11.2. Le modèle
d'augmentation des précipitations de 50 %
La basse vallée du Zio en général est
très vulnérable aux anomalies positives de précipitations
tant sur le plan local qu'à l'échelle de la zone
méridionale du Togo. Sur le plan local, les fortes averses engendrent un
engorgement des sols dénudés par les actions anthropiques. A
l'échelle régionale, cette vulnérabilité est
relative au fonctionnement hydrologique du Zio. En effet, le débit et la
vitesse d'écoulement du Zio augmentent exponentiellement avec
l'abondance des précipitations de la région des plateaux. Ces
eaux collectées par le Zio, s'étalent au niveau de sa basse
vallée provoquant ainsi des inondations semblables à celles de
2007 et 2008.
Ces phénomènes surviennent avec des hauteurs de
pluies de 1 200 mm à Lomé et de 2 200 mm dans la région
des plateaux, ordans le cas de ce modèle, il est prévu des
hauteurs de pluies annuelles qui s'élèvent à plus de 1 700
mm à Lomé (figure 23) et 3 300 mm (figure 24) dansla
région des plateaux et ce pour une période de cinq années
successives. Quels seront alors les effets induits de cette probable
situation?
Figure 20 : Modèle
d'augmentation à 50 % des précipitations à
Lomé
Figure 21 : Modèle
d'augmentation à 50 % des précipitations à
Kouma-Konda
Le préjudice porté par ce modèle au
terroir d'Assomé se traduira par une plus forte dégradation des
sols par l'érosion et le lessivage. L'altération continue des
formations superficielles à dominante argileuses qui matelassent les
dépôts de graviers de la haute terrasse à Assomé sur
3 à 5 mètres d'épaisseur, ameublira encore plus ces
formations au point où l'équilibre naturel sera fragilisé.
En fonction de la déclivité générale de la
topographie du site du terroir, il s'expose ainsi aux risques de glissement de
terrain.
En outre, l'engorgement des couches superficielles des sols de
la plaine entraînera l'inondation permanente de ces terres par la
stagnation des eaux de pluie. Cette situation sera aggravée par
l'arrivée massive dans la basse plaine des eaux collectées par le
Zio en amont au cours des mois de Mai à Octobre. L'ampleur des
inondations sera alors plus exacerbée que celui des années 2007
et 2008. En conséquence, le terroir d'Assomé, dont seules les
terres autour du Zio sont jusque là inondées, verra toute
l'étendue de sa plaine (1400 ha soit 58 % du terroir) occupée par
les eaux (carte 9). Les ponts, le dispensaire et les stations de pompage seront
submergés voire détruits et emportés par les eaux. Les
conséquences humaines et économiques de cette situation seront
catastrophiques pour le terroir d'Assomé.
L'érosion et le lessivage des terres appauvriront
encore plus les sols, ce qui compromettra la productivité des cultures.
De même, la piste Davié-Assomé-Kovié va de nouveau
se dégrader sous le coup du ravinement qui prendra aussi de l'ampleur.
Les glissements de terrains pour leur part entraîneront des destructions
de logements et de terres de culture voire des pertes de vies humaines. Quant
aux inondations, elles perturberont énormément les
activités rizicoles dont les rendements chuteront sensiblement.
Concomitamment, l'accès aux soins de santé et à l'eau
potable sera très difficile pour la population, d'autant plus que les
stations de pompage et le dispensaire seront détruits.
En somme, le terroir d'Assomé perdra ainsi une partie
de ses infrastructures et sera confronté à une grave crise
humanitaire c'est-à-dire sur plan alimentaire, au niveau de la
qualité de l'eau, du logement et de la santé. Aussi la
paupérisation de la population s'exacerbera et par là, les plus
graves formes d'exploitations des ressources comme le gravier se poursuivront.
Par conséquent, le développement de ce terroir sera
profondément compromis.
Carte 9
153
: Vulnérabilité du terroir
d'Assomé aux risques du développement
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