Refondation de l'état et bonne gouvernance. Une nécessité pour la RDC.( Télécharger le fichier original )par Ruben NDJODJI Université de Kinshasa, RD Congo - Licence 2015 |
INTRODUCTION1. Objet d'étudeLa plupart des problèmes que connaissent les Etats Africains et c'est le cas de la République Démocratique du Congo ne peuvent être résolus que dans une logique d'une bonne gouvernance. Cet exercice se définit généralement par des principes des compétences partagées entre différents niveaux. Il s'agit d'une révolution copernicienne, conduisant à une réforme profonde des rapports entre les différentes structures de l'Etat. Dans le cadre de ce travail, cependant, notre objet n'est pas aussi étendu que celui d'autres auteurs. Notre attention se fixe sur le lien qui existe entre la refondation de l'Etat et la bonne gouvernance pour asseoir le développement de la RDC. Ceci étant, la bonne gouvernance part toujours de l'efficacité et la promotion de l'Etat. La bonne gouvernance a pour point de départ l'idée que la meilleure gouvernance est celle qui applique et met en oeuvre la répartition équitable de richesse de manière optimale, tout en veillant à ce que toute personne placée sous la juridiction de l'Etat jouisse de la totalité des droits. 2. Etat de la questionL'état de la question consiste à la revue de la littérature pour laquelle, un chercheur procède au recensementdes différents travaux concourant avec son analyse et en dégager quelques éléments de divergences caractérisant l'authenticité de ses cherches1(*). Cette étape est considérée comme un examen critique des travaux antérieurs ayant trait à un problème en vue de connaitre les démarches et les possibles conclusions auxquelles les précédents chercheurs ont abouti afin de trouver les moyens devant déboucher sur le nouveau développement à la matière. La thématique qui est au centre de notre étude a déjà fait l'objet de plusieurs travaux aussi bien dans le monde, en Afrique qu'en République Démocratique du Congo. S'il n'est pas possible de faire le recensement de toutes ces études sur la refondation de l'Etat et de la bonne gouvernance, il est cependant possible de sérier les principales orientations dans lesquelles elles s'inscrivent. Ivan Crouzel2(*), dans son article « refonder l'état : l'administration publique au coeur d'une réforme politique », pense qu'à l'ère de la gouvernance que vit le monde contemporain, l'action publique est devenue une affaire partagée. Pour cet auteur, les institutions étatiques n'ont plus le monopole de la définition et de la mise en oeuvre des politiques publiques. L'auteur poursuit ses idées, tout en disant qu'en définitive, la refondation de l'Etat peut crédibiliser ses institutions à tout point de vue. Mais elle ne peut être effective qu'avec la volonté de modernisation de l'Etat et de la réforme effective des services publics. Dans sa conclusion, l'auteur dit que la refondation de l'État de son administration publique, de ses modalités d'action et d'évaluation, de son interaction avec la société doit avant tout s'inscrire dans une vision politique intégrée et stratégique, définie dans le cadre de processus légitimant. Cependant, reconnaître et prendre en compte la dimension politique ne suffit pas. Il suffit de rendre des réformes effectives, de les mettre en oeuvre par l'intermédiaire d'outils opérationnels des structures organisationnelles et des dispositions juridiques. Bruno MupinganayiKadiakuidi3(*), dans son ouvrage « Education à la citoyenneté. Passage obligé vers un Congo nouveau » analyse le paradigme de la refondation de l'Etat en RDC. Pour lui, la refondation de l'Etat est un processus de longue haleine. Il soulève quelques motifs qui peuvent militer en faveur de cette démarche historique. L'auteur part du motif lié au déficit de la justice, des compétences dans la gestion de l'Etat, de la carence de la comptabilité publique, de la violation des droits de l'homme, du manque de services de base, de l'incapacité de gérer le patrimoine des établissements publics, manque de cohésion entre la population et les agents de l'ordre, de la sécheresse idéologique, de l'absence de la sécurité sociale, de l'archaïsme de l'Etat, de la protection diplomatique, de l'inadéquation entre la richesse du pays et la pauvreté de la population, de la vénération des martyres de la démocratie et enfin de l'usurpation du pourvoir populaire par les dirigeants. L'auteur propose, dans sa conclusion une révolution sociale qui marquera la fin d'un monde qui est celui des antivaleurs et le commencement d'un autre qui sera celui de l'excellence et du progrès socio-économique pour réaliser une société émergente dans le cadre de la RDC à l'image de l'Etat de droit. Kä Mana4(*) dans sa réflexion sur « l'invention et la refondation de l'Etat en RDC,crée un nouvel imaginaire politique ». L'auteur soulève la problématique selon laquelle les problèmes que connait la nation