CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE
Le cadre théorique présente les principaux
concepts relatifs à l'étude, c'est-à-dire ceux qui sont
développés dans ce travail.
2.1. Irrigation
Par définition, l'irrigation est
considérée comme une domestication de la ressource « eau
» à des fins de production agricole pour la sécurité
alimentaire et l'exploitation (Jean Noël, 2005).
Selon Gilot et Ruf (1998), l'objectif de l'irrigation est
d'apporter l'eau aux cultures en quantité voulue et au moment propice,
tout en respectant les règles de la distribution de l'eau qui
constituent une sorte de compromis entre différents impératifs.
Pour chaque parcelle, il faut dès lors établir le meilleur
calendrier des arrosages, tout en respectant le cadre technique et hydraulique
du réseau et les besoins sociaux multiples du moment.
La notion de système d'irrigation est mieux rendue par
l'interaction entre le technique et le social, notion qui prend en compte trois
éléments centraux : les acteurs, les infrastructures et les
règles de la distribution de l'eau. On voit alors que la pratique de
l'irrigation fait intervenir un construit, à la fois technique et social
(ibid).
Selon Albert A. (1994), cité par Pierre S. (2002),
l'irrigation se présente comme le régulateur le plus sûr
pour pallier l'inconstance de la production agricole provoquée par
l'irrégularité des pluies.
La pratique de l'irrigation suppose une mobilisation de l'eau.
Dans le cas de loin le plus général, cette mobilisation implique
le regroupement de plusieurs usagers par l'investissement en ouvrages
hydrauliques communs et par la gestion collective de la ressource en eau
correspondante. Les parcelles concernées sont alimentées par un
réseau d'irrigation sur une aire aménagée appelée
le périmètre irrigué. Celui ci se définit aussi
comme la zone de culture effectivement irriguée par les canaux
(ibid).
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2.2. Périmètre
d'irrigation
C'est l'ensemble des superficies susceptibles de recevoir
l'eau d'irrigation (CICDA, 2004). On retrouve :
- Le périmètre dominé
En irrigation c'est toute la surface, quelle que soit sa
nature (terre, route, foret, village) dominé par le canal principal et
pouvant recevoir de l'eau du réseau par gravité. Le
périmètre dominé n'est pas entièrement
cultivé et irrigué, il comprend, en plus des terres
exploitées, des zones d'emprises du réseau.
- Le périmètre irrigable
C'est la partie du périmètre dominé
susceptible d'être irriguée et cultivée avec profit.
- Le périmètre
équipé
C'est la partie du périmètre irrigable desservie
par le réseau d'irrigation.
- Le périmètre irrigué
C'est la zone de culture effectivement irriguée par
l'eau d'irrigation. C'est la fraction arrosée. Elle découle de la
superficie irrigable diminuée des morts terrains, soient les emprises,
les voies de communication etc., ces morts terrains représentent le plus
souvent 8 à 12 % de la superficie irrigable.
2.3. Réseau d'irrigation
Selon le CICDA (2004), le réseau d'irrigation est
considéré comme l'ensemble des ouvrages et des équipements
qui permettent la mobilisation de l'eau, son transport, sa régulation et
sa distribution dans une zone de culture appelée périmètre
depuis la zone de captage jusqu'après son usage à la parcelle.
Les ouvrages d'évacuation des eaux excédentaires provenant des
pluies, des irrigations, des ruissellements et des nappes font également
partir du réseau.
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2.4. Entretien et maintenance d'un
périmètre irrigué
Selon Amilcar (1998), on définit la maintenance d'un
périmètre irrigué comme une action consistant à
entretenir le système établi et l'ensemble des mécanismes
mis en place afin d'en assurer sa survie pendant les années futures, en
misant sur les moyens matériels, humains, structurels et financiers
susceptibles d'être utilisés.
Si on veut maintenir le potentiel d'économie d'eau et
d'éviter le gaspillage, il faut bien entretenir le système
d'irrigation.
Toutefois, il existe des problèmes majeurs relatifs
à l'entretien du système d'irrigation. Les
principaux pouvant être retenus sont les suivants :
- L'état défectueux des
régulateurs de pression ou les limitateurs de débits ;
- Les fuites dans les tuyauteries d'adduction
d'eau ;
- L'état défectueux des canaux et
des raies.
Selon Laere (2003), ces éléments auront sans doute
des impacts négatifs sur le système. On peut
retenir :
- Une réduction de la durée de vie
du matériel ;
- Une dérégulation de
l'uniformité spatiale de la répartition d'eau ;
- Une surconsommation d'eau ;
- Des problèmes de distribution d'eau et
des conflits d'usagers.
On peut toutefois éviter ces problèmes en
entreprenant les actions suivantes :
- Entretenir le réseau d'irrigation :
remplacement joints et bétons endommagés et/ou
colmatage des fissures ; remplacement et/ou nettoyage filtres et
grille ; nettoyage,
débouchage et/ou curage ;
- Entretenir les berges ;
- Entretenir des ouvrages de stockage par
nettoyage et/ou curage ;
- Surveiller de la qualité des eaux ;
- Observer de façon continue
l'état des infrastructures et du matériel ;
- Planifier les opérations ;
- Budgétiser le coût des
opérations (ibid).
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2.5. Gestion d'une organisation et fonctions de
gestion
La gestion en tant que discipline se définit comme
l'intégration efficace de la planification, de l'organisation, de la
direction ou du leadership et du contrôle des ressources humaines,
matérielles et financières au sein d'une organisation (Bergeron,
2001).
