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La publicité au Mexique, vecteur d'exclusion sociale.

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par Michael Spanu
Université Lyon 2 - Master  2009
  

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CONCLUSION

Ce premier travail de recherche a été marqué du début à la fin par les questions d'exclusion sociale liées au foisonnement des cultures au Mexique. Il reste cependant clair que ce thème n'est qu'effleuré ici, ce travail n'aurait la prétention de faire le tour du problème de discrimination sociale au Mexique. Il a pourtant été pour moi le déclencheur d'une prise de conscience progressive des mécanismes sociaux et médiatiques qui conduisent à la discrimination. Comme je l'ai déjà mentionné, l'inégalité est si forte lorsqu'on la découvre que j'ai décidé de me dédier à l'étude de ce phénomène, à savoir comment il se reproduit et se légitime.

Par ailleurs, me mettant à la place du lecteur qui n'a pas vécu l'expérience mexicaine, j'ai tenté de conserver une certaine clarté dans ma recherche afin de ne pas rendre la lecture confuse et fastidieuse. Tout l'enjeu était de trouver le compromis entre une base d'information bien précise sur les spécificités du Mexique et une rédaction compréhensible pour n'importe quel lecteur étranger à cette culture.

Dans le cadre d'une recherche en sciences de la communication, il m'a fallu trouver une expression médiatique de ce phénomène d'exclusion sociale, et c'est vers la publicité que je me suis tourné. Il m'a été donné de l'étudier en profondeur alors même que j'éprouvais, sinon une aversion, une grande indifférence à son égard. Et c'est alors que j'ai réalisé que l'on étudie la publicité lorsqu'on l'aime, lorsque l'on veut travailler dans ce domaine, et que l'on passe alors à côté des aspects plus sombres, comme l'exclusion sociale par exemple. Peu nombreux sont ceux qui s'intéressent à la publicité pour la critiquer, bien qu'elle soit souvent dénoncée par quelques figures intellectuelles, et j'ai pu me rendre compte du peu de recul qu'ont ceux qui s'engagent dans la voie publicitaire. Cela revient à mon propos, car c'est justement ce manque de recul qui fait que la publicité n'admettra pas qu'elle est un vecteur d'exclusion sociale. J'admets, en ce qui me concerne, ne pas voir la publicité comme une manifestation médiatique très positive, mais le regard sans haine que je porte sur le monde m'engage néanmoins à m'y intéresser sans impliquer trop de sentiments, pour mieux la comprendre et peut-être tenter de la rendre meilleur (ou moins pire). Il m'aura en effet fallu me défaire de quelques préjugés et reprendre la publicité depuis le début, puisque je n'avais pas été un farouche passionné de publicité.

Ce travail aura aussi été une première tentative dans l'approche scientifique d'un thème qui me tient à coeur: les relations interculturelles. Je me suis évidemment confronté aux limites inhérentes à un tel sujet, c'est-à-dire l'ampleur du champ d'investigation et des notions théoriques, mais c'est un thème qui, selon moi, sera de plus en plus d'actualité dans un monde toujours plus global. Il faut peu à peu rendre les études en sciences sociales abordables, car elles nous concernent tous, et il serait dommage de s'en priver à cause d'un séparatisme entre politiques, citoyens et chercheurs. Je ne révolutionne rien en affirmant que les sciences sociales mériteraient une plus grande implication citoyenne et politique, plutôt que de rester dans le cercle très fermé des universitaires, mais c'est une réalité cruelle que je réalise à travers ce travail. Sans prétendre changer le monde publicitaire, un travail sur « la publicité comme vecteur d'exclusion sociale » aurait peut-être le mérite de faire réfléchir des professionnels, de voir en quoi leur manière de travailler automatisée est discriminante. J'imagine parfois la publicité, avec tout son capital, prendre de l'audace et faire de son discours quelque chose de complètement décalé, qu'elle cesse de réchauffer des stéréotype pour se placer à la pointe de la représentation sociale, avec une vraie éthique.

Malheureusement, au regard de l'actualité publicitaire et de son développement dans la société, on l'imagine plus devenir un méga-sponsor, que le cinéma commercial devienne réellement commercial, un « Fast and Furious » qui serait en fait un évident film publicitaire d'1h30 pour telle ou telle marque de voiture. Peut-être même que l'on ne paierait pas pour voir ce film, car c'est la publicité qui paye pour qu'on la voie. De même j'imagine une entrée progressive de la publicité dans les secteurs publics comme l'éducation, et particulièrement les universités qui tendent désormais à fonctionner sur un mode privé. On voit déjà comment les techniques publicitaires font partie de la vie politique, pourquoi pas l'éducation? C'est hélas le triste bilan auquel j'arrive à la fin de cette étude, un bilan qui m'amène toutefois à penser que dans ce contexte, ce type de travail sera de plus en plus valeureux pour remettre en question l'invasion publicitaire. Il ne faut pas laisser la publicité à ceux qui oeuvrent pour elle, et encore moins lorsqu'elle s'en prend à la diversité culturelle.

Au cours de ce mémoire, je me serai consacré entièrement au message publicitaire, à son contexte de production et de réception, ce que j'ai appelé « sémio-pragmatique », ou plus globalement une analyse communicationnelle. Toutefois, chacun de ces contextes mériterait une investigation plus profonde, afin de savoir comment fonctionne réellement le champ publicitaire au Mexique. De même, on attendrait une approche plus profonde des publics et non-publics de la télévision mexicaine, afin de mieux saisir leurs attentes, leurs consommations. Le contexte mexicain est d'une richesse incroyable, car il a un pied dans des traditions totalement étrangères au système occidental, et l'autre pied dans l'industrialisation et la modernisation inéluctable. Il confronte des cultures et des modes de vie totalement différents, des espaces naturels uniques et des zones urbaines qui sont dans les plus grandes au monde. Il un terrain de recherche absolument démesuré pour les sciences sociales. Le Mexique est une expérience humaine incomparable pour le chercheur en herbe, le faisant réfléchir sur sa propre culture, lui laissant voir les phénomènes sociaux avec plus d'acuité. Cette expérience hors-France me paraît cruciale dans le développement intellectuel de l'étudiant, elle devrait être une quasi-obligation dans le parcours académique de celui qui s'engage à l'université.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams