leguide d'entretiena permis d'évaluer les connaissances
des différentes catégories d'acteurs ciblés :
coutumiers/religieux, éleveurs et femmes. Il aborde principalement les
thématiques suivantes :
- l'identité
de l'enquêté ;
- la connaissance des messages diffusés sur la loi
034/2009 : documents de sécurisation, instances de gestion du
foncier, les transactions foncières et les instances de gestion des
conflits fonciers ;
- les pratiques des acteurs suites aux informations
reçues sur la loi 034/2009 : les actions pour obtenir des documents
de sécurisation, le recours aux instances de gestion du foncier, la
gestion des conflits fonciers, les demandes de services à la mairie, la
participation à des séances d'informations sur le foncier ;
- les sources d'informations sur le foncier.
NB : le même guide d'entretien a été
utilisé pour les trois catégories d'acteurs pour permettre de
disposer de données comparatives.
Quant à la fiche d'observation participante, elle a
permis de noter des données complémentaires lors de
l'enquête de terrain.
2. LA TECHNIQUE DE COLLECTE DES
DONNÉES
Tenant compte de la connaissance du champ d'étude, nous
avons procédé à des choix raisonnées des personnes
interviewées. Pour garantir la fiabilité des données
collectées, nous avons accordé une importance particulière
à la disponibilité des acteurs. Les personnes
enquêtées ont été choisies en tenant compte de leur
capacité à fournir des informations.
Trois techniques ont permis de collecter l'ensemble des
données de ce travail de recherche. Il s'agit de : i) la recherche
documentaire ; ii) l'entretien semi-directif ; iii) l'observation
participante.
Dans le cadre de la recherche documentaire, nous avons
procédé dans un premier temps à une recherche sur Internet
afin de disposer de données sur les politiques foncières en
Afrique et de façon plus spécifique en Afrique de l'Ouest. Cela
nous a amené à consulter plusieurs sites internet dont celui
du Hub rural et de ILC qui regorge d'études de cas, de rapports et de
fiches pédagogiques sur la thématique du foncier. Les recherches
sur internet nous ont également permis de collecter des informations sur
les différentes tendances en matière de foncier et de
communication participative pour le développement. A la suite des
recherches sur Internet, il nous a semblé opportun d'affiner la
connaissance sur le foncier au niveau national. Nous avons donc pu collecter
auprès du Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF, une
banque de données sur l'état des lieux des problématiques
foncières au Burkina et plus spécifiquement dans les 17 communes
d'intervention du projet. Par la même, nous avons pu disposer de
données démographiques sur la commune de Loumbila.
L'entretien semi-directif a concerné notre public cible
à savoir les coutumiers/religieux, les femmes et les éleveurs.
Les entretiens réalisés ont permis de disposer de données
qualitatives sur les connaissances, attitudes et pratiques des publics cibles.
Des entretiens ont également été réalisés
avec des personnes ressources (animateur du projet, agent des services
techniques déconcentrés de l'Etat).
Lors de ces entretiens, nous avons également
utilisé la technique de l'observation participante pour noter des
informations complémentaires utiles à la contextualisation des
réponses apportées.
IV. LE DÉROULEMENT DE L'ÉTUDE
Trois temps majeurs ont marqué la conduite de cette
étude : une phase préparatoire, une phase de collecte de
données sur le terrain, une phase d'analyse et de traitement des
données.
1. LA PHASE
PRÉPARATOIRE
Pour approfondir notre connaissance du foncier et du Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF, nous avons procédé
dans un premier temps à une recherche documentaire, puis à une
série d'entretiens.
Dans la seconde étape, nous avons procédé
à des entretiens individuels avec des acteurs intervenant dans la
commune de Loumbila pour disposer de données spécifiques à
la zone d'études. Ainsi, des échanges ont été
conduits avec l'animatrice du projet dans la zone et les services techniques
déconcentrés de l'Etat intervenant dans la commune de Loumbila
(agriculture, élevage, environnement). Les entretiens se sont
déroulés en présentiel ou au téléphone.
2. LA COLLECTE DE DONNÉES
SUR LE TERRAIN
Muni d'un enregistreur et d'un appareil photo
numériques, nous nous sommes rendus dans les villages de Kourit-Yaoghin
et de Goué de la commune de Loumbila au cours des mois de juillet et
août 2013. Dans le mois de juillet, nous nous sommes rendus dans le
village de Kourit-Yaoghin situé à une vingtaine de km de
Loumbila-centre où nous avons menés des entretienssemi-directifs
avec dix femmes, cinq des coutumiers/religieux et cinq des éleveurs. La
même approche a été conduite avec les mêmes types
d'acteurs dans le village de Goué, situé à une dizaine de
km de Loumbila-centre. Les membres de conseils villageois de
développement et des commissions foncières villageoises ont
été mis à contribution pour faciliter la mobilisation des
acteurs dans les villages concernés par l'enquête de terrain.
3. LE TRAITEMENT ET L'ANALYSE DES
DONNÉES
Le traitement et l'analyse des données a
concerné deux types de données : celles issues de la
recherche documentaire et celles collectées lors de l'étude de
terrain dans les deux villages retenus.
Pour ce qui concerne les données issues de la recherche
documentaire, nous avons procédé d'abord à un classement
par nature : les informations sur le foncier et les données sur la
communication participative pour le développement. L'analyse de
l'ensemble de ces données a permis de documenter les cadres
théorique, conceptuel et la revue de littérature.
Pour ce qui est des données issues de la collecte de
terrain, nous avons procédé dans un premier temps à la
transcription intégrale et à la saisie des données
collectées (question et réponses) par catégories d'acteurs
enquêtés et par village. Ensuite, toutes les données ont
été enregistrées sur une base de données excel.
L'analyse sur ce logiciel a permis de dégager des données
comparatives et d'en extraire des pourcentages et des graphiques pour illustrer
les résultats obtenus. Cette méthode a l'avantage de produire
un gain de temps en facilitant le processus de traitement des données.
4. LES DIFFICULTÉS
RENCONTRÉES
Dans la conduite de cette étude, nous avons
rencontré des difficultés que l'on pourrait classer en deux
catégories.
La première est en lien avec la période de
collecte des données. Ayant conduit l'étude de terrain dans les
mois de juillet et d'août 2013, nous avons été
confrontés aux problèmes de mobilisation des acteurs
ciblés pour l'enquête. A plusieurs reprises, la programmation des
sorties de terrain a dû être actualisée pour tenir compte de
la disponibilité des acteurs de terrain. Généralement,
à cette période, les paysans sont occupés par les
activités champêtres, ce qui joue sensiblement sur leur
disponibilité. Initialement, nous avions prévu d'interroger
quarante acteurs par village, mais nous avons été obligés
de nous contenter de vingt acteurs par village au regard des difficultés
de mobilisation constatées.
La deuxième difficulté constatée est
liée à l'abondance des données collectées lors de
la phase de recherche documentaire. Le traitement a nécessité
plus de temps que prévu pour sélectionner, hiérarchiser et
classer les données pertinentes en fonction des thématiques
retenues.
PARTIE 2: LA DISSEMINATION DE L'INFORMATION JURIDIQUE SUR
LE FONCIER
CHAPITRE 1 : LE CADRE GENERAL
D'INTERVENTION
I.
RÉFORME FONCIÈRE AU BURKINA-FASO : UNE NOUVELLE DONNE LÉGISLATIVE
1. LA SITUATION FONCIÈRE
AU BURKINA FASO
Le Gouvernement du Burkina Faso considère le
développement rural comme l'une des principales voies d'un
développement économique durable. L'agriculture,
l'élevage, la foresterie, la chasse ou la pêche constituent des
activités à fort potentiel économique pour les populations
rurales, mais elles nécessitent la mobilisation efficace et la mise en
valeur effective des terres rurales et de leurs ressources, d'où la
nécessité de mise sur pied d'une véritable politique
nationale de sécurisation foncière en milieu rural.
Face à l'accroissement accéléré de
la population, l'amélioration des productions et de la
productivité rurales sont considérées comme des objectifs
prioritaires par le Gouvernement du Burkina Faso. La sécurité
foncière est l'une des conditions d'un développement
économique et social durable.
La situation foncière au Burkina Faso se
caractérise par :
- une compétition accrue et conflictuelle entre
acteurs pour le contrôle et l'exploitation des terres (premiers
occupants, migrants, entrepreneurs agricoles) ;
- une poursuite et même une intensification dans
certaines régions, des migrations agricoles et des transhumances
pastorales ;
- une multiplication et une aggravation des conflits
entre acteurs ruraux à l'occasion de la mise en valeur des terres et de
l'exploitation des ressources naturelles ;
- une faible efficacité des mécanismes
juridiques et institutionnels de gestion foncière et de gestion des
conflits en milieu rural.
Depuis 2005, le Burkina Faso s'est engagé, dans un
processus de réforme de la politique et de la législation
foncière au niveau national. La Politique Nationale de
Sécurisation Foncière en Milieu Rural (PNSFMR)a été
adoptée par décret en septembre 2007 et a donné lieu
à l'élaboration de la loi 034-2009 portant régime foncier
rural du 16 juin 2009 assortie depuis juillet 2010 de ses décrets
d'application. Le 03 août 2012, la Réorganisation Agraire et
Foncière (RAF) qui était en révision depuis 2010 a
été adoptée par l'Assemblée Nationale.
2. LES TYPES DE CONFLITS FONCIERS
RÉCURRENTS AU BURKINA FASO
Au Burkina Faso, on rencontre au moins quatre (4) principaux
types de conflits fonciers: ceux qui opposent les autochtones aux
immigrés; ceux qui opposent les éleveurs aux agriculteurs ; ceux
qui opposent les exploitations agricoles familiales aux agro-industries; et
ceux qui opposent les usagers privés de ressources naturelles rurales
à l'Etat.
Ces dernières années, le Burkina Faso a
enregistré une demande croissante en ressources foncières qui
sont limitées en termes de quantité. Les nombreuses demandes
foncières émanent des populations migrantes dont la
volonté de se réinstaller s'expliquent par différents
facteurs dont, les projets de développement initiés par
l'État (tels que les périmètres irrigués ou les
pâturages aménagés), l'éradication de l'onchocercose
dans les années 70 et 80 dans le Nord, l'Ouest et l'Est du pays, le
surpeuplement du Plateau Central, la sécheresse qui frappe un certain
nombre de zones y compris la zone aride du nord, et l'instabilité
politique en Côte d'Ivoire qui a contraint certains Burkinabè
travaillant la terre au retour. Ces populations migrantes sont
confrontées à la réalité des revendications de
droit primaire qui frappe la quasi-totalité de toutes les terres du pays
en vertu de la première occupation, d'une conquête, ou des
migrations et installations antérieures.
Les conflits opposant les agriculteurs aux éleveurs ont
prévalu au cours de l'histoire connue du Burkina Faso. Ce type de
conflit semble s'exacerber dans des zones traditionnelles, telle que la zone
sahélienne, et s'étendre également à d'autres
régions du pays. Cette recrudescence apparente des conflits entre
agriculteurs et éleveurs peut s'expliquer par les changements
environnementaux et démographiques. La dégradation
environnementale du fait des années de sécheresse des
dernières décennies du 20ème siècle, et
le bouleversement des populations de bétail qui en résulte, a
intensifié la concurrence pour une base de ressources en diminution dans
certaines localités. La demande grandissante en terres de culture de la
part d'une population sédentaire de plus en plus nombreuse à
travers le pays a également accru les risques de rivalité
agriculteurs-éleveurs pour le contrôle de l'occupation et de
l'accès aux zones de production.
Les entrepreneurs basés en milieu urbain - connus dans
le domaine de la propriété foncière au Burkina comme les
«nouveaux acteurs» - ont eu accès aux meilleures
terres de culture dans certaines régions du pays. Au nombre des zones
particulièrement affectées par ce phénomène
figurent le Centre-Sud, plusieurs zones aménagées pour
l'exploitation agricole irriguée, et des portions de l'extension de la
zone cotonnière. Ce genre de conflit est une variante du genre de
conflit opposant les autochtones aux migrants mentionné ci-dessus. La
caractéristique additionnelle, cependant, est que de nouveaux acteurs,
bénéficient souvent d'un accès à la connaissance et
aux institutions spécialisées de même qu'à
l'influence politique, toutes choses qui ne sont pas à la portée
des populations autochtones par l'intermédiaire de qui ils ont
accès à la terre.
Enfin, une situation de conflit latent existe dans les cas
où des acteurs privés ont empiété sur les zones ou
les ressources que l'Etat a désigné comme forêts
classées, périmètres aménagés (y compris
l'aménagement de zones pastorales) et réserves naturelles (tels
que les parcs et les zones de chasse sportive). Ce genre de conflit se
manifeste souvent très peu en l'absence de revendications claires de
l'Etat.
3. LA LOI N°034-2009/AN
PORTANT RÉGIME FONCIER RURAL
La loi n°034-2009/AN portant régime foncier rural
a été adoptée le 16 juin 2009 et promulguée le 13
juillet 2009. Cette loi vise deux objectifs majeurs : accroître la
sécurisation foncière et promouvoir les investissements en milieu
rural. Elle reconnait 3 domaines fonciers ruraux : le domaine foncier
rural de l'Etat ; le domaine foncier rural des collectivités
territoriales ; et le patrimoine foncier rural des particuliers.
Pour une meilleure sécurisation foncière et pour
réduire les conflits fonciers, la loi 034-2009 portant régime
foncier rural crée un ensemble de structures locales de gestion
foncière :
o Le Service Foncier Rural (SFR). Le SFR est chargé des
activités de gestion et de sécurisation du domaine foncier de la
commune y compris les espaces locaux de ressources naturelles d'utilisation
commune ainsi que des activités de sécurisation foncière
du patrimoine foncier rural des particuliers sur le territoire communal. Le SFR
concourt également à la préservation, à la
sécurisation et à la gestion du domaine foncier de la
région et de l'Etat, situé sur le ressort territorial de la
commune concernée.
Dans le cadre de ses missions générales, le SFR,
en collaboration avec la Commission Foncière Villageoise (CFV) assure la
tenue régulière des registres fonciers ruraux, notamment :
le registre des possessions foncières rurales ; le registre des
transactions foncières rurales ; le registre des chartes
foncières locales ; le registre des conciliations foncières
rurales. Dans les communes urbaines auxquelles sont rattachés des
villages, les missions et attributions des SFR sont assurées par les
bureaux domaniaux de ces communes.
o Les commissions foncières villageoises (CFV). Il est
créé dans chaque village, sous l'égide du conseil
villageois de développement, une sous-commission
spécialisée chargée des questions foncières,
dénommée Commission Foncière Villageoise. Elle comprend de
plein droit les autorités coutumières et traditionnelles
villageoises chargées du foncier ou leurs représentants. Elle
peut s'adjoindre toute personne ressource dont la participation est
jugée utile.
La commission foncière villageoise est chargée
de faciliter la mise en oeuvre effective des missions du service foncier rural
en contribuant d'une part à la sécurisation et la gestion du
domaine foncier de la commune et en participant d'autre part, à la
sécurisation foncière de l'ensemble des acteurs ruraux de la
commune. En particulier, la CFV assure l'information et la sensibilisation de
la population en matière foncière ; elle est aussi
responsable de l'identification des espaces locaux de ressources naturelles
d'utilisation commune, participe à la constatation des droits fonciers
locaux et en général et oeuvre à la prévention des
conflits fonciers ruraux.
o Les instances locales de concertation foncière.
Désormais baptisées Commissions de Conciliation Foncière
Villageoises (CCFV), elles sont chargées en vue de la résolution
des conflits fonciers, de mener des activités de conciliation
foncière. A la suite d'une tentative de conciliation, un
procès-verbal de conciliation ou de non conciliation est dressé.
Dans le cas d'un conflit non résolu, la saisie d'une autorité
judiciaire n'est possible que sur présentation du procès-verbal
de non conciliation.
La loi 034-2009 portant régime foncier rural
reconnaît le droit de possession foncière et instaure une
procédure de reconnaissance de ce droit. A la suite d'une
procédure locale, publique et contradictoire, la commune délivre
une Attestation de Possession Foncière Rurale (APFR). La
procédure de constatation de possession foncière peut se faire
à la suite d'une demande individuelle ou à la suite d'une
initiative de la commune qui peut entreprendre, sur tout ou partie de son
territoire, des opérations de constatation de possessions
foncières rurales. L'APFR est transmissible par succession et peut
également être cédée à titre gratuit ou
onéreux. Les APFR sont inscrites au niveau du SFR sur le registre des
possessions foncières rurales.
La loi 034-2009 portant régime foncier rural
reconnaît les droits d'usages des terres rurales. Tout possesseur de
terres rurales peut prêter, louer ou autoriser temporairement l'usage de
son terrain : le prêt d'une terre rurale se fait pour une
période déterminée ou non, à la suite d'un accord
verbal ou écrit ; la location de terre ne peut se faire pour une
durée inférieure à 5 ans et nécessite un acte
écrit ; l'autorisation de mise en valeur temporaire est
accordée par la commune pour une durée maximale de à 5
ans. Les prêts, locations et autorisations temporaires de mise en valeur
doivent être inscrits au niveau du SFR sur le registre des transactions
foncières rurales.
La loi 034-2009 portant régime foncier rural
prévoit la possibilité d'établissement de chartes
foncières aux niveaux villageois, inter villageois, communal ou
intercommunal. Elle prévoit également des programmes
spéciaux d'attribution de terres à titre individuel ou collectif
par l'Etat et les communes. Le public cible est principalement les jeunes, les
femmes et les éleveurs.
4.
AUTRES CADRES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES DE L'INTERVENTION
Le cadre légal et réglementaire des
interventions du PSF/MCA-BF ne se limitepas au seul secteur foncier. Il faut
également tenir compte d'autres éléments :
q La décentralisation :
impulsée à travers une lettre de politique de
Développement Rural Décentralisé, elle s'est
concrétisée à travers la loi n° 055-2004/an portant
code général des collectivités territoriales au Burkina
Faso qui détermine l'orientation de la décentralisation, les
compétences et moyens d'action ainsi que les organes et l'administration
des collectivités territoriales et qui crée notamment les
communes rurales qui sont amenées à jouer un rôle essentiel
dans la gestion des terres rurales et des ressources naturelles. La loi
n°065-2009/AN est venue modifiée la loi n°
055-2004/AN ;
q L'aménagement du territoire :
depuis l'adoption de la RAF au milieu des années 80,
l'aménagement du territoire a toujours été associé
à la politique de développement économique,
témoignant ainsi des liens étroits entre la gestion des terres et
des ressources qu'elles portent et la croissance économique. La
politique nationale d'aménagement du territoire précise le
rôle des différents acteurs : si l'Etat doit jouer un
rôle prépondérant en matière d'aménagement du
territoire, les collectivités territoriales, la société
civile et le secteur privé ont également un rôle
important à jouer.
II. PRÉSENTATION DU PROJET SÉCURISATION
FONCIÈRE DU MCA-BF
1. LE
CONTEXTE DE MISE EN oeUVRE DU PROJET
L'inclusion du Projet Sécurisation Foncière dans
le Compact (PSF/MCA-BF) reflète l'importance que le Gouvernement du
Burkina Faso accorde au secteur foncier pour la croissance économique et
pour la paix sociale.
Avant la loi 034-2009 portant régime foncier rural,
l'une des difficultés pour la gestion foncière dans le pays
venait du fait que la législation et la règlementation
foncière ne prenaient pas suffisamment en compte le caractère
toujours prévalent, varié et évolutif des règles et
pratiques coutumières en matière foncière. Associé
au caractère fortement centralisé et onéreux des services
d'enregistrement et de cartographie fonciers, réservés de fait
aux parcelles urbaines, la faible prise en compte par la loi des droits
fonciers coutumiers a entraîné une mauvaise gestion des droits
fonciers et un très faible niveau d'enregistrement officiel des terres
dans les espaces ruraux. Combiné avec les tendances
démographiques et économiques actuelles, cela constituait une
contrainte pour la croissance économique, la paix sociale et la gestion
durable des ressources naturelles. Les conflits liés au foncier se sont
répandus et intensifiés51(*).
Les pratiques coutumières en matière de gestion
foncière ne sont pas statiques et évoluent rapidement :
développement des achats, tendance à l'individualisation des
droits fonciers, recours croissant aux « petits
papiers », etc. Sans évolutions impulsées par
l'extérieur et par la loi, il est peu probable que ces systèmes
de gestion foncière coutumiers parviennent à résoudre les
tensions croissantes autour de la ressource foncière, à surmonter
les insuffisances constatées dans la gestion et l'attribution des terres
et à permettre la résolution et la prévention de tous les
types de différends fonciers. Ces systèmes traditionnels sont en
perte de vitesse du fait des mutations socio-économiques, du fait aussi
de la situation de rivalité entre les institutions en charge de la
gestion foncière ou encore du fait de la diminution des terrains
disponibles et de la fertilité des sols dans certaines régions
consécutive à une forte croissance démographique ou
à des flux migratoires52(*).
Depuis 2005, le Gouvernement du Burkina Faso, conscient des
discordances majeures entre la législation foncière et les
pratiques sur le terrain, s'est engagé dans de changements de lois, de
règlements et de processus administratifs en vue de traduire dans la
réalité son objectif d'une amélioration de la gestion
foncière en milieu rural.
C'est ainsi que la loi 034-2009 portant régime foncier
rural a été adoptée en juin 2009 par l'Assemblée
Nationale. Elle a pour fondement la Politique Nationale de Sécurisation
Foncière en Milieu Rural (PNSFMR) arrêtée en 2007
après une démarche inclusive et participative. Au nombre des
principes généraux qui ont guidé la décision du
Gouvernement du Burkina Faso d'adopter cette nouvelle politique, on peut
citer :la reconnaissance des droits fonciers issus de la
coutume ; l'accès équitable et sécurisé
à la terre pour toutes les catégories d'usagers ;
l`amélioration de l'administration foncière et le
développement de services fonciers plus accessibles à l'ensemble
de la population ; une gouvernance des terres améliorée sur
la base notamment d'une participation accrue de l'ensemble des acteurs.
Le PSF/MCA-BF appuie le Gouvernement du Burkina Faso dans la
mise en oeuvre de cette nouvelle loi ainsi que de la loi 055/2004 portant Code
Général des Collectivités Territoriales qui prévoit
le transfert des aspects clés de la gestion foncière aux
autorités communales.
2.
OBJECTIF ET PRINCIPALES ACTIVITÉS DU PSF/MCA-BF
L'objectif du PSF/MCA-BF au cours des cinq années du
Compact est d'améliorer la sécurisation foncière et de
promouvoir des mesures incitatives à l'investissement dans les terres
rurales. Le projet assure la continuité de l'engagement du Gouvernement
du Burkina Faso pour les réformes légales et procédurales
et finance des interventions ciblées en vue de la mise en oeuvre de la
réforme foncière. Il apporte un appui pour un accès plus
stable et efficace à la terre ainsi que pour une amélioration de
la gestion foncière, nécessaire à la croissance
économique. Le PSF/MCA-BF sert également de passerelle entre le
Gouvernement et les partenaires techniques et financiers intervenant au Burkina
Faso, dans deux domaines qui se renforcent mutuellement: la sécurisation
foncière et la décentralisation de la gestion et de la
gouvernance foncières au niveau communal.
Comme principales
activités, le PSF/MCA-BF compte :
q Activité 1.
Changement et communication en matière légale et
procédurale
Il s'agit de contribuer à l'amélioration du
cadre législatif et réglementaire dans son ensemble pour
améliorer la gestion foncière et pour réformer les
procédures administratives de manière à les rendre plus
accessibles et favorables aux usagers. Il s'agit aussi de mieux faire
connaître et faire comprendre à l'ensemble des acteurs
concernés les nouvelles dispositions de la loi 034-2009 portant
régime foncier rural et de ses décrets d'application.
q Activité 2.
Développement institutionnel et renforcement des
capacités
Il s'agit d'améliorer le fonctionnement et
l'accès des services fonciers publics dans des zones rurales
d'intervention du PSF/MCA-BF. Pour ce faire, le projet apporte un appui aux
institutions nationales, régionales, provinciales et communales pour la
mise en oeuvre des nouvelles législations et règlementations
relatives à la gestion foncière, notamment concernant la nouvelle
loi 034-2009 portant régime foncier rural et la décentralisation
de la gestion foncière.
Cet appui concerne : (i) le renforcement des
capacités par des actions de formation ; (ii) l'amélioration
des systèmes de gestion de l'information foncière ; (iii) la
déconcentration accrue et effective des services fonciers au niveau
régional et provincial ; (iv) la décentralisation de la gestion
foncière au niveau des communes ; (v) le renforcement des
capacités de gestion des conflits fonciers par des voies judiciaires ou
non judiciaires ; (vi) le renforcement et la modernisation des
infrastructures géodésiques ; (vii) la construction d'un
maximum de quarante-sept bâtiments communaux qui permettront notamment
aux communes de disposer de locaux pour loger leur services fonciers et d'Etat
Civil.
q Activité 3.
Interventions foncières liées à des sites
spécifiques
Il s'agit d'une part d'aller vers une gestion participative de
l'utilisation des terres dans les communes d'intervention du PSF/MCA-BF et,
d'autre part, de clarifier et de sécuriser les droits fonciers ainsi que
de favoriser la résolution de conflits dans un ensemble de sites
spécifiques.
Ainsi, le PSF/MCA-BF apporte-t-il un appui à des
activités dites de gestion participative de l'utilisation des terres
(GPUT) et à des activités visant à clarifier,
sécuriser et au besoin formaliser les droits fonciers.
Les trois activités du PSF/MCA-BF
bénéficient aux ménages et aux entreprises à
l'échelle nationale grâce aux actions de révision et de
communication en matière légale et procédurale,
destinées à créer un climat d'investissement favorable
pour les exploitants agricoles actuels et à venir. Les activités
de développement institutionnel et de renforcement des capacités
ainsi que les interventions foncières liées à des sites
spécifiques bénéficient en outre aux exploitants agricoles
implantés dans les zones ciblées (47 communes, Zones
aménagées). L'amélioration des services de registre
foncier et de cartographie à l'échelle nationale,
régionale ou provinciale profitera à d'autres usagers publics ou
privés qui ne sont pas nécessairement implantés sur le
territoire des municipalités cibles ni dans les zones de projet.
3. LA STRATÉGIE DE
DISSÉMINATION DU PSF/MCA-BF
Le Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF
s'étend à 17 communes (rurales et urbaines) dans sa phase pilote.
La stratégie de communication a permis d'impliquer l'ensemble des
acteurs concernés. Aussi, la dissémination de l'information
(communication de proximité), la communication de masse, la
consolidation de partenariats et le plaidoyer sont-elles les approches qui ont
été privilégiées pour améliorer le niveau de
connaissance des acteurs du foncier sur la loi 034-2009 portant régime
foncier rural.
- la communication de masse : axée sur la
diffusion de l'information à grande échelle, elle s'est faite
grâce aux relations de partenariat entre Jade Productions et 13 radios
communautaires couvrant la zone d'intervention du projet. Des spots,
microprogrammes et des magazines ont été diffusés dans
plusieurs langues : français, mooré, fulfudé, nuni,
gulmacéma, dioula, lobiri, liélé.
- le renforcement de capacité : cela
renvoie aux activités de formation et d'acquisition de
compétences pour la mise en oeuvre des activités de
communication. Il a consisté à former des formateurs de
disséminateurs villageois qui, eux ont assuré à leur tour,
le renforcement des capacités des disséminateurs villageois.
- la communication de proximité :
grâce au dispositif de communication mis en place, les
disséminateurs villageois aidés par les formateurs de
disséminateurs villageois et des animateurs fonciers ont assuré
des échanges de proximité, notamment à travers
l'organisation de causeries-débatsdans chacun des villages
d'intervention du projet.
- le partenariat : en matière de
communication, le partenariat est une exigence qui permet d'optimiser les
résultats des actions menées sur le terrain. Dans la phase 1, il
s'est traduit par l'association des services techniques de l'Etat (agriculture,
élevage, environnement), des radios communautaires et des troupes de
théâtre à la mise en oeuvre des actions de
communication.
- le plaidoyer : il a porté principalement
sur la révision de la Réorganisation Agraire et Foncière
avec comme publics cibles les parlementaires. Un film a été
produit dans ce sens et remis à chaque député afin de les
sensibiliser sur la nécessité de relire la RAF pour tenir compte
de l'évolution de l'environnement juridique et institutionnel en
matière de gestion foncière locale (innovations introduites par
la loi 034-2009 par exemple).
Figure 2 : Stratégie de
dissémination de l'information juridique sur le foncier
rural
Source : Rapport de mise en oeuvre des
activités de communication du PSF/MCA-BF, Tetra Tech ARD, avril - juin
2011, p. 53
Parmi les activités de communication menées, on
note l'organisation de causeries-débatsà grande échelle.
Ce sont des rencontres d'échanges sur la loi 034-2009 portant
régime foncier rural et la résolution des conflits
organisées dans chacun des villages des 17 communes d'intervention du
Projet Sécurisation Foncière. Dans cette partie, nous faisons un
bilan exhaustif de la mise en oeuvre des causeries-débats sur le
foncier.
Elles ont été organisées dans 558
villages des communes d'intervention du Projet Sécurisation
Foncière du MCA-BF. Au total, 511 rapports ont été
reçu par l'équipe de projet, 14 rapports n'ont pas
été remis malgré la bonne tenue des animations (rapports
égarés, en particulier à Zam). Par contre 33 animations
prévues n'ont pas eu lieu : pour 27 villages des communes de Boudry
et Kampti notamment. Personne ne s'est présenté lors des
formations initiales des DV (problèmes de communication ou manque
d'implication de ces villages souvent éloignés du chef-lieu de
commune). Des formations supplémentaires ont donc eu lieu pour ces
villages, mais les animations n'ont pas été planifiées.
Tableau 3 :
Récapitulatif de la tenue des causeries-débatsà grande
échelle
Source : Rapport de mise en oeuvre des
activités de communication du PSF/MCA-BF, Tetra Tech ARD, juillet -
septembre 2011
CHAPITRE 2 : LES OUTILS DE COMMUNICATION DE LA PHASE 1 DU
PROJET
I. LES
AFFICHES ÉDUCATIVES SUR LA LOI 034/2009
Il s'agit de 12 affiches axées sur les messages clefs
de la loi 034-2009 portant régime foncier rural. Les affiches
réalisées répondent à la formulation :
« un message, une illustration ». Elles ont
traitées de questions relatives au foncier rural à savoir :
l'attestation de possession foncière rurale, les constatations de
possession foncière, les trois domaines fonciers, les instances locales
de gestion du foncier, etc. Ces affiches ont servi d'outil d'aide à
l'animation lors des causeries-débatsorganisés dans plus de 500
villages des communes d'intervention du PSF/MCA-BF. Pour réaliser des
affiches informatives et adaptés aux publics cibles que sont les
producteurs ruraux, une approche en sept (07) étapes a été
développée.
1. L'ÉLABORATION DE
MESSAGES CLEFS
Les textes bruts de la loi 034/2009portant régime
foncier rural ont dans un premier temps été minutieusement
étudiés afin d'obtenir douze messages sur les points essentiels
de la loi. Ces points permettent à un producteur rural, novice, de
connaître les principaux changements que la loi 034-2009portant
régime foncier rural pourra induire dans son quotidien. L'accent a donc
été mis sur les dispositions pratiques de la loi et son
application sur le terrain.
2. LE PRÉ TEST DES MESSAGES
AUPRÈS DES ACTEURS VILLAGEOIS
Sur la base des messages élaborés, un premier
jeu d'affiches a été réalisé sur la loi 034-2009
portant régime foncier rural. Les douze messages ont été
édités sur des affiches, avec des illustrations, le logo du
MCA-BF et de Tetra Tech ARD en haut de page, celui de Jade Productions en pied
de page et l'annotation « pour toutes informations
complémentaires, adressez-vous au service foncier rural de votre commune
ou au service des domaines ».
Ce premier module a été testé lors d'une
enquête menée du 21 au 28 mai 2010 à Bama et à
Léo, deux des 17 communes d'intervention du Projet Sécurisation
Foncière du MCA-BF.
Une trentaine de personnes de chaque commune a ainsi
été réuni en focus-groups (producteurs, groupements
villageois hommes, groupements féminins, groupements d'éleveurs,
CVD...) afin de leur présenter les affiches pour récolter leurs
réactions sur les images et messages associées. Il faut
également noter qu'un atelier de travail spécifique pour les
femmes a été organisé à Léo.
Les réactions de ces focus-groups ont ensuite
été consignées, sur la base des questions suivantes:
o Les messages sont-ils clairs ?
o Comment sont-ils perçus (positivement,
négativement, de façon, mitigée) ?
o Qu'évoquent ces messages pour les personnes
présentes ?
o Les images correspondent-elles au message ? Quelles autres
propositions d'images ?
q L'état des lieux des
connaissances
Un état des lieux des connaissances des participants
sur la loi 034-2009 portant régime foncier rural a été
effectué dans un premier temps. Trois principaux faits ont
été établis autour des connaissances initiales sur la loi
:
- une méconnaissance de la loi par les
producteurs ruraux au sens large (les plus informés sont les leaders de
l'union des coopératives de Bama, dont certains ont pris part à
une session d'amendement de la loi);
- des informations erronées sur la loi, souvent
véhiculées par la rumeur et les proches. A titre d'exemple, voici
un propos rapporté par un paysan de Bama : « avec la
nouvelle loi sur le foncier, l'Etat a décidé de répartir
les terres entre tous les Burkinabé. Comme je ne suis pas bête, je
vais m'empresser de vendre ce que je peux vendre avant qu'on ne me le retire
pour une distribution collective » ;
- une confusion entre les dispositions de la PNSFMR et
celles de la loi 034/2009 portant régime foncier rural.
q L'analyse des
affiches
L'étude s'est concentrée sur 4 principaux points
lors de la présentation des affiches aux focus-groups de Bama et
Léo : la compréhension du message principal, sa perception
(recueil des préoccupations et craintes liées au projet), le
repérage/caractérisation de groupes sensibles et l'analyse des
images proposées.
Certains mots parmi les messages peuvent être trop flous
ou trop chargés de sens et il convient alors de les modifier. Une partie
de l'analyse a porté sur le repérage de ces mots. Par exemple,
pour la troisième affiche portant sur les chartes foncières, de
nombreux producteurs ruraux trouvent flous les contours du terme
« charte ». Certains se demandent notamment si la
charte peut délivrer un « papier ». Il convenait
donc de mieux expliciter ce terme.
Les difficultés rencontrées dans la
compréhension de certains messages ont également
été repérées. Par exemple, le message de l'affiche
5 présentant « Les trois usages des terres rurales :
louer, prêter et vendre » a été jugé
peu compréhensible. La formulation de l'affiche 7 « Les
locations simples de terres rurales ou baux à ferme de terres rurales -
Toute location de terre rurale est d'une durée de 5 ans au
moins » a aussi été jugée trop complexe.
q Le recueil des
préoccupations, craintes et points de crispation
La présentation de l'affiche 5 sur les usages de la
terre démontre par exemple, qu'à Bama comme à Léo,
les usages de la terre semblent susciter une grande inquiétude,
notamment quand il s'agit de la vente et de la location.
La présentation de l'affiche 10 « pour
régler les conflits sur la terre, la conciliation doit être la
règle » a permis de mettre en évidence, à
Bama, les réticences des maires à se mêler de conflits
liés à la gestion de terres. « Demandez aux autres
maires : ils ne se mêlent pas de problèmes de terres. Ils vont
mourir à midi » confie le maire de la commune de Bama.
Comment alors franchir certains tabous et communiquer sur le sujet sans
réveiller ou provoquer des craintes ?
Inversement, les espoirs suscités par le projet,
auxquels il faudra répondre ou qu'il faudra éclaircir le plus
vite possible, ont également été recueillis. De nombreuses
personnes attendent du projet une réponse à leurs
préoccupations concernant l'agro-business par exemple.
« Il faut réduire les terres des agro-business-men. Ils
viennent, ils utilisent les gens et n'arrivent pas là les
payer » témoigne un producteur.
Comment alors ne pas donner trop de faux espoirs aux
populations quant aux objectifs du projet? Il semble ainsi nécessaire de
formuler très clairement les objectifs du projet.
q Le repérage de groupes sensibles ou
distincts, qui doivent bénéficier d'un
« traitement » particulier
Concernant le groupe des femmes, le test de terrain a
montré que les perceptions sur site ne sont pas forcément
identiques à celles projetés et théorisées. A Bama,
par exemple, les femmes sont perçues par une partie de la population
comme plus riches que tout le monde : « ce sont elles qui
donnent les revenus à la famille ». Cette perception
hétérogène d'une zone à une autre est à
considérer dans les processus de communication sur le sujet.
Les attentes des producteurs de bananes à Bama sont
très fortes également : « les gens chez moi,
attendent impatiemment ça pour faire leurs titres. Ce sont des
producteurs de bananes. Et ils me demandent toujours quand est-ce que vous
allez commencer ?Ceux qui ont acheté veulent leur papier. Parce
qu'après mes petits fils viendront réclamer la terre de leur
père. » confie un propriétaire terrien. Il est
ainsi possible d'envisager une communication toute particulière pour ce
public.
q L'analyse des images
proposées
Il faut veiller à ne pas accentuer, via des images mal
choisies, les craintes et préoccupations relevées. C'est
pourquoi, sur le terrain, l'analyse des images a permis de faire des
propositions d'amélioration.
Par exemple sur l'affiche « les usages de la
terre : location, prêts, ... », les producteurs de Bama
suggèrent de ne pas faire figurer de billets de banque sur l'image pour
traiter de la question des transactions foncières. Autrement, les gens
en déduiraient qu'on ne peut obtenir de la terre qu'en l'achetant.
L'affiche 2 (« au Burkina, la terre a 3
propriétaires ») a été bien
appréciée, mais les participants ont suggéré de
bien habiller les gens de la commune (avec une écharpe) pour mieux les
distinguer. Ils suggèrent aussi d'ajouter l'image d'un homme du
gouvernement, qui doit être bien habillé, assis dans un bureau
avec un stylo dans sa poche.
Pour l'affiche 7, « toute location de terre
rurale est de 5 ans minimum », il a été
suggéré de faire figurer une main avec 5 doigts ou 5
bâtonnets pour expliciter le chiffre des 5 ans.
3.
L'ATELIER DE PRODUCTION PARTICIPATIVE DES OUTILS
Sur la base des résultats de l'étude
menée à Bama et à Léo, un atelier de co-production
de modules de communication s'est tenu à Ziniaré du 14 au 18 juin
2010, en compagnie de professionnels du théâtre.
Il a regroupé 36 participants de divers horizons et
milieux socio-professionnels : 2 coordonnateurs techniques de l'atelier,
un expert en communication-sensibilisation, 6 assistants de productions, une
maquettiste, une équipe de production vidéo
spécialisée en capture d'image pour le théâtre (4
personnes), 6 producteurs ruraux et élus d'Organisations Paysannes, un
maire (Bama), un chef coutumier (Léo), 5 techniciens du
développement, 2 experts juristes, un représentant du MCA-BF, un
représentant de la DGFOMR et les 6 acteurs d'une troupe de
théâtre (pour la production de nouvelles affiches).
Cet atelier était axé sur trois temps
forts :
- la mise à niveau des participants en
matière d'information sur la loi 034/2009 portant régime foncier,
la gestion participative de l'utilisation des terres (GPUT) et les dispositions
et mécanismes de résolution de conflits ;
- l'examen des modules de communication : notamment
les affiches éducatives ;
- la conception et la réalisation des outils de
communication.
En ce qui concerne les affiches éducatives, l'atelier a
permis de mener une analyse des messages élaborés ainsi que des
images existantes. De nouvelles photographies ont été
réalisées avec la troupe de théâtre pour illustrer
au mieux les affiches réalisées et les adapter en tenant compte
des commentaires des participants et des observations des enquêtes de
Léo et Bama.
Les nouvelles maquettes d'affiches produites lors de cet
atelier ont ensuite été présentées lors d'un
atelier national de validation à Kombissiri.
4. LA
VALIDATION DES AFFICHES ÉDUCATIVES
Un atelier national de validation des modules de communication
produits et retravaillés depuis l'atelier de Ziniaré s'est tenu
à Kombissiri les 28, 29 et 30 juillet 2010. Il regroupait environ 25
agents des ministères techniques, de Tetra Tech ARD et du MCA-BF.
L'atelier national de validation des modules de communication
et du plan de communication détaillé visait à recueillir
les avis des structures de l'Etat et des acteurs de terrain impliqués
dans la gestion foncière sur les nouveaux modules de communication
développés et sur le plan de communication détaillé
en vue de leur amélioration.
Chaque
module de communication a été analysé de façon
spécifique, et par groupe d'une dizaine de personnes, selon des grilles
d'analyses proposées. Suite à l'atelier, un répertoire des
observations, amendements et recommandations relatives à chaque module
de communication et au plan de communication détaillé a
été élaboré. Les affiches éducatives ont
été retravaillées sur cette base.
Si cet atelier devait valider définitivement les
modules de communications établis, ceux-ci ont pourtant
été retravaillés tout au long de la mise en place du
processus de dissémination. Cet effort continu est certainement l'un des
facteurs de réussite du processus de dissémination.
5. LA FORMATION TEST DE BANFORA ET
LA REPRISE DES SUPPORTS
La formation-test des FDV de Banfora a permis de tester, au
début du mois de décembre 2010, les modules
élaborés. Malgré leur validation précédente
à Kombissiri, de nombreuses observations ont été
émises dans ce nouveau contexte sur les affiches. Ces observations ont
été prises en compte dès janvier 2011, pour un
« dernier » test des modules lors de la formation-test de
Di, avant leur traduction en langues et multiplication.
Une nouvelle affiche présentant la date d'adoption de
la loi et ses objectifs a été réalisée. L'ordre des
affiches a été modifié. Des illustrations ont
été reprises : l'image de l'affiche sur les 3 domaines fonciers
n'avait pas été jugée assez
« parlante » pour certains participants par
exemple.
Les deux affiches ci-dessous témoignent de cette
évolution. La première a été réalisée
suite aux recommandations de l'atelier national de validation des modules de
communication. En l'état, cette affiche correspondait parfaitement
à la vision des représentants des entités de mise en
oeuvre, composées des experts de tous les ministères. La
deuxième affiche prend en compte les apports des participants à
l'atelier de Banfora, comprenant les FDV. Les bâtiments, censés
représenter les institutions, pouvaient sans doute avoir une
signification pour des personnes instruites mais pas pour des paysans.
D'où l'idée de concilier lieux et personnages pour faciliter le
décodage des images par tout public, quel que soit son niveau.
L'idée ayant été validée en séance
plénière, sa mise en oeuvre a été
décidée séance tenante et un agent des Eaux et
Forêts a été responsabilisé pour simuler la
scène dans la forêt classée de Toumousséni.
Figure 3 : Evolution
de l'affiche sur les trois domaines fonciers
Affiche sur les 3 domaines fonciers ruraux, après la
formation de Banfora : les images ont été remplacées
par des photographies plus « proches » du public-cible. Le
garde forestier représente à leurs yeux le pouvoir de l'Etat, les
CSPS des structures déconcentrées.
Affiche sur les 3 domaines fonciers ruraux, avant la formation
de Banfora : l'image des bâtiments n'évoquait pas, selon
certains participants, les structures évoquées (Etat,
collectivités).
Source : Rapport de mise en oeuvre des
activités de communication du PSF/MCA-BF, Tetra Tech ARD, juillet -
septembre 2011
6. LA TRADUCTION DANS LES 6
LANGUES NATIONALES
Suite à leur validation définitive, les messages
des affiches ont été traduits dans les 6 langues nationales
(mooré, dioula, fulfuldé, lobiri, nuni, gulmacema), en
partenariats avec différents spécialistes en langue.
7. LA PRODUCTION DES MAQUETTES DU
CALENDRIER À THÈME
L'idée a finalement été émise de
réaliser un calendrier à thème à partir des 12
messages et images clés sur la loi 034-2009 portant régime
foncier rural, qui a été distribué dans les villages aux
DV et FDV, aux collectivités territoriales, aux services techniques ou
encore aux ONG présents dans les différentes communes du projet.
Ceci permet un affichage soutenu de ces différents messages, dans
l'espace et dans la durée.
Le calendrier est un support d'animation alternatif à
la pièce de théâtre filmée, lors des
causeries-débats, en cas de défaillance de matériel ou de
coupure de courant. En janvier 2011, des maquettes de ce calendrier à
thème ont donc été réalisées, sur la base
des 12 affiches finalisées sur la loi 034.
II. LA PIÈCE DE
THÉÂTRE FILMÉE
La pièce de théâtre filmée sert
à la fois d'outil d'information sur la loi 034-2009 portant
régime foncier rural et la gestion des conflits mais aussi de support
pour initier des débats, lors des causeries-débats dans les
villages.
Elle fait connaître les dispositions de la nouvelle loi
sur le foncier rural à travers la mise en scène d'une situation
de conflits, liée à la vente anarchique de terres et à la
résolution de ce conflit. Elle s'inspire de situations/comportements
réels et connus par le public-cible, afin de créer un
rapprochement entre spectateurs et les personnages mis en scènes.
L'objectif est de provoquer chez le spectateur les questions
suivantes « qu'aurais-je fait à la place de untel ou
untel ? Comment aurais-je réagi face au comportement d'untel ?
Quelle peut être la meilleure manière de solutionner le conflit
présenté ?... ». Ces interrogations, reprises sous
forme de débat, permettent une meilleure assimilation de
l'information.
1. LES DIFFÉRENTES VERSIONS
DE LA PIÈCE
L'évolution de la pièce de théâtre
démontre bien à quel point il est difficile de concilier la prise
en compte des réalités socio-culturelles, fluctuantes d'une
région à l'autre, les exigences des experts juristes sur le
foncier attachés au respect de l'esprit de la loi et celles des
spécialistes en information (en l'occurrence le metteur en scène
et les comédiens) soucieux d'adapter le message aux
préoccupations et aux niveaux du public cible.
En raison de ces nombreux arbitrages, plusieurs versions de la
pièce de théâtre ont été
réalisées :
- celle de la troupe de
théâtre Naba Oubri de Ziniaré, examinée et revue
à l'atelier national de Kombissiri ;
- la version 1 de
la Compagnie « Le Roseau » : il a
été jugée qu'elle pouvait être raccourcie sur
certains points, afin de faciliter son utilisation lors des
causeries-débats et de garder toute l'attention des participants. La
mise en place de l'intrigue occupait en effet près d'une demi-heure (la
pièce durait alors une heure). De plus l'accent était mis sur
l'agro-business au détriment de la petite exploitation paysanne.
- la version 2, raccourcie
avec l'élimination de scènes de famille (pourtant censées
donner du rythme à l'ensemble). Une des principales tâches de
réécriture du script a consisté à intégrer
la présentation des affiches sur la loi 034-2009 portant régime
foncier rural dans la pièce, afin que les participants aux futures
causeries-débats fassent le lien entre la pièce et la
présentation qui leur ait donnée.
- la version 3 avec une
densification des messages clefs. Des scènes ont été
supprimées et une place importante a été accordée
à l'utilisation des affiches éducatives par le technicien
agricole afin d'éviter tout écart dans la transmission des
messages clefs. Le recours aux affiches a également permis de tirer le
meilleur parti de la force de l'image.
2. LA TRADUCTION DE LA
PIÈCE
La pièce de théâtre filmée a
été reprise en mooré, dioula et fulfuldé par la
troupe « Le Roseau », qui avait fait la version initiale en
français. Des spécialistes en langue ont également
assisté aux répétitions finales et aux enregistrements
afin de s'assurer de la fidélité des traductions faites par la
troupe de théâtre.
Concernant, les autres langues, un atelier de co-construction
de partenariat a été mis au point, réunissant trois
troupes : la troupe « Dindjormè » de Kampti, la
troupe « Wissonou » Léo et la troupe
« Palimani » de Pama.
La troupe de Pama ne s'est pas avérée assez
expérimentée au vu du travail demandé, elle a donc
été remplacée par une autre. Les troupes présentes
à l'atelier ont bénéficié d'une présentation
du Projet Sécurisation Foncière ainsi que d'une
présentation du dispositif d'information et de communication sur le
foncier. Le cadre de la stratégie de partenariat proposée par
JADE Productions, composé de l'adaptation de la version française
de la pièce de théâtre filmé en langues (nuni,
lobiri, gulmacema), leur a ensuite été présenté.
Le visionnage de la version française de la
pièce, intitulée « La terre connaît son
propriétaire » a permis aux responsables des troupes de
s'imprégner de certaines questions foncières telles que le
règlement des conflits ou la vente illicite des terres. Les trois
troupes finalement sélectionnées ont toutes affirmé leur
engagement pour ce partenariat, qui se veut « mutuellement
avantageux ». Dans le souci d'épauler ces troupes dans les
traductions de certains termes clés, des spécialistes en langues
ont été mis à leur disposition.
III.
LE LIVRET AVEC LES 66 QUESTIONS-RÉPONSES SUR LA LOI
Le livret reprenant 66 questions fréquentes relatives
à la loi 034-2009 portant régime foncier rural a
été mis en forme en février 2011.
Ces interrogations ont été recueillies lors des
missions d'information effectuées pour accompagner la mise en oeuvre de
la loi et proviennent de publics multiples : techniciens du
développement, agents de l'administration, élus locaux,
producteurs ruraux, etc.
Dans le livret, chaque question est suivie d'une
réponse synthétique, rédigée par des experts de la
DGFOMR et toutes validées par Tetra Tech ARD et le MCA-BF.
Cette brochure recense les questions les plus courantes et
fréquentes sur la loi 034-2009 portant régime foncier rural et
son application, chez les acteurs de terrain. Elle constitue donc un support
d'animation riche, permettant de répondre avec précision aux
questions qui pourraient être posées aux Formateurs de
Disséminateurs Villageois (FDV), aux Disséminateurs Villageois
(DV). Pour un FDV ou un DV isolé, sans autre source d'information, ce
document est ainsi essentiel. C'est également un outil à la
disposition des nombreux médias partenaires du projet (radios, journaux,
chaînes de télévision) leur permettant d'obtenir rapidement
une information fiable et de qualité sur un point de la loi, en
complément des autres outils d'information et communication
développés.
Cet outil permet donc d'harmoniser les réponses d'une
zone ou à une autre ou encore d'un média à un autre, et
donc d'éviter des inquiétudes sur le terrain liées
à la réception de diverses sources d'information.
Il comprend différentes sous-parties :
- les questions d'ordre
général ;
- les questions relatives
aux chartes foncières locales ;
- les questions relatives
à la reconnaissance et à la protection des droits fonciers en
milieu rural ;
- les questions relatives
aux institutions de sécurisation foncière en milieu
rural ;
- les questions relatives
au contentieux en milieu rural.
IV. LE
CAHIER DU PARTICIPANT (FDV)
Le « cahier du participant » est un
document de 34 pages destiné aux FDV et distribué lors de leurs
formations pour les aider à :
- se familiariser avec la
stratégie et la mise en oeuvre opérationnelle de la
dissémination de l'information sur le foncier du Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF ;
- assimiler les notions de
base sur la loi 034-2009 portant régime foncier en milieu rural, la
résolution des conflits et la gestion participative de l'utilisation des
terres (GPUT) ;
- planifier la mise en
oeuvre opérationnelle des activités de dissémination dans
les communes et les villages rattachés.
Il regroupe des informations sur le PSF/MCA-BF, des
exemplaires des affiches sur la loi 034-2009 portant régime foncier
rural et la GPUT ou encore un résumé de la pièce de
théâtre filmé. C'est un outil indispensable pour les FDV,
afin qu'ils puissent réviser eux-mêmes les notions abordées
lors de leur formation, avant la conduite d'une animation ou lorsqu'ils sont
questionnés sur la loi.
La première version du « cahier du
participant » a été éditée lors de la
formation-test de FDV, à Banfora, en décembre 2010. Son contenu
et sa forme ont évolué en janvier 2011, suite à la
formation-test de Di et en vue de la tenue des formations de FDV à plus
grande échelle. Une présentation détaillée du
compact du MCA-BF a été ajoutée, des figures
(schéma de la dissémination par exemple) ont été
revues pour plus de lisibilité.
Un guide du formateur a également été
bâti, sur la base de ce manuel, pour homogénéiser les
approches de formation lors des formations de FDV à plus grande
échelle. Ce guide comprenait une dizaine de pages supplémentaires
proposant aux consultants des méthodes d'animation, des conseils pour
leurs exposés ou des réponses à des questions
fréquemment posées lors des 2 premières
formations-test.
V. LA BROCHURE DU
DISSÉMINATEUR (DV)
Sur le même principe que le « cahier du
participant », la « brochure du
disséminateur » est un document de 8 pages, distribuée
lors des formations des Disséminateurs Villageois (DV) et regroupant les
principales notions abordées lors de ces formations.
Rédigée dans un style simple, elle comprend les données
suivantes :
- les 12 affiches et
messages clés sur la loi 034-2009 portant régime foncier
rural ;
- la présentation
du Projet Sécurisation Foncière et de la stratégie de
dissémination
- un aide-mémoire
du rôle des DV ;
- une méthodologie
pour l'organisation d'une causerie-débat;
- des outils pratiques
pour rendre compte des causerie-débats (trame de compte-rendu, conseils
pratiques pour l'établissement d'une liste de présence...).
Ce document permet aux DV de pouvoir réviser et mieux
assimiler les différentes notions abordées lors de leurs
formations, une fois celles-ci terminées. Il a été
édité en février 2011 et distribué à tous
les DV lors de leurs formations.
VI. LES MAGAZINES, LES
MICROPROGRAMMES ET LES SPOTS RADIO
7 magazines, 9 microprogrammes et 2 spots produits en
français ont été remis aux radios pour diffusion à
compter du 24 janvier 2011. Chacun de ces modules porte sur un thème
précis, en lien avec le foncier :
- Le magazine
radiophonique permet de combiner différents genres tels que les
commentaires, les interviews, les reportages, les témoignages, la
musique. Il a l'avantage de traiter de plusieurs aspects d'un même
sujet. Il dure généralement entre 15 et 30 minutes ;
- Les microprogrammes sont
des brefs messages facilement mémorisables et porteurs d'une idée
simple. Peu encombrants, ils sont faciles à placer dans la grille des
programmes et peuvent être répétés à souhait.
Ils durent environ 2 minutes ;
- Les spots radiophoniques
permettent de vendre une idée, un concept pour informer d'abord et
susciter éventuellement l'empathie de l'auditeur.
CHAPITRE 3 : APERÇU
GENERAL DES RESULTATS
I. LES RÉSULTATS DE LA CAMPAGNE DE DISSÉMINATION
DU PSF/MCA-BF
Trente (30) causeries-débats ont été
organisées dans la commune de Loumbila lors de la phase d'organisation
des causeries-débatsà grande échelle. Sur 30 rapports
attendus, 29 ont été reçus par l'opérateur de mise
en oeuvre du projet (Tetra Tech ARD). Le rapport du village de Kogninga n'a pas
été produit.
1. LES ACTIVITÉS
PRÉPARATOIRES AUX CAUSERIES-DÉBATS
Dans la commune de Loumbila, plusieurs activités
préparatoires ont été menées avant le
démarrage effectif des causeries débats. On peut citer entre
autres :
- une concertation entre DV et FDV ;
- la sensibilisation de la population en passant par les chefs
traditionnels ;
- des visites sur les lieux de projection ;
- des appels téléphoniques aux DV pour s'assurer
que tout va bien ;
- des rencontres avec les vidéastes ainsi que la
vérification du matériel de projection.
2. LE PUBLIC TOUCHÉ
Sur la base des listes de présence reçues, 2652
personnes ont assisté aux causeries-débats de la commune de
Loumbila, soit une moyenne de 91 personnes environ par animation.
Ce public se divise en 1712 hommes (65%) et 940 femmes (35%).
Le nombre de jeunes faisant partie de ce public n'a pas été
comptabilisé dans les villages.
Graphique 1 : Lieux
d'organisation des causeries-débats(CD) dans la commune de
Loumbila
Source : Rapport de mise en oeuvre des
activités de communication du PSF/MCA-BF, Tetra Tech ARD, juillet -
septembre 2011
A Loumbila, les écoles ou CLAC, le plein air et les
centres d'alphabétisation ont été très
utilisés par les disséminateurs villageois pour l'organisation
des causeries débats. D'autres lieux comme les banques de
céréales, un vidéo-club, les maisons des jeunes et
même un maquis ont été mis à contribution.
3. LA DURÉE DES
CAUSERIES-DÉBATS
La durée moyenne des causeries-débats de
Loumbila est de 2h04 avec une distribution allant de 1h10 pour la plus courte
à 3h02 pour la plus longue d'entre elles.
Graphique 2 :
Aperçu global des temps de tenue des causeries-débatsà
Loumbila
Source : Rapport de mise en oeuvre des
activités de communication du PSF/MCA-BF, Tetra Tech ARD, juillet -
septembre 2011
4. LES PROBLÈMES
RENCONTRÉS
Divers problèmes ont perturbé les
causeries-débats de Loumbila, sans que l'on puisse dire que l'un d'entre
eux prévaut. On peut citer un problème matériel, de lieu
non-propice (environnement bruyant, car sur une place très passante) ou
de public peu participatif comme dans d'autres communes. Mais on note aussi
l'absence de DV dans un village au démarrage d'une animation, un conflit
dans un village dû à une terre vendue à l'insu d'une
famille et que les débats ont « remis à
jour » ou encore des difficultés dans deux villages pour
retenir les participants suite à la projection.
Graphique 3 :
Aperçu des problèmes rencontrés lors des causeries
débats
Source : Rapport trimestriel d'exécution de la
campagne de communication, juin - septembre 2011, Tetra Tech ARD.
5. LES SOLUTIONS AUX
PROBLÈMES RENCONTRÉS
Des solutions ont pu être trouvées face aux
problèmes rencontrés :
Concernant des passants qui perturbaient le bon
déroulement d'une animation en plein-air, le FDV de Loumbila-centre dit
avoir résolu le problème de la manière
suivante : « Nous avons demandé aux DV
d'interpeller les venants curieux pour qu'ils suivent sans perturbation s'ils
sont intéressés. Et nous les FDV aussi, nous avons haussé
la voix pour nous faire entendre ».
Pour le cas des funérailles à Poedgo II, les FDV
ont invité les femmes et les personnes ressources pour qu'elles viennent
suivre. Les personnes ressources parce qu'elles ont la confiance de la
population et, les femmes car elles transmettront le message à leurs
maris.
En ce qui concerne les temps de prière, les FDV n'ont
eu d'autres choix que d'interrompre la causerie pour la reprendre après
la prière.
Enfin, le problème de groupe électrogène
a été résolu en trouvant un autre groupe de
remplacement.
6. L'APPRÉCIATION DE LA
PARTICIPATION DE LA POPULATION AUX CAUSERIES-DÉBATS
Les FDV ont apprécié la participation des
populations aux débats. Pour cause, ils estiment que celles-ci ont
posé beaucoup de questions d'éclaircissement. Quelques
réactions de FDV :
- « la
population a bien participé aux débats au regard des questions
posées et des discussions menées. Nous sommes très
satisfaits car les jeunes ont bien saisi les messages et cela évitera
qu'ils bradent les terres » (village de Poedgo II)
- « la
participation du public était satisfaisante. Surtout les femmes ont
posé beaucoup de questions et critiqué les personnages du
film » (village de Noungou)
- « la
population a bien participé car elle a posé des questions
intéressantes, et fait ressortir les bons et mauvais comportements des
acteurs » (village de Pousghin)
- « Les gens
ont bien réagi. Je suis très satisfait car les gens, les chefs,
les DV, les jeunes et les hommes ont pris la parole à tour de rôle
pour faire la synthèse de tout ce qui a été dit. Tout le
monde est resté jusqu'à la fin du film ».
7. LES SUGGESTIONS EN VUE
D'AMÉLIORER LES CAUSERIES-DÉBATS
Pour une amélioration des prochaines causeries
débats, les FDV ont fait quelques suggestions. La suggestion la plus
fréquente est l'augmentation des frais de charge des DV et FDV ainsi que
les frais d'organisation des causeries. Un FDV s'exprime sur ce sujet en ces
termes : « La seule suggestion, c'est d'appuyer les FDV
car nul ne doute qu'aujourd'hui sans argent il très difficile de mener
à bien le travail. Prévoir en plus des frais de charges, les
frais de carburant et les appels ».
D'autres souhaitent qu'on remette à temps le
matériel des FDV et DV. Enfin, pour éviter les risques de
perturbation, certains DV ont demandé à ce qu'on tienne
dorénavant les causeries dans des lieux éloignés des
places publiques.
III. LES RÉSULTATS DE LA COLLECTE DE DONNÉES
1. L'ÉTAT DES LIEUX DES
CONNAISSANCES SUR LES DOCUMENTS LÉGAUX ET LES INSTANCES DE
SÉCURISATION FONCIÈRE
? Les coutumiers
La loi 034-2009 portant régime foncier rural accorde
une place importante aux coutumiers et aux religieux, notamment à
travers leur responsabilisation dans les instances de gestion foncière
locales telles que la commission foncière villageoise et la commission
de conciliation foncière villageoise. Les services techniques de l'Etat
(agriculture, élevage, environnement, impôts), le Projet
Sécurisation Foncière et d'autres acteurs (conseillers municipaux
ou leaders d'opinions) assurent leur information sur la législation
foncière. Cependant, les coutumiers et les religieux ont leur opinion
sur la question. Certains avalisent en public les dispositions de la loi pour
les rejeter, aussitôt rentrés chez eux. D'autres craignent le
retrait et la redistribution de leurs terres. Beaucoup se mettent sur la
défensive sans savoir quel est le contenu de la loi 034-2009 portant
régime foncier rural, ce qu'elle peut leur apporter ou pas. Attentiste
ou dubitatif, les coutumiers sont souvent à la base de situations de
retrait des terres pour préserver leurs arrières. On parle alors
de poche de résistance, dont les premières victimes sont les
demandeurs de terre.
Graphique 4 : Tableau
comparatif du niveau de connaissance des coutumiers/religieux dans les villages
de Goué et de Kourit-Yaoghin
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
? Les éleveurs
En matière d'accès aux ressources
foncières, les éleveurs sont classés dans le groupe des
personnes vulnérables. Souvent confrontés aux problèmes
d'accès aux points d'eaux, aux pâturages, pistes à
bétails, couloirs d'accès, les éleveurs, en permanente
compétition sur les ressources avec les agriculteurs, sont au centre des
conflits fonciers au niveau local. Les dégâts des champs et
l'exploitation des résidus de récoltes occasionnent dans certains
cas, de violentes confrontations avec les agriculteurs.
Graphique 5 : Tableau
comparatif du niveau de connaissance des éleveurs dans les villages de
Goué et de Kourit-Yaoghin
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
? Les femmes
En milieu rural, les femmes ont difficilement accès aux
documents de sécurisation foncière. Victime de retraits
intempestifs de terre, la majeure partie d'entre elles sont en situation
d'insécurité foncière. En milieu rural, la terre est
souvent un bien collectif et lignager. Elle reste la propriété de
la famille ou du lignage. Une femme qui demande un droit de possession sur une
terre pose un acte inhabituel qui peut avoir des conséquences sur
l'harmonie dans son foyer ou de la famille.
Graphique 6 : Tableau
comparatif du niveau de connaissance des femmes dans les villages de
Goué et de Kourit-Yaoghin
Source : données enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
A l'issue de la comptabilisation des réponses
apportées par les coutumiers/religieux, les éleveurs et les
femmes dans les villages de Goué et de Kourit-Yaoghin, nous sommes
inspirés du modèle intégré d'organisation
(MIO53(*)) pour mener une
analyse comparative des résultats de l'enquête.
Trois paramètres ont été
dégagés de l'application du MIO : i) le niveau de
connaissance des coutumiers/religieux ; ii) le niveau de connaissance des
éleveurs ; iii) et le niveau de connaissance des femmes. Chaque
paramètre est évalué à travers sept indicateurs que
sont :
- la connaissance de la loi 034-2009 portant régime
foncier rural ;
- la connaissance des documents légaux de
sécurisation foncière ;
- la connaissance de la commission foncière
villageoise ;
- la connaissance de l'Attestation de Possession
Foncière Rurale (APFR) ;
- la connaissance de la commission de conciliation
foncière villageoise ;
- la connaissance des transactions foncières
locales ;
- et les initiatives de demandes d'APFR.
A chaque paramètre du MIO, nous avons attribué
un poids idéal de 100 points répartis entre les sept indicateurs
utilisés pour l'apprécier. Le total des points est divisé
par le nombre d'indicateurs du paramètre en question.
Suivant ce principe, le barème de détermination
des scores théoriques des indicateurs des paramètres
analysés se présente ainsi qu'il suit :
Tableau 4 :
Barème de détermination des scores théoriques des
indicateurs des composantes du MIO
N°
|
Paramètres du MIO
|
Poids Idéal
|
Nombre d'indicateurs / composante
|
Score théorique / indicateur
|
1
|
COUTUMIERS/RELIGIEUX
|
100
|
7
|
14
|
2
|
ELEVEURS
|
100
|
7
|
14
|
3
|
FEMMES
|
100
|
7
|
14
|
N.B : Afin de faciliter la manipulation des
chiffres, les scores théoriques ont été arrondis au
chiffre inférieur près.
Dans la grille d'analyse, chaque indicateur est
positionné à quatre (04) niveaux différents :
q Niveau H si les éléments d'appréciation
sont hautement positifs ;
q Niveau M si l'indicateur est moyennement
apprécié ;
q Niveau F lorsque les réponses fournies sont
faiblement déterminantes ;
q Niveau N lorsque les réponses fournies ne sont pas
déterminantes.
Selon le positionnement tel que révélé
par les résultats de l'analyse, la règle de pondération
appliquée est la suivante :
q Si l'indicateur est positionné au niveau H, il lui
est affecté la totalité du score théorique.
q Si l'indicateur est positionné au niveau M, il est
noté au 3/4 du score théorique.
q Si l'indicateur est positionné au niveau F, le poids
qui lui est affecté est de 1/2 du score théorique.
q Si l'indicateur est positionné au niveau N, le poids
qui lui est affecté est de 1/4 du score théorique.
L'application du principe de pondération donne lieu aux
résultats consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 5 : Principes
d'affectation des scores aux indicateurs selon leur positionnement dans la
grille d'évaluation
Paramètre du MIO
|
Score théorique de chaque indicateur
|
Score des indicateurs selon le niveau d'appréciation
|
Niveau H
|
Niveau M
|
Niveau F
|
Niveau N
|
1. COUTUMIERS/RELIGIEUX
|
14
|
14
|
10,5
|
7
|
3,5
|
2. ELEVEURS
|
14
|
14
|
10,5
|
7
|
3,5
|
3. FEMMES
|
14
|
14
|
10,5
|
7
|
3,5
|
N.B : Afin de faciliter la manipulation des chiffres,
certains scores d'indicateurs ont été arrondis (au chiffre
inférieur ou supérieur près).
Pour l'interprétation des résultats, nous avons
défini trois situations pour comparer les résultats obtenus et
faciliter l'interprétation graphique des résultats. Ce
sont :
1. Situation idéale
|
Le paramètre considéré totalise 100
points
|
2. Situation satisfaisante
|
Le paramètre atteint au moins 50 points
|
3. Situation non satisfaisante
|
Le paramètre n'atteint pas 50 points
|
Pour mieux visualiser les résultats, le principe de la
« toile d'araignée » a été
utilisé.
L'état des connaissances des personnes
interrogées dans le village de Goué présente une situation
non satisfaisante. Sur trois catégorises d'acteurs, seul le groupe des
éleveurs obtient un score de 63/100 points. Les scores obtenus par les
groupes des femmes et des coutumiers/religieux restent en deçà de
la moyenne soit respectivement 31,5 et 45,5 points.
Confronté à des conflits fonciers liés
aux dégâts de champs causés par leurs animaux, les
éleveurs font très souvent recours aux agents de services
techniques déconcentrés de l'Etat (élevage, agriculture et
environnement notamment) et plus généralement aux agents du
nouveau service foncier rural de la commune de Loumbila. Ces contacts
constituent des occasions d'échanges et d'informations sur la loi
034/2009 portant régime foncier rural.
Responsabilisé dans les instances de gestion
foncière locale, le niveau de connaissance des coutumiers/religieux
restent cependant bas du fait du manque de formation sur leurs rôles et
missions dans la mise en oeuvre de la sécurisation foncière au
niveau local. En effet, les coutumiers et les religieux occupent une place
centrale dans les opérations de sécurisation foncière
à travers leur implication dans les commissions foncières
villageoises et dans les commissions de conciliation foncière
villageoise. Si d'un point de vue formel, ces acteurs assurent la
présidence des instances locales de gestion foncière, ils ne
disposent pour l'instant pas des compétences et de outils de travail
nécessaires.
Quant aux femmes, la loi 034-2009 portant régime
foncier rural prévoit leur implication dans les instances locales de
gestion foncière locale. Si elles ont été prises en compte
dans la mise en place des commissions foncières et des commissions de
conciliation foncière villageoises, beaucoup d'entre elles restent
cantonnées dans des rôles secondaires qui ne facilitent pas
l'expression de leurs opinions.
Graphique 7 :
Résultat de l'évaluation du niveau de connaissance des acteurs
dans le village de Goué
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
Dans le village de Kourit-Yaoghin, l'état des
connaissances des femmes sur les documents légaux, les instances de
sécurisation et les transactions foncières est insatisfaisant.
Les résultats des femmes interrogées révèlent un
faible score de 24,5/100 points. A l'opposé, les coutumiers/religieux
présentent une situation satisfaisante avec 52,5 point sur 100. Les
éleveurs tout comme dans le village de Goué obtiennent le
meilleur score avec 66,5 point sur 100.
Dans les deux villages, l'analyse des connaissances, attitudes
et pratiques présente un profil similaire. Les instances de
sécurisation foncière sont mises en place, mais leur
opérationnalisation n'est pas encore effective. Les commissions
foncières villageoises dont l'une des missions principales consiste
à assurer l'information des acteurs sur la loi 034-2009 portant
régime foncier rural et ses dispositions, manque encore de moyens et de
ressources humaines qualifiées. Les commissions de conciliation
foncière sont installées, mais les acteurs villageois tardent
à accorder à cette structure la confiance requise dans les
conduites de leurs fonctions.
En dehors des actions d'information menées par le
service foncier rural, des causeries-débatsorganisées par le
Projet Sécurisation Foncière et des sessions d'échanges
organisées par les services techniques lors de leurs déplacements
sur le terrain, les acteurs villageois bénéficient de peu
d'informations de la part des instances de gestion foncière locale.
Graphique 8 :
Résultat de l'évaluation du niveau de connaissance des acteurs
dans le village de Kourit-Yaoghin
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
Plus généralement, les résultats prouvent
la nécessité de mettre l'accent sur l'information des
différents acteurs sur les documents légaux, les instances de
sécurisation et les transactions foncières. Sur l'ensemble des
résultats, peu de personnes connaissent la procédure et les
pièces à réunir pour l'obtention des documents de
sécurisation foncière (transaction y compris).
Quant aux instances de gestion foncière locale, elles
viennent d'être nouvellement mises en place dans les villages. Il y a un
énorme travail à faire par les acteurs communaux, notamment le
service foncier rural logé au sein de la mairie et les services
techniques déconcentré pour une meilleure connaissance de ces
instances et pour susciter une plus grande fréquentation.
2. ETAT DES LIEUX SUR LES
SOURCES D'INFORMATIONS SUR LE FONCIER
L'analyse des sources d'information a concerné les
points suivants : i) la réception des messages ; ii) les
sources d'information sur le foncier et celles que les publics
privilégient ; iii) l'utilité des informations reçues sur
le foncier.
2.1 LE VILLAGE DE
KOURIT-YAOGHIN
? Les coutumiers
Trois coutumiers/religieux sur cinq reçoivent de
l'information sur le foncier. Ces informations proviennent de sources
diverses : agents du service foncier rural, services techniques
déconcentrés de l'Etat (agriculture, environnement,
élevage) et mairie. Parmi ces sources d'informations, les coutumiers
préfèrent les agents du service foncier rural qui après
leur installation en 2011 travaillent à être au plus près
des acteurs villageois. Des tournées régulières
d'informations sont organisées dans les villages de la commune pour
sensibiliser les populations sur la loi 034-2009 portant régime foncier
rural.
Graphique 9 : Sources
d'information - Coutumiers/Religieux - village de Kourit-Yaoghin
Source :
enquête de terrain réalisée en juillet et août
2013
? Les éleveurs
Trois éleveurs sur cinq reçoivent de
l'information sur le foncier rural qui provient principalement de la radio
(Kakod Yam Vénégré de Ziniaré), des conseillers
municipaux et des services techniques. Parmi ces sources d'information, les
éleveurs accordent plus de crédit aux agents des services
techniques (notamment l'agent d'élevage qu'ils côtoient
régulièrement).
Graphique 10 : Sources
d'information - éleveurs - village de Kourit-Yaoghin
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
? Les femmes
Sur dix femmes interrogées, quatre femmes affirment
recevoir de l'information sur le foncier de sources diverses : conseillers
municipaux, radio, services techniques, mairie, agents du service foncier
rural. Résidents dans les villages, les conseillers municipaux sont
considérés comme de bonnes sources d'information sur le foncier.
Sur quatre personnes recevant de l'information sur le foncier, deux
considèrent les conseillers municipaux comme des acteurs de premier
plan.
Graphique 11 : Sources
d'information - femmes - village de Kourit-Yaoghin
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
2.2 LE VILLAGE DE
GOUÉ
? Les
coutumiers/religieux
En matière de réception de l'information sur le
foncier rural, deux coutumiers/religieux sur cinq personnes interrogées
à Goué être régulièrement informés par
les conseillers municipaux et les agents du service foncier rural. Les
conseillers sont les sources d'informations préférées
parce que plus proches des acteurs au niveau villageois.
Graphique 12 : Sources
d'information - coutumiers/religieux - village de Goué
Source :
enquête de terrain réalisée en juillet et août 2013
? Les éleveurs
Deux éleveurs sur cinq interrogés à
Goué affirment recevoir régulièrement de l'information sur
le foncier par l'intermédiaire des conseillers municipaux qui sont
d'ailleurs leurs sources d'informations privilégiées.
Graphique 13 : Sources
d'information - éleveurs - village de Goué
Source :
enquête de terrain réalisée en juillet et août
2013
? Les femmes
La moitié des femmes interrogées à
Goué affirme recevoir régulièrement de l'information sur
le foncier venant de plusieurs sources : les agents du service foncier
rural, les agents des services techniques de l'Etat et les conseillers
municipaux. Ces derniers étant les préférées des
femmes en termes de sources d'informations.
Graphique 14 : Sources
d'informations - femmes - village de Goué
Source : enquête de terrain
réalisée en juillet et août 2013
Plus généralement, dans les deux villages, on
constate une préférence pour les acteurs de terrains, notamment
les conseillers municipaux, les agents des services techniques
déconcentrés et les agents des services fonciers ruraux.
Les conseillers municipaux dans les villages sont
considérés comme des leaders d'opinion. Leur influence est telle
qu'ils deviennent incontournables dans la mise en oeuvre des actions de
développement. Par exemple, pour l'animation des
causerie-débatsur la loi 034-2009 portant régime foncier rural,
le Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF a impliqué les
conseillers municipaux dans la formation des disséminateurs villageois.
Ils ont ainsi pu assurer la mobilisation des acteurs au niveau villageois.
Plutôt que d'en faire des obstacles en les excluant du processus, le
projet les a considérés comme des atouts pour faciliter la
dissémination de l'information au niveau villageois.
Les agents des services techniques déconcentrés
de l'Etat, dans le cadre de leurs missions régaliennes, sont
chargés de l'organisation et de l'appui au monde rural. Dans ce cadre,
chacun dans son secteur d'activités (élevage, environnement,
agriculture) est amené à appuyer des organisations de producteur
dans la conduite d'actions de développement. La familiarité
aidant, les services techniques bénéficient d'un capital
« confiance » qui en fait des acteurs importants
pour susciter des changements positifs chez les producteurs ruraux.
Quant à l'agent domanial et à l'agent de
communication du service foncier rural, en tant qu'acteurs
spécialisés dans les opérations de sécurisation
foncière, ils sont chargés d'assurer l'information des acteurs
villageois sur les documents légaux et les instances de
sécurisation foncières. Ils ont un rôle primordial à
jouer dans la mise en place, l'installation et la formation des commissions
foncières villageoises et des commissions de conciliation
foncière villageoise. Nouvellement installé grâce aux
dispositions prévues par la loi 034-2009 portant régime foncier
rural, le service foncier rural est en phase de développement de ses
activités. Pour ce faire, les agents sont amenés à se
déplacer régulièrement dans les villageois pour des
actions de sensibilisation de proximités et des opérations de
constatation de possession foncière rurale. A travers ces actions, le
service foncier rural tente de mieux se faire connaître et surtout de
susciter l'engouement pour l'obtention de documents de sécurisation
foncière.
CHAPITRE 4 : ANALYSES,
LEÇONS DE L'EXPERIENCE ET PROPOSITIONS POUR LA MISE EN OEUVRE D'ACTIONS
DE COMMUNICATION SUR LE FONCIER
I. ANALYSE CRITIQUE ET
PROPOSITIONS DE DÉMARCHES DE MISE EN oeUVRE D'ACTIVITÉS DE
COMMUNICATION SUR LE FONCIER
Dans la phase 1du projet, les activités de
communication visaient les résultats suivants :
- des acteurs
stratégiques ruraux mieux informés sur la loi 034-2009 portant
régime foncier rural, la gestion participative de l'utilisation de
terres et la gestion des conflits fonciers ;
- la mise en place d'un
dispositif de remontée de l'information sur le foncier du niveau
villageois au niveau national ;
- des formateurs de
disséminateurs villageois et des disséminateurs villageois qui se
positionnent en relais d'information au niveau villageois et communal ;
- un réseau
d'acteurs pour la pérennisation du processus.
1. DESCRIPTIF DU PROCESSUS DE
DISSÉMINATION ET DE SES RÉSULTATS
Lors de la phase 1 du PSF/MCA-BF, la dissémination
s'est faite sur la base d'un dispositif à trois niveaux (national,
communal et villageois), afin d'assurer une proximité maximale entre
informés et informateurs et de démultiplier les sources
d'informations d'un niveau à un autre.
Au total, ont été formés et
impliqués :
- 1613 Disséminateurs Villageois (au nombre de
trois maximum par village). Ce sont des responsables CVD, des chefs coutumiers,
des conseillers, des responsables d'OP ou des femmes impliquées dans les
organisations villageoises... Ils sont responsables de l'organisation des
causeries-débats (et de la gestion de la liste de présence), de
l'information des villageois à la demande, et de rendre compte de
l'évolution des connaissances et débats, dans leur
localité, sur la loi.
- 224 Formateurs de Disséminateurs Villageois.
Les FDV sont des techniciens de développement formés à cet
effet, les animateurs de Tetra Tech ARD (au nombre de 25) ou les agents de
communication des services fonciers ruraux (SFR, un par commune). Les FDV sont
chargés d'assurer l'animation des causeries-débats, de former les
Disséminateurs Villageois du projet, de rédiger les rapports de
causerie-débatsuite à chaque animation, de rendre compte de leurs
impressions de terrains, de participer à la production de modules
radiophoniques.
Au niveau national, les experts du MCA-BF, de Tetra Tech ARD
et des entités de mise en oeuvre veillent à actualiser les
données et les modules de communication sur la loi 034-2009 portant
régime foncier rural, produire de nouveaux contenus, les diffuser,
suivre et évaluer les résultats du projet.
2. ANALYSE CRITIQUE ET
PROPOSITIONS DE DÉMARCHES
q Le rôle des DV
Lors de la phase 1 du Projet Sécurisation
Foncière, les DV ont été très souvent
confinés dans un rôle de mobilisation des acteurs
stratégiques pour la tenue des causeries débats. Avec des
compétences hétérogènes en termes de
capacités d'animation, les DV se sont retrouvés hors du processus
de dissémination une fois les causeries-débatsterminées.
Par faute de moyens financiers et d'approches adaptées, peu d'entre eux
ont développé des initiatives complémentaires afin
d'assurer la continuité de l'information sur le foncier au niveau de
leurs localités.
Si le dispositif à trois niveaux semble adapté
pour une information en cascades, il convient de faire remarquer que les
activités de communication ont cessé dès lors que les
ressources n'étaient plus disponibles pour assurer l'organisation de
causeries-débatsaprès la phase de dissémination.
Dans l'avenir, on peut imaginer de maintenir les DV, mais en
revoyant le profil de ces acteurs. Lors de la phase 1 du projet, la
sélection des DV s'est faite sur la base des conseillers municipaux, des
membres CVD, des femmes et des jeunes. Le projet a donc tenté de
créer ses propres relais de communication sur le terrain nonobstant
l'existant. En effet, dans les villages plusieurs acteurs jouent
déjà le rôle de relais d'information même s'il s'agit
souvent de thématiques différentes du foncier. A titre
d'exemples, les agents des services techniques ont très souvent recours
à des relais pour l'atteinte de leurs missions. Quand le technicien
d'élevage veut rencontrer les éleveurs, il passe par les
vaccinateurs villageois qui sont issus de la communauté et qui peuvent
toucher facilement le public cible visé. De même, quand les radios
veulent organiser une émission de jeu public, elle recourt aux
sociétés d'auditeurs, aux clubs d'auditeurs qui sont basés
dans les villages et qui disposent de compétences en animation. Ces
relais locaux de communication peuvent être mobilisés en tant que
disséminateurs villageois pour assurer de façon continue
l'information sur le foncier. Bien connus dans leurs milieux respectifs, ce
choix permettrait de légitimer le message et de faciliter ainsi son
appropriation tout en s'inscrivant dans une approche pérenne.
q Les services techniques
Lors de la phase 1 du projet, les FDV ont été
fortement impliqués dans le renforcement des capacités des
disséminateurs villageois. Au-delà, ils ont assuré
l'animation des causeries-débatsau niveau villageois,
rédigé les rapports de tenue de ces causeries et fourni des
informations pour alimenter la base de données de la
dissémination. Si leur importance dans la mise en oeuvre du processus
est indéniable, il convient de mentionner qu'ils ne sont pas faciles
à mobiliser. Il a très souvent été question
d'argent, de réévaluation du taux de prise en charge - certains
FDV tentant même de prendre en otage certaines formations si le taux de
prise en charge n'était pas revu à leur convenance. Ce qu'on
pourrait appeler la « perdiemite 54(*)» des agents des services
techniques peut constituer un point de blocage dans la pérennisation des
activités.
Pour contourner ce problème, il serait indiqué
de développer un plaidoyer en direction des ministères en charge
du foncier. Ce plaidoyer permettrait d'inscrire le foncier dans la lettre de
mission des agents des services techniques. Cela permettrait de pouvoir mener
les activités de gouvernance et de gestion foncière sans que les
agents considèrent qu'il s'agit d'un projet dont il faut tirer profit au
maximum. Le foncier ferait donc partie de leurs missions quotidiennes et ils
renseigneraient ainsi une base de données qui permettrait
d'apprécier la situation en milieu rural. Si ce pré requis est
obtenu, le projet pourrait profiter de l'occasion des rencontres mensuelles ou
trimestrielles des directions provinciales des services techniques pour former
les agents aux questions essentielles en matière de foncier. Ensuite, il
faut travailler à rendre opérationnel la stratégie de
formation des directions provinciales et s'accorder sur une stratégie de
diffusion et de suivi des activités sur le foncier. Cette approche
permettrait de gagner en temps, en efficacité et surtout de s'inscrire
dans une approche de pérennisation des actions. Une autre approche
pourrait consister à impliquer fortement les agents des services
fonciers ruraux dans l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi des
activités de communication sur le foncier. En tant qu'agent de la
fonction publique territoriale, il est de leur devoir de faciliter la mise en
oeuvre des activités sur le foncier dans les communes. L'avantage, c'est
qu'ils sont recrutés par les communes pour la mise en oeuvre de la
gouvernance et la gestion foncière au niveau rural. Si leurs
capacités sont renforcées convenablement et qu'ils disposent des
outils nécessaires, leur responsabilisation permettra d'assurer des
résultats probants.
q Les outils d'aide à l'animation
Afin d'assurer une mise en oeuvre efficace de la
causerie-débatau niveau villageois, deux outils d'aide à
l'animation ont été produits à travers un processus
participatif.
La version définitive du calendrier à
thème a non seulement été utilisée lors des
sessions de formation des formateurs de disséminateurs villageois, mais
surtout lors de la phase de dissémination à grande échelle
dans plus de 500 villages des 17 communes d'intervention du projet.
Utilisée seul ou en association avec la pièce de
théâtre filmé, le calendrier a permis d'informer les
populations rurales sur les messages clefs de la loi 034-2009 portant
régime foncier rural.
Utilisé généralement avant la projection
du théâtre filmé, il permet de passer en revue les messages
essentiels sur la loi 034-2009 portant régime foncier rural et de
concentrer le débat sur l'essentiel. Cet outil a été
autant apprécié que le film et il constitue un bon support
d'introduction au débat sur la loi. Il nécessite moins
d'équipements pour diffuser des informations et il est dans ce sens une
bonne alternative en cas de défaillance matérielle ou de panne
d'électricité. Certains FDV ont d'ailleurs fait d'emblée
le choix de n'utiliser que le calendrier à thème, avec lequel ils
se sentaient plus à l'aise dans l'animation des causeries-débats.
A Bama, les agents SFR ont aussi expérimenté
l'animation de causeries-débatsà l'aide du calendrier à
thème. Il ressort que le calendrier à thème est un outil
efficace de communication car il donne l'essentiel à savoir sur la loi.
Des paysans témoignent avoir mieux appréhendé le contenu
de la loi grâce à la présentation du calendrier à
thème. On peut noter également une bonne
complémentarité entre le théâtre filmé et le
calendrier à thème en matière de diffusion de messages.
Cependant, si le calendrier à thème constitue un
bon outil d'information sur les innovations de la loi sur le foncier au
Burkina, il convient de faire remarquer qu'il reste dans des
généralités et ne permet pas aux producteurs ruraux de
connaître la démarche d'obtention de l'APFR, les coûts,
délais et procédures d'immatriculation foncière en milieu
rural. Il est donc important de revoir son contenu pour permettre de donner des
informations pratiques aux producteurs : qu'est-ce que l'APFR ?
Comment l'obtenir ? Quelles procédures respecter ? Qu'est-ce
que les instances de gestion du foncier ou de résolution des conflits
fonciers ? Dans quels cas recourir à ces services ? Comment le
faire ?, etc. Il faudrait donc changer le format du calendrier à
thème qui par nature est périssable (dès que
l'année concernée est écoulée, les gens accordent
peu d'importance à l'outil) pour évoluer vers une série
d'affiches éducatives au format A3 pour servir d'outil d'animation sur
les documents légaux et les instances de sécurisation
foncière.
q La pièce de théâtre
filmée
La pièce de théâtre filmée sert
d'outil d'information sur la loi 034/2009 portant régime foncier rural
et la gestion des conflits ainsi que de support pour initier des débats,
lors des causeries-débats. Elle fait connaître les dispositions de
la nouvelle loi sur le foncier rural à travers la mise en scène
d'une situation de conflit.
A l'issue des projections lors des causeries-débats
dans les villages, les observations suivantes peuvent être faites :
- la pièce de théâtre filmée a
rencontré un succès quasi-unanime dans les villages. Les
animateurs soulignent son caractère instructif et drôle, qui
permet de maintenir le spectateur attentif et alerte tout au long de la
projection ;
- certains passages ont particulièrement marqué
les participants : il s'agit notamment de la présentation de la loi
034/2009 et de ses dispositions par le technicien agricole. Il s'agit aussi de
la résolution du conflit opposant Pierre à l'agrobusiness-woman.
Le fait que le problème ait été résolu entre
villageois, par l'implication des coutumiers, a séduit les participants,
qui se reconnaissent dans cette manière de gérer les conflits
fonciers ;
- la vente illicite de la parcelle familiale par Pierre a
été vivement désapprouvée par les participants
d'une majorité de causeries-débats et a suscité des
débats animés dans bon nombre de villages ;
- enfin, des séquences de la pièce ont
particulièrement amusé les participants. Il s'agit de
l'intervention du père de Pierre (qui maudit le terrain acheté),
de la séquence où le Peulh se plaint de n'avoir aucun passage
pour ses animaux ou encore de l'interprétation du bulldozer par les
acteurs, lorsque l'agrobusiness-woman s'approprie la parcelle familiale.
Au-delà de ces constats, certaines améliorations
peuvent être apportées à la pièce de
théâtre. Ainsi, le monologue du principal fautif dans la
pièce qui a vendu des parcelles et dont un paysan avait souhaité
qu'il soit foudroyé, doit être revu, car les spectateurs ne
trouvent pas la scène suffisamment forte pour illustrer le repentir. Un
éleveur s'est aussi étonné de ne pas voir un seul brin
d'herbe dans la pièce de théâtre, qui porte pourtant sur le
foncier rural.
On peut aussi se poser des questions sur le caractère
distractif de la pièce de théâtre. Pendant les causeries
débats, dans certains villages, la diffusion de la pièce de
théâtre a constitué un moment de distraction pour les
habitants. Les scènes de comédie ont dans certains cas pris le
dessus sur les informations essentielles sur la loi sur le foncier. A la fin de
la diffusion du théâtre filmé, les animateurs ont souvent
eu du mal à retenir la population pendant une durée suffisante
pour conduire des débats sur la loi 034-2009 portant régime
foncier rural et les changements qu'elle apporte.
Peut-être faudrait-il revoir le contenu de la
pièce de théâtre en mettant l'accent sur les messages
essentiels à retenir tout en habillant cela sous une forme captivante.
Cela voudrait dire qu'il faudrait revoir la durée de la pièce
(environ une heure) pour évoluer vers un format court (13 ou 26 minutes
maximum). Une telle approche permettrait de consacrer plus de temps aux
discussions et d'insister sur les informations pratiques en direction des
producteurs ruraux. Ces messages peuvent porter sur les documents
légaux de sécurisation (ce que c'est et comment les obtenir) et
les instances de gestion du foncier et de résolution des conflits
(services fonciers ruraux, commission foncière villageoise, commission
de conciliation foncière villageoise).
Somme toute, les causeries-débatsen présentant
un film et des affiches en langue locale, mettent en scène des
situations auxquelles les villageois peuvent facilement s'identifier. La
proximité entre modules de communication et populations induite par
l'usage des langues favorise leur intérêt aux outils et les
messages qu'ils contiennent. Les populations s'identifient aux situations et
personnages mis en scène dans la pièce de théâtre.
L'association calendrier à thème au
théâtre filmé optimise la réussite des causeries
débats. Sirima Ardiouma, le FDV point focal de Bama témoigne :
« Je me rends compte que les gens arrivent parfois à mieux
suivre la loi et ses différentes étapes avec le calendrier que le
film. Avec le film, c'est la vente de terres qui accroche, tandis qu'avec le
calendrier, les messages passent mieux. Même si cela passe bien avec le
film, les gens veulent surtout savoir comment l'affaire va trouver un
dénouement. A la fin, il faut les ramener aux messages qu'on veut faire
passer sur la loi. Avec le calendrier par contre, les gens retiennent les
messages essentiels et posent des questions sur les différents aspects
de la loi. Et puis, les calendriers, ils les ont avec eux, or pour projeter le
film, il faut un équipement. Mais en définitive, il s'agit
d'outils complémentaires ».
II. LEÇONS DE
L'EXPÉRIENCE
1. LES RÉUSSITES
q Participation aux
causeries-débats
Avec 43 632 participants officiels, les
causeries-débats ont été un succès en termes de
mobilisation des populations.
L'évaluation des connaissances réalisée
dans les villages après les animations fait d'ailleurs état de
31,8% de villageois interrogés qui ont eu écho d'informations
relayées par les causeries-débats.
q Causeries-débats et information des
populations
L'évaluation réalisée par le Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF fait état d'une
augmentation moyenne de 8 points du niveau des connaissances sur la loi
034-2009 et ses dispositions. Les causeries-débats semblent avoir
joué leur rôle en termes de dissémination de connaissances.
Elles ont de plus été fortement
appréciées par les populations, comme le montre les conclusions
de ce travail de recherche.
La durée moyenne des causeries-débats (2h04) est
une preuve de la consistance de ces débats.
q Partenariat avec les autorités
coutumières lors des causeries-débats
A ce niveau, les coutumiers ont été des
alliés et non des opposants. Lors des animations, certains chefs
coutumiers ont distribué la parole et ont encouragé des personnes
en retrait à s'exprimer (femmes, jeunes, éleveurs...). Leur
implication au processus de mobilisation semble, indispensable pour être
certain de rassembler le plus d'acteurs stratégiques possible. Mais cela
suppose de bien connaître le milieu afin de cerner la nature de leurs
rapports aux populations pour décider en connaissance de cause du
degré de leur implication. Dans certains villages où les
autorités coutumières n'ont pas été
associées au processus, on note une mobilisation parfois faible.
q Pièce de théâtre
filmée
La pièce de théâtre a rencontré un
succès quasi-unanime dans les villages. Des animateurs rapportent que ce
film a beaucoup amusé et instruit les participants. Son succès
était tel qu'il a provoqué une certaine excitation parmi les
personnes présentes et des débats animés à la suite
de la projection.
D'un côté, on pourrait penser que la pièce
de théâtre filmé est peut être un outil
« trop » divertissant mais de l'autre, les temps de
débats rapportés (deux heures de débats en moyenne pendant
les causeries débats), l'implication des populations montrent bien
l'attention accordée par les participants aux messages
véhiculés par la pièce.
q Complémentarité des sources
d'information
L'utilisation d'outils de communication de masse et de
proximité (radio, Disséminateurs Villageois et
causeries-débats) a permis, comme espéré de toucher un
large public villageois et différentes couches sociales des
populations. En cumulé, ces 3 sources d'information ont permis de
toucher près de 60% de la population (cf rapport de mise en
oeuvre des activités de communication, juin - juillet 2011, Tetra Tech
ARD).
Alors que les causeries-débats offrent un espace
restreint et local de dialogue, de questionnements sur des pratiques et sur la
loi, la radio permet d'informer les populations à une échelle
plus large, en vue de débats de terrain, suite aux diffusions.
q Rôle et implication des FDV
La motivation et l'implication des FDV dans la
réalisation de leurs tâches a permis d'atteindre les
résultats cités précédemment. Certains d'entre eux
ont même souhaité aller plus loin que les tâches qui leur
étaient confiées.
Cependant l'implication des FDV reste assez
hétérogène, très souvent conditionnée par
une motivation financière. Dans ces conditions, le processus est
difficilement autonome et durable à un coût raisonnable et sans
doute faut-il davantage s'appuyer sur les agents des services fonciers ruraux
(qui eux sont recrutés par les communes) pour la suite du processus.
q Les initiatives locales de poursuite de la
dissémination
Plusieurs initiatives ont été mises en oeuvre
spontanément par les acteurs impliqués dans la phase 1 du
PSF/MCA-BF entre juillet et septembre 2011. Elles permettent de mettre en
lumière la prise en main réelle du projet par les
différents acteurs qui ont été formé,
impliqués et d'envisager une durabilité de la
dissémination d'informations.
A Loumbila, le chargé de communication des SFR a
déposé un programme d'activité auprès du MCA, en
vue de tourner dans les 30 villages de la commune, avec des calendriers pour
rencontrer les leaders d'opinions et continuer d'informer les populations.
« Avec le projet d'aéroport, les gens sont en train de
dilapider les terres et il faut agir vite » raconte M. Joseph
Ouedraogo, chargé de communication des SFR de Loumbila. Des rencontres
avec les conseillers villageois puis avec les CVD et représentants des
chambres d'agriculture ont été programmées au chef-lieu de
la commune.
1. LES LIMITES
q Problèmes matériels lors des
causeries-débats
Les causes majeures de problèmes lors des
causeries-débats sont matérielles (pannes du
vidéo-projecteur, qualité du DVD, groupes
électrogènes défectueux...). Pour des animations futures,
comment prévenir ces problèmes ? Y a-t-il des
possibilités de les corriger en modifiant le processus organisationnel
lui-même ? En créant de nouveaux outils ? Ne faut-il pas
envisager de mettre l'accent sur les affiches éducatives ?
q L'information sur l'activité
Dans de nombreux villages, les participants sont impatients de
suivre la pièce de théâtre filmée et peu
concentrés lors de la présentation préalable des affiches
éducatives. Cela peut témoigner d'une mauvaise information sur
les objectifs des causeries-débats : il est important que les
participants comprennent, avant de venir, qu'ils ne vont pas seulement assister
à une projection mais bien à une rencontre d'information et
à la mise en débat de thématiques sur le foncier.
III. PROPOSITIONS DE VALORISATION D'OUTILS D'INFORMATION SUR
LE FONCIER
La phase 2 du Projet Sécurisation Foncière du
MCA-BF s'est mise en oeuvre de février 2013 à juillet 2014. A
présent, les communes doivent prendre le relais du projet et s'inscrire
dans une logique de pérennisation des acquis. Dans cette phase,
différents outils ont été mis à profit pour assurer
l'information et l'acquisition de connaissance des acteurs villageois, en
mettant l'accent sur le faire-agir. A l'intention des projets, programmes et
organisations de la société civile intervenant dans les actions
de communication sur le foncier, ces outils peuvent constituer une bonne base
pour relever le défi de la dissémination de l'information
juridique sur le foncier rural au Burkina Faso. Ci-dessous, quelques outils
à valoriser dans le cadre des actions de communication sur le foncier
rural.
1.
LE MAGAZINE « REPÈRES FONCIERS »
Il se décline en trois versions : audio,
électronique et imprimée.
La version audio de « Repères
Fonciers » est un magazine compris en 30 et 45 min. diffusé en
huit langues : français, moore, jula, fulfulde, gulmancema, lyele,
nuni, lobiri.
Sa diffusion est mensuelle avec possibilité de
rediffusion par les 17 radios locales et communautaire. Il est destiné
aux producteurs ruraux, techniciens et populations des communes dont il vise
l'information et la mise en débat de la loi 034/2009 et de ses
décrets d'application. « Repères Fonciers »
audio contient des reportages, des actualités sur le foncier, des
témoignages, portraits, spots, bonnes pratiques, success stories,
microprogrammes, tables rondes. Il privilégie l'expression de la parole
des producteurs ruraux tout en valorisation les points de vue experts.
La version électronique est une infolettre de 8
à 12 pages, de périodicité mensuelle. Elle est
orientée vers les décideurs, les théoriciens et praticiens
du foncier, le grand public. Elle est envoyée à des listes de
diffusion et peut être diffusé sur un site web ou sur les
réseaux sociaux. Son contenu est orienté sur l'information, la
mise en débat de la loi 034/2009 portant régime foncier rural,
l'influence des politiques. Il diffuse des reportages, témoignages,
portraits, bonnes pratiques, outils et méthodes, success stories,
commentaires, points de vue, interpellations...
« Repères Fonciers » imprimé
est une publication illustrée de périodicité bimestrielle,
de 12 pages destinée aux décideurs, théoriciens et
praticiens du foncier, grand public. Il vise à informer, mettre en
débat, influencer les politiques sur les questions foncières. Son
contenu se rapproche de celui de la version électronique.
2.
LE FILM DE SENSIBILISATION « TERRE ET PAIX »
Ce film éducatif de 26 mn vise à informer et
débattre sur les instances de résolution des conflits, leurs
attributions et les voies pour les saisir et régler les conflits
conformément à la loi 034/2009 portant régime foncier
rural.
Sous la forme d'un théâtre-filmé, le film
met en évidence les informations pratiques sur les procédures
à suivre en cas de conflits, les instances à saisir, ce qu'il
faut faire, comment le faire, les coûts... Ce film est destiné
avant tout aux membres des CFV et des CCFV d'une part et aux FDV, agents de
communication des SFR, ANIF pour leurs animations avec de petits groupes
d'autre part.
Il peut être utilisé lors des formations et des
causeries-débatsvillageois pour améliorer l'information du grand
public sur les conflits, rappeler les instances, leur composition, rôles
et attributions, etc. Il peut aussi servir de support d'animation à
d'autres occasions, notamment des conversations avec de petits groupes, etc.
3.
LA BROCHURE D'INFORMATION « DES DOCUMENTS LÉGAUX DE
SÉCURISATION FONCIÈRE POUR TOUS !»
C'est un document imprimé et illustré de 24
pages. Il comprendra des fiches techniques sur l'APFR, le don de terre, le
prêt de terre, la location de terre, l'autorisation de mise en valeur
temporaire, la charte foncière locale, la commission foncière
villageoise et la commission de conciliation foncière villageoise. C'est
un document qui se veut pratique. Sa présentation et son style à
la portée de tous fait de cette brochure un outil d'information grand
public. Elle est destinée prioritairement aux animateurs fonciers, aux
agents des services fonciers ruraux ou bureaux domaniaux. Il vise à
informer, rassurer en vue de favoriser la décision de se doter de
documents légaux de sécurisation.
4.
LA SÉRIE ÉDUCATIVE SUR LA LOI 034/2009
C'est un outil d'aide à l'animation. Il peut être
utilisé lors des séances de sensibilisation sur la loi 034/2009
portant régime foncier rural. Il met surtout l'accent sur la
connaissance des documents légaux de sécurisation, des instances
locales de gestion foncière, des transactions foncières et des
instances locales de résolution des conflits fonciers. C'est un outil
axé sur l'information pratique des acteurs du foncier.
CONCLUSION GENERALE
Depuis une décennie, les opérations de
sécurisation foncière ont cours au Burkina Faso. Les
activités menées dans le cadre du plan foncier rural du
Ganzourgou ou de l'opération pilote de sécurisation
foncière à Padéma ont largement contribué à
la stabilisation de modèles qui ont abouti à l'adoption de la loi
034-2009 portant régime foncier rural. Une loi dont les innovations sont
jugées progressistes dans la mesure où elle accorde une place aux
coutumiers, à travers la reconnaissance de leurs droits et leur
responsabilisation dans les instances locales de gestion
foncière (commission foncière villageoise, commission de
conciliation foncière villageoise).
Autre innovation introduite par la loi 034-2009 portant
régime foncier rural, la reconnaissance de trois domaines
fonciers : le domaine de l'Etat, des collectivités territoriales et
des particuliers. Désormais, les producteurs ruraux peuvent disposer de
documents de sécurisation foncière à savoir l'attestation
de possession foncière rurale. Afin d'accompagner le processus de
changement procédural, d'assurer le développement institutionnel,
le renforcement des capacités des acteurs du foncier et la conduite
d'activités de sécurisation dans les sites spécifiques
comme les zones aménagées, le Millennium Challenge Account -
Burkina Faso a mis en oeuvre le Projet Sécurisation Foncière. Une
stratégie de communication a été élaborée et
un dispositif de communication à trois échelles (nationale,
communale et villageoise) mis en place pour assurer la dissémination de
l'information juridique sur le foncier rural.
Au Burkina Faso, peu de projets sur le foncier disposent d'un
volet communication avec des activités qui sont menées de
façon transversale. Il nous est donc apparu nécessaire de
documenter ce processus afin de faire valoir l'importance de la communication
dans la mise en débat des thématiques sur le foncier pour une
plus grande implication dans la gouvernance foncière locale.
A travers ce travail, notre objectif général a
consisté à analyser le processus de mise en oeuvre des actions de
communication en appui au Projet Sécurisation Foncière du MCA-BF.
En dehors du Projet Sécurisation foncière,
d'autres acteurs s'intéressent et mettent en oeuvre des actions sur le
foncier. Entre autres, on peut citer le Programme de Développement Rural
Durable (PDRD), le Programme National de Gestion des Terroirs (PNGT), le Groupe
de Recherche et d'Action sur le Foncier (GRAF) et l'Agence Française de
Développement (AFD). L'expérience en communication menée
par le Projet Sécurisation Foncière peut inspirer ces acteurs et
leur permettre d'être efficace dans leurs interventions en anticipant
certaines situations déjà rencontrées. La présente
étude se nourrit de cet objectif et nous espérons ainsi
contribuer à l'amélioration des pratiques de communication dans
les projets fonciers.
La stratégie de dissémination entreprise pour
diffuser l'information sur la loi 034-2009 portant foncier rural a
privilégié la synergie d'actions entre techniciens de
développement, acteurs villageois et l'utilisation d'outils de
communication (calendriers à thème, pièce de
théâtre filmée, supports écrits de formation et
guides d'animation).
La combinaison de ces approches, outils et acteurs a fait ses
preuves au regard du nombre de personnes informées sur la loi 034-2009
portant régime foncier rural. Elle a permis d'améliorer
sensiblement la connaissance des populations des villages cibles sur la loi
mais aussi la gestion des conflits fonciers.
Les résultats de l'évaluation des connaissances,
attitudes et pratiques des coutumiers/religieux, éleveurs et femmes des
villages de Goué et Kourit-Yaoghin révèlent un niveau
moyen d'information des acteurs (autour de 50%) sur le foncier. Cependant, les
informations reçues n'ont pas incité les acteurs
interrogés à se doter de documents de sécurisation.
Au-delà donc de l'information, il est important de mettre l'accent sur
le « faire-agir ». Les approches, outils et
supports de communication devraient mettre l'accent sur la connaissance des
documents légaux de sécurisation, les procédures pour leur
obtention, les coûts et délais d'immatriculation et le recours aux
instances de gestion du foncier tels que les services fonciers ruraux/bureaux
domaniaux, les commissions foncières villageoises et les commissions de
conciliation foncière villageoises.
Face à ces nouvelles exigences et défis à
relever, il est nécessaire de développer des approches nouvelles
pour une meilleure gouvernance foncière en milieu rural.
BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE
Ouvrages
- BALIMA, S. Th.,
&DUCHENNE, V.Méthodologie de la recherche en
sciences de l'information et de la communication. Ouagadougou :
SANKOFA/SIDWAYA, 2005, 139 p.
- BESSETTE G., Communication et
participation communautaire : Guide pratique de communication participative
pour le développement, Les Presses de l'Université Laval,
2004, 120 p.
- BESSETTE G. (dir), Eau, Terre et vie :
communication participative pour le dévelopement et gestion des
ressources naturelles, Presse universitaire de Laval - L'Harmattan, 2007,
396 p.
- FAO, sous la dir.de Ciparisse G.,
Thésaurus multilingue du foncier, version
française,2ème édition, Rome, 2005
- FREIRE, P., The Pedagogy of the
Oppressed, New York, N.Y. : Continuum, 1983
- LE ROY E. « De
l'appropriation à la patrimonialité : une
brève introduction
à la terminologie foncière », pp., in
Quelles politiques foncières pour l'Afrique noire rurale ?
Réconcilier pratiques, légitimité et
légalité, Paris : Karthala / Secrétariat
d'État à la Coopération, 1998
- LE ROYE. La
sécurisation foncière en Afrique : pour une gestion viable des
ressources renouvelables. 1996
- MACBRIDE,
S., Many Voices, One World: Report of the International Study
Commission on Communication Problems, Paris: UNESCO, 1980.
- ROGERS, E., Communication and
Development, Critical Perspectives, Beverly Hills, Londres, Delhi: Sage
Publications, 1976.
Etudes/Rapports/Articles/Fiches
pédagogiques
- ATEF,Présentation des
résultats provisoires des travaux de recensement des ménages et
champs de l'aéroport de Donsin, Déc 2010
- CERYA, PCD de la commune de
Loumbila ; PNGT 2, 2008, P12
- CIRAD, ODEC,
rapport final de service de consultant pour une étude pour la mise
en place d'un observatoire du foncier au Burkina Faso, 2011, 158 pages
- COMITE TECHNIQUE «
FONCIER & DEVELOPPEMENT »Sécurisation et
régulation foncières : des enjeux aux outils. Quelques obstacles
à la cohérence des politiques.Par Vincent BASSERIE etPatrick
D'AQUINO, janvier 2011, fiche pédagogique
- Consortium CUA-CEA-BAD, Cadre et lignes
directrices sur les politiques foncières en Afrique : Politiques
foncières en Afrique: un cadre pour le renforcement des droits fonciers,
l'amélioration de la productivité et des conditions
d'existence, Addis-Abeba, 2010, 65 pages
- Consortium
CUA-CEA-BAD, Ateliers consultatifs régionaux sur les
politiques foncières en Afrique: Principales conclusions et
recommandations, 2010 Addis-Abeba, Éthiopie
- D'AQUINO P.,
BASSERIE V., Fiche pédagogique :
Sécurisation et régulation foncière : des enjeux aux
outils. Quelques obstacles à la cohérence des politiques,
2011
- KOFFI A., Fiche
pédagogique : Gestion alternative des conflits fonciers :
outils d'analyse, 2011
- JOUVE P.,
Le jeu croisé des dynamiques agraires et foncières en Afrique
subsaharienne, Interplays between agrarian and land tenure dynamics in
Africa South of the Sahara, Colloque international «Les frontières
de la question foncière - At the frontier of land issues»,
Montpellier, 2006, 14 pages
- LE MEUR P., Approche qualitative de la
question foncière : Note méthodologique, Mai 2002,
Document de travail de l'Unité de Recherche 095, N° 4, IRD REFO
- Livret sur la loi N°034-2009/AN du 16 juin 2009 portant
régime foncier rural et décrets d'application, édition
2010
- MCKEE, N., MANONCOURT, E.,
SAIK YOON, C. &CARNEGIE, R. 2003,
Involving People Evolving Behaviour, in SERVAES, J. 2003.
Approaches to Development. Studies on Communication for Development,
Paris: UNESCO.
- Rapport des activités de communication mises en
oeuvre entre janvier et avril 2011, dans le cadre du projet «
sécurisation foncière » du MCA-Burkina, par Tetra Tech ARD,
avril 2011
- Rapport des activités de communication mises en
oeuvre entre avril et juin 2011, dans le cadre du projet «
sécurisation foncière » du MCA-Burkina, par Tetra Tech ARD,
juillet 2011
- Rapport des activités de communication mises en
oeuvre entre juillet-septembre 2011dans le cadre du projet «
sécurisation foncière » du MCA-Burkina, par Tetra Tech ARD,
octobre 2011
- TALLET B.,
SANOU S., BALAC R, Etude de
faisabilité pour une opération de sécurisation
foncière dans l'Ouest du Burkina Faso, déc. 2000, 103 p.
- UNESCO Profiles: United Nations Agencies :
FAO in Approaches to Development Communication, an Orientation and Resource
Kit, eds. Mayo, J. & Servaes, J. Paris 1994, pp. 2-11
- ZONGO M., Terre d'Etat, loi des
ancêtres ? Les conflits fonciers et leurs procédures de
règlement dans l'ouest du Burkina Faso, CAHIERS DU CERLESHS TOME
XXIV, N° 33, JUILLET 2009
Mémoires :
- MAIGA I.
L'évaluation de la participation des populations au débat
foncier dans le département de Padéma. Mémoire de
maîtrise en sciences et techniques de l'information et de la
communication : Université de Ouagadougou, Département de
Communication et Journalisme, 2010, 133 p.
- FROGER S. La communication
participative communautaire au Sénégal, Mémoire de
Master en communication scientifique et technique : Université
Stendhal, Grenoble 3, Institut de la communication et des médias, 2005
[en ligne],
http://www.memoireonline.com/02/09/1932/m_La-communication--participative-communautaire-au--Senegal3.html,
consulté le 17 mai 2014,
Webographie :
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juridique, consulté le 24 juin 2014 sur :
http://fr.scribd.com/doc/221430092/Fao-Manuel-Foncier-Vocabulaire-Juridique
- FRASER C. et VILLET J. (1994)
cités par DEANE J., Communication: un élément
clé du développement humain [en ligne] in 9ème Table ronde
des Nations unies sur la communication pour le développement, FAO,
Rome, septembre 2004, consulté le 24 juin 2014, disponible sur
http://www.fao.org/3/a-a1476f.pdf
- OUEDRAOGO H. Mythes, Impasses de
l'immatriculation foncière et nécessité d'approches
alternatives, article publié sur :
http://www.agter.org/bdf/fr/corpus_chemin/fiche-chemin-44.html,
date de consultation : 12 juin 2014.
ANNEXES
Annexe 1 : Guide d'entretien sur l'évaluation
des connaissances
EVALUATION DES CONNAISSANCES SUR LA LOI 034/2009 ET LES
INSTANCES DE GESTION DU FONCIER
NB : A renseigner dans les villages de Goué et
de Kourti-Yaoghin
Goué : 10 femmes, 5 coutumiers, 5 éleveurs
Kourit-Yaoghin : 10 femmes, 5 coutumiers, 5
éleveurs
Total personnes à rencontrer : 40
Identité de l'interviewé :
Nom :
.........................................................................................................
Prénom (s) :
..................................................................................................
Statut (femmes, éleveurs ou coutumiers/religieux)
:
Village :
......................................................................................................
1. CONNAISSANCE DES
MESSAGES DIFFUSES SUR LA LOI 034, PORTANT REGIME FONCIER RURAL
|
OUI
|
NON
|
1.1 Connaissez-vous la loi 034 portant régime foncier
rural ?
|
|
|
1.2 La loi 034 portant régime foncier rural indique les
documents qu'un exploitant agricole doit avoir pour sécuriser sa
terre. Les connaissez-vous ?
|
|
|
Si oui, quels sont-ils ?
|
|
|
1.3 La loi 034 portant régime foncier rural prévoit
des instances de gestion du foncier. Les connaissez-vous ?
|
|
|
Si oui, quelles sont-elles ?
|
|
|
1.4 Connaissez- vous les transactions autorisées par la
loi 034 AN/2009 ?
|
|
|
Si oui, lesquelles ?
|
|
|
1.5 Savez-vous quelle est la durée de la location des
terres prévue par la loi 034 portant régime foncier rural ? Si
oui, quelle est-elle ?
|
|
|
2 ans ?
|
|
|
3 ans ?
|
|
|
5 ans ?
|
|
|
1.6 Savez-vous quelle est la structure qui s'occupe de la gestion
des conflits fonciers au niveau du village ? Si oui, laquelle ?
|
|
|
CCFV ?
|
|
|
CFV ?
|
|
|
CVD ?
|
|
|
2. REVUE DES PRATIQUES
APRES L'INFORMATION SUR LA LOI 034-AN/2009
|
Oui
|
Non
|
2.1 Avez-vous entrepris d'obtenir les documents de
sécurisation foncière ?
|
|
|
Si oui, lesquels ? Si non, pourquoi ?
|
|
|
2.2 Avez- vous eu recours aux instances de gestion
foncière ?
|
|
|
Si oui, lesquelles et pour quel type de service ?
|
|
|
2.3 Avez- vous déjà participé à une
session d'information sur la loi 034 portant régime foncier rural ?
|
|
|
Si oui, laquelle ?
|
|
|
2.4 Avez- vous déjà eu un conflit foncier avec un
tiers ?
|
|
|
Si oui, qui a été impliqué (a
participé) dans sa résolution :
|
|
|
Chef coutumier ?
|
|
|
Mode amiable ?
|
|
|
CVD ?
|
|
|
CCFV ?
|
|
|
2.5 Avez-vous déjà
fréquenté la mairie ? Si oui, pour quel type de services ?
|
|
|
3. ANALYSE DES SOURCES
D'INFORMATION
|
Oui
|
Non
|
3.1 Recevez-vous les informations sur le foncier ?
|
|
|
Si oui, de quelle façon les recevez-vous ?
|
|
|
Par radio ?
|
|
|
Par l'agent SFR ?
|
|
|
Par les Services techniques ?
|
|
|
Par un conseiller ?
|
|
|
Par le Maire ?
|
|
|
D'une autre manière ? (laquelle)
|
|
|
3.2 Parmi les sources d'information citées, en
préférez-vous certaines, si oui, lesquelles ?
|
|
|
3.3 Les informations reçues de ces sources sur le foncier
vous ont -elles été utiles ?
|
|
|
Si oui, comment ?
|
|
|
Annexe 2 : Résultat de l'application du
modèle intégré d'organisation
RESULTAT DE L'APPLICATION DU MIO AU CAS DU VILLAGE DE
GOUE
Coutumiers/religieux - Village de Goué
|
|
Connaissance de la loi 034/2009
|
Connaissance des documents légaux
|
Connaissance de la CFV
|
Connaissance de l'APFR
|
Connaissance de la CCFV
|
Connaissance des transactions
|
Demande d'APFR
|
Nombre de personnes ayant répondu Oui
|
2
|
2
|
1
|
2
|
1
|
1
|
0
|
Score pondéré
|
10,5
|
10,5
|
3,5
|
10,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
Total
|
45,5
|
NB : Evaluation sur une échelle de 5 personnes
interviewées
Eleveurs - Village de Goué
|
|
Connaissance de la loi 034/2009
|
Connaissance des documents légaux
|
Connaissance de la CFV
|
Connaissance de l'APFR
|
Connaissance de la CCFV
|
Connaissance des transactions
|
Demande d'APFR
|
Nombre de personnes ayant répondu Oui
|
2
|
2
|
0
|
2
|
5
|
2
|
0
|
Score pondéré
|
10,5
|
10,5
|
3,5
|
10,5
|
14
|
10,5
|
3,5
|
Total
|
63
|
NB : Evaluation sur une échelle de 5 personnes
interviewées
Femmes - Village de Goué
|
|
Connaissance de la loi 034/2009
|
Connaissance des documents légaux
|
Connaissance de la CFV
|
Connaissance de l'APFR
|
Connaissance de la CCFV
|
Connaissance des transactions
|
Demande d'APFR
|
Nombre de personnes ayant répondu Oui
|
5
|
3
|
2
|
3
|
2
|
3
|
0
|
Score pondéré
|
10,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
Total
|
31,5
|
NB : Evaluation sur une échelle de 10 personnes
interviewées
RESULTAT DE L'APPLICATION DU MIO AU CAS DU VILLAGE DE
KOURIT-YAOGHIN
Coutumiers/religieux - Village de
Kourit-Yaoghin
|
|
Connaissance de la loi 034/2009
|
Connaissance des documents légaux
|
Connaissance de la CFV
|
Connaissance de l'APFR
|
Connaissance de la CCFV
|
Connaissance des transactions
|
Demande d'APFR effectué
|
Nombre de personnes ayant répondu Oui
|
2
|
3
|
1
|
2
|
1
|
2
|
0
|
Score pondéré
|
10,5
|
10,5
|
3,5
|
10,5
|
3,5
|
10,5
|
3,5
|
Total
|
52,5
|
NB : Evaluation sur une échelle de 5 personnes
interviewées
Eleveurs - Village de Kourit-Yaoghin
|
|
Connaissance de la loi 034/2009
|
Connaissance des documents légaux
|
Connaissance de la CFV
|
Connaissance de l'APFR
|
Connaissance de la CCFV
|
Connaissance des transactions
|
Demande d'APFR
|
Nombre de personnes ayant répondu Oui
|
3
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
0
|
Score pondéré
|
10,5
|
10,5
|
10,5
|
10,5
|
10,5
|
10,5
|
3,5
|
Total
|
66,5
|
NB : Evaluation sur une échelle de 5 personnes
interviewées
Femmes - Village de Kourit-Yaoghin
|
|
Connaissance de la loi 034/2009
|
Connaissance des documents légaux
|
Connaissance de la CFV
|
Connaissance de l'APFR
|
Connaissance de la CCFV
|
Connaissance des transactions
|
Demande d'APFR
|
Nombre de personnes ayant répondu Oui
|
3
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
1
|
Score pondéré
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
Total
|
24,5
|
NB : Evaluation sur une échelle de 10 personnes
interviewées
Annexe 3 : La situation foncière dans la
commune de Loumbila
§ Droits et Modes d'accès aux ressources
foncières et évolutions
· Les maîtrises foncières
coutumières
On observe trois types de maîtrises foncières
coutumières au niveau de la commune.
- les villages à maîtrises foncières
totales qui peuvent dépasser les limites administratives du village et
englober d'autres villages. Ces villages sont qualifiés de villages
centres car jouissant de droits primaires. Les villages de Kourit-yaoghin,
Goué, Tanlargo, Ramitenga, Zongo et Nougou en sont des exemples dans la
commune. La maîtrise foncière de Noungou s'étend
jusqu'à Loumbila, Nomgana et même Zam dans la province du
Ganzourgou;
- les villages à maîtrises
foncières déléguées : villages de migrants
ayant reçu de la part de leur hôte un droit d'attribution de la
terre à des tiers. C'est le cas du village de Donsin, Koyinga;
- les villages sans maîtrises foncières
qui relèvent des maîtrises foncières des villages- centres
de la commune ou de communes voisines : on peut citer les villages de
Daguilma, Tanzougou (sur les terres de Roumtinga dans la commune de
Pabré) et Koulsinga. Le denier village est habité par des
éleveurs d'ethnie peuhl dont la population diminue d'année en
année à cause de la vente des terres par les propriétaires
terriens traditionnels du village de Zongo à qui appartient
traditionnellement le terroir.
Au sens de la gestion coutumière des terres, les
ménages dans les deux derniers cas de figures ne sont pas
propriétaires des terres qu'ils exploitent. Les communautés dans
ces cas de maîtrises foncières déléguées ou
sans maîtrises foncières reconnaissent le droit de l'autochtonie
du premier occupant.
· Les droits et les modes d'accès aux
ressources foncières
Les terres de la commune sont réparties entre les
familles ayant un droit d'attribution ou droit de propriété
traditionnelle sur leurs terres. Dans la commune de Loumbila, il existe
cinq(05) modes d'accès à la terre qui sont :
- L'héritage ;
- Le don et droit
délégué;
- Le prêt ;
- La location ;
- La vente.
- Les fils des lignages de propriétaires terriens
héritent du patrimoine foncier.
- Jadis, la terre était considérée comme
un bien inaliénable, par conséquent elle ne pouvait faire l'objet
de vente ou d'appropriation individuelle. Pour acquérir un lopin de
terre, il suffisait d'en exprimer le besoin au propriétaire qui
l'attribue sans contrepartie. Il faut noter qu'une terre ayant fait l'objet de
don ne pouvait être retirée par respect de la parole
donnée.
- Différent du don, le prêt consiste à
accorder un délai d'utilisation de la terre à une personne.
Passé ce délai la terre peut être retirée ou le
délai peut être prolongé.
- La location est une pratique nouvelle mais en progression
liée au développement de la production maraîchage. En
effet, elle consiste à accorder à un producteur une portion de
terre de manière périodique. Cette transaction peut être
faite soit en nature (don d'une quantité de produits maraîchers
ex : un sac d'oignon) ou en espèce à chaque récolte.
Un autre phénomène lié à la vente des terres est en
train d'apparaître et tend même à prendre de l'ampleur dans
la location. En effet, les citadins, acheteurs de terres louent les terres
achetées aux anciens propriétaires terriens pour exploitation.
Cette situation est plus perceptible sur les terres de bas-fonds. Ceci est une
forme qui, si rien n'est fait, transformera la population paysanne de la
commune de Loumbila en de simples ouvriers agricoles au service des citadins.
Les terres ainsi acquises par achat sont pour la plupart faiblement mises en
valeur. L'exploitation familiale autonome court le risque de disparaître.
La description actuelle de la situation foncière dans la commune
révèle que lorsque un terrain est acheté par un citadin de
Ouagadougou, il le confie à un membre de la cellule familiale pour
entretien et surveillance moyennant rémunération mensuelle
souvent insignifiante. Malheureusement, ce dernier, tout comme la terre
achetée, se soustrait de la production agricole de la famille.
- la vente en tant que mode d'accès, est une cession
définitive des droits de propriété moyennant une certaine
somme. Elle prend le pas sur les modalités coutumières et est
très prononcée au niveau de la commune du fait de sa
proximité avec la capitale politique Ouagadougou. Loumbila subit une
forte demande de terres par des acheteurs fortunés (fonctionnaires de
l'Etat, opérateurs économiques). Les terres prisées sont
celles en bordure du barrage et des retenues. Les transactions foncières
se déportent sur les terres hautes avec l'épuisement des
réserves foncières des bas-fonds. Les données recueillies
auprès du service domanial de Ziniaré fait état d'environ
300 dossiers déposés entre 2006 et juillet 2010. Le grand nombre
de dossiers concerne des superficies comprises entre 1 à 5 ha. Les
fermes agricoles ou pastorales sont d'une superficie allant de 6 à 7 ha.
Un dossier de 10 ha est dans le circuit et appartiendrait un notable de
Loumbila.
Parmi ces dossiers on compte 3 à 10 pour la
réalisation de garage ou la création d'établissements. On
compte seulement 3 dossiers dont le paiement est totalement encaissé et
la procédure pour l'acquisition de titre foncier en cours. Il s'agit de
2 dossiers pour ferme agro-pastorale de 2 à 4 ha, l'autre dossier de 3
ha prévoit la création d'un garage pour la location de
matériels de travaux publics.
La situation en juillet 2010 donne seulement l'état de
10 dossiers ayant obtenu le permis d'exploiter. Cette même situation fait
ressortir que sur 90 dossiers, 19 dossiers n'ont toujours pas leurs superficies
déterminées car les acquéreurs n'ont pas enclenché
la procédure administrative. Pour les autres dossiers (71) on enregistre
150,5858 ha vendus, soit 0,85% de l'espace communal. Les superficies varient
de 1 à 17 ha, la classification des superficies exploitées est
présentée dans le tableau suivant :
Superficie vendue par classe (situation de juillet 2010 sur 71
dossiers)
Superficie par classe
|
] 0-6[
|
[6-12[
|
[12-18[
|
Total
|
Effectif (acquéreurs)
|
68
|
02
|
01
|
71
|
Superficie (hectares)
|
113,9609
|
20,405
|
16,1299
|
150,5858
|
Source : Enquête de terrain ; Service
domanial de Ziniaré ; janvier 2011
A cette situation il faut ajouter les superficies qui seront
couvertes par le projet de construction de l'usine de tomate, estimé
à environ 10 ha ainsi que le terrain aménagé par la
SONATUR dont la superficie n'est pas connue par le service des domaines de
Ziniaré. Aussi la situation d'avant 2006 n'est pas disponible. Toutefois
il ressort que les superficies accaparés par les agrobusiness men sont
importantes tout comme le nombre de dossiers non à jour dans la
procédure.
Il faut noter que le nombre d'exploitations n'ayant pas fait
l'objet de procédure légale est élevé.
La réception des dossiers est actuellement suspendue
à cause des travaux du nouvel aéroport de Donsin.
· Les droits et les modalités
d'accès selon le genre
La terre est considérée comme un patrimoine
lignager ou familial, cela définit le propriétaire au sens
coutumier de la terre.
Les étrangers et les femmes (considérées
comme étrangères aussi bien dans sa famille d'origine que
d'alliance) n'ont qu'un droit d'usufruit.
Le jeune exploite la terre dans un cadre familial ou sous le
contrôle du chef de famille.
· Les domaines fonciers
Dans la commune de Loumbila, il existe essentiellement 3 types
de domaine fonciers.
· Le domaine de l'Etat constitué par les
sites de la ferme semencière de Loumbila (60 ha), l'ENEP, la SONATUR, le
service national pour le développement, le centre d'élevage avec
la ferme d'insémination artificielle bovine, l'Institut de Diplomatie et
de Relations Internationales (IDRI), le barrage de Loumbila, les 4 autres
retenues d'eau, l'aménagement hydro-agricole de Donsin (28 ha),
l'aéroport de Donsin (+ 40 km²), le terrain de la
préfecture, les parcs de vaccination (dans l'attente de leur transfert
effectif), le tronçon de la route bitumée de la nationale
N°3 (Ouagadougou-Kaya) et son emprise qui traverse le territoire
communal.
· Le domaine des particuliers est de deux
types : celui appartenant à des agro-business men pour la plupart
composés de hauts fonctionnaires de l'Etat, des grands
commerçants, des industriels privés, les sites des
établissements privés du primaire et du secondaire tel le
collège des jeunes filles, les sites des sièges des associations
faitières (ATT ; AM ; ASK). La situation en superficie
occupée par cette catégorie est difficile à
établir. Le second type est celui des exploitants agricoles lignages
(autochtones ou allochtones).
· Le domaine de la Mairie couvre l'espace
où devra être construit le nouveau bâtiment qui abritera la
Mairie et ses services techniques, les espaces lotis notamment le
côté abritant la mairie actuelle, la préfecture et
l'école primaire ainsi le côté opposé où sont
localisés l'inspection primaire et le centre de l'association
Manegbzanga.
· Systèmes d'utilisation des ressources
foncières
Ø Les modes d'occupation des espaces
habités
L'habitat est formé par un ensemble de constructions
entourées ou non par une clôture où habitent un ou
plusieurs ménages. Les types de bâtiments sont des maisons
individuelles ou des cases. Les matériaux utilisés dans la
construction sont du banco ou du banco amélioré. On y trouve
également des habitations en dur en plus des infrastructures
administratives. Chaque village est subdivisé en quartier relativement
hétérogène. Les villages sont reliés entre eux par
des pistes ou sentiers.
Ø Les systèmes de production et la
typologie des exploitations
On observe deux(02) systèmes :
- le système extensif développé
par la quasi-totalité des exploitations familiales aussi agricoles que
pastorales. Les techniques agricoles sont archaïques et c'est un
système consommateur d'espace. Ce système se développe
également avec la course à l'occupation de l'espace suite
à la prise de conscience de la valeur économique de la terre au
regard de la proximité de la commune avec la capitale du pays.
- le système intensif développé
par quelques gros exploitants (fermes agricole, avicole ou pastorale) et
détenteurs de superficies achetées.
La tendance actuelle est à l'intensification de la
production agricole au regard de la pression foncière.
Ø Règles d'utilisation des ressources
foncières
La commune ne dispose de règles d'exploitation des
ressources foncières qu'au niveau des aménagements
hydro-agricoles de l'Etat (présence de cahiers de charge) notamment sur
les sites aménagés de Loumbila et de Donsin. Cependant leur
contenu n'est pas respecté par les exploitants des parcelles.
Toutefois, il existe au niveau du barrage de Ramitenga un
comité d'usagers du plan d'eau dont l'initiative est attribuable aux
populations locales. Son rôle est la gestion rationnelle des ressources.
Dans ce village les exploitants ont institué les règles
suivantes :
- non utilisation de moto-pompes afin d'éviter
le tarissement précoce du barrage ;
- institution de période de pêche afin de
permettre une reproduction des espèces ;
- prélèvement de la somme de 1000
FCFA/exploitant, 500FCFA/exploitante et 2500FCFA pour les camions venant
charger les produits maraîchers sur le site (le bord champ). Ces
cotisations constituent les fonds propres du comité qui peut faire face
à n'importe quel problème lié au site avant toute
intervention extérieure.
Un pêcheur agréé exploite le plan d'eau
permanemment moyennant le paiement de 250 000F CFA/an au comité.
Sur les autres sites de retenues d'eau il n'existe pas une
telle forme d'organisation des producteurs ayant la charge de la bonne gestion
des ressources.
Les principaux interdits traditionnels sont :
- le boa ;
- le crocodile ;
- la couleuvre ;
- coupe d'arbres dans les bois sacrés.
Avec l'affaiblissement des chefs coutumiers et la disparition
des ressources communes, chaque propriétaire terrien gère
directement les ressources se trouvant sur ses propriétés ou sous
sa gestion.
· Conflits fonciers et modalités de
règlement
Ø Typologie des conflits
Les types de conflits suivants peuvent être
dénombrés :
- Les conflits entre agriculteurs
(autochtones/allochtones) : conflits liés aux retraits de terres
par les héritiers terriens, car il y a une remise en cause de la parole
donnée ou des anciens accords passés. Ces contestations de droits
fonciers s'exacerbent avec la précarité de l'agriculture pluviale
et le retour des héritiers terriens qui revendiquent les terres acquises
par les allochtones. A titre d'exemple, on mentionne la remise en cause
d'accord faisant l'objet de conflit foncier entre un citadin et des ayants
droits après le décès de leur père pour une terre
de 13 ha clôturés mais dont la procédure d'acquisition
foncière moderne est inachevé.
- Les conflits agriculteurs-éleveurs :
conflits liés à des dégâts de champs par manque de
piste à bétail et de zones de pâturage. Ces conflits
entrainent souvent des abattages d'animaux et la migration des pasteurs qui
vont vers d'autres communes.
- Les conflits latents liés à la
contestation de droits fonciers. Les acteurs concernés sont plusieurs
villages revendiquant le droit foncier sur une portion d'espace. On a le cas
particulier de Kousgou, quartier de Donsin revendiqué par Goué
et Nonguestenga.
Le tableau ci-dessous présente la situation des
conflits enregistré et suivis dans la commune.
Fiche de conflits
Date de saisine
|
Villages
|
Type de conflit
|
Nombre de conflits
|
Tentative de règlement à
l'amiable
|
Niveau de règlement
|
Août
|
Nonguestenga
Ippala
Roguomnogo
Gandin
|
Dégâts de champs
|
01
01
02
07
|
Oui
|
Village
|
Sept
|
Goundry
Tabtenga
Gandin
|
-retrait de terres
-vente de terre
-dégâts de champs
|
02
01
01
|
Oui
|
Village
|
Octobre
|
Ramitenga
|
Dégâts de champs
|
01
|
Oui
|
Préfecture (achat de mil pour le propriétaire du
champ)
|
Novembre
|
|
Dégâts de champs
|
01
|
|
Préfecture
|
Source : animatrice ARD
Ø Les modes de règlement des conflits
La plupart des conflits se règlent à l'amiable.
Il s'agit d'une entente qui se traduit par une réparation du
préjudice subi par le plaignant. La réparation peut être en
nature (tine de céréales) ou en espèce.
Ø Les structures de gestion des
conflits55(*)
Au niveau village, il s'agit soit du chef du village ou du
chef de terre qui tranche les différends fonciers. Ils invoquent des
valeurs telles que la tolérance ou le pardon. A ce stade de la
négociation, les CVD sont souvent impliqués. Mais la
multiplicité des centres de décision ont affaibli les
décisions coutumières. Si les parties en conflit ne sont pas
satisfaites, elles peuvent se présenter à la préfecture ou
en dernier ressort au niveau du Tribunal de Grande Instance de
Ziniaré.
TABLE
DES MATIERES
Dédicace :
ii
Remerciements
iii
Sommaire :
4
Sigles, abréviations et
acronymes
6
Liste des tableaux
8
Liste des graphiques
8
Liste des illustrations
9
INTRODUCTION GENERALE
10
PARTIE 1 : PROBLEMATIQUE ET CADRE
GENERAL DE L'ETUDE
14
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE
GENERALE
14
I. La problématique
14
II. L'intérêt de
l'étude
18
III. Les objectifs de l'étude et
l'hypothèse de recherche
19
1. Objectif
général
19
2. Objectifs
spécifiques
19
3. L'hypothèse de
recherche
19
CHAPITRE 2 : ASPECTS THEORIQUES ET
CONCEPTUELS DE L'ETUDE
20
I. Revue de littérature
20
1. Les conflits fonciers et
leur gestion
20
2. Les formes de
sécurisation foncière
24
II. Cadre théorique
27
III. Cadre conceptuel
31
1. Les concepts en lien avec la
communication participative pour le développement
31
2. Les concepts en lien avec le
foncier rural
35
CHAPITRE 3 : DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
41
I. Présentation du terrain
d'étude
41
II. Le champ d'étude
42
1. Le choix des villages
d'étude
42
2. La population cible
43
3.
L'échantillon
44
III. Les outils et techniques de collecte
des données
45
1. Les outils de
collecte
45
2. La technique de collecte des
données
45
IV. Le déroulement de
l'étude
46
1. La phase
préparatoire
47
2. La collecte de
données sur le terrain
47
3. Le traitement et l'analyse
des données
47
4. Les difficultés
rencontrées
48
PARTIE 2 : LA DISSEMINATION DE
L'INFORMATION JURIDIQUE SUR LE FONCIER
49
CHAPITRE 1 : LE CADRE GENERAL
D'INTERVENTION
49
I. Réforme foncière au
Burkina-Faso : une nouvelle donne législative
49
1. La situation foncière
au Burkina Faso
49
2. Les types de conflits
fonciers récurrents au Burkina Faso
50
3. La loi n°034-2009/AN
portant régime foncier rural
51
4. Autres cadres
législatifs et réglementaires de l'intervention
53
II. Présentation du Projet
Sécurisation Foncière du MCA-BF
54
1. Le contexte de mise en
oeuvre du projet
54
2. Objectif et principales
activités du PSF/MCA-BF
56
3. La stratégie de
dissémination du PSF/MCA-BF
58
CHAPITRE 2 : LES OUTILS DE
COMMUNICATION DE LA PHASE 1 DU PROJET
62
I. Les affiches éducatives sur la loi
034/2009
62
1. L'élaboration de
messages clefs
62
2. Le pré test des
messages auprès des acteurs villageois
62
3. L'atelier de production
participative des outils
66
4. La validation des affiches
éducatives
67
5. La formation test de Banfora
et la reprise des supports
67
6. La traduction dans les 6
langues nationales
69
7. La production des maquettes
du calendrier à thème
69
II. La pièce de théâtre
filmée
69
1. Les différentes
versions de la pièce
70
2. La traduction de la
pièce
70
III. Le livret avec les 66
questions-réponses sur la loi
71
IV. Le cahier du participant (FDV)
72
V. La brochure du disséminateur
(DV)
73
VI. Les magazines, les microprogrammes et
les spots radio
74
CHAPITRE 3 : APERÇU GENERAL DES
RESULTATS
75
I. Les résultats de la campagne de
dissémination du PSF/MCA-BF
75
1. Les activités
préparatoires aux causeries débats
75
2. Le public
touché
75
3. La durée des
causeries-débats
76
4. Les problèmes
rencontrés
77
5. Les solutions aux
problèmes rencontrés
77
6. L'appréciation de la
participation de la population aux causeries débats
78
7. Les suggestions en vue
d'améliorer les causeries débats
78
II. Les résultats de la collecte de
données
79
1. L'état des lieux des
connaissances sur les documents légaux et les instances de
sécurisation foncière
79
2. Etat des lieux sur les
sources d'informations sur le foncier
87
2.1 Le village de Kourit-Yaoghin
88
2.2 Le village de Goué
90
CHAPITRE 4 : ANALYSES, LEÇONS
DE L'EXPERIENCE ET PROPOSITIONS POUR LA MISE EN OEUVRE D'ACTIONS DE
COMMUNICATION SUR LE FONCIER
93
I. Analyse critique et propositions de
démarches de mise en oeuvre d'activités de communication sur le
foncier
93
1. Descriptif du processus de
dissémination et de ses résultats
93
2. Analyse critique et
propositions de démarches
94
II. Leçons de l'expérience
99
1. Les
réussites
99
2. Les limites
102
III. Propositions de valorisation d'outils
d'information sur le foncier
102
1. Le magazine
« repères fonciers »
103
2. Le film de sensibilisation
« terre et paix »
103
3. La brochure d'information
« des documents légaux de sécurisation foncière
pour tous ! »
104
4. La série
éducative sur la loi 034/2009
104
CONCLUSION GENERALE
105
BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE
107
TABLE DES MATIERES
129
ANNEXES
111
* 1 Consortium CUA-CEA-BAD,
Addis-Abeba, Cadre et lignes directrices sur les politiques
foncières en Afrique : Politiques foncières en Afrique: un
cadre pour le renforcement des droits fonciers, l'amélioration de la
productivité et des conditions d'existence, 2010, P.
49
* 2 Ibid, P. 8
* 3 Consortium CUA-CEA-BAD, Op.
cit. P. 10
* 4LAVIGNE-DELVILLE P.,
TOULMIN C., TRAORE S., 2000. Gérer le foncier rural en Afrique de
l'Ouest. Dynamiques foncières et interventions publiques. Karthala,
URED, coll. Economie et développement. Paris.
* 5 PHILIPPE J., Le jeu
croisé des dynamiques agraires et foncières en Afrique
subsaharienne, Interplays between agrarian and land tenure dynamics in
Africa South of the Sahara, P. 2 Colloque international «Les
frontières de la question foncière - At the frontier of land
issues», Montpellier, 2006, 14 pages
* 6MATHIEU P., 1996,
« La sécurisation foncière, entre compromis et conflits : un
processus politique » in Mathieu, Laurent et Willame dir.
Démocratie, enjeux fonciers et pratiques locales en Afrique, conflits,
gouvernance et turbulences en Afrique de l'Ouest et centrale, Cahiers africains
n° 23-24, Paris, CEDAF/L'Harmattan, pp. 26-44.
* 7 Ibid. P. 7 - 8
* 8JOET
A., JOUVE P., BANOIN M., 1998. Le défrichement amélioré au
Sahel. Une pratique agroforestière adoptée par les paysans. Bois
et forêts des tropiques, 1998, pp. 31-43
*
9MARTY A., 199 3. La gestion des terroirs
et les éleveurs : un outil d'exclusion ou de négociation ? Revue
Tiers Monde, tome XXXIV, n° 134, pp. 327-344.
* 10 Consortium CUA-CEA-BAD,
Cadre et lignes directrices sur les politiques foncières en
Afrique : Politiques foncières en Afrique: un cadre pour le
renforcement des droits fonciers, l'amélioration de la
productivité et des conditions d'existence, Addis-Abeba, 2010, 65
pages
* 11 Ibid. P. 7 - 8
* 12
CIRAD, ODEC, Service de consultant pour une étude pour la mise en
place d'un observatoire du foncier au Burkina Faso, rapport final,
novembre 2011, P. 27
* 13 Consortium CUA-CEA-BAD,
Ateliers consultatifs régionaux sur les politiques foncières
en Afrique: Principales conclusions et recommandations, 2010 Addis-Abeba,
Éthiopie, P. 43
* 14 B. TALLET, S. SANOU, R.
BALAC, Etude de faisabilité pour une opération de
sécurisation foncière dans l'Ouest du Burkina Faso,
déc. 2000, 103 p.
* 15 ZONGO Mamadou, Terre
d'Etat, loi des ancêtres ? Les conflits fonciers et leurs
procédures de règlement dans l'Ouest du Burkina Faso,
CAHIERS DU CERLESHS TOME XXIV, N° 33, JUILLET 2009, pp. 11-143
* 16 Ibid., pp. 11-143
* 17 KOFFI A., Fiche
pédagogique : Gestion alternative des conflits fonciers :
outils d'analyse, 2011, P.1
* 18 Idem, P.3
* 19 Ibid. P.4
* 20 D'Aquino P., Basserie V.,
Fiche pédagogique : Sécurisation et régulation
foncière : des enjeux aux outils. Quelques obstacles à la
cohérence des politiques, 2011, P. 1
* 21 D'Aquino P., Basserie V. Op.
cit P 2
* 22 Comité technique
« Foncier & développement » Sécurisation et
régulation foncières : des enjeux aux outils. Quelques obstacles
à la cohérence des politiques. Par Vincent BASSERIE et
Patrick D'AQUINO, janvier 2011, fiche pédagogique, P.4
* 23 OUEDRAOGO H. Mythes,
Impasses de l'immatriculation foncière et nécessité
d'approches alternatives, article publié sur :
http://www.agter.org/bdf/fr/corpus_chemin/fiche-chemin-44.html,
date de consultation : 12 juin 2014.
* 24 Ibid.
* 25FRASER C. et VILLET J. (1994)
cités par DEANE J., Communication: un élément
clé du développement humain [en ligne] in 9ème Table
ronde des Nations unies sur la communication pour le développement, FAO,
Rome, septembre 2004, consulté le 24 juin 2014, disponible sur
http://www.fao.org/3/a-a1476f.pdf
* 26 MACBRIDE, S., Many
Voices, One World : Report of the International Study Commission on
Communication Problems, Paris: UNESCO, 1980.
* 27 BESSETTE G.,
Communication et participation communautaire : Guide pratique de
communication participative pour le développement, Les Presses de
l'Université Laval, 2004, 120 p.
* 28La communication
pour le développement : accroître l'efficacité des Nations
Unies,
http://www.undp.org/content/dam/undp/library/Democratic%20Governance/OGC/c4d-effectiveness%20of%20UN-FR.pdf,
consulté le 08/10/2014
* 29 BESSETTE G. (dir), Eau, Terre
et vie : communication participative pour le développement et
gestion des ressources naturelles, Presse universitaire de Laval -
L'Harmattan, 2007, 396 p.
* 30 UNESCO Profiles: United
Nations Agencies: FAO in Approaches to Development Communication: An
Orientation and Resource Kit, eds. Mayo, J.
& Servaes, J. Paris 1994, pp. 2-11
*
31À propos de l'application des
connaissances aux IRSC,
http://www.cihr-irsc.gc.ca/f/39033.html#dissemination,
consulté le 16/10/2014
* 32Academie de droit
international de la Haye (dir), Juillard P. ; l'évolution des
sources du droit des investissements, Martins Nijhoff Publishers, P. 54, 1997,
400 pages.
*
33Cf. FREIRE, P. Pedagogy of the
Oppressed, New York: Continuum
* 34 MCKEE, N., Manoncourt, E.,
Saik Yoon, C. & Carnegie, R. 2003, Involving People Evolving
Behaviour, in SERVAES, J. 2003. Approaches to Development. Studies on
Communication for Development, Paris: UNESCO.
*
35CIPARISSE G. (dir.), Thésaurus
multilingue du foncier, Version française, Rome, FAO, 1999,
consulté le 24 juin 2014 sur:
http://www.fao.org/docrep/005/x2038f/x2038f06.htm
* 36 Marcel MAUSS cité par
LE ROY, E. La sécurisation foncière en Afrique : pour une
gestion viable des ressources renouvelables. 1996, p. 24
* 37
LE ROY E. « De l'appropriation à
la patrimonialité : une brève introduction
à la terminologie foncière », pp., in
Quelles politiques foncières pour l'Afrique noire rurale ?
Réconcilier pratiques, légitimité et
légalité, Paris : Karthala /
Secrétariat d'État à la Coopération,
1998
* 38 FAO, sous la dir.de
Gérard Ciparisse, Thésaurus multilingue du foncier, version
française, P. 75, Rome, 2005
* 39 FAO, Manuel foncier et
vocabulaire juridique, consulté le 24 juin 2014 sur :
http://fr.scribd.com/doc/221430092/Fao-Manuel-Foncier-Vocabulaire-Juridique
* 40 Document sur la loi
N°034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier rural et
décrets d'application, P. 12
* 41 Idem, P. 20
* 42 Consortium CUA-CEA-BAD,
Cadre et lignes directrices sur les politiques foncières en
Afrique : Politiques foncières en Afrique: un cadre pour le
renforcement des droits fonciers, l'amélioration de la
productivité et des conditions d'existence, Addis-Abeba, 2010, P.
Xiii
* 43 Idem
* 44 Idem
* 45 Idem
* 46Approche qualitative de la
question foncière : Note méthodologique, Pierre-Yves LE
MEUR, Mai 2002 Document de travail de l'Unité de Recherche 095, N°
4, IRD REFO, P 2
* 47Document sur la loi
N°034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier rural et
décrets d'application, P. 23
* 48 Ibid. P. 31
* 49 Ibid. P.12
* 50 Données issues du Plan
Communal de Développement de Loumbila, 2008
* 51 L'origine des conflits
varie à travers le pays mais il s'agit le plus souvent soit de
tensions entre les systèmes fonciers coutumiers et le droit positif soit
d'une concurrence accrue pour l'accès à la terre, du fait
notamment de la forte croissance démographique et des mouvements de
population, propres à chaque région du pays.
* 52 Actuellement et dans le
passé, les mouvements de population à la recherche de terres
correspondent à différentes situations : des éleveurs
contraints d'abandonner leurs terres suite aux nombreuses années de
sécheresse et de dégradation des ressources dans le Nord; le
retour massif des anciens émigrants de la Côte d'Ivoire suite au
violent conflit survenu dans ce pays; l'émigration à partir du
plateau central du fait de ses fortes densités de population; la
recherche d'opportunités dans les zones de production cotonnière
traditionnelles ainsi que dansles zones
« pionnières » ; l'éradication de
l'onchocercose dans le Sud, l'Ouest et l'Est du pays; l'attraction
suscitée par le développement rural financé par
l'État dans certaines régions ; l'investissement dans la
production rurale des « nouveaux acteurs »
urbains.
* 53 Ce modèle a
été conçu par la Fondation pour le Management et le
Développement.
*
54Néologisme issu de la boulimie de certains
acteurs en ce qui ce concerne la mise à disposition de per
diem
* 55Rappelons que selon la loi
034/2009 portant régime foncier rural, c'est la commission de
conciliation foncière villageoise qui est désormais est
l'instance chargée de la résolution des conflits fonciers.
Même si ces structures ont été installées dans la
commune de Loumbila, leur formation prend du temps. Leur
opérationnalisation se fait au fur et à mesure.
|