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Analyse des mariages coutumiers. Du droit comorien au droit malgache.

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par Oumar IBRAZA
Université de Toamasina - Maà®trise en droit privé 2013
  

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§.2.Le rituel du mariage

Lorsque les deux familles des futurs mariés ont donné leur accord à l'union, au jour déclaré faste par le devin, on va célébrer le mariage(A). Arriver à cet étape, signalons que les deux familles sont près financièrement car on a à faire de plusieurs festivités(B).

A-La célébration de l'union

Le peuple Fombounien célèbre leur mariage dans leur but d'officialiser l'union du couple. C'est à cette occasion que la fille reçoit la compensation matrimoniale ou la dot (Mahary).Le mariage est célébrée par la présence « d'un cadi et des témoins » car ces derniers sont indispensables. Ainsi, s'ajoute aussi la présence « des grands notables de la ville y compris ceux de deux familles et aussi le chef du village » (61(*)).

De coutume, ce jour la présence de la future conjointe n'était pas admise dans cette cérémonie. Cette dernière est une affaire exclusivement réservée aux notables et au jeune époux. Le cadi adresse la parole à ce dernier « j'accepte d'épouser Xà une telle montant. Je veux prendre soins d'elle jusqu'à les fins de me jours. A défaut des circonstances éventuelles j'avertirais toujours sa famille. En cas où j'ai envie de prendre une seconde épouse, je demanderai toujours son avissur n'importe quelle décision de la vie. Telles sont mes dernières volontés devant Allah » (62(*)).C'est dans ce contexte que le mari répète cette fameux citation. Dès lors,on demande la bénédiction d'Allah et l'union est bénie.

Pendant la remise de la dote, d'habitude on fait appelle à la mère de la fille afin de remettre l'argent. Il est mis dans un plateau. Elle amène cet argent et annonce le montant à tout le monde. C'est par là qu'il aura des applaudissements et des cris harmonieux et stridents (zigueleguele) pour célébrer cette joie.

Signalons que les fiançailles peuvent durer jusqu'à 15 ans. Ce délai permet aux deux familles de rassembler les ressources financières. Notons également que ce délai fait apparaître d'autres séquelles telles que l'âge et le changement de partenaire au niveau du couple.Imaginez-vous avec l'âge, le bouanaharoussi (le mari) qui avait par exemple débuté l'Aanda à l'âge de trente ans atteint les 60 à 70 ans. Et la mariée (bibi haroussi) qui n'était qu'une mineure ou une adolescente pour la plupart du temps, atteint la quarantaine et parfois la cinquantaine.Ce qui est important c'est la réalisation, le parachèvement du Aanda(63(*)).

Parvenir au stade de la fin du mariage permet aux deux familles de souffler financièrement.

B- La fin du mariage

Les festivités marquent la fin du mariage mais ce qui nous intéresse est la rentrée solennelle du mari (a) et les neuf jours (b) qui vont suivre.

a-La rentrée solennelle du mari

Notons que plusieurs festivités se sont déroulées jusqu' à ce stade actuel comme par exemple de la cérémonie UKUMBI à laquelle le mari reçoit un baisé venant de sa future conjointe devant le public.Lorsque le grand mariage atteint cette phase, on peut dire que le long chemin a été d'ores et déjà parcouru puis qu'il est en train de tirer à sa fin. En fait, cette étape est composée de deux autres qui sont le Zifafa et le djossa-mindu(lavage des pieds).

1- Le ZIFAFA

C'est une danse en cortège qui conduit le marié jusqu'à la maison nuptiale(après la fin de la cérémonie MADJILISSE). En d'autres termes, le Zifafa consiste à emmener officiellement le marié à la maison de sa femme. Rappelons que, jusque-là, le couple ne s'est jamais réuni durant toutes les étapes citées plus haut.

