1.2. Les
controverse sur les résultats
Les premières études empiriques sur la
transformation structurelle évaluent la relation entre le PIB par
tête et la taille de chaque secteur d'activité (agriculture,
manufacture, et services). Globalement, il ressort que dans la
majorité des pays, le PIB par tête est relié
négativement à la proportion des individus exerçant en
agriculture (Herrendorf et al. 2013). Par la suite, les travaux concernent
les déterminants de la productivité dans chaque secteur, mais
aussi, tentent d'expliquer les expériences de transformation
structurelle de certains pays à l'instar de la Chine, les
États-Unis, etc.
(Eggoh, 2011), s'intéressent à la relation
entre financement de l'économie et transformation structurelle et
utilisent des données en coupe transversale de plusieurs pays et
concluent que non seulement le développement financier affecte
positivement la transformation structurelle, mais il permet de la
prévoir dans un horizon de 10 et 30 ans. Par la suite, en
considérant une relation linéaire ou de causalité entre le
développement financier et la transformation structurelle, d'autres
travaux ont confirmé ce résultat (Beck et al. 2000 ;
Rioja et valev. 2004 ; Beck et al. 2004 ; Gehringer, 2013, etc.), mais
aussi il a aussi été remis en cause par bien d'autres (Gregorio
et Guidotti., 1995 ; Ewetan et Okodua., 2013 ; Thumrongvit et al. 2013
; etc.).
Selon Collier (2009), le secteur privé des
économies africaines est majoritairement composé de petites et
moyennes entreprises qui ont un accès limité à la finance
pour deux principales raisons. Premièrement, l'octroi de crédit
en Afrique est généralement considéré comme plus
risqué que par rapport aux autres régions. Deuxièmement,
le financement des grandes entreprises déjà bien
installées est jugé moins risqué que par rapport aux PME.
Les banques ne souhaitent pas ainsi utiliser leurs fonds pour des emplois trop
risqués. Elles exigent des garanties et des formalités qui
limitent l'accessibilité des PME à la finance (Audrey, 2004).Ce
phénomène a mis le système bancaire de la zone Franc dans
une situation de surliquidité qui constitue, comme le soulignent Ekomo
et Avom (2007), un paradoxe de la libéralisation financière
pénalisant ainsi les activités de création de richesses
surtout des PME. C'est peut-être l'une des raisons qui expliquent la
faible transformation structurelle des économies de la zone Franc
Africaine
Dans le contexte des pays africains, des résultats
ambigus sont aussi observés, Misati et Nyamongo (2012)
s'intéressent sur la libéralisation financière et
transformation structurelle, Sur un échantillon composé de 34
pays d'Afrique Subsaharienne concluent que la libéralisation
financière affecte positivement la transformation structurelle.
Cependant, cet effet positif est réduit par la volatilité du
système financier que la libéralisation génère.
Plus récemment, Ousmanou (2017) s'intéresse également
à l'analyse d'une problématique similaire en considérant
un échantillon plus large de 45 pays d'Afrique. Il utilise une
spécification non linéaire et établit que la
libéralisation financière n'affecte que la transformation
structurelle des pays ayant entrepris des réformes institutionnelles
améliorant le système éducatif, à la
stabilité macroéconomique et à la gouvernance. Dans le
même sillage, sur un échantillon plus 45 pays de l'Afrique
sub-saharienne large, Keho (2012) montre que le développement financier
ne contribue pas à la transformation structurelle des pays de l'UEMOA.
Il explique ce résultat par la faiblesse de la profondeur du secteur
financier des pays étudiés.
D'autres auteurs ont mis l'accent sur l'intégration
financière, la profondeur du système financier et la
volatilité macroéconomique. Par exemple, Abdoullahi (2016)
étudie la relation entre l'intégration financière
internationale, le développement financier et la diversification des
exportations à l'aide d'un panel de 30 pays d'Afrique subsaharienne de
1976 à 2010 et un éventail d'indicateurs de développement
financier. Il conclut que l'intégration financière internationale
agit positivement sur la transformation structurelle à travers son
impact positif sur le développement financier. Cependant il trouve que
son effet direct sur la croissance est négatif.
