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Proposition d'une methodologie d'evaluation du controle interne d'une entreprise de travail temporaire française soumise au referentiel Sarbanes-Oxley


par Harry BOUKRIS
Université Paris Dauphine et Université Panthéon-Sorbonne - Diplome d'expertise comptable 2018
  

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1.2. L'évaluation d'un contrôle de la réalité et de la mesure du chiffre d'affaires

1.2.1. Identification du risque à couvrir par le contrôle

La réalité et la mesure du chiffre d'affaires sont par nature des assertions présentant un risque significatif dans les ETT. Ce niveau de risque résulte de la nature même de l'agrégat concerné mais également de la possibilité de fraude pouvant affecter ce poste des états financiers.

La réalité du chiffre d'affaires dépend de l'accomplissement des heures de travail par les intérimaires. Ce fait générateur est formalisé par la validation du relevé d'heure par l'entreprise utilisatrice. La mesure résulte des taux horaires convenus entre l'ETT et l'entreprise utilisatrice tels que stipulés dans le contrat de mise à disposition. Il existe par conséquent un risque que la facturation qui déclenche la comptabilisation du chiffre d'affaires ne corresponde pas aux taux du contrat de mise à disposition et aux heures du relevé.

Le risque de fraude est quant à lui le résultat de l'organisation en agence des ETT qui implique généralement que la facturation soit déclenchée en agences. Elles vont par conséquent s'assurer de la correspondance entre les factures, les relevés d'heures et les contrats de mise à disposition. Par ailleurs, le personnel des agences dispose généralement des trois éléments nécessaires à l'accomplissement d'une fraude impactant le chiffre d'affaires que sont :

- l'opportunité de réaliser lui-même la facturation client ;

- les pressions résultant des objectifs de chiffres d'affaires qui conditionnent une part conséquente de leur rémunération ;

- la rationalisation de leurs actes en raison de leur faible rémunération fixe consécutive à la faiblesse des marges des entreprises du secteur.

1.2.2. Description d'un contrôle pertinent

Le contrôle pertinent pour répondre aux risques identifiés couramment mis en place dans les ETT vise à vérifier que les agences se sont bien assurées de la correspondance entre les relevés d'heures, les contrats et la facturation avant de valider celle-ci. Il permet également de contrôler que les éventuels écarts entre ces états ont été justifiés de façon cohérente par les agences. Ce contrôle est par conséquent mis en place au siège.

Le cheminement de ce contrôle généralement effectué par un contrôleur de gestion sera :

- de procéder à une sélection aléatoire de factures émises par les agences;

- de vérifier la correspondance entre les états ;

- de s'assurer de la justification des écarts par les agences ;

- de contrôler la cohérence de ces justifications ; et

- de procéder, le cas échéant, à des enquêtes internes sur la possibilité qu'une absence de concordance ou qu'une incohérence de justification d'écarts soit le résultat d'une fraude.

La réalisation de ce contrôle sera matérialisée par le contrôleur de gestion et sera revue par son responsable hiérarchique (généralement le directeur financier).

1.2.3. Éléments essentiels à l'évaluation de la conception du contrôle

Le tableau ci-dessous présente les facteurs devant être pris en compte par le CAC dans sa démarche d'évaluation de la conception du contrôle décrit. Leur niveau d'influence permet au CAC de déterminer le temps et le niveau de diligences à accomplir (entretien, enquête et/ou inspection).

Facteurs clés

Influence dans l'évaluation

Compétence/expérience du contrôleur (1)

Moyenne

Autorité du contrôleur (2)

Moyenne

Cohérence de la fréquence (3)

Moyenne

Niveau de prévisibilité (4)

Forte

Seuils d'investigation (5)

Moyenne

Procédures de suivi en cas d'anomalie (6)

Forte

Dépendance à d'autres contrôles/ sources d'information (7)

Faible

Dépendance au système d'information

Néant

L'application des différents critères au contrôle décrit sont les suivants :

(1) le contrôleur doit disposer des compétences nécessaires à l'appréciation de la cohérence des justifications des écarts entre les états et d'une expérience suffisante pour juger de la nécessité de considérer les écarts injustifiés identifiés comme résultant d'une fraude ;

(2) le contrôleur de gestion doit avoir une autorité suffisante dans l'organisation pour solliciter auprès des agences les justificatifs demandés ;

(3) la fréquence des contrôles et le nombre de sélections doivent être cohérents avec le volume global d'agences et de factures émises à chaque période de contrôle ;

(4) le niveau de prévisibilité des sélections du contrôleur doit être suffisamment faible pour ne pas permettre aux agences contrôlées d'anticiper les contrôles effectués ;

(5) le seuil d'investigations des écarts doit être suffisamment bas pour détecter une anomalie

dans la mesure où les montants des factures des ETT sont individuellement faibles ;

(6) les mesures de suivi en cas de divergences non justifiées ou de manière incohérente doivent être suffisantes pour détecter une éventuelle fraude de l'agence ; et

(7) des contrôles doivent permettre de s'assurer de la fiabilité des documents utilisés par les contrôleurs de gestion du siège pour effectuer leurs contrôles (notamment que les documents n'ont pas pu être falsifiés).

Tableau 4 : Les facteurs d'évaluation de la conception d'un contrôle de la réalité et de la mesure du chiffre

d'affaires

L'annexe 15.1 donne un exemple de feuille de travail à renseigner par le CAC pour documenter les travaux effectués et des exemples de procédures pour valider que les contrôles respectent les critères essentiels de conception.

1.2.4. Évaluation de l'efficacité opérationnelle du contrôle

L'évaluation de l'efficacité opérationnelle par le CAC va consister à recueillir un échantillon de contrôles périodiques effectués (dont le nombre dépendra de la fréquence du contrôle et du risque associé à celui-ci) et à suivre les procédures suivantes :

- s'assurer que l'ensemble des relevés d'heures, factures et contrats de mise à disposition nécessaires aux contrôles a bien été obtenu par le contrôleur ;

- vérifier que celui-ci a bien effectué et matérialisé le contrôle de la concordance entre le taux de facturation et le nombre d'heures indiquées dans la facture avec le contrat de mise à disposition et les relevés d'heures associées ;

- examiner si les justifications des éventuels écarts entre les états ont bien été revues par le contrôleur et à contrôler la cohérence des justifications transmises au contrôleur afin de s'assurer qu'il s'en est aussi assuré dans la réalisation de son contrôle ;

- s'interroger sur la possibilité qu'une anomalie puisse résulter d'une fraude afin de valider que le contrôleur ait procédé également de la même façon et à confronter les éventuels divergences d'opinion avec celle du contrôleur ;

- L'annexe 15.2 donne un exemple de programme de travail et de feuille de travail à renseigner permettant au CAC de documenter les travaux effectués.

observer que les contrôles ont bien fait l'objet d'une revue matérialisée par le supérieur hiérarchique.

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