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Financement de l'economie et transformation structurelle dans la zone franc africaine


par Michael Beranger DOKA DAFIRE
Université Yaoundé 2 - Master 2 2018
  

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1.2. Les controverse sur les résultats

Les premières études empiriques sur la transformation structurelle évaluent la relation
entre le PIB par tête et la taille de chaque secteur d'activité (agriculture, manufacture, et
services). Globalement, il ressort que dans la majorité des pays, le PIB par tête est relié négativement à la proportion des individus exerçant en agriculture (Herrendorf et al. 2013).
Par la suite, les travaux concernent les déterminants de la productivité dans chaque secteur, mais aussi, tentent d'expliquer les expériences de transformation structurelle de certains pays
à l'instar de la Chine, les États-Unis, etc.

(Eggoh, 2011), s'intéressent à la relation entre financement de l'économie et transformation structurelle et utilisent des données en coupe transversale de plusieurs pays et concluent que non seulement le développement financier affecte positivement la transformation structurelle, mais il permet de la prévoir dans un horizon de 10 et 30 ans. Par la suite, en considérant une relation linéaire ou de causalité entre le développement financier et la transformation structurelle, d'autres travaux ont confirmé ce résultat (Beck et al. 2000 ; Rioja et valev. 2004 ; Beck et al. 2004 ; Gehringer, 2013, etc.), mais aussi il a aussi été remis en cause par bien d'autres (Gregorio et Guidotti., 1995 ; Ewetan et Okodua., 2013 ; Thumrongvit et al. 2013 ; etc.).

Selon Collier (2009), le secteur privé des économies africaines est majoritairement composé de petites et moyennes entreprises qui ont un accès limité à la finance pour deux principales raisons. Premièrement, l'octroi de crédit en Afrique est généralement considéré comme plus risqué que par rapport aux autres régions. Deuxièmement, le financement des grandes entreprises déjà bien installées est jugé moins risqué que par rapport aux PME. Les banques ne souhaitent pas ainsi utiliser leurs fonds pour des emplois trop risqués. Elles exigent des garanties et des formalités qui limitent l'accessibilité des PME à la finance (Audrey, 2004).Ce phénomène a mis le système bancaire de la zone Franc dans une situation de surliquidité qui constitue, comme le soulignent Ekomo et Avom (2007), un paradoxe de la libéralisation financière pénalisant ainsi les activités de création de richesses surtout des PME. C'est peut-être l'une des raisons qui expliquent la faible transformation structurelle des économies de la zone Franc Africaine

Dans le contexte des pays africains, des résultats ambigus sont aussi observés, Misati et Nyamongo (2012) s'intéressent sur la libéralisation financière et transformation structurelle, Sur un échantillon composé de 34 pays d'Afrique Subsaharienne concluent que la libéralisation financière affecte positivement la transformation structurelle. Cependant, cet effet positif est réduit par la volatilité du système financier que la libéralisation génère. Plus récemment, Ousmanou (2017) s'intéresse également à l'analyse d'une problématique similaire en considérant un échantillon plus large de 45 pays d'Afrique. Il utilise une spécification non linéaire et établit que la libéralisation financière n'affecte que la transformation structurelle des pays ayant entrepris des réformes institutionnelles améliorant le système éducatif, à la stabilité macroéconomique et à la gouvernance. Dans le même sillage, sur un échantillon plus 45 pays de l'Afrique sub-saharienne large, Keho (2012) montre que le développement financier ne contribue pas à la transformation structurelle des pays de l'UEMOA. Il explique ce résultat par la faiblesse de la profondeur du secteur financier des pays étudiés.

D'autres auteurs ont mis l'accent sur l'intégration financière, la profondeur du système financier et la volatilité macroéconomique. Par exemple, Abdoullahi (2016) étudie la relation entre l'intégration financière internationale, le développement financier et la diversification des exportations à l'aide d'un panel de 30 pays d'Afrique subsaharienne de 1976 à 2010 et un éventail d'indicateurs de développement financier. Il conclut que l'intégration financière internationale agit positivement sur la transformation structurelle à travers son impact positif sur le développement financier. Cependant il trouve que son effet direct sur la croissance est négatif.

De même, Ibrahim et Alagidede (2017) examinent le rôle du développement financier dans la volatilité du cycle économique. À partir d'une approche spectrale qui leur permet de décomposer la volatilité en différentes composantes, ils concluent que le développement financier influe à court terme sur la volatilité du cycle macroéconomique, de façon non linéaire, dans 23 pays d'Afrique Subsaharienne au cours de la période 1980-2014.

La dimension de l'industrialisation est aussi considérée dans la littérature pour évaluer la performance du système financier. Par exemple, Neusser et Kugler (1998) s'intéressent aussi sur la relation entre le développement financier et la croissance de la valeur ajoutée du secteur manufacturier, en utilisant un modèle de croissance néo-Schumpetérien et un échantillon des pays de l'OCDE, montrent qu'il existe, à long terme, une relation entre le développement financier et la croissance de la valeur ajoutée du secteur manufacturier. Aussi, le test de causalité de Granger indique une relation bidirectionnelle entre développement financier et industrialisation. Concernant la volatilité, il est montré que la production industrielle est plus stable dans les pays développés en comparaison avec les pays en développement (Acemoglu, Johnson, et al. 2003)

Dans leur étude sur l'effet du financement de l'économie sur la transformation structurelle dans les pays africains de la zone franc par le truchement des institutions, Kuipou et al. (2015), obtiennent le résultat grâce à la GMM en panel dynamique. L'effet direct de la gouvernance sur la transformation structurelle dans la zone franc est non significatif. Leurs résultats sont positifs et non significatifs dans la CEMAC comparativement à ceux de la zone UEMOA qui sont positifs et significatifs.

Udoh et Ogbuagu (2012) et d'Ewetan et Ike (2014) qui travaillent sur l'économie nigériane avec des résultats controversés. Ewetan et Ike (2014) montrent que les crédits alloués au secteur privé ont un impact positif sur la croissance industrielle du Nigéria, tandis que les réserves de change l'affectent négativement. Par contre, à l'aide d'un modèle ARDL Udoh et Ogbuagu (2012) constatent que le financement de l'économie a un impact négatif et significatif sur la production industrielle de l'économie nigériane aussi bien à long qu'à court terme.

Tableau 2: Récapitulatif de quelques études empiriques

Auteurs

Objectifs

Résultats

(Eggoh, 2011).

Relation entre financement de l'économie et transformation structurelle.

Non seulement le développement financier affecte positivement la transformation structurelle, mais il permet de la prévoir dans un horizon de 10 et 30 ans.

Misati et Nyamongo (2012),Ousmanou(2017)

Libéralisation financière et transformation structurelle

La libéralisation financière affecte positivement la transformation structurelle.

Abdoullahi (2016).

Relation entre l'intégration financière internationale, le développement financier et la diversification des exportations.

l'intégration financière internationale agit positivement sur la transformation structurelle à travers son impact positif sur le développement financier.

Ibrahim et Alagidede (2017).

Rôle du développement financier dans la volatilité du cycle économique.

le développement financier influe à court terme sur la volatilité du cycle macroéconomique, de façon non linéaire.

Neusser et Kugler (1998).

Relation entre le développement financier et la croissance de la valeur ajoutée du secteur manufacturier.

il existe, à long terme, une relation entre le développement financier et la croissance de la valeur ajoutée du secteur manufacturier.

Kuipou et al. (2015).

l'effet du financement de l'économie sur la transformation structurelle.

L'effet direct de la gouvernance sur la transformation structurelle dans la zone franc est non significatif.

Source : Auteur

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard