La première idée sur le piégeage vient
de Maldonado (1910), cité par Da Costa (1915), Pa. Buxton (1955) et par
Sawadogo (1990). Selon ce même auteur, cette méthode a connu un
grand succès sur l'île de Principes où 183778 individus de
G. palpalis gambiensis ont été attrapés en 20
mois. Depuis la fin des années 1970, grâce à une meilleure
connaissance des facteurs attractifs visuels et olfactifs, cette méthode
a été améliorée, ce qui a permis la mise en oeuvre
des attractifs toxiques.
Le S.A.T est un ensemble d'objets (pièges,
écrans) attractifs par leur forme, leur taille, leur couleur ou par
adjonction d'attractifs olfactifs et rendu toxique par la présence d'un
insecticide (Chalier, 1984). Il vise donc à tuer les glossines en grand
nombre ou à les stériliser au moyen de chimiostérilisant.
Selon Lambrecht (1973), cuisance (1989), la couleur joue un rôle
très important dans l'attractivité et l'efficacité de
capture du SAT ; Les couleurs bleus et
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noires ont une attractivité supérieure (Rupp,
1952, Cuisance (1989)).
L'efficacité de capture du système est
améliorée par l'adjonction des attractifs olfactifs
(acétone, l'urine de boeufs,...). Ces attractifs olfactifs auraient
plusieurs types d'effets sur les glossines. Non seulement, ils augmentent le
nombre de glossines arrivant près des pièges mais accroissent
leur efficacité (glossines attirées et capturées). Selon
Cuisance (1989), les attractifs olfactifs permettent de réduire la
densité de leurres de 30 à 5 et d'accroître
l'efficacité des barrières contre G. morsitans submorsistans
tout en abaissant le coût de surveillance et d'entretien. Cet
accroissement va jusqu'à 8 à 12 fois avec un débit
croissant de 0.02 à 20 l/mn chez G. morsitans et G.
pallidipes (Vale et al, 1985 ; Cuisance, 1989).
De nos jours l'insecticide le plus utilisé est la
deltamethrine. Elle :
- est très toxique pour les glossines à faible
dose;
- a peu d'effet sur les mammifères et l'environnement,
- est stable à l'air et à l'environnement,
- a une accumulation faible voir négligeable dans la
chaîne alimentaire.
- est bon marché.
Dans la campagne de lutte contre les glossines au Burkina
Faso, l'analyse des doses de deltamethrine imprégnée sur des
morceaux de tissus bleus (100% coton) montre, après trois et demi
à quatre mois d'exposition aux conditions naturelles des galeries
forestières, des qualités résiduelles encore en moyenne de
4% (Cuisance et al, 1984).
Actuellement, dans les campagnes de lutte contre les
glossines, le SAT présente deux rôles. Il est utilisé
comme:
- un moyen de lutte contre les glossines ;
- une barrière contre une nouvelle colonisation des
zones déjà assainies.
Utilisé comme moyen de lutte, le SAT permet une
réduction rapide de la population de glossines grâce à
l'effet foudroyant de l'insecticide utilisé. Du fait de la faible
fécondité des glossines, il est établi qu'il suffit d'un
taux journalier de capture de 1 à 7% de la population femelles pour
aboutir à une réduction importante de sa densité (Weidhaas
et al, 1978, Cuisance, 1989).
Il est calculé qu'un retrait journalier de 4% de la
population femelle doit conduire à l'extinction et que 2 à 3%
sont probablement suffisants (Hagrove, 1988) ; 2,5% aboutissent à 95% de
réduction de la population en un an (Hargrove et al, 1979, Cuisance,
1989). Ceci rend important le S.A.T. Par exemple selon ce même auteur,
après avoir traité 62 Km de la rivière
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Leraba en Côte d'Ivoire, par six cent pièges
insecticides Laveissière et al (1980) emploient 876 écrans
insecticides sur 79 Km de la même rivière obtenant une
réduction de 99,6% et 99% des populations de G. tachinoides et
G. p. gambiensis.
Les chutes de densité de glossines importantes et
rapides rendent son usage particulièrement judicieux dans l'interruption
du cycle de transmission de la maladie de sommeil chez l'homme.
Comme moyen de protection, le SAT permet de réaliser
des barrières assez vastes contre la recolonisation des zones
déjà traitées par des glossines immigrantes. Selon Itard,
2000, contre les glossines riveraines, l'étanchéité des
barrières est totale avec un piège tous les 100 m le long de 10
Km de galeries si les pièges sont uniquement capteurs, ou sur 7 Km si
les piges et écrans sont imprégnés de pyrethrioides,
à condition de les réimprégner tous les deux mois.
Comme toute méthode, le SAT présente des
avantages et des inconvénients.
Avantages :
Le SAT est une technique qui a l'avantage d'être peu
coûteux et réalisable localement. De plus, la dose très
faible de la pyréthrinoide utilisée réduit les risques de
pollution. Il n'a pas d'effets négatifs sur la faune aquatique et a un
effet très négligeable sur les autres insectes autres que les
glossines. Il permet en outre une analyse très fine des récoltes
afin de déterminer la carte de répartition des vecteurs
(dispersion, densité, dynamique,...). Enfin c'est une méthode qui
peut être intégrée avec d'autres méthodes telles que
écrans insecticides suivis de lâcher de males stériles
(Cuissance et al, 1983 Merot, 1984, 1985, Tachen et al ; 1986, Kaboré et
al ; 1986) ou la pulvérisation aérienne d'insecticides.
Inconvénients :
L'efficacité de capture du SAT est variable selon les
saisons et les espèces. Selon Cuisance, 1983, non publié ; 1989,
la couleur marron peu attractive en saison sèche (savanes
brûlées) vis-à-vis de G. morsitans le devient en
saison des pluies en raison probablement du contraste En plus, selon Merot
(1988) cité par ce même auteur (1989), un piège
mono-conique dont la partie supérieure des écrans est noire et la
partie inférieure bleue donne de résultats meilleurs en saison de
pluie qu'en saison sèche pour G. m. submorsistans et G.
tachinoides en savane humide au Burkina Faso. Le matériel est
très vulnérable (vol, feux, eaux ...) et doit être
renouvelé au moins une fois par an. Le rythme de imprégnations
(chaque 3 à 6 mois) et un
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nombre élevé de pièges et écrans
pour une bonne couverture constitue une contrainte pour sa réalisation.
En outre, la maîtrise du SAT nécessite une bonne maîtrise de
l'écologie, de l'éthologie et la répartition des
espèces en fonction des conditions climatiques. C'est une méthode
qui demande la réalisation de voies d'accès aux pièges et
écrans si bien qu'elle est difficilement réalisable dans les
zones marécageuses, en zone de montagne ainsi que dans les forêts
boisées.