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Environnement, paysage et projet de territoire. Vers une approche territoriale pour la sauvegarde et la mise en valeur de la réserve de biosphère des oasis du sud marocain.

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par SADKI Aba
Université Internationale de langue française au service du développement Africain (Université Senghor d'Alexandrie) - Master en Gestion de l'environnement 2007
  

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Remerciements

Nos profonds remerciements sont adressés en premier lieu à l'équipe de la Chaire en Paysage et Environnement de l'Université de Montréal (CPEUM) et tout particulièrement Philippe POULLAOUEC-GONIDEC, Gérald DOMON, François TREMBLAY et Marie-Rose LYNDSAY pour leur hospitalité, leur collaboration et pour la qualité de l'encadrement qu'ils ont aimablement réservé à nos activités de stage et pour leur précieuses remarques et orientations.

M. Oumar Cissé, Directeur de l'Institut Africain de la Gestion Urbaine (IAGU), et Mme Caroline GALLEZ Directrice du Département Environnement à l'Université Senghor et Mme Caroline GAUTHIER-KURHAN, Directrice du Département Gestion du Patrimoine à l'Université Senghor, qui ont bien voulu accepter d'évaluer ce travail malgré leurs charges, trouvent ici nos vifs remerciements pour leur appui et leur patience.

Nous tenons également à exprimer à Mme Caroline GALLEZ, directrice de Département Environnement de l'Université Senghor, notre sincère gratitude et notre profonde reconnaissance pour son influence bienfaisante dans la mise en place des conditions qui nous ont permis d'entreprendre avec succès nos études de Master.

Tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail trouvent ici également l'expression de notre sincère gratitude.

Mots clés :

Paysage, Environnement, Réserve de biosphère, Projet de territoire, Sud Marocain, Analyse SWOT, Palmeraie, Oasis, Urbanisation.

Introduction :

Les oasis symbolisent la vie humaine dans les milieux arides. Elles occupent une superficie de l'ordre de 30 % des terres émergées le long de la grande écharpe aride qui relie l'Afrique à l'Asie (du Sahara à la Mongolie) et abritent une population d'environ 150 millions de personnes. Ce sont des écosystèmes exemplaires patiemment élaborés sur une gestion parcimonieuse des ressources naturelles et construites sur l'optimisation des interactions entre les activités d'exploitation et la préservation du potentiel écologique extrêmement fragile dans un milieu hostile à la vie. En Afrique du nord, les oasis remplissent une fonction de conservation capitale dans la mesure où elles dressent une barrière écologique face au désert. En ce sens elles font partie du patrimoine de l'humanité et

constituent des expériences vivantes du développement durable.2Au sud Marocain, une oasis est

toujours une palmeraie où poussent des cultures vivrières étagées. Des céréales et des cultures maraichères (oignons, carottes, navets, courges, piments, tomates et pomme de terre), des cultures fourragères (luzerne), une arboriculture variée (olives, abricots, figues, amandes, pommes), le tout dominé par le palmier dattier. Culture de subsistance extrêmement importante dans les oasis, les dattes représentent un aliment de base pour les populations et jouent un rôle important dans l'économie locale. Actuellement, du fait de l'introduction d'un modèle de production inadapté, l'équilibre écologique et socioéconomique établit dans les oasis depuis environ 7000 ans est de plus

en plus rompu.3 La grande ouverture des oasis sur le monde urbain amorcée, au Maroc, à partir de

l'époque coloniale (1912-1956) s'est accompagnée d'une détérioration du milieu naturel au point que développement est vécu comme antinomique à l'environnement. Les palmeraies concernées par cette étude sont particulièrement affectée par l'expansion vertigineuse et anarchique de l'urbanisation du style occidental. Par conséquent, le milieu naturel et ses qualités paysagères se sont rapidement détériorés. Aujourd'hui, la définition des oasis doit prendre en compte des déformations, des ruptures et des tensions. La rupture entre les référents du passé et les symboles de la vie contemporaine altèrent le paysage, affectent le milieu naturel et efface l'originalité des lieux. Ainsi, le territoire oasien est tiraillé entre des volontés contradictoires et des intérêts divergents. Il perd sa force, son fonctionnement, son harmonie et son identité. L'ordonnancement particulier des paysages de la palmeraie qui répondaient à des règles construites ingénieusement et en parfaire symbiose avec le milieu environnant se trouve actuellement souvent chamboulé jusqu'à générer des paysages chaotiques dont on ne peut plus cerner les origines et la cohérence. De plus, la rapidité des

2 Cf. « La voix des oasis au sommet mondial du développement durable à Johannesburg », (Juin 2002), Réseau Associatif de Développement Durable des Oasis (RADDO), Déclaration de Goulmim, Maroc.

