2. Reportage du 17 février 2013, durée
2minutes 20 secondes
RUMANGABO est une grande caserne construite à
l'époque belge, les bâtiments sont d'architecture typiquement
flamande, les baraquements sont vastes et certains servent désormais
à l'endoctrinement.
VTR : je suis venu faire la formation du cadre
politico-militaire Assan, avocat vient de la province
orientale.
VTR : pour bien continuer il faut apprendre la
vision ainsi que l'idéologie du mouvement.
ZAITUNI, mère de famille d'âge mur dit
carrément qu'elle veut faire la révolution. Instruction militaire
le matin, formation politique l'après-midi, parmi les professeurs, on
retrouve un certain Jean-Marie RHUNIGA, le président du M23 qui vient
faire la classe aux futurs cadres du mouvement, des cours qui donnent lieu
à des débats sur la situation de l'armée.
VTR : les militaires FARDC, aucun militaire n'est
à mesure de manger une boite de sardine par jour. Où va cet
argent ?
Ou d'autres sur la situation politique et la loi
électorale.
VTR : même si tu obtiens 5% tu peux
être président de la république démocratique du
Congo. Est-ce que c'est normal ? Ce n'est pas normal.
Empêché de voyager, cloué au sol par les
sanctions des nations unies, Jean-Marie RHUNIGA a tous les temps
d'enseigner.
VTR : je donne la vision pour un Congo nouveau, je
vais enseigner sur l'éthique et la morale et la mobilisation
sociale.
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Les nouvelles recrues viennent souvent de la diaspora comme le
professeur MOKI.
VTR : je viens du CANADA, j'ai tout laissé,
les privilèges, tout ce que j'ai là-bas comme maison. Le
problème que le M23 revendique c'est le problème de toute la
population congolaise c'est le même problème qui règne
à l'équateur au bas Congo au Bandundu aux deux
Kasaï.
Son collègue Fior MWINDA débarqué du
Texas ne croit pas aux accusations portées contre le M23.
VTR : je suis arrivé ici et je n'ai pas vu
des femmes violées, je n'ai pas vu d'enfants soldats, je n'ai
assisté à aucune heure de torture, je vous assure que cette
campagne sert celui qui la fomente. C'est très très loin
d'être la réalité.
Engagement sincère ou bien endoctrinement aveugle, il y
a sans doute les deux parmi cette centaine d'élèves qui se disent
prêts à tout, aller au front comme retourner chez eux faire de la
propagande.
Bruno MINAS
Analyse :
Un journaliste est appelé à faire preuve de
retenue dans toute prise de position face à un quelconque fait. Il n'en
a pas était le cas pour celui de la RFI comme en témoigne le
reportage, ci-haut. Quand on sait bien qu'une guerre est une opposition de deux
forces opposées, l'objectivité serait pour le journaliste
d'opposer les avis, d'avoir d'autres sons de cloches. Sur un ensemble de sept
éléments sonores, tous soutiennent à l'unanimité le
camp rebelle et cela dans la violation la plus flagrante de la loi. Laisser
entendre les rebelles tenir les propos du genre:
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« les militaires FARDC, aucun militaire n'est
à mesure de manger une boite de sardine par jour,...
», « Le problème que le M23
revendique c'est le problème de toute la population congolaise »,
et le laisser se défendre en ce terme : «
je suis arrivé ici je n'ai pas vu des femmes violées, je n'ai pas
vu d'enfants soldats, je n'ai assisté à aucune heure de torture,
je vous assure que cette campagne sert celui qui la fomente. C'est très
très loin d'être la réalité», est
une violation des lois congolaises et même du code d'éthique du
journaliste congolais. En son article 5 il déclare que tout journaliste
a le devoir de bannir l'injure, la diffamation, la médisance, la
calomnie, les accusations sans preuves, l'altération des documents, la
déformation des faits, le mensonge, l'incitation à la haine
(religieuse, ethnique, tribale, régionale ou raciale) ainsi que
l'apologie de toute valeur négative dans la pratique quotidienne de son
métier.
Le penchant de la RFI du côté rebelle, dans la
crise du M23, n'est pas à démontrer. Les informations de la
rébellion ont intéressé ce média public
français aux plus hauts degrés. Le 6 mai 2013 alors que le
mouvement du 23 mars célébrait son premier anniversaire RFI titre
sur la page de son site web : « En un an le M23 s'est
forgé une place centrale dans le conflit en RDC », un
article qui vente les prouesses du mouvement rebelles tout en dénigrant
les processus de négociation en cours à Kampala. Même quand
il s'est agi des simples communications internes de ce groupe rebelle, la RFI a
amené ces informations à sa « Une ». A titre
illustratif cet article placé à la une de son site en date du 7
mars 2013 :
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