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La république démocratique du Congo et l'application des conventions internationales pour la protection des réfugiés.

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par Musoda MUNGANGA
Université Officielle de Bukavu - Licence 2013
  

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II.2 La mauvaise gestion des camps des réfugiés : les camps
transformés en milieu de formation militaire

En RDC, la mauvaise gestion des camps de réfugiés s'est manifestée par beaucoup d'erreurs commises par le HCR et l'Etat congolais. En effet, DIRK DE SCHRIJVER nous fait part de ce constat malheureux en ces termes : « la constitution des camps trop grands (donc difficiles à contrôler et à gérer) ensuite ces camps étaient situés à proximité de la frontière et enfin le pays hôte (Zaïre) et le HCR utilisent les structures sociopolitiques rwandaises et acceptent comme responsables les mêmes autorités administratives avant les événements pour continuer à encadrer et contrôler la population réfugiée. En effet, ces cadres politiques militaires et paramilitaires avaient accompagné la population en exil et continuaient à exercer leur pouvoir, et ils ont traversé avec les armes »83.

Les camps de réfugiés installés à la frontière, essentiellement au Nord et au Sud-Kivu ont changé rapidement de nature. C'était devenu des endroits pour les anciens belligérants hutus qui nourrissaient des préparatifs d'attaques contre le Rwanda.

Au vu et au su des humanitaires, dans les camps de réfugiés, les armes circulaient, car les ex-FAR et milices génocidaires interahamwe, n'ont pas été désarmées en passant la frontière et les paysans ont emporté les machettes. YAGNYE TOM affirme même que le gouvernement français sous le président Jacques Chirac envoyait d'autres armes et munitions à ces miliciens pour pouvoir reconquérir le Rwanda84.

82 P. SEBAHAYA, La conférence sur la région l'Afrique des Grands Lacs : Enjeux et impact sur la paix et le développement en RDC, Paris, Ed. GRIP, 2006, p.9

83 DIRK DE SHRIJVER, « les réfugiés rwandais dans la région des Grands Lacs en 1996 » in Afrique des Grands Lacs, Annuaire1996-1997, Paris, Ed. L'Harmattan, p.223

84 D. YAGNYE TOM, Afrique : 1/2 siècle d'indépendances piégées. Cas du Cameroun et de la RDC, Paris, Ed. L'Harmattan, p.185

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Après plusieurs appels à la communauté internationale demeurés sans suite, le nouveau pouvoir rwandais a décidé de soutenir une rébellion armée congolaise en lutte contre MOBUTU, l'AFDL, dirigée par Laurent Désiré KABILA pour qui une des missions essentielles est de démanteler les camps des réfugiés rwandais à l'Est du Zaïre85.

II. 3 Les conséquences environnementales et écologiques

L'une des causes de la dégradation de l'environnement est liée aux guerres. Non seulement elles sont destructrices pour les territoires où se déroulent les conflits armés mais les réfugiés qui partent dans les Etats voisins sont souvent obligés pour survivre de porter atteinte à l'environnement86 .Telle est justement la situation à l'Est de la RDC, qui émerge de près de quinze ans de conflits armés aux conséquences diverses et variées au rang desquelles figure la dégradation de l'environnement.

Les réfugiés espéraient que ces villes pourraient satisfaire leurs besoins fondamentaux notamment en eau, bois à brûler et nourriture, tous ces éléments étant disponibles dans et autour de ces villes situées dans la partie orientale de la RDC. Les abords des aires protégées furent particulièrement peuplés de toutes ces personnes déplacées, avec des besoins humains urgents87.

Au-delà des enjeux humanitaires évidents, ces conflits armés ont soulevé d'importants et cruciaux enjeux environnementaux. Ces enjeux paraissent de plus en plus évidents quand on songe aux effets immédiats que peuvent engendrer les déplacements massifs de populations ou l'installation des camps de réfugiés. En toutes autres circonstances, les déplacements de populations, d'une ampleur beaucoup plus faible, font l'objet de mille et une précautions sur le plan environnemental et constituent en soi presque un champ entier de spécialisation88.

85 M-S FRERE et al, Op. Cit., p.93

86 J-M LAVIEILLE, Droit international de l'environnement, Paris, 2ème éd. Ellipses, 2004, p.10

87 « Impacts d'une décennie de conflits armés dans le massif des Virunga », téléchargeable à l'adresse URL www.BSPonline.org/publications, consulté le 20 juin 2014

88Actes de l'atelier sur : «Les impacts et les enjeux environnementaux des conflits armés en RDC », organisé par l'Association Nationale pour l'Evaluation Environnementale, en collaboration avec le Secrétariat sous-régional pour l'évaluation environnementale en Afrique centrale, Kinshasa, RDC, du 26 au 27 octobre 2004

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Selon Sara De WEERDT, les guerres au Rwanda et au Congo-Kinshasa, et plus généralement dans la région des Grands lacs africains, ont considérablement augmenté notre capacité à détruire le paysage naturel et à produire les effets dommageables pour notre planète. La destruction du paysage naturel en temps de guerre n'est pas nouvelle, mais l'ampleur de la destruction apportée par les récents conflits, est sans précédent89.

Les conséquences de ces conflits armés dans l'Est de la RDC sont soit directes, en termes de dégradation du milieu naturel pour l'exploitation des ressources, soit indirectes en termes de dégradation du milieu et du contexte social par l'arrivée massive des migrants et des refugiés.

Moins délibérés, mais toujours dévastateurs, sont les effets sur l'environnement provenant du déplacement massif des réfugiés. Le Parc National de Virunga, le premier site du « patrimoine de l'humanité des Nations unies » a par exemple été déclaré en danger à cause de la présence des réfugiées qui y ont déchiffré environ 35 km2 de forêts pour du bois de chauffage et des abris.

Mais en regardant l'état de l'environnement après la guerre, on peut apercevoir les cicatrices qui sont dues de manière singulière aux déplacements de populations. Cette situation interpelle non seulement le droit applicable en temps de conflits armés, en l'occurrence le droit international humanitaire, mais aussi et surtout le droit international de l'environnement qui a vocation à appréhender le phénomène de la guerre et ses conséquences sur l'environnement.

Comme on le sait, l'environnement ne peut pas être la préoccupation principale quand des vies humaines sont en danger ou quand des valeurs humaines fondamentales doivent être défendues. Cependant, après les conflits, c'est sur l'environnement et ses ressources que devra se fonder la reconstruction. On connaît à ce point l'importance de l'eau, de la biodiversité, de la forêt, des espaces agricoles, etc. Les dommages causés à

89 S.de WEERDT, « War and environnement » cité dans l'article paru dans l'édition de janvier/février 2008 du magazine World Watch, pp.1-S3

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ces ressources peuvent entrainer, bien après les conflits, des effets néfastes, voire létaux, sur les populations affectées90.

La RDC a aussi enregistré une énorme chute de ses recettes touristiques étant donné que l'occupation des parcs nationaux de Virunga, de Kahuzi Biega, de Maiko par ces groupes de refugiés armés a rendu quasiment au rabais la fréquentation de ces sites touristiques, tout de même vitaux pour l'économie nationale.

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