3 Cf. « Développement durable du tourisme dans les déserts : Lignes directrices à l'intention des décideurs », (2006), Organisation Mondiale du Tourisme, (OMT).

changements ne laisse plus au temps la capacité de corriger les erreurs, et celles-ci engendrent toujours plus de dégradations. Les références d'interventions sont de plus en plus éloignées des réalités locales et les modèles sont dictés par des normes et des intérêts qui sont totalement externes aux territoires.

Au cours des 20 dernières années, l'intervention de l'UNESCO traduit la volonté des pouvoirs publics marocains de redonner vie aux oasis et de mettre en valeur leur potentiel local. En 1987, l'inscription d'un chef-d'oeuvre de l'architecture oasienne en Afrique, Ksar Aït Benhaddou à la province de Ouarzazate, sur la liste du patrimoine mondial manifeste une première reconnaissance universelle de la richesse des oasis et de la nécessité de préserver leur héritage naturel et culturel. Une deuxième reconnaissance de l'UNESCO intervient en novembre 2000 par la nomination des palmeraies de trois provinces (Errachidia, Ouarzazate et Zagora) dans le réseau mondial des réserves de biosphère. Les oasis ont toujours du mal à saisir ces opportunités de grande envergure pour se lancer avec succès dans des démarches du développement local sur la base des richesses environnementales et patrimoniales si ce n'est pas quelques références positives de réhabilitation de monuments de l'architectures en terre où les préoccupations environnementales et paysagères

commencent à se manifester surtout dans les projets à vocation touristique.4

Conscient du fait que l'engagement pour la mise en oeuvre du statut de la réserve de biosphère suppose une réflexion d'ensemble sur la sauvegarde et la mise en valeur du potentiel environnemental et paysager, ce travail se propose d'élucider les enjeux et les opportunités que représente la reconnaissance de l'UNESCO pour le développement local des oasis et insiste sur la pertinence de la démarche du « Projet de territoire » expérimentée avec succès dans plusieurs contextes territoriaux à traves le monde. Dans le cadre de son « Programme de lutte contre la désertification et lutte contre la pauvreté par la sauvegarde et la valorisation des oasis dans la province de Tafilalet », le bureau du PNUD au Maroc a notamment lancé en Mars 2006 un projet de développement sur la base d'un projet de territoire pour le «Pays des Oasis du Tafilalet» qui permet de « formaliser les orientations stratégiques et les choix de développement » et « engagera ainsi un processus de concertation et de coopération local totalement inédit et porteur d'une vision

d'avenir ».5 (Voir annexe 01). Dans l'ensemble, cette étude propose une démarche du projet à

4 Quelques sites naturels et culturels à forte vocation touristique ont bénéficié ces dernières années des opérations d'aménagement et de réhabilitation tels que Ksar Ait Benhaddou site du patrimoine mondial à Ouarzazate, les dunes de Merzouga, les lacs d'Imilchil et la palmeraie des Oulad Chaker à Errachidia. Certains Ksour de la province d'Errachidia sont également restaurés dans le cadre d'un projet de l'Agence Nationale de lutte contre l'Habitat Insalubre (Groupe Al Omrane). Ces Ksour sont (Targa à Errachidia, Abou'am et El Fida à Rissani, Jerana à Erfoud et Igoulmimen à Goulmima). Ces opérations pilotes de conservation et de mise en valeur génèrent un intérêt de plus en plus grandissant pour la prise en compte du paysage et du milieu naturel dans les projets d'aménagement et du développement local.

5 Cf. « Programme de lutte contre la désertification et lutte contre la pauvreté par la sauvegarde et la valorisation des oasis dans la province de Tafilalet », Unité Environnement et Énergie, Programme des Nations Unies pour le Développement, PNUD - Maroc, Mars 2006.

mettre en oeuvre dans la zone de la réserve de biosphère pour d'une part se rendre compte du rôle déterminant de la protection de l'environnement et de la valorisation des paysages dans la promotion du développement local et d'autre part mobiliser les acteurs locaux autour de la notion du « projet de territoire » dans l'objectif de leur motivation collective. L'exercice auquel se livre ce travail se propose d'apporter des éléments de réponse aux questions suivantes :

· Qu'est c'est qui fait la richesse des oasis ?

· Qu'est ce qui fait leur force aujourd'hui ?

· Comment s'opère leur évolution et leur dynamique interne ?

· Comment souhaitons-nous les voir évoluer ?

· Comment faire des choix d'aménagement en conformité avec les orientations du statut de la réserve de biosphère de l'UNESCO en matière de l'environnement et du paysage ?

· Quels moyens avons-nous pour soulever ce défi dans une région où les ressources économiques sont pauvres ?

