5.10. Les implications
globales de l'étude
Plus d'un croient qu'il y a un manque réel
d'informations sur les conditions socio-économiques des habitants de la
commune de Jean-Rabel. Ce qui a empêché la mise en place de
programmes et de politiques adaptés en leur faveur. Cette recherche
s'est intéressée au revenu global et à la consommation des
produits alimentaires de base dans les exploitations agricoles de Jean-Rabel.
Elle répond à un besoin ressenti dans les domaines
économique et social et nous permet d'analyser l'ensemble des
façons par lesquelles les exploitations agricoles obtiennent les
produits alimentaires de base, comment elles joignent les deux bouts pour
survivre d'année en année. Sa contribution nous a semblé
originale puisque les recherches précédentes menées dans
ces domaines ne s'intéressaient pas à nos objectifs
d'étude.
Suivant la réputation de la commune de Jean-Rabel en
matière de pauvreté, il y aura un intérêt croissant
d'utiliser les résultats de cette étude comme une lentille
à travers laquelle on pourra visualiser un certain nombre de
problèmes, de la reponse à des situations d'urgence au
développement à long terme, de la capacité des
exploitations agricoles à faire face au stress, spécialement
à un échec de la production des récoltes ou du
bétail.
Il s'observe, en effet, selon les résultats de la
recherche, une faiblesse de l'agriculture dans la commune. Cette faiblesse est
compensée par des activités extra-agricoles et des transferts.
Les résultats du secteur agricole, très lié au climat,
étant très incertains dans la zone de l'étude, toute
tentative d'amélioration du niveau de vie des exploitations agricoles
devrait se faire dans d'autres secteurs d'activités avec espoir que cela
pourrait avoir des effets d'entrainement sur le secteur agricole. Du
côté de la consommation des produits alimentaires de base, ces
derniers tiennent une place assez importante dans le budget des exploitations
agricoles. Cependant, l'étude fait ressortir la nette tendance que les
exploitations agricoles se tournent beaucoup plus vers le marché que
vers leurs propres jardins en termes de consommation des produits alimentaires
de base. D'où, une remise en question du concept d'agriculture de
subsistance longtemps discuté dans la société
haïtienne. Ce paradigme ne peut plus se tenir même à
moitié chez les exploitations qui se consacrent très fortement
aux activités agricoles. Les exploitations agricoles sont de plus en
plus sujettes aux paramètres du marché.
Globalement, suivant les résultats des modèles
de régression, le prix du produit est l'élément le plus
déterminant dans sa consommation. L'accessibilité
économique et physique de ces produits alimentaires de base par les
exploitations agricoles sera de plus en plus menacée dès lors que
leurs prix augmentent. Elles en subiront des impacts fortement négatifs,
car elles doivent consacrer à la nourriture une part encore plus
élevée de leurs revenus déjà limités. Cela
érode de façon significative leur pouvoir d'achat. Et, cette
perte affecte l'achat d'autres produits et services essentiels pour la
santé et le bien-être des membres des exploitations agricoles,
comme l'éducation, les soins de santé, etc., chacun d'entre eux
représentant des facteurs importants pour leur survie. Il est donc
crucial de se doter de politiques garantissant non seulement la
disponibilité des produits alimentaires et spécialement les
produits de base, mais aussi leur accessibilité et la stabilité
de leur approvisionnement.
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