CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Cette étude s'est intéressée au revenu
global et aux dépenses de consommation en produits alimentaires de base
(riz, maïs, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) dans les
exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel.
La problématique de la recherche est née d'un
constat, celui de la défaillance du secteur agricole qui entraine de
grandes difficultés pour les exploitations agricoles de survivre. En
effet, les appels à répétition de la population de la
commune en matière de crise alimentaire confirment bien cette tendance.
Dans ce contexte, se sont développées diverses stratégies
par les exploitations agricoles leur procurant de quoi nourrir leur famille.
Nous nous sommes donc intéressés dans cette recherche aux sources
de revenus et aux sources d'approvisionnement des exploitations, leur
contribution dans les dépenses de consommation des produits alimentaires
de base. Nous avons essayé aussi de rechercher quels sont les
déterminants de la consommation de ces produits alimentaires de base
afin d'en apporter des éléments de compréhension.
Après avoir consulté la littérature sur
le domaine de la consommation alimentaire présentant une brève
historicité de l'alimentation humaine, les modèles de
consommation alimentaire, la crise alimentaire en Haïti, les besoins et
les habitudes alimentaires des Haïtiens et enfin l'état de la
disponibilité alimentaire dans le pays, nous avons pu relever
l'intérêt de rechercher comment font les exploitations agricoles
de la commune de Jean-Rabel pour joindre les deux bouts afin de survivre d'une
année à l'autre.
En effet, les théories qui ont été
développées inspirant de l'approche microéconomique sur la
demande alimentaire et le budget alimentaire et celle relative aux
modèles de consommation alimentaire nous aide à cadrer notre
étude sur de bonnes bases.
Pour atteindre nos objectifs d'étude et valider nos
hypothèses, il nous a paru nécessaire de mener une enquête
exploratoire dans le but de bien cerner la population statistique. Cette phase
de l'étude nous a permis de définir les différents types
d'exploitations agricoles, de prélever des échantillons dans
chaque type afin de faciliter l'enquête finale. Sur la base de cette
étude, nous avons mis en place des méthodes incluant des
procédés de calcul et des tests statistiques pour analyser les
données.
Un total de 594 individus a participé à
l'enquête finale, répartis en neuf (9) types. Cette typologie nous
était en effet nécessaire, étant donné les
dynamismes liés à la formation du revenu global des exploitations
agricoles et la consommation des produits alimentaires de base.
Le revenu global des exploitations agricoles provient des
cultures, de l'élevage, des activités extra-agricoles et du
paiement des transferts. Les sources non agricoles de revenus (activités
extra-agricoles et transfert) contribuent plus fortement à la
constitution du revenu global. Il se développe donc dans la commune de
Jean-Rabel, un secteur rural de plus en plus non agricole. Les résultats
montrent également la faiblesse de l'autoconsommation dans les
dépenses de consommation. Les exploitations agricoles sous étude
sont tout aussi bien soumises aux mécanismes du marché qu'aux
aléas climatiques. Les produits alimentaires de base occupent une bonne
partie des dépenses en alimentation, soit 54.21%. Ce qui indique, selon
Engel, la pauvreté de ces familles. Car, plus la famille est pauvre,
plus grande est la part des dépenses en produits de base dans le budget
alimentaire.
Ce travail de recherche a permis aussi d'identifier et de
comprendre certains déterminants de la consommation de ces produits de
base en permettant de mieux comprendre la dynamique de leur consommation.
Toutefois, malgré l'effort consenti dans la réalisation de ce
travail, il est loin d'être complet. On pourrait dans la perspective de
recherche future s'intéresser aux aspects nutritionnels de la
consommation des exploitations agricoles et d'autres termes de recherche comme
le financement des activités agricoles dans la commune. De même,
d'autres variables quantitatives et qualitatives pourraient être
ajoutées dans cette étude afin d'englober tout le
phénomène alimentaire au niveau de la commune comme par exemple
le sexe du chef de l'exploitation agricole, le nombre de bouches à
nourrir, etc.
Pour arriver à améliorer le niveau de vie des
exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel, en nous appuyant sur les
résultats de l'étude, nous recommandons de renforcer les
moyens d'existence par :
Ø La mise en place des infrastructures de base (routes,
énergie, hôpitaux, écoles, etc.) afin de préparer le
champ qui recevra les semences pour la promotion des activités
génératrices d'emploi pour les exploitations agricoles ;
Ø L'augmentation de la capacité productive des
exploitations agricoles en développant des filières
agro-alimentaires porteuses susceptibles non seulement pour faciliter la
création de revenus tout au long de la chaine de valeurs ajoutées
(production, transformation et commercialisation) mais aussi pour
améliorer l'approvisionnement des marchés locaux en vue de
faciliter l'accès aux produits alimentaires de base ;
Ø Le développement des programmes d'appui au
renforcement de l'élevage en augmentant la taille du cheptel des
exploitations agricoles très vulnérables pour assurer la
génération de revenus ;
Ø La promotion de la création d'autres
activités en dehors de l'agriculture (artisanat, petits métiers,
commerce, etc.), génératrices de revenus au profit des
exploitations agricoles ;
Ø La création des filets de protection sociale
pour les exploitations afin de gérer les perturbations susceptibles
d'apparaitre au cours d'une année.
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