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L'instrumentalisation de la dollarisation dans la lutte contre l'inflation


par Jephté TSHIBAMBA WA TSHIBAMBA
Université Protestante au Congo - Licence 2019
  

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3.1. Discussion des résultats

Les résultats des tests que nous avons effectués nous ont permis vérifier nos hypothèses de départ.

À titre de rappel, nous avons posé deux hypothèses au départ :

- La première était que l'instrumentalisation de la dollarisation à des fins de politiques monétaires a eu un effet positif sur le niveau général des prix qui ont été stabilisé depuis ;

- La seconde hypothèse était qu'après avoir atteint la stabilité du niveau général des prix recherché par la BCC, l'autorité monétaire devait enclenché le processus de dédollarisation afin d'éviter de retomber dans les situations d'instabilités.

En effet, les expériences montrent que la dollarisation résultant de l'instabilité monétaire peut être utilisée pour éradiquer cette même instabilité.

Les tests effectués nous ont montré que la dollarisation pouvait être appréhendé à trois niveaux7 :

- ???? dol < 37,07% ? à ce stade, la politique monétaire menée par l'autorité monétaire

est efficace mais à moitié puisqu'une intervention sur le taux de change a un effet négatif sur le niveau général des prix. Seul, le taux directeur de la BCC joue un rôle prépondérant dans la stabilisation du niveau général des prix.

- 37,07 = ???? dol < 40,77 ? à ce niveau, la politique monétaire est pleinement efficace
en ce qu'une intervention soit sur le taux directeur de la BCC soit sur taux de change officielle joue un rôle positif dans la stabilisation du niveau général des prix. Accepter que l'économie congolaise puisse être dollarisée jusqu'à au moins 40,77% n'entraverait en rien l'action de l'autorité monétaire qui est là pour la stabilisation du niveau général des prix.

- 40,77% = ???? dol ? à ce niveau l'action de l'autorité monétaire n'est plus efficace
puisque l'économie est considérée à présent comme étant fortement dollarisée. Une intervention de l'autorité monétaire sur le taux directeur ou encore sur le taux de change n'arrive plus à impacter le niveau d'inflation.

Grâce à ces résultats, nous avons pu vérifier nos hypothèses de départ, et compléter les travaux de nos ainés que nous avons eu à consulter lors de notre revue de la littérature empirique.

- S'agissant de notre première hypothèse, nous pouvons à présent la vérifier d'autant

plus qu'en 2001, lors de l'officialisation de la dollarisation sous forme d'artifice de lutte contre l'inflation, le taux de dollarisation se trouvait à 35% contre un taux d'inflation de 135%. À ce niveau, la politique monétaire était efficace mais pas totalement puisque toute intervention portant sur le taux de change aurait une incidence négative sur le niveau général des prix.

Cependant, l'année d'après, le taux de dollarisation se situait à présent à 36,4% pour un taux d'inflation de 15%. L'action de l'autorité monétaire, bien que pas totalement efficace, réussi à casser l'hyperinflation.

En 2003, le taux de dollarisation a atteint le niveau du seuil optimal, c'est-à-dire le niveau où l'action de l'autorité monétaire est pleinement efficace à travers ses deux instruments qui sont

7 tx dol correspond au taux de dollarisation.

le taux directeur de la BCC et le taux de change nominal. Ainsi, pour un taux de dollarisation de 40,0%, l'économie a réalisé un taux d'inflation 4,4%.

Ainsi, nous pouvons valider notre première hypothèse en disant que, l'officialisation de la dollarisation a eu comme un premier effet la fin de l'hyperinflation et la stabilité du niveau général des prix déjà en 2003.

Tableau n°12 : Évolution du taux de dollarisation comparé au taux d'inflation

Année Taux de dollarisation Variation Taux d'inflation Variation

2001

2002

2003

35%

-

135

-

36,4%

Positive (Hausse)

15,8%

Négative (Baisse)

40,0%

Positive (Hausse)

4,4%

Négative (Baisse)

 

Sources : Nous même, à l'aide des différents tableaux de ce travail

Le tableau ci-dessus renseigne qu'à chaque augmentation du taux de dollarisation correspondait une baisse du taux d'inflation. Plus la dollarisation était autorisée et montait en puissance, plus le taux d'inflation baissait grâce à l'intervention de la BCC à travers ses deux instruments, qui sont le taux directeur ainsi que le taux de change nominal.

