Paragraphe II : La thèse intermédiaire
Face à la controverse doctrinale soulevée par
l'existence du droit pénal de l'environnement, il apparaît que
l'existence du droit pénal de l'environnement est une
réalité indubitable malgré sa douloureuse parturition. En
revanche, le problème de son autonomie fait couler beaucoup d'encre car
certains auteurs confirment son autonomie pendant que d'autres la remettent en
cause. Face à ceci, la sagesse juridique nous suscite à adopter
une
8 J. BETAILLE, Revue juridique de l'environnement,
volume 39, 2014, p.47.
9 . J. BETAILLE. Op.cit, p.47.
![](La-sanction-penale-en-droit-de-l-environnement-tude-comparee-des-droits-camerounais-et-franai24.png)
12
position intermédiaire. Il nous revient donc de
présenter l'exposé et le contenu de notre thèse
intermédiaire (A) avant d'en analyser la portée (B).
A- Le contenu de la thèse
intermédiaire
La thèse intermédiaire que nous tenterons
d'exposer dans les lignes qui suivent nous permet de trancher le débat
en réalisant le juste milieu entre la thèse positiviste et la
thèse négativiste. Selon vous, l'autonomie du droit pénal
de l'environnement doit être admise mais sous certaines conditions.
En effet, la répression pénale sur
l'environnement tend à s'internationaliser10. Compte tenu du
contentieux abondant en matière environnementale et des plaintes qui
affluent devant les juridictions internationales11. Cet état
de choses fait que l'autonomisation du droit pénal de l'environnement
doit apparaître comme une nécessité impérieuse et
pour y parvenir, le droit pénal de l'environnement doit avant tout
reconnaître qu'il ne peut pas exister sans le droit de l'environnement
car ce dernier constitue sa principale source. En outre en l'état actuel
du droit, aucun pays n'a conçu ou adopté un « code
pénal de l'environnement » ou alors un instrument juridique
similaire, les infractions environnementales sont contenues dans les lois
relatives à l'environnement et les lois spéciales telles que les
lois sur l'eau, la protection de la nature12 etc.... Cet état
de choses contribue à embrigader le droit pénal de
l'environnement qui pour gagner son autonomie doit au préalable disposer
d'un instrument juridique qui lui est propre à savoir le « code
pénal de l'environnement » ou « code répressif de
l'environnement », ce qui permettrait d'avoir plus de visibilité
sur la répression pénale des atteintes à l'environnement
car la disparité des textes peut être source
d'insécurité juridique et pour le faire, il faut trouver le juste
milieu entre les infractions écologiques et les infractions qui rentrent
dans le cadre de la violation d'un règlement
administratif13.
10 M. PRIEUR, Actes de Porto Novo lors de la
clôture des débats de l'AHJUCAF, Bénin 2008.
11 Affaire du Probo Koala voir le rapport d'Amnesty
international « Côte d'Ivoire, une vérité toxique
à propos de Trafigura, du Probo Koala et du déversement de
déchets toxiques en Côte d'Ivoire » (2012),
téléchargeable sur le site d'Amnesty International, Affaire
Dubrovnik (Tribunal Pénal International 18 mars 2004). Au plan
régional, la CJCE en septembre 2006 a consacré le droit
pénal européen comme nécessaire à
l'effectivité du droit matériel de l'environnement consacrant
ainsi l'autonomie, du droit pénal de l'environnement dans le cadre des
traités européens.
12 Le code de l'environnement français
comporte des dispositions pénales tout comme la loi cadre du Cameroun
relative à l'environnement.
13 Lors de la clôture des débats de la
réunion de Porto Novo au Bénin, le Professeur Michel .PRIEUR
s'est posé la question de savoir si on peut parler de droit pénal
de l'environnement quand celui-ci réprime seulement la violation d'un
règlement administratif.
![](La-sanction-penale-en-droit-de-l-environnement-tude-comparee-des-droits-camerounais-et-franai25.png)
13
Bien plus, le droit pénal de l'environnement doit se
doter de principes rigoureux et efficaces qui permettront de mieux faire
asseoir son indépendance par exemple, être capable d'engager la
responsabilité pénale de l'Etat même si dans bon nombre
d'Etats, l'Etat est généralement considéré comme
« pénalement irresponsable ». En outre, le droit pénal
de l'environnement doit réprimer et sanctionner dès lors que
l'acte a été réalisé (actus reus)
indépendamment des éléments de la « mens rea
»14.
Tout ce qui précède nous permet de ressortir de
façon ramassée et à vol d'oiseau le contenu de notre
thèse intermédiaire. Il apparaît que l'autonomie du droit
pénal de l'environnement est à relativiser car, il puise ses
sources dans plusieurs disciplines juridiques (droit pénal
général, droit de l'environnement, droit administratif, etc...).
Bien plus, le droit pénal de l'environnement doit s'armer de moyens
appropriés afin de concrétiser son autonomie, face à ceci
qu'elle peut être la portée de notre thèse
intermédiaire ?
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