CHAPITRE VI : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Ce chapitre est consacré à la conclusion du travail
et aux recommandations y relatives.
6.1. Conclusion
L'étude de la gestion du périmètre
irrigué de Maury a permis d'aboutir aux conclusions suivantes.
Daté du temps de la colonie, ce périmètre
est relativement ancien. Historiquement, il n'a jamais été
complètement détruit par les grands cyclones. La
détérioration des ouvrages est surtout due à leur
utilisation et leur mode de gestion. Le périmètre a connu
plusieurs interventions au niveau de son réseau, mais ces interventions
n'ont jamais été complètes. Par exemple, le réseau
secondaire faisant plus de 17 km est quasiment en terre battue avec peu
d'ouvrages d'art et la totalité du réseau tertiaire est en terre
battue. Cette situation rend difficile l'application de tout horaire
d'irrigation qui pourrait favoriser une distribution équitable de l'eau.
Certains endroits sont mal drainés rendant difficile leur mise en valeur
et d'autres ne sont arrosés qu'en saison de pluie.
Gérer par les colons lors de sa création,
l'État haïtien allait prendre la gestion du périmètre
après le départ de ces colons. Avec la gestion étatique,
on notait à partir de 1978 la présence d'un syndic d'irrigation
avec le paiement de taxe et l'application d'un horaire de distribution
établi au niveau du canal principal. Cependant, il n'y avait pas
d'horaire jusqu'aux parcelles des paysans. L'État s'affaiblit
graduellement après les évènements de 1986. Depuis 2007,
l'AIM est née en vue d'une gestion autonome dans une logique de
l'application de la politique de l'État en matière d'irrigation.
Actuellement, l'AIM fait des efforts pour renouveler ses membres, tenir
régulièrement les réunions et réaliser des
élections, maintenir l'horaire de distribution au niveau du canal
primaire. En dépit de la bonne volonté de l'AIM et de ses
efforts, la gestion du périmètre reste encore faible. Cette
faiblesse est surtout due à l'insuffisance de l'accompagnement
octroyée à cette association après sa création.
C'est une association mise en place dans un processus inachevé puisque
le CECI n'a passé que deux ans sur le périmètre et a
laissé le comité sans la capacité de gérer
réellement le système. Ne disposant pas de service technique,
l'AIM ne parvient pas à appliquer un horaire de distribution jusqu'aux
parcelles et à
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continuer la collecte des redevances qu'elle a
effectuée pendant les trois ans allant de 2009 à 2012. La plupart
des outils de gestion comme le budget, les rapports financiers, les bordereaux
sont absents ou non appliqués. L'absence d'un programme d'entretien, de
formation continue et d'information pour les usagers nuit à une bonne
gestion du système.
Ces constats nous amènent à conclure que la
mauvaise gestion du système d'irrigation de Maury est responsable de son
mauvais fonctionnement. Pour une meilleure gestion, les recommandations
suivantes ont été faites.
6.2. Recommandations
Après avoir analysé les résultats et
identifié les points de dysfonctionnement au niveau du système,
pour une meilleure gestion de ce dernier pouvant garantir sa survie, les
recommandations suivantes ont été formulées. Ces
recommandations sont faites suivant les différents pôles de
gestion analysés.
