Développement des espaces géographiques. Exemple du terroir d'Assomé dans la basse vallée du Zio.( Télécharger le fichier original )par KOUAMI DODJI ADJAHO Université de Lomé - Maà®trise en géographie 2010 |
Chapitre 7: L'ORGANISATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE ETTERRITORIALEAssoméest un terroir aux valeurs culturelles typiquement Ewé5(*) qui reflète les origines du village et de sa population. C'est un ensemble de 2412 ha qui constitue le périmètre de contrôle social sur lequel les autochtones expriment leur identité, leur enracinement et leur appropriation de l'espace. Le terroir est perçu comme un don des dieux, donc sacré. La communauté est régie par des us, des coutumes et des interdits qui assurent la cohésion sociale et l'harmonie avec les dieux. De nos jours, toutes ces valeurs se perdent peu à peu sous l'influence du brassage culturel et religieux. Même la forêt sacrée, temple des dieux, est profanée rompant ainsi selon les garants des us et coutumes la faveur des dieux à l'égard du village. 7.1. Organisation socialeA l'instar des autres grands groupes du bloc Aja-Tado auquel elle appartient, la société éwé d'Assomé est une société gérontocratique et patriarcale à résidence virilocale. L'autorité est détenue par les hommes les plus âgés et les femmes doivent quitter la maison de leurs parents pour s'installer dans la concession de leur mari. Le réseau de parenté occupe une place centrale et constitue le socle de l'organisation sociale. La cellule de base est la famille « Éomé » qui prend ici une connotation beaucoup plus large qu'elle ne l'est chez les Occidentaux. Tous ceux qui descendent d'un même individu homme ou femme se considèrent comme membres d'une même famille. La famille s'étend donc au-delà des personnes unies par des liens de sang. On en distingue ainsi trois types : · la famille nucléaire ou conjugale est composée du père, de la mère et des enfants. En son sein on n'accorde aucun privilège à une voie particulière de filiation. Le père et la mère contribuent donc à parts égales à la procréation puis à l'éducation de l'enfant. Ils ont à son égard des devoirs complémentaires de même importance ; · la famille élargie regroupe plusieurs familles nucléaires et comprend les grands parents, les oncles, les tantes, les cousins, les petits fils, les neveux... ; · la famille clanique dont les membres se réclament d'un même ancêtre fondateur, ont les mêmes rites, les mêmes coutumes et partagent les mêmes interdits (les totems par exemple). Généralement le « Éomé » est représenté par un ménage qui constitue une unité familiale indiviseà la tête duquel se trouve un chef qui est le père de famille. Le regroupement des « Éomé » ayant un même ancêtre, donne des lignages qui à leur tour constituent des clans « Kota ». Selon Kossi (1993), le lignage est un segment du clan regroupant toutes les personnes se reconnaissant par filiation patrilinéaire comme descendants d'un ancêtre commun connu pour avoir vécu au moins trois générations plus tôt. Cet ancêtre laisse en héritage son nom à l'ensemble de la formation sociale et un ordre religieux. Outre cette organisation clanique, il existe des groupements ou associations culturels qui constituent des creusés de l'identité culturelle de la communauté villageoise. Au nombre de ces groupements culturels on peut citer ceux de Agbadja, Atiméhoun, Bobobo... Concomitamment, ces groupements ont pour objectif de promouvoir l'entraide et la solidarité communautaires dans le village. Chaque membre est ainsi assisté, aidé et soutenu moralement et financièrement à travers des cotisations collectives lors des grands évènements (naissance, mariage, libération, décès, funérailles...). Par ailleurs, pour bien sceller la cohésion et la fraternité des ressortissants d'Assomé, il fut institué la célébration de la journée de " Dedekpokpozan " (fête de la libération) comme la fête traditionnelle du village dont la dixième édition fut célébrée en 2009. * 5Ewé : Ethnie majoritaire du Sud-Togo. |
|