1.1.2.2. Transformation
structurelle selon les évolutionnistes
La
transformation structurelle est concepts qui été aussi
traité par les économistes anciens tel que, les
évolutionnistes et les structuralistes.
a). L'innovation comme
moteur des transformations structurelles
Joseph Schumpeter est le premier auteur à analyser le
rôle primordial des innovations dans l'explication de l'évolution
des économies. L'innovation et le progrès technique à
travers le phénomène de «destruction créatrice»
est une source de gain de productivité. Les
activités novatrices concernent autant la production de nouveaux
biens et services que la mise au point de nouvelles méthodes de
production, l'ouverture de nouveaux marchés, l'accès à de
nouvelles sources de matières premières et la création de
nouveaux modes organisationnels. Les études récentes sur la
relation innovation-productivité retiennent généralement
quatre types d'innovations:
(i) l'innovation en produit (nouveau produit ou
amélioration significative de biens et services existants),
(ii) l'innovation en procédé (changement dans
les méthodes de production ou de distribution),
(iii) l'innovation en organisation (changement dans les
stratégies managériales, l'organisation du travail ou les
relations extérieurs) et
(iv) l'innovation en marketing (changement dans la conception
du produit, l'emballage, le placement ou la politique de prix).
b). La réallocation
des facteurs de production : catalyseur de la croissance de la
productivité des facteurs
Le mouvement de la main-d'oeuvre de l'agriculture de
semi-subsistance, peu productive, à l'industrie manufacturière et
les services, plus productifs, tant dans les zones urbaines que rurales, est
nécessaire pour alimenter des hausses de la productivité globale
et l'amélioration des niveaux de vie, à même de faire
reculer la pauvreté. De l'analyse de Kuznets, il ressort que la
dynamique économique s'articule autour de l'industrie
manufacturière dont la part dans l'activité a revêtu la
forme d'une courbe en U-inversé: elle augmente durant les stades de
développement faible, à mesure que le capital s'accumule, puis
diminue pendant les stades de développement élevé, quand
l'amélioration des revenus tire la demande de services et que la hausse
des coûts de la main-d'oeuvre pèse sur la production
manufacturière.
Cette transition en direction des industries
manufacturières, puis des services s'opère en partie à
l'intérieur des zones rurales. Toutefois, elle fait intervenir, dans une
large mesure, une migration vers les centres urbains, motivée par la
quête d'opportunités d'emplois formels. En général,
les travailleurs urbains affichent une productivité du travail plus
forte, notamment du fait d'une plus grande spécialisation, d'un meilleur
accès au capital et des économies d'échelle internes et
externes. A ces deux vecteurs, il convient d'ajouter les contraintes du
processus de transformation structurelle. Pour que s'enclenche le processus, il
faut que les branches productives pertinentes aient accès aux facteurs
de production. Si ceux-ci sont rationnés ou immobiles, le changement
structurel sera impossible. L'élasticité requise des facteurs
peut être garantie par l'existence préalable de ressources oisives
ou sous-utilisées et la mobilité régionale ou
internationale des facteurs.
L'exploration des différents mécanismes
susceptibles d'engendrer la transformation structurelle repose sur la
construction d'un modèle d'équilibre général
multisectoriel. L'approche classique consiste à réduire
l'activité à deux secteurs ; agricole et non-agricole (Herrendorf
et al. 2013) ou trois secteurs ; agriculture, manufacture, et services
(Bah, 2009). Toutefois, ces études divergent par les
mécanismes envisagés pour expliquer la réaffectation
des ressources humaines. De ce point de vue, les modèles peuvent
être classés en deux groupes: le premier groupe se situe
côté demande de biens, et explique la transformation structurelle
par la nature des préférences des individus (Echevarria, 2000;
Kongsamut et al. 2001), tandis que le second groupe se concentre sur les effets
de prix relatifs des facteurs de production sur l'allocation de la main
d'oeuvre (Duarte et Restuccia, 2010). C'est ainsi que, Bah (2009)
développe un modèle à trois secteurs (agriculture,
manufacture, services) à partir duquel ils évaluent les niveaux
de productivité dans chaque secteur. Pour un échantillon de pays
développés, ils concluent que l'agriculture est le secteur le
moins productif suivi des services et du secteur manufacturier. Par ailleurs,
d'autres études combinent les approches des deux groupes.
C'est le cas de Gollin et Rogerson (2014) qui examinent
l'impact des coûts de transport sur la productivité en agriculture
et partant sur la taille de ce secteur. En effet, les coûts
élevés de transport pénalisent doublement
l'économie. Ils réduisent l'agriculture à une
activité de subsistance qui sert uniquement à la consommation
finale, et, simultanément accroît les coûts de production du
secteur non-agricole, (Gollin et Rogerson, 2014). En conséquence, les
coûts de transport influencent la rentabilité de chaque secteur et
corrélativement la décision d'offre de travail des individus. En
plus des coûts de transport, d'autres facteurs (éducation,
commerce international) déterminent la productivité dans les
différents secteurs d'activité. Buera et Kaboski (2012)
construisent un modèle qui décrit le rôle d'un
investissement dans le capital humain des travailleurs du secteur des services
sur la production dans ce secteur. L'idée défendue par ces
auteurs est que l'amélioration du capital humain accroît la
productivité du secteur et donc les revenus. Cet effet revenu entraine
une mobilité des travailleurs vers ce secteur.
La transformation structurelle dépend aussi du
degré d'ouverture commerciale d'un secteur d'activité au reste du
monde Matsuyama (2008). Le principe qui sous-tend cette idée est que
l'ouverture commerciale offre de meilleures perspectives de marché aux
firmes du secteur concerné, avec à terme un accroissement de la
production. En somme, la majorité des études prennent pour
hypothèse que le choix du secteur d'activité des individus est
guidé par les niveaux de productivité dans chacun de ces
secteurs, garant de leur niveau de vie. C'est pour cette raison qu'elles
considèrent comme déterminants de la mobilité des
travailleurs tout facteur susceptible d'influencer la productivité et
donc les rendements dans chaque secteur. À côté de ces
études théoriques qui modélisent les mécanismes par
lesquels s'opère la transformation structurelle, il convient de noter
qu'il existe des contributions empiriques visant à apprécier les
différences de changement de structure de la population active entre les
pays.
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