CONCLUSION
Localisé au Sud-Ouest de la Région Maritime, le
terroir d'Assomé s'inscrit dans le système de paliers
formé par les terrasses alluviales, le long des versants de la basse
vallée de la rivière Zio. Il occupe précisément sur
le versant de rive gauche à l'entrée de la basse vallée,
la surface de la discontinuité Nord de la plus haute terrasse alluviale
et une portion de plaine d'inondation. Généralement la
topographie de ce site est déclive en direction du lit de la
rivière Zio avec des pentes relativement faibles (9 à 12 %) voire
nulle dans la plaine d'inondation.
Le potentiel pédologique est composé de 3 types
de sols. Il s'agit de sols ferralitiques qui recouvrent sur la terrasse
d'importantes couches d'éléments grossiers (galets et de
graviers) qui y sont exploités. Les fonds de vallées et les
terres aux abords du Zio sont dominés par les sols hydromorphes. Alors
que sur les versants on retrouve des sols peu évolués. Aux
différents types de sols correspondent respectivement trois types de
végétation de savane à savoir : la savane arbustive
dégradée, la savane arborée et la savane herbeuse.
Cet ensemble évolue sous un climat tropical
guinéen fortement influencé par l'anomalie climatique du
Sud-Togo. Ainsi la pluviosité (900 mm/an) est largement
inférieure à la normale régionale (1200 à 1500 mm).
Les périodes sèches sont exagérément longues alors
que celles des saisons de pluies sont de plus en plus courtes.
Depuis quelques décennies, cet espace
géographique aux ressources assez diversifiées est sous l'emprise
d'une exploitation systématique et abusive dont le résultat est
l'état actuel de dégradation avancée de son paysage,
laissant craindre à long terme une situation
d'irréversibilité écologique.
En effet pour satisfaire leurs besoins alimentaires et
économiques, les populations d'Assomé se rabattent sur les
ressources de la nature, qu'elles exploitent sans contrôle. Par
l'agrandissement des champs, l'exploitation du bois sous ses diverses formes,
elles déciment la végétation originelle entraînant
la dénudation des sols qui sont ainsi exposés aux attaques
hydriques (érosion, tassement, lessivage etc.). Il en résulte
alors des pertes de capacité de rétention en eau et en humus et
celles des sédiments du sol. Cette situation influence très
négativement les rendements agricoles dont la quantité et
qualité diminuent progressivement.
L'exploitation de gravier, en supplantant l'agriculture dans
la région, a accentué la destruction du couvert
végétale et causé la dégradation physico-chimique
des centaines d'hectares de terres. Ces dernières sont impropres
à l'agriculture. Il se pose alors un grave problème d'indigence
en terres de culture alors que la population ne cesse d'augmenter.
Les conséquences économiques et sociales de
cette situation sont très lourdes. La pauvreté en s'accentuant
amplifie ainsi les crises alimentaires des périodes de soudure et
l'incapacité pour les parents d'assumer les besoins de leurs enfants. La
jeunesse désoeuvrée migre vers les villes à la recherche
de meilleures conditions de vie.
L'objectif premier de notre étude étant de faire
ressortir les potentialités et les contraintes naturelles ainsi que le
contexte socio-économique du terroir d'Assomé, en vue d'une
gestion rationnelle. Constatant que les imbrications des conditions naturelles
avec les actions humaines sur le milieu convergent vers la dégradation
physico-chimique des terres, leur faible rentabilité,
l'insécurité alimentaire, la précarité et l'exode
rurale, il nous incombe de proposer des orientations en vue de contribuer
à freiner le fléau, restaurer le milieu et assurer un cadre de
vie meilleure à ces populations.
Il est urgent d'aider les paysans à accroître et
diversifier les rendements agricoles sur le peu de terres disponibles à
travers des méthodes de restitution de leur fertilité. Dans la
même perspective, la stabilisation des terres de culture par des
techniques anti-érosives efficaces s'avère nécessaire
avant l'apport de fertilisants organiques (compost) pour restituer le complexe
humique.
La reconstitution du couvert végétal du terroir
qui constitue le point focal de la réhabilitation du paysage est
très impérative. De ce fait, les timides efforts de la population
en ce sens par des petites plantations de tecks devront être
renforcés par l'agroforesterie qui sera vulgarisée dans la
région. Pour ce faire, il faudrait au préalable proscrire
l'extraction de gravier qui endommage la structure et la texture des sols, ne
permettant pas ainsi le développement des végétaux.
Pour que ces suggestions atteignent les résultats
escomptés (restauration du paysage, mise en valeur rationnelle et
conservatrice des ressources pour l'amélioration des conditions de vie),
il faudrait procéder à une sensibilisation de la population.
Cette sensibilisation doit permettre d'améliorer la connaissance
empirique des populations sur leur milieu et présenter les avantages des
techniques et méthodes proposées tout en décourageant les
pratiques qui dégradent le paysan.
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