Quant à la cérémonie, le fiancé porte des habits d'apparence identique à ceux que portaient les sultans (64(*)).A ce sujet, ABDOUROIHIM cite, «  pagne à franges ; un kandu (robe) de soie brodé ;un djoho ou bushti : manteau de laine, cousu et décoré de fil d'or, un turban (hiyemba), arrangé à la manière des nobles d'oman (kibunSaîd, c'est-à-dire « à la façon de bunSaîd, la dynastie régnante dans ce pays ») » (65(*)). 

En fait, pour se rendre à cette cérémonie, le marié doit être accompagné de son père (déjà mariée en grand mariage) et des grands parents, encadré par deux à cinq (ou amis) qui ont déjà réalisé l'Aanda.

En général, le cortège est beaucoup plus réduit par rapport aux autres cortèges de l'Aanda. Cela est dû au fait que seuls les notables doivent y participer. Ils doivent être habillés de leurs costumes distinctifs d'hommes complets (66(*)).

A rythme lent, le cortège avance petit à petit jusqu'à la maison nuptiale. Arrivé devant la maison de la mariée, le cortège s'arrête. Devant la porte principale, un grand lettré psalmodie la formule de l'appel à la prière. Lorsque l'appel est terminé, le mari accède à la maison où il doit immédiatement s'acquitter d'une autre prestation : celle du djossamindu (lavage des pieds).

2- DJOSSA MINDU

Il consiste en un don au profit de la famille de l'épouse. L'acte de laver effectivement les pieds du nouveau mari est tombé dans les oubliettes. Seul son aspect financier est resté. A Foumbouni, le djossa -mindu est une des étapes les plus attendues du Aanda.

Le mari a regagné sa demeure conjugale.Maintenant devenu grand marié, il obtient un statut (c'est le septième et plus haut échelon social), qui donne droit de participer et de donner son avis en public en ce qui concerne les affaires du village. N'est-ce pas ce que pense BLANCHY quand elle écrit, « Célébré par une succession de fêtes, il permet à un homme de passer de la génération des « fils » à celle des « pères » du village et d'avoir un certain pouvoir, un certain droit à la parole » (67(*)) ?

Quant à la femme, il habit une robe brodée, un collier d'or autour du cou, de la tête et dans ses mains défilé, porté en palanquin. En un seul mot, elle est comme l'or, vêtue de rose en signe de virginité. Pour l'accession de la femme dans sa nouvelle classe sociale BLANCHY disait « Pour les femmes, il existe un système différent, bien qu'il soit désigné par les mêmes termes que les classes d'âge masculines (bea, hirimu) : la jeune femme y entre par son mariage coutumier, mais elle se trouve dans la classe des «enfants». Puis quand elle marie sa fille selon la coutume elle passe dans la classe des «mères». Enfin le mariage coutumier de sa petite-fille le fait entré dans la troisième classe, celle des «grands-mères». C'est donc un système générationnel » (68(*)).

Sur ce,quels sont les activités des neuf journées qui vont suivre ?

* (61) Communication obtenue de la part de MWE COMBO, le 15/02/2012 ;

* (62) Communication obtenue de la part de MWE COMBO, le 15/02/2012.

* (63) A la Grande Comore, après la brève cérémonie religieuse, la célébration coutumière peut commencer aussitôt ou bien être retardée de quelques mois et même s'échelonner sur plusieurs années, si le couple et leurs familles ne sont pas prêts matériellement ;

* (64) Art 8,Katiba La Aanda, P .3.

* (65) DAMIR,YaMkobe, explique que les vestimentaires exprime l'inégalité des statuts et confirme la pratique des réglés de préséance .Les wandruwadzima portent pour le circonstance les attributs de leur statut, leur écharpes, les manteaux d'apparat pour les hommes, le tissus précieux à franges et les bijoux pour les femmes P. 83.

* (66) «L'homme complet» gravit les niveaux statutaires individuellement en «faisant manger» ses concitoyens au cours de diverses fêtes, tels les mariages coutumiers de ses propres enfants.

* (67) Blanchy SOPHIE, Les Comores, une immigration méconnue, P. 3.

* (68)BlanchySOPHIE, Le partage des boeufs dans les rituels sociaux du grand mariage à Ngazidja (Comores), P. 181 ;

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