2.2. Les facteurs limitatifs relevés dans la
littérature sur cette relation.
La surliquidité bancaire peut être
observée sous deux angles : excès de liquidité
systémique ou excès de réserves. Elle est
généralement perçue dans la littérature bancaire
comme l'écart entre le total des actifs liquides et le total des actifs
liquides réglementaires. Cette surliquidité est difficile
à tirer conclusion sur la détermination des facteurs qui
l'engendrent.
Plusieurs auteurs se sont penchés sur le
phénomène de la surliquidité en cherchant à
déterminer les principaux facteurs qui l'engendrent. Pour Agénor,
Aizenman, et Hoffmaister (2004), le phénomène dérive de la
contraction de l'offre de crédit par les banques commerciales. Dollar et
Hallward-Driemeier (2000) affirment par contre que la surliquidité, en
Asie de l'Est, résulte de la baisse de la demande de crédit qui
est due à la contraction de la demande agrégée
engendrée par la crise. Ce qui démontre que la
surliquidité bancaire peut être engendrée par plusieurs
facteurs autres que la bonne gestion des risques auxquels les banques
commerciales sont exposées. Ces facteurs peuvent être soit
externes ou internes aux banques.
2.2.1 Les facteurs externes aux banques.
Plusieurs facteurs externes aux banques peuvent engendrer la
surliquidité des banques. C'est ainsi que nous pouvons dire que :
La politique d'open market (marché ouvert) contribue
à la création de la surliquidité bancaire. Il s'agit de
l'intervention de la banque centrale sur le marché monétaire.
Elle se porte acheteuse ou vendeuse ferme15 de titres privés
ou publics. Lorsque la banque centrale vend des titres, la conséquence
est une diminution de la liquidité sur le marché monétaire
; par contre dans le cas de l'achat, cette dernière va augmenter sur le
marché c'est-à-dire une augmentation de l'offre de
15 « Ferme » veut dire transfert définitif de la
propriété de titres soit au profit de l'acheteur ou au profit du
vendeur.
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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.
liquidité, qui peut engendrer un excès de
liquidité bancaire c'est-à-dire la surliquidité bancaire.
Mais le respect du ratio de solvabilité peut aussi engendrer la
surliquidité bancaire.
Le ratio de solvabilité édicté par le
comité de Bâle que les banques sont assujetties à
respecter, les oblige à couvrir une partie de leurs engagements par
leurs fonds propres. Ce ratio doit être égal ou supérieur
à huit pour cent (8%). Cette réglementation pénalise
certaines banques qui ne disposent pas de fonds propres importants,
malgré un niveau élevé des ressources
(dépôts). Ce qui va réduire leurs engagements et engendrer
une surliquidité bancaire.
Nous pouvons remarquer que les conjonctures
socio-économiques nationales ou internationales, sont aussi favorables
à l'augmentation des ressources des banques, à l'instar de la
faiblesse de la demande de crédit auprès des ménages en
général et des grands investisseurs en particulier pour des
raisons spécifiques non propres aux banques.
L'augmentation des investissements directs étrangers
(IDE) et privatisation des entreprises publiques qui vont engendrer une
entrée importante des devises.
Une croissance économique due à l'importance des
capacités d'autofinancement des entreprises n'incite plus celles-ci
à contracter des emprunts bancaires. Ce qui pousse ces banques à
devenir sur liquides.
En Asie de l'Est, Dollar et Hallward-Driemeir (2000) montrent
que la surliquidité dans ces pays pendant la crise, résulte d'une
baisse de la demande de crédit, engendrée par la contraction de
la demande agrégée qui a accompagnée la crise. Ce qui a
poussé les banques commerciales à devenir sur liquides.
Dans la zone franc en générale, la
dévaluation du franc CFA de 1994, en entrainant un accroissement des
recettes d'exportations (ce qui induit l'entrée des devises) et le
rapatriement des capitaux, a contribué, à la surliquidité
structurelle du système bancaire de la zone (FMI, 2006). La
dévaluation mène ainsi directement sur la piste du système
de change pratiqué dans la zone. En effet l'ancrage et la
convertibilité illimitée avec l'Euro, sont de nature à
favoriser une détention de la liquidité en franc CFA par les
agents au détriment de l'investissement.
En Afrique centrale, l'envolée du cours du
pétrole est aussi retenue par la BEAC, comme facteur
prépondérant dans l'explication de la surliquidité de la
zone. Autant l'effondrement du cours des matières premières a
engendré une crise dans le système bancaire dans les
années 1980, autant
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LES ENJEUX DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE AU CAMEROUN.
son envolée serait à l'origine de cette aisance
de trésorerie qui inquiète toujours les autorités
monétaires.
Ce qui montre que plusieurs facteurs externes peuvent
engendrer la surliquidité des banques. Ainsi, la gestion des risques
n'est pas le seul déterminant de la surliquidité des banques. Les
facteurs internes à la banque autres que la gestion des risques peuvent
aussi engendrer la surliquidité des banques.
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