2.2.3. Cadre théorique de
référence
Pour comprendre les obstacles à l'autopromotion
communautaire de la population du canton d'Anfoin, il est nécessaire de
se référer aux théories d'Emile Durkheim, de Georg Simmel,
à la thèse diffusionniste développée par Boas,
Sapir et Balandier G. et enfin à la théorie du changement social
développée par RocherG.
2.2.3.1. Théorie de la division du travail
social
Durkheim E. (2007), témoin de la naissance de la
société industrielle et, pour qui l'étude des formes de la
solidarité sociale relève de la sociologie, s'est posé la
question de savoir, comment s'unissent les hommes dans une
société qui s'individualise sans cesse. Il définit ainsi
deux formes de solidarité sociale. La première, dite
solidarité mécanique, correspondant à une
société dans laquelle les individus sont semblables et partagent
d'une même manière et d'une même intensité les
éléments constituant la conscience collective. Cette forme de
solidarité est le reflet des sociétés traditionnelles
où la spécialisation et la division des tâches sont
très faibles (Durkheim E., 2007 : 35-78).
La seconde forme de la solidarité est dite organique et
est caractéristique des sociétés modernes dont les signes
distinctifs sont la spécialisation, l'interdépendance et la
complémentarité des tâches des individus. Dans le processus
de transformation d'une société traditionnelle à une
société moderne, les individus, entendus comme sources autonomes
de pensée et d'action, se particularisent. Cette dynamique de
singularisation des individus conduit à la modification radicale de la
vie sociale avec comme toile de fond, l'affaiblissement progressif et
inéluctable de la conscience collective. Ce qui fait que les individus
ne partagent plus tous les mêmes croyances et que celles-ci ne s'imposent
plus à eux avec la même intensité (Id : 79-102).
2.2.3.2. Théorie des relations sociales
Simmel G. (2009), s'inscrivant dans la même logique que
Durkheim E., il distingue deux sortes de relations sociales : les
relations affectives et les relations rationnelles. Selon lui, ces
dernières ont pris une importance considérable dans les
sociétés modernes du fait de la multiplication des relations
marchandes et la ville constitue à ses yeux la forme d'organisation
sociale la plus propice aux relations fondées sur la rationalité.
Avec la rationalité, l'action devient téléologique et se
caractérisent par la coordination rationnelle des moyens à une
fin et, partant, par la combinaison intelligente de la causalité et de
la téléologie. Ainsi, la dialectique de la réification des
rapports sociaux et de la libération formelle de l'individu indiquant
que la monétarisation, la dépersonnalisation et la
fonctionnalisation des relations sociales entraînent la libération
des relations de dépendance personnelle. De même, la dialectique
de la rationalisation et de la perte de sens montre que la
monétarisation et l'intellectualisation de la vie ouvrent la voie
à la prédominance des moyens sur les fins et aux sentiments
modernes de déracinement et d'absurdité (Id : 81).
L'institutionnalisation de l'économie monétaire
qui est le fondement de toute activité économique stimule encore
davantage le processus d'individualisation basé sur l'unicité
qualitative et le caractère irremplaçable qui est
caractéristique des milieux urbains (Ibid : 11, 36, 41). L'auteur
arrive à la conclusion selon laquelle, la monnaie, une fois devenue une
fin en soi, exerce une grande influence sur les contenues de la
société et, en particulier, sur la façon de penser et de
percevoir le monde. Les passions et les sentiments s'effacent devant les
calculs rationnels et la recherche des intérêts. Auparavant
interpersonnelle, la monnaie comme la ville ont bouleversé les relations
sociales pour leur donner un contenu impersonnel.
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