CHAPITRE IV: MODES DE GESTION DES
EXCRETA ADOPTES ET RAPPORT DECHETS-SANTE ETABLI PAR LES COMMUNAUTES DE
KPOMASSE.
Ce chapitre décrit les modes de gestion des
excréta adoptés par les communautés et démontre le
rapport que les communautés de Kpomassè établissent entre
les déchets et la santé humaine. Il est réparti en: modes
de gestion des excréta adoptés àKpomassèetrapport
déchets-santé établi par les communautés de
Kpomassè.
o 4.1. MODES DE GESTION DES EXCRETA ADOPTES A KPOMASSE.
Les modes de gestion se définissent comme l'ensemble de
méthodes et procédures utilisées pour la gestion des
excréta dans la commune de Kpomassè. Trois (03) arrondissements
ont été parcourus et soixante-quatre (64) personnes ont
été interrogées. 70% des enquêtées ne
disposent pas de latrines pour la satisfaction des besoins naturels, ils vont
la plupart vers des lieux de fortunes à savoir: les décharges
publiques de déchets, les brousses et les bananeraies etc., (tableau 6).
Dans 30% de ménages où ils en existent leurs états laisse
à désirer et la plupart ne respectent pas les normes requises,
(tableau 7).Dans ces ménages dont les latrines ne sont pas conformes aux
normes, une odeur fétide s'y dégage et des mouches se posent sur
les ustensiles. Tous les chefs de ménages interrogés disent
qu'« ils n'ont pas les moyens financiers pour se faire construire une
latrine qui respecte les normes». Par endroit, il est observé
que des ménages ne disposant pas de latrines vivent a proximité
de certaines latrines publiques construites pour le compte de PPEAet autres
réalisés par le partenaire technique et financier ADEFI/CTB. Les
pêcheurs formés aux règles d'hygiènes par ce PTF ont
confiés qu'« à la fin de leur formation, les dirigeants
de ADEFI/CTB leur avaient dits que des latrines sont réalisés au
bord du lac ahémé pour qu'ils cessent de défequer dans le
lac». Le constat est que ces ménages n'ont toujours pas
accès aux latrines parce que ces latrines ne sont pas mises en service
par la mairie. Du coup, ces latrines sont abandonnées et
remplacées par les bananeraies, les dépotoirs sauvages quand il
faut défequer, (tableau 6).
Tableau 6: Lieux servant de latrines aux
enquêtés.
Arrondissements
|
Brousse
|
Cours d'eau
|
Cour
|
Kpomassè-centre
|
83%
|
6%
|
11%
|
Sègbohouè
|
70%
|
20%
|
10%
|
Tokpa-Domè
|
80%
|
16%
|
4%
|
Source: Enquête de terrain,
2014
Tableau 7: Types de
latrines utilisées par les 30 ménages.
Arrondissements
|
Autres
|
Latrine à fosse ventilée
|
Latrine à simple fosse avec dalle en
béton
|
Latrine traditionnelle à dalle en bois et
terre
|
Kpomassè-Centre
|
7%
|
41%
|
45%
|
7%
|
|
|
|
|
|
Sègbohouè
|
19%
|
40%
|
26%
|
15%
|
Tokpa-domè
|
4%
|
21%
|
61%
|
14%
|
Source: Enquête de terrain,
2014
La prépondérance des latrines à simple
fosse avec dalle en béton (latrines San Plat) et des latrines à
fosse ventilée au niveau des ménages est le fruit d'une campagne
de mise en oeuvre de l'approche PHApar la DHAB de 2005 à 2009 dans la
commune de Kpomassè. Il est remarqué encore que l'accès
à ces latrines dans les ménages se fait selon des critères
de sélection, (graphe1).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra7.png)
Graphique
n°1: Critères d'utilisation des latrines dans les
ménages
Source: Enquête de terrain,
2014
Les latrines qui sont construites pour être
utilisées par tout le monde dans les ménages, ont données
lieu à un conflit de générations. Ce graphique montre que
les enfants de 0 à 10 ans ne sont pas autorisés à
déféquer dans les latrines; les visiteurs sont plus
autorisés qu'eux pour accéder aux latrines dans les
ménages. Ce phénomène rend difficile l'accès aux
latrines dans les ménages. Les enfants qui ne sont pas en âge
d'utiliser les latrines défèquent principalement dans la cour et
sur les tas d'ordures. Même si les selles sont faites dans des pots,
elles sont après tout jetées dans la brousse ou sur les tas
d'ordures et participent de l'insalubrité dans les ménages. Il
ressort de ce phénomène que, la grande partie des excréta
sont déposés au sol et entraîne une pollution de l'air dans
les ménages. Malgré toutes les bonnes intentions qui ont conduits
à la construction des latrines dans les ménages; les
représentations sociales faites des excréta sabotent les efforts
de ces ménages. Les types de latrines observés se
présentent comme suit, (Photo 6).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra8.png)
Photo6: Latrine familiale à simple fosse avec
dalle en béton.
Source: Prise de vue; HOUNNOUGBO,
2014
L'état de cette latrine domestique montre qu'elle est
très vieille. Elle respecte sûrement une norme de construction
mais pas l'actuelle norme en vigueur. Son état délabréfait
qu'elle pollue l'atmosphère de ses odeurs nauséabondes. Il en est
de même pour les ménages qui disposent de latrine familiale
à simple fosse en terre, (Photo 7).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra9.png)
Photo7: Latrine familiale
à simple fosse avec clôture en branches de palmiers.
Source: Prise de vue; HOUNNOUGBO,
2014
Voici les latrines qu'utilisent les communautés de
Kpomassè. Elles sont construites pour y déféquer mais
elles ne respectent aucune norme d'hygiène mais peut être celle de
la culture des communautés de Kpomassè. Les rationalités
derrières ces constructions sont celles de disposer d'une latrines pour
ne plus aller déféquer dans la brousseà des heures
tardives, la nuit surtout. Elles sont construites en matériaux
précaires, la clôture en paille ou tôle et des bois qui
servent de support sur lequel les acteurs sociaux de Kpomassè posent
leurs pieds pour déféquer. En réalité, les latrines
n'occupent aucune place dans la vie des communautésde Kpomassè;
si elles existent dans certains ménages, dans d'autres elles n'existent
pas. Cela résulte de cette socialisation qui forge l'esprit de l'Homme
de Kpomassè à considérer que les excréta sont des
aliments pour les animaux domestiques. En respectant cette chaîne
alimentaire les communautéscommuniquent avec les animaux et la terre;
elles défèquent sur le sol pour dire à la
terre:«je te retourne ce que tu m'as donné pour que
tu m'en donne une autre fois». Aux animaux de s'en accaparer pour
tirer leur ration alimentaire puisque attirés par l'odeur de ces
excréta. Il s'installe alors une communication orchestrale entre
l'homme, la terre et les animaux. Cette communication consolide la
solidarité qui existe entre l'homme, la terre, les animaux et les
végétaux pour l'équilibre du système cosmique.
Cette symphonie culturelle fait que dans les établissements scolaires,
malgré qu'ils soient tous dotés de latrines; ilsfont tous une
gestionanomique des excréta. Il est observé par ailleurs que dans
ces établissements scolaires Epp/Tokpa-Domè,
CEG/Tokpa-Domè, Epp/Kpomassè, CEG/Kpomassè-centre,
CEG/Sègbohouè, Epp/Sègbohouèetc. les latrines sont
vétustes et d'autres sont mal entretenues, (Photo 8).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra10.png)
Photo 8: Latrine scolaire fermée avec des
briques.
