3.1.1.2. L'agressivité du climat actuel
L'agressivité du climat d'un milieu donné est
appréhendée à partir des paramètres tels que
l'intensité, la durée, la fréquence, la hauteur et le
nombre de jours de pluie. C'est un élément très important
d'évaluation de la dégradation surtout par l'érosion.
Les pluies, tant de la grande que de la petite saison
pluvieuse, tombent sous formes d'averses violentes accompagnées de vents
forts. A Assomé, du fait de la dénudation des sols, elles
trouvent là des conditions favorables au déclenchement des
processus morphogénétiques. L'impact des gouttes d'eau
s'exacerbent et développent des actions violentes sur ces sols nus.
Très vite les filets d'eau se concentrent et le débit de
l'écoulement augmente. Plus l'intensité de la pluie est grande,
plus l'effet de battanceaugmente de même que le pouvoir érosif. Le
phénomène se déroule comme le montre le processus
ci-dessous:
Battage du sol
Désagrégation du
sol
Libération des particules
Obturation de la porosité de
surface
Réduction de la
capacité d'infiltration
Augmentation de l'érosion
Figure 14 : Processus
d'agressivité des pluies sur le sol
Selon Ayivi (2007), le même phénomène
s'observe aussi avec les pluies de faibles intensités mais persistantes
de la période sèche qui acquièrent également un
pouvoir érosif en remodelant les surfaces couvertes d'une
végétation clairsemée et discontinue. Il rejoint ainsi la
position de Roose (1973-1975) qui affirme que « En Afrique tropicale,
ce n'est pas l'averse exceptionnelle mais la somme de dix à vingt fortes
pluies qui détermine le niveau de l'érosion ».
En nous référant aux travaux sur les
phénomènes morphogéniques de la basse vallée du Zio
menés par Sewonou en 2007, les phénomènes d'érosion
s'observent surtout en début de saisons de pluies et au cours des mois
pluvieux (juin, octobre). Ainsi, il existe deux périodes
d'érosion dans la région. Au cours de ces périodes, les
pertes de terres sont considérables du fait des opérations
culturales (sarclage, labour). La terre est remuée et la
fréquence des pluies accélère le transport des particules
issues de cette dégradation mécanique.
Le tableau 3 ci-dessous nous donne un aperçu de
l'évolution de l'indice d'agressivité sur dix ans entre 1996 et
2005, selon la formule de Fournier :
K = p² / P
Où
K = indice de Fournier
P = moyenne annuelle de précipitations
p = précipitation moyenne du mois le
plus humide
Tableau 3 : Indices
d'agressivité des pluies de 1996 à 2005 à
Assomé
Années
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indices K
|
40,3
|
83,7
|
28,7
|
31,4
|
21,1
|
58,6
|
107,6
|
47,2
|
52,9
|
35,4
|
Par rapport aux fluctuations annuelles des quantités de
pluie on voit bien que l'indice d'agressivité aussi fluctue
énormément. Son maximum sur la période 1996 à 2005
se situe en 2002 avec une valeur de 107,6 alors que deux ans plus tôt en
2000 il n'était que de 21,1.
La moyenne générale donne une valeur de 50,69,
ce qui est relativement important. Cette valeur est supérieure à
celle de la période 1970-2000 qui s'élevait à 44,37
(Aliti, 2006). Ce qui dénote d'une intensification de l'érosion
hydrique des sols au fil des années.
Tout compte fait le climat joue un rôle
déterminant dans l'évolution des composantes physiques (sol et
végétation) des paysages. Cependant l'équilibre climat /
végétation et sols qui devrait prévaloir est fortement
perturbé par la pression humaine sans cesse croissante dans le milieu.
Si c'est une conviction que les changements climatiques du quaternaire sont
responsables de la savanisation généralisée sur l'ensemble
du pays, il n'y a pas non plus de doute que les actions anthropiques
accélèrent de nos jours de façon exponentielle cette
dégradation, surtout à Assomé.
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