CONCLUSION
Notre travail intitulé « contribution à la
prise en compte de la dimension Genre dans les réformes des institutions
du secteur de la sécurité en Côte d'Ivoire: cas de la
Gendarmerie Nationale» avait pour objet d'analyser les obstacles
liés à la prise en compte efficiente de la dimension Genre dans
la politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale
de Côte d'Ivoire.
Pour atteindre cet objectif, nous avons émis
l'hypothèse selon laquelle l'écart constaté dans la
politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale
était lié à l'application nouvelle de l'intégration
du Genre dans cette institution, donc en constituait une phase
expérimentale.
Notre méthodologie pour parvenir à nos
résultats, a reposé sur une revue documentaire orientée
sur les thématiques de « genre », de la «
sécurité » et de la « réforme du secteur de la
sécurité », des données recueillies au travers d'un
guide d'entretien auprès des personnes ressources des institutions de
sécurité telles que le Secrétariat du Conseil National de
Sécurité, le Ministère en charge de la Défense et
le Commandement Supérieur de la Gendarmerie Nationale, ainsi qu'un
acteur de la société civile, en l'occurrence la Fondation
SERENTI. Nous sommes parvenus aux résultats que la réforme de la
Gendarmerie Nationale intégrant le Genre, quand bien même
étant effective à travers l'entrée des premières
vagues de femmes, connait toutefois des obstacles, quant à la
façon d'employer le personnel féminin. En effet, le fait que les
femmes officiers et sous-officiers soient toutes affectées à des
emplois administratifs, loin des postes opérationnels est contraires aux
principes de la nondiscrimination et celui qui veut que les femmes participent
sur un pied d'égalité à tous les efforts de paix et de
sécurité.
Il découle de l'analyse de ce constat que l'emploi des
femmes aux postes administratifs participent d'une politique
d'intégration progressive de celles-ci.
Les résultats et l'analyse qui en a été
faite ont confirmé notre hypothèse: la prise en compte de la
dimension Genre dans la réforme de la Gendarmerie Nationale date
seulement de 2014, l'ouverture des portes de cette institution de
sécurité aux femmes étant récente, leur emploi
limité aux fonctions administratives ne constitue qu'une phase
expérimentale et saurait évoluer avec le temps pour
connaître leur intégration dans les autres unités.
Nos travaux ont permis d'identifier des facteurs explicatifs
de l'absence du personnel féminin dans les services de la Gendarmerie
Nationale, autre que ceux réservés aux emplois de soutien
notamment, les emplois administratifs.
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Toutefois la mise en oeuvre de cette réforme doit
requérir une attention particulière des autorités
politiques et militaires qui ont pris des mesures pour que cette réforme
soit effective. Ces mesures concernent d'abord, l'adoption d'une politique de
gestion de ressources humaines sensible au Genre en général, et
plus spécifiquement une politique d'affectation et d'emploi du personnel
efficiente, au regard de la disponibilité des ressources humaines des
deux sexes.
Aussi serait-il important de mettre en place un environnement
juridique et institutionnel favorable à l'égalité et
à l'équité Genre, tant pour le personnel que pour les
bénéficiaires des prestations de sécurité que sont
les populations dans leur diversité.
Enfin, mettre en place des mécanismes de contrôle
spécifiques au Genre pour prévenir tout cas de discrimination, de
harcèlement, d'intimidation et d'abus à caractère sexiste;
en d'autres termes, s'assurer que tous les gendarmes, hommes et femmes, servent
dans un environnement sûr et respectueux, où leurs droits
fondamentaux sont garantis.
Toutefois, pour que cette approche de politique d'«
intégration progressive » tende à satisfaire aux exigences
en la matière, il conviendra de mettre en place un système de
suivi-évaluation pour s'assurer que les indicateurs retenus progressent
vers les objectifs de la réforme, et partant, répondent aux
normes internationales et régionales.
Cependant la Gendarmerie qui est restée à ce
jour un « corps d'élite », se trouve confronté à
un double défis; celui premièrement de faire face à
l'impératif de l'efficacité militaire opérationnel et
celui de se conformer aux normes internationales et régionales en
matière d'intégration du Genre. L'entrée des femmes
à la Gendarmerie Nationale permettra-t-elle à cette institution
de préserver son image d'institution de sécurité
disciplinée, opérationnelle et assurant des services de
sécurité efficace?
Nous avons été confrontés à bien
de difficultés dans nos recherches. La principale était que
l'Armée et la Gendarmerie Nationale étant les « grandes
muettes », les données sur le terrain n'ont pas été
aisées à collecter quand bien même ayant reçu une
autorisation du cabinet du Ministère de la Défense et du
Commandement supérieur de la Gendarmerie Nationale.
Au niveau du Ministère en charge de la Femme et des
questions de Genre, notre requête en vue d'enquête n'a pu aboutir
après plusieurs relances. Nous avons compris plus tard que ce
Ministère effectuait des réaménagements d'ordre
organisationnel en son sein.
Le spectre de recherche sur le sujet aurait pu être
étendu aux différentes institutions des Forces Armées de
Côte d'Ivoire (FACI), regroupant les Armées (Air, Terre et
Marine
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Nationale) et la Gendarmerie Nationale. Ce domaine de
recherche aurait pu faire l'objet d'une analyse comparative des politiques
d'affectation et d'emploi de personnel de ces institutions de
Défense.
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