Cette conclusion nous permet de compléter l'un des deux travaux mentionnés dans la revue empirique en affirmant qu'au vue de la relation qui unie le taux de dollarisation et le taux d'inflation, relation rendue possible que par la présence du taux de change, la dollarisation peut lutter contre l'inflation seulement si à un seuil déterminé l'instrument taux de change n'est pas utilisé. Qu'à seuil strictement inférieur à 37,07%, la dollarisation peut causer une hausse du niveau général des prix si l'autorité monétaire utilisait l'instrument taux de change.

- Concernant notre deuxième hypothèse, nous disons qu'après avoir atteint le niveau de

stabilité voulu en 2003 et surtout qu'après avoir atteint le seuil de dollarisation optimal, l'autorité monétaire devait enclenché le processus de dédollarisation afin que la dollarisation ne puisse pas devenir un frein dans l'action de cette dernière.

Certes, même après avoir dépassé le seuil optimal autorisé en termes de taux de dollarisation, l'autorité monétaire a continué à avoir un impact positif sur le niveau général des prix, qui a eu à atteindre le niveau le plus bas de son histoire en 2015 bien qu'étant en situation de fortement dollarisée. Cependant, cette situation a fini par avoir un impact négatif sur le taux de change, qui, à la longue, fini par affecter le taux de d'inflation.

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Tableau n°13 : Évolution du taux de dollarisation et d'inflation après seuil optimal

Année Taux de dollarisation Variation Taux d'inflation Variation

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

44,0

Positive (Hausse)

9,2

Positive (Hausse)

46,2

Positive (Hausse)

21,5

Positive (Hausse)

48,8

Positive (Hausse)

18,2

Négative (Baisse)

51,4

Positive (Hausse)

9,9

Négative (Baisse)

58,1

Positive (Hausse)

27,6

Positive (Hausse)

66,0

Positive (Hausse)

53,4

Positive (Hausse)

62,2

Négative (Baisse)

9,8

Négative (Baisse)

65,9

Positive (Hausse)

15,4

Positive (Hausse)

68,3

Positive (Hausse)

2,7

Négative (Baisse)

68,2

Négative (Baisse)

1,07

Négative (Baisse)

69,2

Positive (Hausse)

1,07

-

67,9

Négative (Baisse)

0,85

Négative (Baisse)

67,0

Négative (Baisse)

23,6

Positive (Hausse)

72,9

Positive (Hausse)

54,7

Positive (Hausse)

 

Sources : Nous même, à l'aide des différents tableaux de ce travail

Il ressort de ce tableau qu'une fois le seuil optimal atteint, la variation du taux de dollarisation joue un rôle soit positif, soit négatif dans les fluctuations que connaît le taux d'inflation à travers le canal taux de change.

Ces fluctuations sont pour la plupart négatif, en ce que à presque chaque hausse du taux de dollarisation correspond à une hausse du taux d'inflation (à quelques exceptions près en 2006, 2007 et 2012). Mais aussi, à presque chaque baisse du taux de dollarisation, corresponds à une baisse du taux d'inflation (à l'exception de l'année 2016).

Ceci nous amène à valider notre seconde hypothèse en disant qu'une fois le seuil optimal atteint et que le processus de dédollarisation non enclenché, l'économie congolaise était rentrée de période d'instabilité pour ce qui est du niveau général des prix. Certes, elle n'a plus connu des périodes d'hyperinflation, mais la stabilité a été plus que fragile.

Cette conclusion nous permet de compléter l'autre travail mentionné dans la littérature empirique qui trouvait en la dollarisation un frein dans l'action de l'autorité monétaire congolaise à agir librement sur le niveau général des prix, en situant ce taux de dollarisation à

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40,77%. Après avoir atteint ce seuil, l'économie congolaise était devenue fortement dollarisée et l'action de l'autorité monétaire a toujours été entravée.

En conclusion à cette partie, nous voulons tout d'abord dire que l'instrumentalisation de la dollarisation à des fins de politiques monétaires s'est avérée efficace dans le cas de la RDC puisque le pays a quitté l'état de l'hyperinflation depuis cette décision de 2001 en une situation d'inflation modérée ou rampante en moyenne.

Enfin l'économie congolaise pouvais être considérée comme économie fortement dollarisée, lorsque son taux de dollarisation devint strictement supérieur à 40,77% et donc après avoir atteint ce niveau de dollarisation, l'autorité monétaire devait commencer le processus inverse, celui de dédollariser l'économie nationale au risque de retomber dans les travers d'instabilités.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld