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Développement des espaces géographiques. Exemple du terroir d'Assomé dans la basse vallée du Zio.

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par KOUAMI DODJI ADJAHO
Université de Lomé - Maà®trise en géographie 2010
  

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Chapitre 4 : CARACTERISATION DU PAYSAGE

Le profil de référence du terroir d'Assomé révèle un cadre naturel fortement dégradé. L'analyse de ce cadre naturel portera sur divers facteurs entre autre le recul de la végétation, la dégradation des sols qui intéressent divers éléments caractéristiques.

4.1. Le recul de la végétation

Le couvert végétal de notre zone d'étude connaît depuis plusieurs décennies, une dynamique régressive caractérisée par la disparition progressive des forêts reliques et la réduction sensible des aires recouvertes par la savane.

L'analyse des cartes de végétation des années 1969, 1977, et 1996 (carte 4 A,B,C) réalisées par Etsè (1997) dans la zone du contact socle / bassin sédimentaire côtier (terroir d'Assomé y compris), de même que celle de la carte actualisée en 2008 (carte 4 D), fait apparaître une dégradation sensible des différents faciès de végétation dans la région. La demande plus accrue de terres devant servir à la production agricole pour nourrir une population de plus en plus importante et les coupes abusives de bois d'une part, l'extraction des graviers et sables de l'autre, expliquent largement cette destruction du couvert végétal dans la région.

De 1969 à 1977, on remarque que la savane arbustive s'est étendue au détriment des galeries et reliques forestières. Il s'agissait d'un appauvrissement floristique de la végétation. Les hauts arbres des forêts et les phanérophytes qui constituaient l'essentiel de la savane arborée ont en effet été abattus à des fins diverses au profit des formations arbustives etgraminéennes. Au niveau du terroir d'Assomé, les aires occupées par les formations forestières étaient passées de 820 ha en 1969 à 399 ha en 1977 soit une perte de 421 ha(51, 34 %). Ce qui correspondait à un rythme de destruction annuelle moyenne de 6, 41 % soit 52,62 ha sur cette période de huit ans.

A : Carte de végétation en 1969

(Photo n°470-749, Mission 1969)

B : Carte de végétation en 1977

(Photo n°2326 - 3604, Mission 1977)

D : Carte de végétation en 2008

(Campagne de terrain, 2008)

C : Carte de végétation en 1996

(Réalisée par Etsè (1997))

Carte 4 : Evolution du couvert végétal entre 1969 et 2008 dans la zone

de contactsocle / bassin sédimentaire côtier (secteur Est).

Même si de 1977 à 1996 (19 ans), le rythme de destruction a été freiné à 2,7 % par an, les observations en 1996 révèlent une dégradation encore plus prononcée de la végétation. L'aire occupée par les formations forestières a été réduite de 52 %. Les anciennes aires de cultures vivrières ont été agrandies au sein des savanes arbustives. Avec l'introduction de la riziculture, de nouvelles parcelles ont été défrichées au coeur des galeries forestières. Plusieurs hectares de forêt et de savane ont ainsi été remplacés par les champs après l'abattage des arbres. Parallèlement, l'extraction artisanale des « héritages morphologiques » (Gnongbo, 1989) prenait de l'ampleur dans la région avec la suppression complète de la végétation dans les zones de carrières. Les secteurs les plus touchés étaient les terroirs de Kovié et Mission-Tové pour le sable fin et, surtout Assomé pour les galets et les graviers. Il ne subsistait alors à Assomé que 190 ha de forêt.

En somme, la destruction du couvert végétal du terroir d'Assomé s'est faite à plus de 75 % entre 1969 et 1996. Les formations forestières ont largement cédé leurs places à la végétation de savane. Cette dernière, à son tour, a subit une profonde dégradation passant de la savane arborée à la savane herbeuse et graminéenne par endroits.

En 2008, la dégradation de la végétation était systématique à Assomé. L'effet conjugué de l'agriculture et de l'extraction du gravier a provoqué une destruction massive de la végétation. Au-delà d'un rayon de 1km autour du village, où se pratique les cultures de case, s'étendent une végétation de graminées, dominée par l'Imperata cylindrica, qui colonise les anciennes carrières de gravier. Dans les zones où elle se pratique encore, on aperçoit un paysage de sol mis à nu. La végétation y a été complètement détruite, laissant place à une étendue de gravières et de mottes de terre qui se succèdent dans le paysage sur près de 600 ha soit 36,47 % du terroir.

Les friches qui subsistent encore présentent un faciès desséché avec des arbres calcinés qui traduisent le passage du feu à plusieurs reprises. En effet, le feu utilisé pour préparer le champ au défrichement déborde toujours des limites des parcelles, pour s'attaquer aux végétations primaires qu'il décime quelques fois complètement. De ce fait, il détruit les ligneux et favorise l'expansion de la strate herbacée qui alimente les feux de brousse. Par conséquent, les savanes arborée et arbustive ont cédé leur place à la savane herbeuse essentiellement constituée d'Iimpérata cylindrica dont les aires d'occupation ne cesse de grandir.

Par ailleurs, la consommation de bois de chauffe et de charbon de bois augmente continuellement et se traduit par une coupe abusive des ligneux sans épargner les îlots de végétation protégés par la loi. Même la forêt sacrée du village a complètement disparu puisque de sa superficie originelle de dix hectares (estimation des habitants), il ne reste aujourd'hui qu'une bribe d'à peine 1 ha. Les arbres y ont été coupés (photos 11 et 12) pour satisfaire les diverses besoins en bois.

11 12

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 10 : Une bribe de la forêt sacrée d'Assomé

Photo 11 : Le tronc d'un Kapokier abattu dans la forêt sacrée d'Assomé

Dans les zones d'extraction de gravier, ce sont de véritables « déserts artificiels » que l'on observe à perte de vue. Pour cause, l'exploitation proprement dite des graviers commence avec le déblayage du terrain. Il consiste à l'abattage systématique de toute forme de végétation (arbres, arbustes, graminées); bref, le sol est complètement dénudé.

Lesanciennes carrières sont recouvertes de touffes discontinues d'herbes (photos13 et 14) qui ne protègent tout de même pas le sol contre les attaques de l'eau de ruissellement. A certains endroits où les couches de galets on été complètement décapées, la couche d'argile sous-jacente affleure permettant ainsi leurs mise en valeur agricole.

13 14

Campagne de terrain, Avril 2008

Photo 12: Végétation de savane herbeuse dans une carrière après 10 ans d'abandon

Photo 13 : Touffes de graminées recolonisant une carrière après 5 ans d'abandon

En somme, à Assomé, le couvert végétal est dégradé du point de vue formation et flore. Les savanes arborées sont réduites en touffes d'herbes qui essayent de recoloniser les anciennes carrières tandis que les forêts ne subsistent qu'enbribes qui se perdent dans le paysage.

Cette situation constitue une menace grave, car les arbres, ayant mis plusieurs années pour se développer, ne peuvent plus facilement se reconstituer une fois détruits (Houédakor, 1997). Ainsi en dehors de quelques rares formations de savanes boisées de la plaine d'inondation, notre aire de recherche est en majorité constituée de vastes étendues de graminées sans ligneux, ou s'il en existe, ceux ne sont que des arbres chétifs parce que régulièrement coupés sur des sols squelettiques impropres à l'agriculture.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore