Troisième partie :
REGARD CRITIQUE SUR L'EVENEMENT ET PROPOSITIONS DE
STRATEGIES POUR SA VALORISATION
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Chapitre 5: OBSERVATIONSSUR L'ENVIRONNEMENTSOCIAL
ET ORGANISATIONNEL DU GBÔNNÔ
I. LES MENACES SUR LA CELEBRATION
1. La problématique de la programmationet la
transmission
Le Gbônnô est une pratique folklorique historique
indissociable de la vie du village de Motiamo. Il constitue un symbole
d'identité pour la communauté et un rite religieux aux fonctions
aussi bien traditionnelles, sociales que culturelles. Cependant,
l'évènement fait face à un problème de
programmation logique qui puisse permettre de prévoir un dispositif
organisationnel dans le temps. Car le trop grand secret autour de la fixation
de la période de la célébration ne permet pas d'anticiper
sur les préparatifs, encore moins d'établir un programme
prévisionnel par rapport à l'évènement. Cette
difficulté constitueégalement un embarras à la
participation de certaines catégories de personnes, surtout les cadres,
fonctionnaires, travailleurs du privé, élèves et
étudiants, etc., qui sont confrontés très souvent à
un problème d'emploi du temps pendant que l'évènement a
lieu.Par ailleurs, l'évènement souffre d'un problème de
datation. La période de déroulement de la
célébration est définie selon le calendrier traditionnel
Dègah. Mais pour manque de référentiel calendaire, les
sages doivent s'en tenir à une estimation hypothétique du temps
à partir de certaines circonstances naturelles connues seulement d'eux,
qu'ils prennent comme références, ce qui engendre parfois des
célébrations faussées au niveau de la
périodicité, avec bien sûr toutes les conséquences
qui peuvent s'en suivre. De plus, la détermination des jours et le
calcul des dates pour la fixation de la période de
l'évènement étant jusque-là un secret des sages
seulement, nous sommes tentés de nous demander si la
célébration n'est pas de plus en plus compromise, vu que cela
pose un problème de transmission aux jeunes qui sont plutôt
attirés vers d'autres intérêts plus modernes, loin de leur
tradition.
Une autre préoccupation importante relative à la
perpétuation du Gbônnô est la question de la transmission
des danses et chants traditionnels. L'authenticité et la valeur
traditionaliste de la célébrationrésident aussi dans
l'originalité des danses et chants exécutés à
l'occasion de l'évènement. Aujourd'hui, ces danses tendent
à disparaitre, faute de personnes qui sachent les pratiquer ou les
exécuter. Ainsi, les veillées traditionnelles font
progressivement place à d'autres formes d'animationpopulaireavec des
moyens modernes comme la fanfare ou la régie son. Les jeunes se
désintéressent aux danses, de sorte que rares sont les personnes
qui savent comment elles se pratiquent. Dès lors, certaines
étapes importantes de la célébration sont en train
d'être progressivement abandonnées, ce qui constitue à la
longue un risque de dénaturation de l'évènement et surtout
une menace sur la transmission du patrimoine culturel immatériel du
village aux générations futures.
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