Au niveau de la planification, le
gestionnaire établit des objectifs et prépare les plans de
travail devant mener à leur réalisation; au niveau de la
fonction organisation, il détermine la composition des groupes
de travail et la manière de coordonner leurs activités ; en ce
qui a trait au leadership, il oriente l'action des membres
d'exécution et à fait progresser les choses en exerçant
sur eux une influence positive ; au niveau du contrôle,
il évalue les résultats obtenus par rapport aux
attentes, pour ensuite apporter au besoin, les modifications requises afin de
remettre les activités sur la bonne voie.
Ces fonctions s'appliquent à toutes les organisations
peu importe son but, c'est-à-dire que celui soit lucratif on non
lucratif. Car toutes les organisations utilisent des ressources, elles doivent
les intégrer de façon efficace pour produire des
résultats.
Par exemple, les AI utilisent les infrastructures d'irrigation
pour mobiliser l'eau et la distribuer aux usagers. Cette ressource est souvent
très limitant, il faut :
- une planification pour établir les
règles, les normes et les principes ;
- une organisation permettant aux dirigeants
de l'AI d'avoir des taches bien définies ; - un
leadership éclairé capable de conduire l'équipe vers des
résultats acceptables que ce
soit au niveau de la gestion des infrastructures, de la
collecte des redevances, de la
distribution, etc. ;
- un contrôle adéquat du service
fourni par l'AI.
2.6. Gestion sociale de l'irrigation ou de
l'eau
Selon Orstrom (1997), la gestion sociale de l'eau
considère qu'un système d'irrigation est une construction
technique et sociale pour laquelle les irrigants définissent
collectivement :
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- Les normes d'accès et de
distribution de l'eau, ainsi que les droits et obligations que tous doivent
respecter pour conserver l'accès à la ressource en eau, comme les
travaux collectifs d'entretien, la participation aux réunions, le
paiement d'une redevance etc. ;
- Une infrastructure physique qui
réponde aux normes établies et à la gestion de l'eau
définie de manière collective ;
- Un type d'organisation capable de veiller
au respect des normes établies, à savoir l'autorité
hydraulique.
Mais l'existence d'un cadre n'exclut pas les situations
conflictuelles, ni les modifications des règles ou des infrastructures
par les gestionnaires ou des usagers si le service est jugé insuffisant
(Gilot et Ruf, 1998). Les usagers définissent entre eux un accord qui a
pour objectif la résolution des problèmes liés à
l'utilisation de ressources à caractère commun.
Cet accord précise les mécanismes de
décision et ces derniers se portent sur :
- l'accès à l'eau ;
- la quantité utilisée ;
- le temps d'utilisation ;
- les travaux de maintenance du système
hydrique.
Il s'agit donc d'une organisation régie par des
règles conventionnelles établies par les adhérents,
c'est-à-dire que cet accord peut prendre le caractère formel ou
informel et il peut aboutir à un état d'équilibre. Ces
règles portent sur la gestion de l'eau dans le périmètre
et ont pour rôle d'assurer les mécanismes de coordination et de
coopération entre les usagers de l'eau. Elle veille donc à la
viabilité de l'arrangement institutionnel.
2.7. L'autogestion d'un système
d'irrigation
Ensemble d'activités réalisées par les
exploitants du système visant à fournir aux usagers un ensemble
de services leur permettant de rentabiliser les moyens et les facteurs de
production engagés dans le processus de production. Ces actions doivent
favoriser l'équité entre les usagers et la
pérennité du système. Elles seront effectives par le
processus de prise en charge du système (Hérard, 2011).
Selon Hérard (2005)
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2.8. Association d'irrigants (AI) et son mode de
fonctionnement
C'est un groupe d'irrigants organisé, structuré
et reconnu exploitant à des fins agricoles et à leur profit des
canaux d'irrigation, provenant d'une source, d'une rivière, d'un canal
ou d'une station de pompage (Hérard, 2011).
L'AI est une organisation démocratique et fonctionnant
selon certains principes ou règles qui reposent sur les valeurs
d'égalité, d'équité et de solidarité. En
d'autres termes, elle fonctionne selon les principes démocratiques :
égalité dans la répartition du pouvoir (un membre un
vote), adhésion volontaire et accessible, durée du mandat
déterminée, etc. En générale, elle adopte une
structure de gestion et d'administration composée d'une Assemblée
Générale, d'un comité exécutif ou de gestion, d'un
personnel administratif et/ou technique, d'un comité de surveillance et
des commissions qui s'occupent des activités spécifiques telles
boutiques d'intrants agricoles, fourniture de services d'aspersion, labourage
à traction animale, etc.
Assemblée générale
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Comité de surveillance ou de contrôle
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Comité de gestion
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Personnel administratif et technique (vannier, police
des eaux, comptable, etc.)
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Comité canal
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Groupements d'usagers
Figure 1 : Niveau d'organisation d'une association
d'irrigants
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2.9. La redevance
La redevance est le tarif d'irrigation que l'usager doit payer
pour bénéficier des services de l'eau, soit en tête d'un
quartier d'irrigation pour une AI ou en tête de sa parcelle pour un
usager individuel ou à la pompe pour les deux cas (Article 28, Avant
projet de loi relatif à l'irrigation).
Dans son article 15, l'avant projet de loi sur les AI et le
transfert de gestion précise que les redevances doivent couvrir :
- L'ensemble des coûts de
fonctionnement et de gestion du périmètre soit, en particulier,
les frais de gestion, d'entretien, de maintenance et de réparation des
équipements et des infrastructures et les salaires du personnel ;
- La constitution d'une provision pour le
renouvellement des équipements ;
- Les taxes d'irrigation prévues par la
loi.
Le montant des redevances est voté chaque année par
l'assemblée générale de l'association et s'applique
à tous les adhérents.
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