Congolaise dans tous les secteurs de la vie nationale sont liés à la nature de l'Etat dont on a hérité et qui n'a pas fondamentalement changé. Pour cet auteur, cinquante ans après l'indépendance, la population congolaise vit dans un Etat conçu et organisé pour exploiter les richesses naturelles de son espace physique en vue d'alimenter les marchés internationaux. Il aboutit à la conclusion selon laquelle, la refondation de l'Etat en RDC, ou la construction d'un nouvel imaginaire à partir du paradigme de l'indépendance exige une nouvelle dynamique éducative. Il appui la logique que sans une telle éducation, la refondation de l'Etat en RDC ou la fondation d'un nouvel imaginaire politique ne sera qu'une coquille vide et vaine. Frédéric BoyengaBofala5(*) dans son ouvrage intitulé « Congo-Zaïre, refaire la République : mission sacrée d'une génération », soulève la problématique selon laquelle l'Etat en RDC a longtemps vécu dans l'ignorance des échelons étatiques. Et que ces échelons étatiques, n'ont pas existé, mais les efforts fournis à la suite de réformes institutionnelles par le gouvernement n'ont conféré à ces entités que de simples missions de gestion de service de proximité. Il approfondi son étude, tout en soulignant que la RDC traverse une crise la plus grave. Il estime que la gestion du pays après l'indépendance constitue un échec. Cet auteur conclue son ouvrage tout en donnant aux congolaises et congolais la mission de mettre fin à l'incivisme généralisé qui a été modelé par des rapports sociaux d'une vie politique de trente années de pensée unique, et à l'irresponsabilité, au risque que la RDC soit exposée à une disparition pure et simple, parce qu'elle n'aurait pas été capable de mettre en place un Etat performant, d'assurer la cohésion sociale, le relèvement du niveau de vie, l'amélioration constante des conditions de vie et d'emploi, le développement, la défense et la sécurité afin de construire un Etat modèle et puissant au coeur de l'Afrique. Agnès Pouillaude6(*), dans son article sur « la bonne gouvernance, dernier né des modèles de développement : aperçu de la Mauritanie », fait le constat selon lequel la bonne gouvernance est issue de la synthèse de gouvernance techniciste et de gouvernance démocratique. Cet auteur constate que la globalité des réformes proposées, notamment celle de la fonction publique, de la décentralisation, du cadre légal, etc., contribuent à l'instauration de l'Etat de droit et par ricochet la bonne gouvernance. Elle conclue son article en disant que le schéma de développement souvent imposé par les institutions financières internationales (FMI et BM) contribue souvent au blocage du processus de la gouvernance et propose l'instauration d'un Etat nouveau, adaptant ses missions à ses capacités et palliant aux échecs du marché, notamment par l'élaboration d'un cadre institutionnel favorable au développement des entreprises et à l'expression de la société civile. Face à ce constat, le renforcement de l'Etat est considéré comme une nécessité pour mettre en oeuvre des politiques publiques qui répondent de manière effective aux aspirations et aux besoins des citoyens. La refondation de l'Etat en RDC nécessite enfin d'adopter un nouveau regard sur les réformes institutionnelles, de les concevoir à travers le prisme plus large de bonne gouvernance et de sortir ainsi de réformes essentiellement conçues selon des logiques internes de son administration pour agir au concert des Etats afin de transformer la société congolaise sur une vision du développement et de l'engagement politique responsable et solidaire . A l'heure actuelle où la RDC est à la quête de son épanouissement, l'approche en termes de bonne gouvernance conduit donc à la nécessité d'une refondation de l'Etat, avec la participation d'une diversité d'acteurs en action publique, l'Etat en RDC devra évoluer dans son fonctionnement et dans son mode de légitimation. * 1KINGHOMBE WA KINGHOMBE cité par BONGELI E., Méthode de Recherche en Sciences Sociales, cours inédit, G2SPA/UNIKIN, 2011-2012, p26. * 2IVAN CROUZEL, « refonder l'état : l'administration publique au coeur d'une réforme politique », in IRG, n°46, Bogota, 2011, p36. * 3 MUPINGANAYI K. B., Education à la citoyenneté. Passage obligé vers un Congo nouveau, éd. CARI, Kinshasa, 2011, p29. * 4KA MANA, Réflexion sur l'invention et la refondation de l'Etat en RDC. Créer un nouvel imaginaire politique. Premier volume des actes du colloque de Goma, éd. Pole institue, OGP, Goma, juin 2012, p58. * 5Frédéric BOYENGA BOFALA, Congo-Zaïre, refaire la République : mission sacrée d'une génération, Berlin, Publisud, Clamecy, 2001, p12. * 6AGNES POUILLAUDE, « La bonne gouvernance, dernier né des modèles de développement : aperçu de la Mauritanie », in Centre d'économie du développement, Université Montesquieu-Bordeaux IV- France, n° spécial, 2011, p22. |
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