Analyse des mariages coutumiers. Du droit comorien au droit malgache.( Télécharger le fichier original )par Oumar IBRAZA Université de Toamasina - Maà®trise en droit privé 2013 |
B. L'arrangementIl est composé de deux phases : primo, la prise de contact entre les deux familles, secundo, la réponse à ce dernier. a-Prise de contact des partiesSelon ladite coutume Bemazava ou Sabirano, on peut fiancer une fillette qui est moins âgé. De même on peut la réserver avant sa naissance. Dans ce cas, un garçon qui souhaite fonder une famille ou a l'intention de contracter mariage doit s'adresser au Mpitoka de la famille. C'est ce dernier qui va s'en charger de la suite. Ceci est affirmé par les propos de Bernard Schlemmer, « lui alors peut prendre l'initiative des cérémonies et de versements de dot. Il détient une fonction qui n'est plus seulement technique mais sociale assurant la production du groupe » (108(*)). Le Mpitoka à son tour va organiser une réunion familiale. L'objectif de cette réunion, est d'informer les notables de la famille qu'un enfant parmi les nôtres souhaite fondé sa propre famille. Une réunion importante comme celle-ci ne devrait pas y avoir des notables absents. A défaut contraire, elle est rapportée à un autre jour ou tout le monde sera présent.On se méfie des oppositions. Lorsque la proposition du Mpitoka est accordée, on est à la recherche de la jeune fille. Tous les notables présents font leurs avances y compris ses parents. La jeune fille est choisie après un long débat. Dans ce sens, le garçon n'a point le droit de refuser. Notons bien que les parents ont un grand pouvoir envers leurs enfants. Ces derniers sont sous leur responsabilité car la société d'Ambanja est patriarche. C'est le mariage qui va leur détaché de cette responsabilité. En cas où le garçon insiste sur cette proposition, cette fois-ci on lui rappelle les avantages d'être marié. Lorsque le garçon accepte tout bonnement laproposition, son père accompagné de quelques notabilités vont rendre visite aux parents de la jeune fille. C'est ainsi qu'on va demander la main de la jeune fille. 2- La demande de la main de la jeune fille Une délégation spéciale va se rendre chez les parents de la jeune fille. Elle a pour mission d'informer les parents que leur fils souhaite épouser leur fille. Afin de limiter notre description, nous allons supposer qu'ils ont déjà fait les salutations. A cet égard, la personne mandatée prononce ceci « Nous sommes venus ici non pour vous importuner mais pour avoir une liaison entre les deux familles en vous demandant votre fille pour être la moitié de notre fils. En cherchant celle dont il veut partager la vie, votre fille est celle qu'il a choisi et que nous avons aussi accepté comme la meilleure épouse pour notre fils donc nous sommes venu ici pour leur réunir ». (109(*)) Une telle annonce ne manque pas de surprendre un père de famille. Entendu l'objective des visiteurs, les parents de la jeune fille répond : « puisses-tu ne pas laisser charmer par le coq en été,en réalité ce n'est que beau plumage. Dégage l'eau de l'étang, qu'on aperçoit le poisson, dégage les feuilles du buisson pour qu'on atteint les racines » (110(*)). Il termine ces propos « j'ai bien entendu votre demande et il est hors de propos de considérer notre fille comme si nous ne l'aimons guère et que dès qu'arrive le premier qui lui demande la main, on se félicite d'emblée que quelqu'un l'ait fait mais on va réfléchir» (111(*)). C'est ainsi qu'ils s'acquittent avec l'espoir de se revoir un autre jour (112(*)). * (108) Schlemmer BERNARD, Le Menabe : Histoire d'une colonisation P. 100. * (109) Communication obtenue de la part de Besiry MARTINO, le06/12/2012 ; * (110) L'extrait du discours relatif au mariage est tiré du MakasyKoloMikabary, P.52. * (111) MakasyKoloMikabary op.cit.P.53; * (112) Notons que parfois, les parents du jeune garçon donnent aux parents de la jeune fille un boeuf pour appuyer leur requête mais dès nos jours on donne de l'argent qui est le Fananampenamasonzaza. |
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