4.2. La dégradation des
sols
La dégradation des sols consiste en des modifications
de leur structure physique et de leur nature chimique sous l'effet des
phénomènes hydrique, éolienne et d'érosion.
Selon Ruelan (1934), la dégradation des sols se
déclenche lorsque l'érosion va plus vite que la formation du sol
à partir de la roche (le sol perd ses couches superficielles les plus
fertiles et s'amincit) ou quand les propriétés biologiques et
physico-chimiques des sols, utilisés pour les besoins de l'homme n'ont
pas le temps de se renouveler naturellement, ou ne sont pas suffisamment
renouvelés artificiellement par l'homme. Les sols s'appauvrissent donc
par la destruction de leurs matières organiques et biologiques.
4.2.1.
L'appauvrissement des sols en éléments nutritifs
Le sol où cohabitent les racines des
végétaux, les animaux et les micro-organismes est un assemblage
complexe de substances minérales et organiques, de gaz et d'eau. En son
sein se déroulent simultanément des phénomènes de
dégradation et de synthèse. C'est donc un milieu vivant en
constante évolution. Il est constitué de particules absorbantes
(résultant de l'association d'humus et d'argile) qui fixent les bases et
les éléments nutritifs afin de les restituer aux
végétaux (Djangbédja, 2000). Cependant, le sol perd toutes
ses caractéristiques et sa fonction, lorsque sa mise en valeur se fait
de façon excessive et sans apport de fertilisants et surtout avec des
pratiques culturales inadaptées à sa conservation comme à
Assomé.
En effet, comme conséquence de la croissance
démographique et de l'extension des gravières, qui
réduisent les surfaces cultivables, toutes les terres du terroir sont
permanemment mises en culture sans jachère (si elle existe, elle est
considérablement réduite à la période
sèche). Pire encore les pratiques culturales y sont très
négatifs (culture sur brûlis, labour à plat, sarclage
à répétition etc....) et apprêtent le sol à
l'érosion alors que la couverture végétale susceptible de
l'atténuer et de favoriser la fertilité des terres par le biais
des feuilles mortes a complètement disparu. Outre l'érosion,
l'humus que contenaient les sols est épuisé parce qu'ils sont
surexploités et soumis pendant plusieurs années soit à la
polyculture soit à la monoculture sans rotation ni assolement.
Pour Houédakor (1997), les sols de la terre de barre
possèdent un taux de matière organique très fragile de 5
%. Leur surexploitation conduit très vite à leur
épuisement par la destruction de la matière organique,
essentiellement le carbone, qui est libéré dans
l'atmosphère. Ainsi, les sols à Assomé ont perdu au fil
des années leurs complexes argilo-humiques par manque de carbone. Ce qui
affecte leur capacité d'absorption d'eau qui atténue par
conséquent leur fertilité. L'absence du complexe argilo-humique
empêche aussi la fixation sur place des engrais utilisés qui
finissent par être emportés eux aussi par le lessivage.
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