De même, Ibrahim et Alagidede (2017) examinent le
rôle du développement financier dans la volatilité du cycle
économique. À partir d'une approche spectrale qui leur permet de
décomposer la volatilité en différentes composantes, ils
concluent que le développement financier influe à court terme sur
la volatilité du cycle macroéconomique, de façon non
linéaire, dans 23 pays d'Afrique Subsaharienne au cours de la
période 1980-2014.
La dimension de l'industrialisation est aussi
considérée dans la littérature pour évaluer la
performance du système financier. Par exemple, Neusser et Kugler (1998)
s'intéressent aussi sur la relation entre le développement
financier et la croissance de la valeur ajoutée du secteur
manufacturier, en utilisant un modèle de croissance
néo-Schumpetérien et un échantillon des pays de l'OCDE,
montrent qu'il existe, à long terme, une relation entre le
développement financier et la croissance de la valeur ajoutée du
secteur manufacturier. Aussi, le test de causalité de Granger indique
une relation bidirectionnelle entre développement financier et
industrialisation. Concernant la volatilité, il est montré que la
production industrielle est plus stable dans les pays développés
en comparaison avec les pays en développement (Acemoglu, Johnson, et
al. 2003)
Dans leur étude sur l'effet du financement de
l'économie sur la transformation structurelle dans les pays africains de
la zone franc par le truchement des institutions, Kuipou et al. (2015),
obtiennent le résultat grâce à la GMM en panel dynamique.
L'effet direct de la gouvernance sur la transformation structurelle dans la
zone franc est non significatif. Leurs résultats sont positifs et non
significatifs dans la CEMAC comparativement à ceux de la zone UEMOA qui
sont positifs et significatifs.
Udoh et Ogbuagu (2012) et d'Ewetan et Ike (2014) qui
travaillent sur l'économie nigériane avec des résultats
controversés. Ewetan et Ike (2014) montrent que les crédits
alloués au secteur privé ont un impact positif sur la croissance
industrielle du Nigéria, tandis que les réserves de change
l'affectent négativement. Par contre, à l'aide d'un modèle
ARDL Udoh et Ogbuagu (2012) constatent que le financement de l'économie
a un impact négatif et significatif sur la production industrielle de
l'économie nigériane aussi bien à long qu'à court
terme.
Tableau 2:
Récapitulatif de quelques études empiriques
Auteurs
|
Objectifs
|
Résultats
|
(Eggoh, 2011).
|
Relation entre financement de l'économie et transformation
structurelle.
|
Non seulement le développement financier affecte
positivement la transformation structurelle, mais il permet de la
prévoir dans un horizon de 10 et 30 ans.
|
Misati et Nyamongo (2012),Ousmanou(2017)
|
Libéralisation financière et transformation
structurelle
|
La libéralisation financière affecte positivement
la transformation structurelle.
|
Abdoullahi (2016).
|
Relation entre l'intégration financière
internationale, le développement financier et la diversification des
exportations.
|
l'intégration financière internationale agit
positivement sur la transformation structurelle à travers son impact
positif sur le développement financier.
|
Ibrahim et Alagidede (2017).
|
Rôle du développement financier dans la
volatilité du cycle économique.
|
le développement financier influe à court terme sur
la volatilité du cycle macroéconomique, de façon non
linéaire.
|
Neusser et Kugler (1998).
|
Relation entre le développement financier et la croissance
de la valeur ajoutée du secteur manufacturier.
|
il existe, à long terme, une relation entre le
développement financier et la croissance de la valeur ajoutée du
secteur manufacturier.
|
Kuipou et al. (2015).
|
l'effet du financement de l'économie sur la transformation
structurelle.
|
L'effet direct de la gouvernance sur la transformation
structurelle dans la zone franc est non significatif.
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Source : Auteur
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