L'uniforme scolaire: facteur d'intégration sociale. Cas des établissements d'enseignement secondaire de la ville de Banfora.( Télécharger le fichier original )par Idrissa SIDIBE ENS/UK BURKINA FASO - Certificat d'Aptitude à l'Emploi de Conseiller d'Education 2015 |
II. CADRE THÉORIQUEPour mener à bien notre étude qui se veut sociologique, nous allons nous référer à trois théories : la théorie sociologique d'Émile DURKHEIM, la théorie de la reproduction de Pierre BOURDIEU et de Jean Claude PASSERON et la théorie des inégalités scolaires de Raymond BOUDON. Ces deux dernières, bien qu'évoquant la question de l'intégration sous l'angle systémique s'opposent entre elles. II.1. La théorie sociologique de l'éducation d'Émile DURKHEIMOn considère généralement qu'Émile DURKHEIM est le fondateur de la sociologie française de l'éducation parce qu'il affirmait que l'école a pour finalité de produire des individus socialisés, à travers une « éducation morale » visant à former des acteurs adaptés à des conditions sociales données, et des individus autonomes, des citoyens capables de s'élever vers la culture de la « grande société ». En fait, cette sociologie participait de la construction d'une école de la République chargée d'assurer la formation d'une conscience nationale, d'une participation démocratique et d'une morale universelle et laïque; l'école de la République devait se mettre au service de la Raison et de l'intégration des individus dans la société. L'ampleur des tâches attribuées à l'école a fait de celle-ci une organisation centrale chargée d'instituer la nouvelle société qui s'est formée au XIXesiècle et d'incarner l'idéal révolutionnaire. Plus que toute autre institution, l'école a incarné la République. C'est dans l'esprit donc de permettre à l'école d'incarner toute République en particulier celle du Burkina Faso, que les défenseurs du port de l'uniforme scolaire avancent leurs arguments. Selon eux, le port de l'uniforme dans nos établissements publics permet de gommer les différences sociales qui peuvent exister entre les élèves d'un même établissement. De fait, en uniformisant l'apparence extérieure des enfants, il devient dès lors impossible de les différencier, de les catégoriser, voire de les hiérarchiser. Aussi, de manière à peine dissimulée, l'uniforme scolaire vient se positionner dans les écoles comme un contrepoids aux marques. Les modes se succédant de manière rapide, satisfaire aux exigences vestimentaires de son époque peut représenter une charge considérable au niveau financier dans un pays sous-développé comme le nôtre. « Être à la mode » n'est pas seulement un caprice d'enfant, mais peut représenter un vecteur d'intégration ou de non-exclusion d'un enfant dans son école. L'uniforme scolaire met fin à ce genre de pratique de compétition et permet aux élèves d'affirmer leur identité en ne s'axant que sur les éléments scolaires de l'école. Comme le dit si pertinemment Ervin GOFFMAN18(*), « C'est en abolissant les principes de différenciation sociale du monde extérieur qu'une institution (...) peut se donner progressivement une orientation conforme à sa propre conception de l'honneur». * 18 GOFFMAN. E., Asiles. Etudes sur la condition sociale des malades mentaux, traduit de l'anglais par LAINE L. et LAINE C., Paris, Les éditions de minuit, 1968, p.172. |
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