2. L'implication des populations et la mobilisation
extérieure
Le Gbônnô est un évènement
communautaire qui implique tout le village et toutes les populations. A cet
effet, chacun y met du sien pour contribuer à son succès. Dans le
village, la célébration fait l'objet d'une préparation de
longue date, tant en famille que de manière individuelle. Pour les
populations résidant, c'est une tradition identitaire et une fête
populaire qui engage obligatoirement tout un chacun. Par contre chez les
ressortissants du village vivant à l'intérieur du pays, notamment
dans les régions forestières, l'évènement est vu
avant tout comme une cérémonie funéraire. Ainsi, ils sont
attirés au village pour la circonstance soit au motif des
funérailles d'un parent ou proche, soit pour un rendez-vous de famille
ou un intérêt personnel. En ce qui concerne les Dègah
d'Abidjan originaires du village, les enquêtes que nous avons
menées révèlent que deux raisons principales peuvent
justifier leur participation à l'évènement, à
savoir les rites funéraires surtout quand ils concernent un parent, et
les retrouvailles annuelles à l'occasion de la fête du nouvel an.
En effet, ils conçoivent doublement la célébration comme
une fête traditionnelle annuelle à laquelle ils prennent part
fréquemmentet massivement,sous la coordination de la mutuelle du village
basée à Abidjan. Interrogés justement sur l'implication de
la mutuelle dans l'organisation de l'évènement, MM.
KOUAMESié Yao et SIE Koffi, tous deuxressortissants de Motiamo
résidants à Abidjan et membres du bureau de la mutuelle,
expliquent qu'il n'y avait pas d'organisation particulière par le
passé. Mais avec le modernisme, la mutuelle s'y implique. D'ailleurs
à chaque édition elle organise des convois à destination
du village et fait sortir des pages uniformesdont un pour les
funérailles qu'on appelle Kôbînin et un autre pour
la fête du nouvel an dénommé
Yâ-yé.
A côté de ces immanquables festivaliers, il faut
compter aussi les invités et les étrangers. A l'occasion de
l'évènement, beaucoup de parents viennent de Boromba et Zagala
ainsi que des villages Dègah du Ghana voisin, car il existe des rapports
très forts et des liens familiaux très étroits entre les
populations du village et les groupes Dègah restés au Ghana
pendant leur migration vers la Côte d'Ivoire. Pour la circonstance, le
village reçoit aussi de nombreux étrangers en provenance des
villages voisins et de bien d'autres localités environnantes. Il faut
ajouter également les amis, connaissances et invités qui arrivent
soit par solidarité à une famille endeuillée ou pour
participer à la fête. Enfin il y'a les populations des villages
voisins qui constituent un public important des différents spectacles
pendant l'évènement. La fête est souvent même objet
de parrainage à la demande de l'association des jeunes. Pour
l'édition 2014 par exemple, l'évènement a
enregistré une forte présence de la presse, à l'invitation
du parrain DIAKA Koffi KoumanEugène, commissaire de police à la
retraite originaire du village.
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