Source: Prise de vue; HOUNNOUGBO,
2014
Dans les marchés de
Kpomassè-centre,deTokpa-Domè, de Sègbohouède
même qu'à la gare routière, il a été
observé que tous sont équipés voire
suréquipés en latrines. Cependant les usagers n'ont pas
accès à ces latrines pour plusieurs raisons. Sur les treize (13)
personnes interrogées, la moitié a affirmé que:
«les modules de latrines construits par la commune de Kpomassè
sur financement PPEAet officiellement mises en service sont restés
fermés, les comités de gestion des marchés ont de
difficultés à recruter de volontaires pour la gestion des
latrines. Il arrive parfois que les usagers refusent de payer les
prestations».Il est observé que les vieilles latrines du
marché de Tokpa-Domè en mauvais état physique sont
appropriées par des chefs de ménages influents qui les ont
cadenassées, (Photos 9).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra11.png)
Photo9: Latrine publique appropriée par un
ménage.
Source: Prise de vue; HOUNNOUGBO,
2014
La négligence que subit cette latrine s'explique par le
fait que les communautés de Kpomassè ne sont pas habituées
à l'utilisation des latrines.A Kpomassè les excréta sont
appelés «nukãm? ou adaa»; nukãm?
décomposé donne «nu» chose et «kãm?»
brousse; ce qui réunit montre que les excréta sont
destinés à être fait dans la brousse.Et à tous les
endroits où les excréta sont déposés,les
communautés de Kpomassè donnent le nom
«adaado».
A l'instar des marchés, les centres de santé
visités CSA/Tokpa-Domè, CSA/Sègbohouè et le
CSC/Kpomassèsont tous équipés voire
suréquipés de latines à fosses ventilées
accessibles aux usagers (patients et accompagnateurs) offrant ainsi des
possibilités d'accès cinq à dix fois supérieurs
à la norme. Il résulte de cette situation de
suréquipement des centres de santé que des cabines soient
transformées en magasin pour matériels encombrants ou simplement
fermées parce que remplies ou non utilisées.Derrière ce
comportement se lit le manque d'intérêt pour les latrines
résultant des acquis culturels.
En général, les latrines des centres de
santé sont propres sans mouches ni odeur. Mais, il est rencontré
aussi des latrines enherbées. Les raisons qui expliquent cette situation
est le manque de personnel et de ressources financières affectés
à l'assainissement dans les CSA, (Photo 10).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra12.png)
Photo 10: Etat d'une latrine du centre de
santé.
Source: Prise de vue; HOUNNOUGBO,
2014
Ici, cette photo montre une latrine dont les portes sont
détruites par les intempéries climatiques. Elle n'est pas pleine
mais abandonnée par les agents et les usagers de ce centre de
santé. Cet abandon est dans la logique de la rationalité des
communautés de Kpomassè. Cette rationalité villageoise qui
modèle les habitudes des communautés et les oblige à vivre
sans avoir grand besoin des latrines. Le soin autour des latrines n'est pas du
comportement des communautés de Kpomassèce qui fait qu'elles ont
abandonné cette latrine dans une insalubrité notoire. Les centres
de santé disposent de plus de latrine et il résulte de ce
surnombre l'abandon ou la transformation en magasin de certaines parmi elles,
(Photo 11).
![](Gestion-des-dechets-solides-menagers-et-excreta-dans-la-commune-de-kpomassegra13.png)
Photo 11: Latrine transformée en magasin dans
uncentre de santé.
Source: Prise de vue; HOUNNOUGBO,
2014
Cette latrine est abandonnée et transformée en
magasin parce que les communautés n'ont pas l'habitude des latrines.
Elles préfèrent leurs habitudes endogènes pour
déféquer. Dans ce centre de santé, il est remarqué
que les latrines sont en grand nombre malgré celala gestion des
excréta se fait avec des pratiques populaires ou traditionnelles. Les
modes de gestion des excréta adoptés les
communautésexpliquent la gestionanomique des excréta dans la
commune de Kpomassè.
En somme,les modes de gestion de déchets solides
ménagers et ceux des excréta adoptés par les
communautés expliquent la gestionanomiquedes déchets solides
ménagers et excréta dans la commune de Kpomassè par
conséquent la deuxième hypothèse de cette recherche est
confirmée.
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