CONCLUSION
En définitive, notre recherche se proposait, de
rechercher les facteurs pouvant assurer la pérennisation des projets
hydrauliques de l'ONG AIDE dans le District d'Abidjan. Pour atteindre cet
objectif de recherche, nous avons d'abord exploré le terrain grâce
aux lectures et entretiens exploratoires pour concevoir une
problématique de recherche. Ensuite ; pour rendre la question de
recherche opérationnelle, nous sommes partis de l'hypothèse selon
laquelle le mode de fonctionnement de l'ONG AIDE et l'attitude des
communautés bénéficiaires vis-à-vis des
réalisations de l'ONG sont des facteurs entravant la
pérennisation de ses acquis. La vérification de cette affirmation
anticipée nous a conduits à élaborer un cadre
théorique, et un cadre méthodologique relatifs à notre
thématique. Ces cadres d'étude ont servi à expliquer nos
options théoriques d'une part etd'indiquer nos stratégies de
recherche d'autre part. Les outils que nous avons utilisés pour
collecter les données sont : l'exploration, l'observation et les
entretiens. Ce travail nous a permis de dégager deux axes de recherche
autour desquels nous avons mené nos investigations.
Le premier axe a concerné le dispositif institutionnel,
les moyens de mise en oeuvre des projets hydrauliques de l'ONG ainsi que les
difficultés rencontrées. A ce niveau, il ressort qu'outre les
problèmes structurels que connait l'ONG AIDE,la stratégie
d'intervention adoptée par cette organisation pour la réalisation
de ses projets ne prend pas suffisamment en compte les aspirations profondes et
la culture des bénéficiaires. Par ailleurs l'ONG ne
bénéficie pas d'un encadrement de la part des pouvoirs publics
sensés l'orienter dans ses actions de développement dans le
pays ; toutes choses qui ont entrainé de nombreux ciblages
inadaptés.
Le deuxième axe a consisté à analyser les
perceptions des bénéficiaires vis-à-vis des projets
réalisés à leur profit. Sur ce plan, notre enquête a
révélé que globalement, les bénéficiaires
pensent que leur implication ou participation aux différentes phases du
projet leur était tacitement imposée, que leur volonté n'a
pas été prise en compte pendant l'élaboration et la mise
en oeuvre des projets et qu'ils se sentent incapables d'assurer l'entretien des
ouvrages mis à leur disposition.
Au regard de ces résultats, il apparait que l'ONG AIDE
est une antenne locale de la Fondation internationale turque`'Aziz Mahmûd
Hudayî. L'ONG n'a donc aucun véritable pouvoir de décision
sur l'orientation et la conduite de ses interventions. Les interventions de
l'ONG sont liées à des convictions religieuses, à une
recherche de satisfaction morale tant au niveau des donateurs que des
exécutants qu'à une analyse stratégique des défis
nationaux ou de la politique nationale de développement.
Par ailleurs, les bénéficiaires
perçoivent les projets de l'ONG AIDE comme desSodakaqu'il
serait maladroit de refuser et par conséquent, ne font pas d'effort
pour assurer leur pérennisation.Ces résultats confirment notre
hypothèse
Cette étude nous a aussi permis de constater que les
investissements de la Fondation Aziz Mahmûd Hudayî par l'entremise
de l'ONG AIDE en Côte d'Ivoire en général et dans le
secteur de l'hydraulique en particulier, constituent une manne
financière importante qui mérite d'être captée. La
mise en oeuvre réussie des programmes et politiques contenus dans le PND
et dans les programmes triennaux des collectivités
décentralisées nécessite la pleine mobilisation de toutes
les ressources en circulation dans le pays. C'est pourquoi, nous recommandons
au Gouvernement de mettre en place une politique nationale qui devrait tracer
une ligne de conduite de l'ensemble des acteurs au développement et
éviter ainsi, l'anarchie, le chevauchement des interventions et des
financements improductifs ou inadaptés au contexte. Ainsi, les pouvoirs
publics devront mettre en oeuvre des stratégies de mobilisation de ces
ressources en redoublant de vigilance sur les activités de toutes les
ONG. Pour ce faire, il serait souhaitable que l'Etat mette en place un
Système de Gestion Informatisée de l'Aide Privée au
Développement (SGIAPD) qui inclurait les ONG d'une certaine importance
telle que l'ONG AIDE. Aussi l'Etat devrait-t-il réviser l'unique loi de
1960 sur les associations pour doter le pays d'un nouveau texte qui prend en
compte les évolutions intervenues dans le fonctionnement des
organisations à but non lucratif.
Nous recommandons à la Fondation Aziz Mahmûd
Hudayî d'appuyer l'ONG AIDE pour qu'elle fonctionne comme une association
nationale à part entière ou une fondation de type waqf
capable de financer ses projets intégralement ou en grande partie
à travers la mobilisation des ressources locales sans toutefois exclure
les apports extérieurs. Au terme de cette étude, nous sommes
conscients qu'elle est loin d'être exhaustive ; cependant, elle
constitue pour nous une base pour des études futures notamment en
thèse sur
la recherche sur les facteurs de pérennisation des acquis des ONG de
façon générale ; l'approfondissement de la question
du rapport entre les pouvoirs publics et les ONG, l'exploration de la
problématique de la participation de la population en tant que gage
d'une action humanitaire de qualité.
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