II.2 La mauvaise gestion des camps des
réfugiés : les camps transformés en milieu de formation
militaire
En RDC, la mauvaise gestion des camps de
réfugiés s'est manifestée par beaucoup d'erreurs commises
par le HCR et l'Etat congolais. En effet, DIRK DE SCHRIJVER nous fait part de
ce constat malheureux en ces termes : « la constitution des
camps trop grands (donc difficiles à contrôler et à
gérer) ensuite ces camps étaient situés à
proximité de la frontière et enfin le pays hôte
(Zaïre) et le HCR utilisent les structures sociopolitiques rwandaises et
acceptent comme responsables les mêmes autorités administratives
avant les événements pour continuer à encadrer et
contrôler la population réfugiée. En effet, ces cadres
politiques militaires et paramilitaires avaient accompagné la population
en exil et continuaient à exercer leur pouvoir, et ils ont
traversé avec les armes »83.
Les camps de réfugiés installés à
la frontière, essentiellement au Nord et au Sud-Kivu ont changé
rapidement de nature. C'était devenu des endroits pour les anciens
belligérants hutus qui nourrissaient des préparatifs d'attaques
contre le Rwanda.
Au vu et au su des humanitaires, dans les camps de
réfugiés, les armes circulaient, car les ex-FAR et milices
génocidaires interahamwe, n'ont pas été
désarmées en passant la frontière et les paysans ont
emporté les machettes. YAGNYE TOM affirme même que le gouvernement
français sous le président Jacques Chirac envoyait d'autres armes
et munitions à ces miliciens pour pouvoir reconquérir le
Rwanda84.
82 P. SEBAHAYA, La conférence sur la
région l'Afrique des Grands Lacs : Enjeux et impact sur la paix et le
développement en RDC, Paris, Ed. GRIP, 2006, p.9
83 DIRK DE SHRIJVER, « les
réfugiés rwandais dans la région des Grands Lacs en 1996
» in Afrique des Grands Lacs, Annuaire1996-1997, Paris, Ed.
L'Harmattan, p.223
84 D. YAGNYE TOM, Afrique : 1/2 siècle
d'indépendances piégées. Cas du Cameroun et de la
RDC, Paris, Ed. L'Harmattan, p.185
+243823484376, +243978412703, +243898738588 et +243842269132 mail
:
musodamunganga@yahoo.fr
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Après plusieurs appels à la communauté
internationale demeurés sans suite, le nouveau pouvoir rwandais a
décidé de soutenir une rébellion armée congolaise
en lutte contre MOBUTU, l'AFDL, dirigée par Laurent Désiré
KABILA pour qui une des missions essentielles est de démanteler les
camps des réfugiés rwandais à l'Est du
Zaïre85.
II. 3 Les conséquences environnementales et
écologiques
L'une des causes de la dégradation de l'environnement
est liée aux guerres. Non seulement elles sont destructrices pour les
territoires où se déroulent les conflits armés mais les
réfugiés qui partent dans les Etats voisins sont souvent
obligés pour survivre de porter atteinte à
l'environnement86 .Telle est justement la situation à l'Est
de la RDC, qui émerge de près de quinze ans de conflits
armés aux conséquences diverses et variées au rang
desquelles figure la dégradation de l'environnement.
Les réfugiés espéraient que ces villes
pourraient satisfaire leurs besoins fondamentaux notamment en eau, bois
à brûler et nourriture, tous ces éléments
étant disponibles dans et autour de ces villes situées dans la
partie orientale de la RDC. Les abords des aires protégées furent
particulièrement peuplés de toutes ces personnes
déplacées, avec des besoins humains urgents87.
Au-delà des enjeux humanitaires évidents, ces
conflits armés ont soulevé d'importants et cruciaux enjeux
environnementaux. Ces enjeux paraissent de plus en plus évidents quand
on songe aux effets immédiats que peuvent engendrer les
déplacements massifs de populations ou l'installation des camps de
réfugiés. En toutes autres circonstances, les déplacements
de populations, d'une ampleur beaucoup plus faible, font l'objet de mille et
une précautions sur le plan environnemental et constituent en soi
presque un champ entier de spécialisation88.
85 M-S FRERE et al, Op. Cit., p.93
86 J-M LAVIEILLE, Droit international de
l'environnement, Paris, 2ème éd. Ellipses, 2004,
p.10
87 « Impacts d'une décennie de conflits armés
dans le massif des Virunga », téléchargeable à
l'adresse URL
www.BSPonline.org/publications,
consulté le 20 juin 2014
88Actes de l'atelier sur : «Les impacts et
les enjeux environnementaux des conflits armés en RDC »,
organisé par l'Association Nationale pour l'Evaluation Environnementale,
en collaboration avec le Secrétariat sous-régional pour
l'évaluation environnementale en Afrique centrale, Kinshasa, RDC, du 26
au 27 octobre 2004
+243823484376, +243978412703, +243898738588 et +243842269132 mail
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Selon Sara De WEERDT, les guerres au Rwanda et au
Congo-Kinshasa, et plus généralement dans la région des
Grands lacs africains, ont considérablement augmenté notre
capacité à détruire le paysage naturel et à
produire les effets dommageables pour notre planète. La destruction du
paysage naturel en temps de guerre n'est pas nouvelle, mais l'ampleur de la
destruction apportée par les récents conflits, est sans
précédent89.
Les conséquences de ces conflits armés dans
l'Est de la RDC sont soit directes, en termes de dégradation du milieu
naturel pour l'exploitation des ressources, soit indirectes en termes de
dégradation du milieu et du contexte social par l'arrivée massive
des migrants et des refugiés.
Moins délibérés, mais toujours
dévastateurs, sont les effets sur l'environnement provenant du
déplacement massif des réfugiés. Le Parc National de
Virunga, le premier site du « patrimoine de l'humanité des Nations
unies » a par exemple été déclaré en danger
à cause de la présence des réfugiées qui y ont
déchiffré environ 35 km2 de forêts pour du bois
de chauffage et des abris.
Mais en regardant l'état de l'environnement
après la guerre, on peut apercevoir les cicatrices qui sont dues de
manière singulière aux déplacements de populations. Cette
situation interpelle non seulement le droit applicable en temps de conflits
armés, en l'occurrence le droit international humanitaire, mais aussi et
surtout le droit international de l'environnement qui a vocation à
appréhender le phénomène de la guerre et ses
conséquences sur l'environnement.
Comme on le sait, l'environnement ne peut pas être la
préoccupation principale quand des vies humaines sont en danger ou quand
des valeurs humaines fondamentales doivent être défendues.
Cependant, après les conflits, c'est sur l'environnement et ses
ressources que devra se fonder la reconstruction. On connaît à ce
point l'importance de l'eau, de la biodiversité, de la forêt, des
espaces agricoles, etc. Les dommages causés à
89 S.de WEERDT, « War and environnement »
cité dans l'article paru dans l'édition de
janvier/février 2008 du magazine World Watch, pp.1-S3
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ces ressources peuvent entrainer, bien après les
conflits, des effets néfastes, voire létaux, sur les populations
affectées90.
La RDC a aussi enregistré une énorme chute de
ses recettes touristiques étant donné que l'occupation des parcs
nationaux de Virunga, de Kahuzi Biega, de Maiko par ces groupes de
refugiés armés a rendu quasiment au rabais la
fréquentation de ces sites touristiques, tout de même vitaux pour
l'économie nationale.
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