3.1. Discussion des résultats
Les résultats des tests que nous avons
effectués nous ont permis vérifier nos hypothèses de
départ.
À titre de rappel, nous avons posé deux
hypothèses au départ :
- La première était que l'instrumentalisation
de la dollarisation à des fins de politiques monétaires a eu un
effet positif sur le niveau général des prix qui ont
été stabilisé depuis ;
- La seconde hypothèse était qu'après
avoir atteint la stabilité du niveau général des prix
recherché par la BCC, l'autorité monétaire devait
enclenché le processus de dédollarisation afin d'éviter de
retomber dans les situations d'instabilités.
En effet, les expériences montrent que la
dollarisation résultant de l'instabilité monétaire peut
être utilisée pour éradiquer cette même
instabilité.
Les tests effectués nous ont montré que la
dollarisation pouvait être appréhendé à trois
niveaux7 :
- ???? dol < 37,07% ? à ce stade, la politique
monétaire menée par l'autorité monétaire
est efficace mais à moitié puisqu'une
intervention sur le taux de change a un effet négatif sur le niveau
général des prix. Seul, le taux directeur de la BCC joue un
rôle prépondérant dans la stabilisation du niveau
général des prix.
- 37,07 = ???? dol < 40,77 ? à ce niveau, la
politique monétaire est pleinement efficace en ce qu'une intervention
soit sur le taux directeur de la BCC soit sur taux de change officielle joue un
rôle positif dans la stabilisation du niveau général des
prix. Accepter que l'économie congolaise puisse être
dollarisée jusqu'à au moins 40,77% n'entraverait en rien l'action
de l'autorité monétaire qui est là pour la stabilisation
du niveau général des prix.
- 40,77% = ???? dol ? à ce niveau l'action de
l'autorité monétaire n'est plus efficace puisque
l'économie est considérée à présent comme
étant fortement dollarisée. Une intervention de l'autorité
monétaire sur le taux directeur ou encore sur le taux de change n'arrive
plus à impacter le niveau d'inflation.
Grâce à ces résultats, nous avons pu
vérifier nos hypothèses de départ, et compléter les
travaux de nos ainés que nous avons eu à consulter lors de notre
revue de la littérature empirique.
- S'agissant de notre première hypothèse, nous
pouvons à présent la vérifier d'autant
plus qu'en 2001, lors de l'officialisation de la
dollarisation sous forme d'artifice de lutte contre l'inflation, le taux de
dollarisation se trouvait à 35% contre un taux d'inflation de 135%.
À ce niveau, la politique monétaire était efficace mais
pas totalement puisque toute intervention portant sur le taux de change aurait
une incidence négative sur le niveau général des prix.
Cependant, l'année d'après, le taux de
dollarisation se situait à présent à 36,4% pour un taux
d'inflation de 15%. L'action de l'autorité monétaire, bien que
pas totalement efficace, réussi à casser l'hyperinflation.
En 2003, le taux de dollarisation a atteint le niveau du
seuil optimal, c'est-à-dire le niveau où l'action de
l'autorité monétaire est pleinement efficace à travers ses
deux instruments qui sont
7 tx dol correspond au taux de
dollarisation.
le taux directeur de la BCC et le taux de change nominal. Ainsi,
pour un taux de dollarisation de 40,0%, l'économie a
réalisé un taux d'inflation 4,4%.
Ainsi, nous pouvons valider notre première
hypothèse en disant que, l'officialisation de la dollarisation a eu
comme un premier effet la fin de l'hyperinflation et la stabilité du
niveau général des prix déjà en 2003.
Tableau n°12 : Évolution du taux de
dollarisation comparé au taux d'inflation
Année Taux de dollarisation Variation Taux
d'inflation Variation
2001
2002
2003
35%
|
-
|
135
|
-
|
36,4%
|
Positive (Hausse)
|
15,8%
|
Négative (Baisse)
|
40,0%
|
Positive (Hausse)
|
4,4%
|
Négative (Baisse)
|
|
Sources : Nous même, à l'aide des
différents tableaux de ce travail
Le tableau ci-dessus renseigne qu'à chaque
augmentation du taux de dollarisation correspondait une baisse du taux
d'inflation. Plus la dollarisation était autorisée et montait en
puissance, plus le taux d'inflation baissait grâce à
l'intervention de la BCC à travers ses deux instruments, qui sont le
taux directeur ainsi que le taux de change nominal.
Cette conclusion nous permet de compléter l'un des
deux travaux mentionnés dans la revue empirique en affirmant qu'au vue
de la relation qui unie le taux de dollarisation et le taux d'inflation,
relation rendue possible que par la présence du taux de change, la
dollarisation peut lutter contre l'inflation seulement si à un seuil
déterminé l'instrument taux de change n'est pas utilisé.
Qu'à seuil strictement inférieur à 37,07%, la
dollarisation peut causer une hausse du niveau général des prix
si l'autorité monétaire utilisait l'instrument taux de change.
- Concernant notre deuxième hypothèse, nous
disons qu'après avoir atteint le niveau de
stabilité voulu en 2003 et surtout qu'après
avoir atteint le seuil de dollarisation optimal, l'autorité
monétaire devait enclenché le processus de dédollarisation
afin que la dollarisation ne puisse pas devenir un frein dans l'action de cette
dernière.
Certes, même après avoir dépassé
le seuil optimal autorisé en termes de taux de dollarisation,
l'autorité monétaire a continué à avoir un impact
positif sur le niveau général des prix, qui a eu à
atteindre le niveau le plus bas de son histoire en 2015 bien qu'étant en
situation de fortement dollarisée. Cependant, cette situation a fini par
avoir un impact négatif sur le taux de change, qui, à la longue,
fini par affecter le taux de d'inflation.
50
Tableau n°13 : Évolution du taux de
dollarisation et d'inflation après seuil optimal
Année Taux de dollarisation Variation Taux
d'inflation Variation
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2015 2016 2017
44,0
|
Positive (Hausse)
|
9,2
|
Positive (Hausse)
|
46,2
|
Positive (Hausse)
|
21,5
|
Positive (Hausse)
|
48,8
|
Positive (Hausse)
|
18,2
|
Négative (Baisse)
|
51,4
|
Positive (Hausse)
|
9,9
|
Négative (Baisse)
|
58,1
|
Positive (Hausse)
|
27,6
|
Positive (Hausse)
|
66,0
|
Positive (Hausse)
|
53,4
|
Positive (Hausse)
|
62,2
|
Négative (Baisse)
|
9,8
|
Négative (Baisse)
|
65,9
|
Positive (Hausse)
|
15,4
|
Positive (Hausse)
|
68,3
|
Positive (Hausse)
|
2,7
|
Négative (Baisse)
|
68,2
|
Négative (Baisse)
|
1,07
|
Négative (Baisse)
|
69,2
|
Positive (Hausse)
|
1,07
|
-
|
67,9
|
Négative (Baisse)
|
0,85
|
Négative (Baisse)
|
67,0
|
Négative (Baisse)
|
23,6
|
Positive (Hausse)
|
72,9
|
Positive (Hausse)
|
54,7
|
Positive (Hausse)
|
|
Sources : Nous même, à l'aide des
différents tableaux de ce travail
Il ressort de ce tableau qu'une fois le seuil optimal
atteint, la variation du taux de dollarisation joue un rôle soit positif,
soit négatif dans les fluctuations que connaît le taux d'inflation
à travers le canal taux de change.
Ces fluctuations sont pour la plupart négatif, en ce
que à presque chaque hausse du taux de dollarisation correspond à
une hausse du taux d'inflation (à quelques exceptions près en
2006, 2007 et 2012). Mais aussi, à presque chaque baisse du taux de
dollarisation, corresponds à une baisse du taux d'inflation (à
l'exception de l'année 2016).
Ceci nous amène à valider notre seconde
hypothèse en disant qu'une fois le seuil optimal atteint et que le
processus de dédollarisation non enclenché, l'économie
congolaise était rentrée de période d'instabilité
pour ce qui est du niveau général des prix. Certes, elle n'a plus
connu des périodes d'hyperinflation, mais la stabilité a
été plus que fragile.
Cette conclusion nous permet de compléter l'autre
travail mentionné dans la littérature empirique qui trouvait en
la dollarisation un frein dans l'action de l'autorité monétaire
congolaise à agir librement sur le niveau général des
prix, en situant ce taux de dollarisation à
51
40,77%. Après avoir atteint ce seuil,
l'économie congolaise était devenue fortement dollarisée
et l'action de l'autorité monétaire a toujours été
entravée.
En conclusion à cette partie, nous voulons tout
d'abord dire que l'instrumentalisation de la dollarisation à des fins de
politiques monétaires s'est avérée efficace dans le cas de
la RDC puisque le pays a quitté l'état de l'hyperinflation depuis
cette décision de 2001 en une situation d'inflation
modérée ou rampante en moyenne.
Enfin l'économie congolaise pouvais être
considérée comme économie fortement dollarisée,
lorsque son taux de dollarisation devint strictement supérieur à
40,77% et donc après avoir atteint ce niveau de dollarisation,
l'autorité monétaire devait commencer le processus inverse, celui
de dédollariser l'économie nationale au risque de retomber dans
les travers d'instabilités.
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