SECTION 2. LES FAITS STYLISES SUR LA TRANSFORMATION
STRUCTURELLE ET LE FINANACEMENT DE L'ECONOMIE.
D'après institutions internationales (FMI
et BM),les retournements de la conjoncture internationale à la fin des
années 1970 et au début desannées 1980 a eu un impact
négatif considérable sur la plupart des économies du
monde.Les pays africains, en particulier ceux de la zone Franc n'avaient pas
échappé à cetteréalité.La stratégie
d'industrialisation reposaitprincipalement sur la substitution des importations
(ISI). Cette politique étaitaccompagnée par une panoplie de
mesures peu orthodoxes y compris l'érection desbarrières
tarifaires visant à protéger l'industrie locale qui était
largement contrôlée parles entreprises publiques. De plus, la
politique monétaire était orientée vers des
tauxd'intérêt faibles et la fourniture des crédits bon
marché à l'industrie, la nouvelle approche s'est focalisée
sur l'amélioration des structuresd'incitation en utilisant le taux de
change, les taxes sur les échanges commerciaux, laprivatisation, et la
libéralisation du système financier.
Dans le secteur financier, la libéralisation s'est
inspirée des thèses néolibérales de Mc Kinnon
(1973) et Shaw (1973). Elle a consisté à l'adoption de vastes
programmes de restructuration des banques (qui étaient quasi
dominées par le secteur public), à la libéralisation
des taux d'intérêt, à l'adoption d'instruments indirects de
politiquesmonétaires et à l'abolition des contrôles
quantitatifs et sectoriels des crédits. Elle devait,ainsi, permettre de
réhabiliter le système bancaire pour qu'il joue pleinement son
rôle definancement des activités économiques.
La période post-réforme est
caractérisée par un foisonnement des
intermédiaires financiers. Selon Ekomo et Avom (2007), ces
réformes ont largement modifié la sphèrefinancière
des économies de la zone Franc.Ainsi, entre 1995 et 2016, le nombre de
banques en activité est passé de trente àcinquante-deux
(52) dans la CEMAC et de cinquante-quatre (54) à cent trente-deux
(132)dans l'UEMOA sans compter les entreprises d'assurance, les institutions de
microfinanceet les divers autres intermédiaires financiers dont leur
rôle dans la collecte de l'épargnes'est nettement
amélioré.
2.1. Présentation des quelques indicateurs du
financement de l'économie en Zone Franc Africaine.
Le secteur financier des pays de la zone reste toujours peu
profond comme le témoigne le Tableau 1 qui présente la part du
crédit bancaire octroyé au secteur privédans le PIB.
Tableau 1. La part du
crédit bancaire octroyé au secteur privé dans le
PIB.
ANNEE
|
1995 - 1999
|
2000 - 2004
|
2005 -2009
|
2010 - 2017
|
Benin
|
7,59
|
9,42
|
16,28
|
22,60
|
BurkinaFaso
|
9,27
|
11,98
|
16,18
|
2,11
|
Cote d'ivoire
|
23,67
|
21,30
|
24,48
|
35,65
|
Guinée Bissau
|
22,65
|
19,09
|
20,06
|
38,41
|
Mali
|
20,20
|
22,84
|
22,34
|
26,01
|
Niger
|
9,93
|
10,25
|
14,73
|
23,38
|
Sénégal
|
16,94
|
18,71
|
23,94
|
32,17
|
Togo
|
24,23
|
21,41
|
31,90
|
48,12
|
UEMOA
|
16,81
|
16,88
|
31,90
|
28,56
|
|
|
|
|
|
Cameroun
|
6,93
|
8,37
|
9,34
|
13,72
|
République Centrafricaine
|
4,49
|
6,00
|
7,23
|
12,26
|
République du Congo
|
14,79
|
12,88
|
17,36
|
32,73
|
Gabon
|
-0,75
|
-1,94
|
-2,45
|
1,33
|
Guinée Equatoriale
|
11,18
|
7,78
|
7,25
|
16,37
|
Tchad
|
12,22
|
11,48
|
9,72
|
14,05
|
CEMAC
|
8,14
|
7,43
|
8,07
|
15,08
|
Zone Franc Africaine
|
12,48
|
12,15
|
19,98
|
21,82
|
Source : L'auteur à
partir des données de la Banque Mondial(WDI2019)
Cetableau nous montrela part du crédit bancaire
octroyé au secteur privédans le PIBdans la zone Franc Africaine,
en moyenne 12,48, 12,15, 19,98 et 21,82 de 1995-2017.Tandis que en ASS la
moyenne est de 15,65 % en 2006.Nous constatons que, le crédit bancaire
ausecteur privé a été plus dynamique dans la zone
UEMOAMais s'est effondré juste après la dévaluation et
s'est légèrement relevé à partir de 2010.