Sur le plan technique, il faut mener les actions
suivantes :
- Actualiser et bien faire fonctionner
l'horaire de distribution et redéfinir les tours d'eau ; -
Renforcer la discipline au niveau de la distribution de l'eau en
mettant en place des polices
d'eau et des vanniers fonctionnels et efficaces et en
appliquant des sanctions aux usagers
qui ne respectent pas leur horaire ;
- Former les usagers sur la technique
d'utilisation de l'eau à la parcelle ;
- Impliquer le BAC dans la préparation
des programmes annuels, dans l'organisation des élections et des
assemblées générales ;
- Réparer ou remplacer les portes
dérivant l'eau dans les canaux secondaires et doter le réseau des
instruments pouvant contrôler le débit pour un meilleur
contrôle dans la distribution ;
- Continuer le revêtement en
maçonnerie des canaux secondaires pour éviter les pertes par
infiltration et ainsi, augmenter la quantité de terres irriguées
par le système ;
- Mieux planifier les travaux d'entretien et
penser à des travaux autres que le curage ;
- Penser à mettre des structures de
protection au niveau de quelques tronçons du canal primaire se trouvant
aux flancs de versant pour prévenir la sédimentation ;
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- Réaliser un relevé
parcellaire présentant les superficies de chaque parcelle se trouvant
sur le périmètre et la liste d'usagers complète leur
exploitant. Il faut veiller à leur actualisation de temps à autre
;
- Mettre en place un service technique au
niveau de l'association dans l'objectif d'accompagner les agriculteurs dans
l'amélioration de l'entretien des cultures, la promotion de
l'utilisation des semences améliorées adaptées aux
conditions agro-écologiques du système et réfléchir
sur les problèmes spécifiques de l'association pour une
exploitation rationnelle et optimale de l'eau d'irrigation et la bonne marche
de l'association.
Sur le plan administratif, on recommande :
- D'aider l'association à disposer un
local définitif, ce qui empêchera le déplacement
fréquent des archives et matériels ;
- De mettre en place un personnel
formé dans le domaine de l'administration, compétent et
disponible pour la gestion administrative de l'association ;
- De créer et protéger la
documentation (procès verbaux des rencontres, rapports des
activités présentés suivant les normes, budget annuel bien
élaboré, des pièces justificatives pour toute sorte de
transactions réalisées, etc.).
Sur le plan associatif, on doit :
- Mener des actions de sensibilisation par la
formation des membres du comité en les informant de leurs droits et
leurs devoirs, de leur vrai rôle dans le système d'irrigation.
Dès lors, les membres des comités auront assez de connaissances
pour assurer leurs tâches. Cette sensibilisation contribuera à
donner aux membres des différents comités plus d'autorité
pour gérer le périmètre, car les usagers connaitront
l'existence de l'association, sa mission et l'importance des membres des
comités pour la bonne marche et la survie du système. Cette
sensibilisation doit cerner aussi des usagers capables de faire partie des
comités et qui le sont pas pour une raison ou une autre ;
- Faire des démarches auprès du
MARNDR pour obtenir le transfert de gestion prôné par ce dernier
il y a déjà une vingtaine d'années. Ce transfert de
gestion devra se faire suivant la
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méthodologie du MARNDR dans toute sa logique, compte
tenu de la faible capacité de gestion de l'équipe dirigeante
actuelle, méthodologie qui a été élaborée
dans une perspective de prise en charge par les usagers et
développée en quatre (4) phases, quatorze (14) étapes et
trois (3) niveaux de contractualisation (Cf. annexe G) ;
- Mettre en place un dispositif pouvant
assurer la bonne circulation des informations au niveau de toute l'association
;
- Appliquer et faire respecter les statuts et
les règlements internes de l'association et faire des amendements
nécessaires quand le besoin se fait sentir ;
- Fédérer l'AIM avec les autres AI
de la région.
Sur le plan financier, il faut :
- Définir une meilleure
stratégie pouvant stimuler les usagers à payer les redevances, ou
du moins structurer le système de collecte (établir une bonne
politique de perception) des redevances et mettre en place les
mécanismes d'une bonne gestion financière se déroulant
dans la transparence. Il faut aussi prévoir à définir des
sanctions pour ceux qui ne paient pas les redevances et veiller à leurs
applications ;
- Doter l'association d'un budget de
fonctionnement ;
- Améliorer l'élaboration des
rapports annuels et par activités dans un style clair et précis
avec le maximum de détails possibles.
Sur le plan économique, il faut :
- Faciliter aux agriculteurs l'accès aux
intrants agricoles ;
- Mettre en place un système formel de
subvention et de crédit agricole permettant aux
usagers de faire face aux exigences de l'agriculture ;
- Trouver des circuits de commercialisation des
produits de récolte pour les usagers ;
- Mettre sur pied des services de stockage et de
transformation au niveau du périmètre ;
- Augmenter la capacité de l'association
dans les services de labourage.
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