Le travail se fixe alors pour objectif global de :

· Contribuer à la mise en oeuvre du statut de la Réserve de Biosphère des Oasis du Sud Marocain à traves les objectifs spécifiques suivants :

· Mesurer les conséquences de la dégradation de l'environnement et du paysage dans le contexte d'une urbanisation croissante sur certains aspects de la vie des populations tels que la qualité du milieu naturel, l'attractivité touristique et le développement local;

· Comprendre les facteurs et les incidences de la dégradation de l'environnement et du

· paysage dans les zones tampon (palmeraies) de la réserve et proposer une stratégie de conservation et de mise en valeur;

· Définir une démarche de projet faisant de la préservation de l'environnement et de la valorisation du paysage un vecteur du développement local;

· Proposer des itinéraires méthodologiques d'élaboration du diagnostic territorial (environnemental et paysager) sur la base de l'analyse SWOT,6

· Aider les collectivités locales et les acteurs associatifs à structurer leur réflexion autour des enjeux du statut de la réserve de biosphère et à saisir les opportunités qu'il fournit pour définir en commun un projet du développement local.

6 L'analyse (ou la matrice) SWOT est l'acronyme des quatre mots anglais : (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats) équivalents de (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces). Certains auteurs francophones utilisent l'abréviation AFOM en traduisant « Strenghts » par « Atouts » au lieu de Forces. L'analyse SWOT fera l'objet d'une section à la troisième partie de ce travail.

Hypothèse de travail :

Dans la continuité conceptuelle des travaux que nous avons effectués pendant notre stage à la CPEUM,7 cette étude s'intéresse aux rapports entre le développement territorial et la valorisation des ressources environnementales et paysagères. Les palmeraies de la réserve de biosphère recèlent bien évidement une pluralité considérable de paysages de qualité associés à une richesse écologique et patrimoniale reconnues mondialement. Elles sont toutefois confrontées à des pressions humaines et physiques grandissantes comme l'urbanisation et la désertification. À la lumière de ce constat,

nous estimons qu'une meilleure prise en compte des considérations environnementales et paysagères dans les pratiques d'aménagement du territoire et de l'urbanisme est une véritable clé d'entrée à la mise en oeuvre du statut de la réserve de biosphère et que la recherche des nouvelles fonctions économiques pour le potentiel environnemental et paysager en relation avec les secteurs du développement local, notamment l'écotourisme, en est une autre. Nous entendons par ces deux conclusions, l'articulation entre deux exigences interdépendantes : la préservation de la qualité du milieu naturel et de l'identité territoriale des palmeraies à travers des programmes de conservation et de mise en valeur tout en assurant à leurs habitants un minimum de bien-être.

Approche méthodologique :

Au Maroc, l'essentiel des travaux de recherche effectués sur la gestion de l'environnement sont presque exclusivement consacrés aux problématiques de pollution dans le milieu urbain. Les rares études menées sur les problèmes de l'environnement dans les oasis ont le plus souvent un caractère descriptif ou du diagnostic et manquent de vision intégrée du phénomène. Sur le plan de la démarche, notre travail se base sur l'analyse du rôle de la gestion de l'environnement dans la dynamique du développement local en s'intéressant aux phénomènes structurants qui renforcent la dépendance de l'espace oasien vis à vis des grandes villes et qui sont responsable de l'érosion du potentiel écologique et paysager local. Ce travail de recherche n'a point l'ambition d'aborder l'ensemble des problèmes posés par la dégradation de l'environnement dans les oasis, ni de couvrir tout le territoire de la réserve de biosphère. À cause de la similitude entre les palmeraies du sud Marocain quant aux facteurs et aux conséquences de la dégradation de l'environnement et de la modification des paysages, nous nous contenterons de présenter certains aspects du problème à travers des exemples illustratifs localisés dans l'une ou l'autre palmeraie de la réserve. Ce travail est subdivisé en trois parties :

7 Un rapport de stage est déposé à la CPEUM (juillet 2006) et au Département Environnement de l'Université Senghor (septembre 2006).

- La première décrit les caractères dominants du milieu naturel oasien, ses spécificités environnementales et paysagères et sa fragilité extrême. Elle traite ensuite le concept de la « réserve de biosphère » et du « programme Mab de l'Unesco » et les enjeux et les opportunités liés à leur mise en oeuvre dans la zone d'étude. Dans l'ensemble, cette première partie nous permettra de saisir la richesse environnementale et la diversité paysagère des palmeraies du sud Marocain et l'intérêt de les préserver dans le cadre d'un projet territorial d'ensemble.

- La seconde, à caractère analytique, se penche sur l'étude des facteurs et des formes de dégradation de l'environnement et du paysage oasiens. Un accent particulier sera porté sur la dynamique de l'urbanisation contemporaine et les perturbations environnementales et paysagères qui s'en sont suivies durant les dernières décennies. Cette analyse sera illustrée par des phénomènes remarquables tels que la perte des terres agricoles, les effets des voies de circulation automobile sur la modification des paysages, l'abandon des villages traditionnels et la fragmentation de l'habitat contemporain, etc.

- La troisième dresse les modalités d'élaboration d'un projet de territoire intercommunal et présente les lignes directrices pour l'intégration de l'environnement et du paysage dans les pratiques d'aménagement et de gestion de la réserve de biosphère.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle