Les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo.( Télécharger le fichier original )par Kossi Mawulé ATCHOTIN Université de Lomé - Master recherche 2014 |
Chapitre 2 : Définition des concepts et revue de littératureCe chapitre donne la signification des concepts clés utilisés dans la recherche et fait la recension des écrits pertinents et théoriques des différends auteurs qui ont abordés la problématique du développement local et de la décentralisation dans une perspective d'autopromotion des communautés à la base. Diverses théories sont exposées pour pouvoir comprendre le phénomène étudié.2.1.Définition des conceptsDans cette rubrique, nous procédons à la clarification des notions de base de la thématique de la présente étude à travers l'opérationnalisation des différents concepts. Un tel exercice a une double visée. Il s'agit, d'abord, de faciliter la compréhension de certains termes techniques et enfin de circonscrire les concepts clés des hypothèses. - Autopromotion communautaire L'autopromotion communautaire est une démarche d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices, prennent en charge leur propre développement en tenant compte des potentialités et contraintes endogènes et exogènes. Dans ce processus, les principaux acteurs sont les bénéficiaires eux-mêmes ; les agents extérieurs ne sont que des facilitateurs. L'autopromotion communautaire apparaît comme une démarche dans laquelle, une communauté, à partir des problèmes et besoins de son milieu, cherche à aller de l'avant dans un esprit collectif, en tenant compte des contraintes et des potentialités du milieu, afin de garantir de meilleurs conditions de vie de ses membres et de participer au développement de son pays. Des auteurs ont proposé des définitions au concept d'autopromotion. Pour Vankaunkelsven J. (1986 :3), le développement par l'autopromotion, c'est d'abord que les populations cibles soient responsables du développement qui est poursuivi. Une telle responsabilité n'est possible que lorsque les communautés à la base ont la possibilité de s'exprimer, de dire ce qu'elles pensent, ce qu'elles espèrent et attendent comme changements. Ensuite, l'autopromotion ne se réalisera pas en fonction de modèles de développement extérieurs, mais à partir des besoins et aspirations locales et la satisfaction des besoins élémentaires aura la priorité. Enfin, l'autopromotion fait avant tout appel aux acteurs du développement non seulement aux personnes individuellement, mais aussi aux communautés à la base celles-ci étant concernées en premier lieu. Identifiant le développement à la base à l'autopromotion communautaire,Dovi E. et al (1989 :15) affirment que ce dernier doit partir des intéressés, de leurs problèmeset/ ou de leurs potentialités. En même temps que le développement parl'autopromotion s'enracine dans les réalités concrètes de chaque aire socioculturelle (enculturation), il doit aider à accorder les capacités et performanceshumaines, intellectuelles et techniques. D'où, le rôle inestimable de la dialectique du triptyque, formation - action - recherche. De son côté, BicombeL. (1996),tout en assimilantl'autopromotion d'une communauté audéveloppement communautaire, pense que pour pouvoir parler de cette dernière, il faut: «que les habitants de cette communauté s'organisent pour prendre des initiatives dans l'intérêt de tous; qu'ils s'entendent sur un but commun à atteindre; qu'ils soient d'accord pour chercher ensemble les moyens nécessaires; qu'ils soient prêts à mettre ensemble leurs efforts pour vaincre les difficultés ». N'diayeS. (1996) retient deux dimensions fondamentales que renferme ceconcept: « L'endogénéité et l'autonomie. Si la première a trait à la nécessaire impulsion du processus par les acteurs locaux qui restent alors maîtres du jeu, l'autonomie, elle, se réfère à une maîtrise relative de l'organisation locale sur ses activités incluant l'exécution de sa mission, l'acquisition de ressources minimales propres et la capacité et la liberté de gérer ses ressources conformément à ses intérêts institutionnels... » - Obstacles internes Un obstacle, selon le Dictionnaire Larousse c'est « Ce qui empêche d'avancer, ce qui s'oppose à la marche ; ce qui empêche ou retarde une action, une progression ». Un obstacle est une entrave ou un gêne, une difficulté empêchant la réalisation de quelque chose. Dans le cadre de la formulation de notre thème de recherche, les obstacles à l'autopromotion communautaire désignent les difficultés liées au développement communautaire par l'autopromotion. C'est tout ce qui empêche l'autopromotion ou le développement local. Nous entendons parobstacle interne tout ce qui, relevant d'une communauté à la base et qui l'empêche de s'autopromouvoir. - Obstacles externes Les obstacles externe dans la présente étude, sous entendent tout ce qui constitue un frein au développement par l'autopromotion des populations à la base et relevant de l'environnement extérieur desdites populations. - Lien social Le lien social représente l'ensemble des relations et des dispositifs qui permettent de rattacher les individus et les groupes les uns aux autres. Le lien social dans une société donnée, désigne ce qui fait que ses membres acceptent de faire partie de la société. C'est l'ensemble des relations sociales et de contacts entre les membres d'une société. En sociologie. Il représente l'ensemble des appartenances, des affiliations, des relations qui unissent les gens ou les groupes sociaux entre eux. C'est la forcequi lie, par exemple, les membres d'une famille entre eux, ou les membres d'une communauté. Pour Tonnies F. (1971), nous pouvons nous rendre compte que la nature du lien social est intimement liée à la structuration sociale qui accompagne le devenir des sociétés. Ainsi, le communautaire désigne une forme de vie où les relations entre ses membres sont proches et intenses et fondées sur la confiance réciproque et la coopération. Par contre avec l'avènement de la modernité qui a fait passer à une forme d'organisation sociale, la société se complexifie et les relations entre les individus passent progressivement vers la forme sociétaire dans laquelle les rapports sociaux deviennent de plus en plus mécanisés, froids et rationnels. - Solidarité La solidarité est le sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d'un groupe de personnes qui sont moralementobligées les unes par rapport aux autres. Ainsi les problèmes rencontrés par l'un ou plusieurs de ses membres concernent l'ensemble du groupe. La solidarité conduit l'homme à se comporter comme s'il était directement confronté au problème des autres, sans quoi, c'est l'avenir du groupe (donc le sien) qui pourrait être compromis. La solidarité humaine est un lien fraternel et une valeur socialeimportante qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. C'est une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté d'intérêt. Pour Durkheim E. (1978), la sociologie doit se préoccuper d'expliquer la vie des hommes en société de façon à ce que ceux-ci puissent espérer vivre en plus grande harmonie. Leur quête primordiale est donc la découverte des mécanismes qui puissent leur permettre de former tous ensemble une société. Durkheim considère d'abord, qu'il y a différentes formes de solidarité sociale selon les différents types de société. Ainsi, chaque société se caractérise par une forme différente de solidarité sociale. Pour Tonnies F., il y a eu un passage d'une organisation sociale de type communautaire à une autre de type sociétaire d'où découle une différente configuration du lien social. Pour Durkheim, il y a aussi une transition d'un type de solidarité mécanique à un type de solidarité organique qui correspond à deux modèles d'organisation sociales, respectivement la communauté et la société. - Décentralisation La décentralisation consiste en un transfert de pouvoirs de l' État vers des personnes morales de droit public distinctes de lui. Elle dispose d'une autonomie plus ou moins grande, selon le degré de décentralisation, d'un budget propre, et reste sous la surveillance de l'État, autorité de tutelle. La décentralisation est un système d'administration dans lequel le pouvoir de décision est exercé à la fois par l'État et par des personnes morales autonomes soumises au contrôle, en principe de légalité, des autorités étatiques. Autrement dit, la décentralisation consiste dans le transfert d'attributions de l'État à des collectivités ou institutions différentes de lui et bénéficiant, sous sa surveillance, d'une certaine autonomie de gestion.2(*) La décentralisation est le fait pourles habitants d'un espace géographique donné, dotés de la personnalité morale, de gérer de façon autonome, leurs propres affaires par l'intermédiaire des représentants locaux élus. La décentralisation permet donc aux citoyens d'une localité, de participer aux décisions relatives à leurs intérêts collectifs. Pour Deberre J.- C. (2007) « La décentralisation implique un partage du pouvoir, des ressources et des responsabilités et doit permettre de rapprocher géographiquement les prises de décision des populations. » - Développement Dans son rapport cité par Rist G. (2001), la Commission Sud (1990 :329) a formulé la définition suivante : « Le développement est un processus qui permet aux êtres humains de développer leur personnalité, de prendre conscience en eux-mêmes et de mener une existence digne et épanouie. C'est un processus qui libère les populations de la peur du besoin et de l'exploitation politique, économique et sociale. C'estpar le développement que l'indépendance politique acquiert son sens véritable. Il se présente comme un processus de croissance, un mouvement qui trouve sa source première dans la société qui est elle-même en train d'évoluer.» Dans l'approche de Rostow (les étapes de la croissance) et du diffusionnisme, le développement est définit comme un type de changement social qui peut être obtenu grâce à l'introduction d'innovations dans un système donné, en vue de produire un accroissement du revenu et une meilleure organisation sociale (Mattelart 1990). La définition sociologique du développement est celle qui semble présenter le plus de clarté. Cette définition lie le développement au simple fait de la croissance des individus qui composent la société et la possibilité dont ils disposent pour satisfaire leurs besoins vitaux. Ainsi, pour certains « c'est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global » (Perroux F.,1991 :15). Pour d'autres, comme Myrdal G. (1978),il s'agit tout simplement d'un mouvement vers le haut de tout le corps social, en matière de besoins fondamentaux (accès à l'eau, à la santé à la l'éducation, aux loisirs... Enfin, Sen A. (1999),propose une définition plus simple du développement comme étant « un processus d'expansion des libertés réelles de tous les individus.» De toutes ces définitions, il ressort une évidence, celle que le développement est un processus de croissance ou d'amélioration des facteurs sociaux qui garantissent le mieux-être de la population. Ainsi, ces approches définitionnelles semblent mieux refléter la réalité dans la mesure où elles placent l'homme au centre du développement. Comme tel, le développement au niveau sociologique apparaît comme une sorte de facteurs dont disposent les individus et qui favorisent leurs émancipations. - Développement local Le développement local est une nouvelle approche du développement fondée sur le partenariat, la mobilisation et la participation des forces vives locales (Pecqueur, 2000). Il vise la valorisation des ressources par des acteurs locaux organisés en partenariat pour créer de la richesse, du travail (Boucher etal., 2001). Pour Mengin J. (1989) cité par Bonnal J. (1995), le développement local c'est pour les sociétés locales la faculté de relocaliser leur développement, en s'appuyant sur les caractéristiques de leur espace: richesses naturelles, humaines, spécificité de l'espace, organisation sociale propre, tradition culturelle. Pour cela, il faut que la société "récupère" un certain nombre de fonctions sur cet espace, mais aussi opère une sorte de rupture avec le passé. « Le développement local vise ainsi à recréer un espace structuré par des pôles, relativement autonome, capable de négocier avec l'extérieur... » Le développement local est ainsi une voie de sortie pour les communautés par rapport à la mondialisation (Leloup et al. 2007). Le développement communautaire répond spécifiquement à un besoin socio-économique des catégories défavorisées de la population. C'est une spécificité du développement local qui offre des possibilités aux couches désavantagées sur un territoire d'entreprendre et de participer à des activités en vue d'améliorer leurs conditions socio-économiques. Douglas, cité par André J. (2007), parle de développement économique communautaire; pour lui, il est « ... un ensemble d'actions collectives visant la satisfaction d'intérêts locaux à caractères socio-économiques ». Selon lui, le développement communautaire conduit à ce qu'il appelle « économie sociale ou alternative » qui se veut un processus de développement appuyé sur « la gestion collective, la recherche de la rentabilité sans objectif d'enrichissement» mais dont la production répond aux vrais besoins de la communauté. - Projet de développement communautaire Un projet de développement communautaire peut être défini comme une action réalisée dans un objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d'un besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.) d'une communauté d'hommes et de femmes leur permettant de s'épanouir dignement. « Il tente d'en valoriser les qualités (ressources, atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en contourner les contrainte ». (Daniel, N. 2003 :1). Il implique des groupes d'intérêts divers notamment des membres de la communauté, les autorités locales et des agents externes d'appui technique et financier. * 2http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9centralisation |
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