Graphique 1 : Taux de
croissance annuel moyen de la valeur ajoutée manufacturière par
rapport au PIB dans le monde
Source :L'auteur à partir
des données de la Banque Mondial(WDI2019)
Il laisse apparaître que la moyenne de la part de
la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB des économies
de la zone Franc est en deçà de la moyenne africaine dans toutes
les sous-périodes considérées. Sa tendance est
également baissière passant de 12.36 % à 10.36 %. Elle
baisse en moyenne de 0.75 point par an entre 1995 et 2016. Cette baisse est
expliquée pour une grande partie par l'effondrement de la
productionmanufacturière observé dans la zone CEMAC où
elle est passée de 13.79 % à 6.52 %. Cettesituation est
très différente de celle des pays d'Asie en développement
ou il est enregistrédans cette même période une progression
de 1.96 point comme le montre le graphique ci-dessous qui présente le
taux de croissance annuel moyen de la valeur
ajoutéemanufacturière dans la période 1995-2016.
2.1.Situation économique dans la Zone
UEMOA
En 2006, le taux de croissance des pays membres de l'UEMOA
s'est établi à 3% contre 4,1% en 2005 soit un niveau à
peine égal à celui de la croissance démographique de la
Zone , il a , de nouveau été nettement plus inférieur aux
performances de l'Afrique Sub-saharienne dans son ensemble qui lui avait
été de 5,5% en 2006 ; La décélération de la
croissance s'explique principalement par les difficultés persistantes de
certaines filières agricoles , les conséquences de la hausse des
cours du pétrole et la situation socio-politique toujours
délicate dans plusieurs pays de la région. Les principaux
secteurs d'activités de l'UEMOA restent fragiles par rapport aux chocs
externes, notamment le prix élevé du pétrole qui a
continué de pénaliser des pays traditionnellement importateurs
nets de pétrole.
2.1.2. L'activité
Sur la base des estimations les plus récentes, la
campagne agricole 2006/ 2007 s'est caractérisée par une hausse de
la production vivrière et un résultat contrasté pour les
cultures d'exportation. La production vivrière s'est inscrite en
augmentation de + 3%, après + 9% pour la campagne 2005/2006 ; Cette
progression se retrouve dans tous les États, s'agissant des cultures
d'exportation, les performances sont différenciées selon les
produits et les pays, si le café a enregistré une
légère progression (+ 3%) celle du coton devrait rester stable
d'une campagne sur l'autre alors que le cacao évolue à la baisse
dans les pays producteurs.
Dans le secteur minier, les estimations sont orientées
à la hausse, pour l'or, l'Uranium et le Pétrole brut dont la
production en Côte d'ivoire a progressé de 50 % ; au cours de la
même année 2006, parmi les composantes du PIB, la consommation
(5%) et les exportations (10%) ont progressé, alors que la FBCF
(formation brute de capital fixe) est restée stable.
Graphique 2 : Evolution delapart de crédit
bancaire au secteur privé dans lePIB dans l'UEMOA
Source : L'auteur à
partir des données de la Banque Mondial(WDI2019)
Le crédit bancaire au secteur privé en zone
UEMOAest toujours faible sur la période 1995-2016, alors que dans les
pays émergents comme la Chine, la Corée, leSingapour et la
Thaïlande, il s'est situé respectivement à 156,7 %, 143,3 %,
147,3 % et 132,9 % en 2016 (Banque mondiale). Il convient de préciser
que ces portions observées dans les pays de lazone Franc sont du
même ordre que celles notées dans la plupart des pays
d'AfriqueSubsaharienne avec par exemple 15,65 % au Nigéria. Cependant,
elles sont plus importantes en Afrique du Nord et en Afrique duSud où la
moyenne se situe respectivement à 60 % et à 65 % du PIB. Cette
tendance globale cache une certaine disparité dans la distribution du
créditbancaire au secteur privé entre les pays de la zone Franc.
En effet, le crédit bancaire ausecteur privé a été
plus dynamique dans la zone UEMOA. Mais s'est effondré juste
après la dévaluation et s'est légèrement
relevé à partir de 2010.
L'inflation
En 2006, le taux d'inflation s'est inscrit en repli pour
atteindre 2,3% en moyenne annuelle contre 4,3% en 2005 ; Cette baisse du rythme
de la hausse des prix a concerné tous les pays sauf le
Sénégal. La décélération de la hausse des
prix s'explique par l'augmentation de la production vivrière et de
l'offre céréalière. Elle a été
tempérée par l'augmentation des cours du pétrole. La
hausse des prix à la pompe s'est diffusée aux autres secteurs de
l'économie, notamment le transport dont les prix ont accusé une
hausse de +10,7% en 2006 ; Les taux d'inflation ont varié d'un pays
à un autre entre 3,8% au Bénin et 0 % au Niger, seulement trois
pays de la sous-région ont respectés l'objectif de 2% fixé
dans le cadre de la programmation monétaire de la BCEAO.
Graphique 3: Evolution de l'inflation dans la zone
UEMOA
Source : L'Auteur à
partir des données de la Banque Mondial(WDI2019)
2.2.
Situation économique dans la Zone CEMAC
L'année 2006 est marquée par la poursuite de la
croissance observée en 2005. La hausse du PIB, en terme réel
s'est établi à 3,2 % contre 3,7 % en 2005 ; Ce ralentissement de
l'activité économique intervenue dans un contexte international
marqué par une amélioration sensible des termes de
l'échange ( + 18,4 % ) en liaison avec la bonne tenue des cours du
pétrole et des autres produits de base exportés ( bois,
café) résulte essentiellement de la baisse de la production
pétrolière dans la Zone CEMAC .
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