CONCLUSION
Le rôle des OING dans le processus de
développement au Cameroun en général est sans cesse
croissant. Ces organisations non étatiques représentent
aujourd'hui des partenaires importants et comptent parmi les Partenaires
Techniques et Financiers du gouvernement du Cameroun. Leurs actions apportent
un appui considérable à l'Etat, garant des droits
économiques, sociaux et culturels des populations camerounaises. Autant,
le Cameroun dispose des atouts qui facilitent cet appui à l'action
étatique, autant d'autres facteurs constituent des limites à
lever afin de permettre une amélioration de la qualité de
l'action des OING au Cameroun. Ces limites qui sont pour certaines d'ordre
interne aux OING et pour d'autres liées aux acteurs locaux sont fort
heureusement remédiables. La sous valorisation des compétences
locales, l'injustice salariale, la course aux financements sont quelques unes
de ces limites imputables aux OING, tandis que la lenteur administrative,
l'irresponsabilité, la méfiance et les mauvaises pratiques sont
attribuables aux acteurs locaux. La mauvaise gouvernance constitue une limite
transversale et imputable aux différents acteurs impliqués dans
le processus, qu'il s'agisse des OING, de l'Etat, des organisations locales
etc.
C'est à ces divers acteurs que s'adressent les
recommandations que nous avons formulé notamment la revalorisation des
compétences locales, la coordination des actions, la
reconsidération des thématiques d'intervention, la
visibilité et la durabilité des actions ,la révision du
cadre règlementaire, la création d'une institution en charge de
la gestion de questions relatives aux OING. Par ailleurs, l'éthique et
la transparence doivent être au centre de toute politique de
développement de chacun de ces différents acteurs.
![](tat-des-lieux-de-l-oeuvre-des-ONG-internationales-dans-la-region-centre-du-Cameroun-de-1960--2034.png)
CONCLUSION GENERALE
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Au terme de ce travail dont l'objectif était de dresser
un état des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la
région Centre du Cameroun de 1960 à 2010, nous relevons que notre
approche s'est subdivisée en deux idées.
Dans la première partie, il s'est agi de
présenter les fondements sociologiques, juridiques et politiques ayant
servi de socle à l'émergence des OING au Cameroun. Ici nous avons
relevé que la solidarité humaine, l'esprit d'un monde dans lequel
l'on vit en communauté ont contribué à la
responsabilité de porter assistance aux personnes vulnérables
dans le monde. Des conventions internationales, régionales ainsi que des
lois nationales ont légitimé l'existence des ONG et
l'accomplissement par ces dernières des missions d'intérêt
général, légitimant ainsi la solidarité aussi bien
à l'échelle nationale, régionale qu'internationale. Cette
solidarité s'exprimant à l'échelle internationale aboutit
à l'arrivée dans les années 1960 des premières
organisations de la société civile du Nord au Cameroun. Les
résultats mitigés de la coopération gouvernementale
(notamment de l'aide publique au développement), les méfaits des
réformes économiques imposés par les institutions
financières internationales et l'échec des politiques nationales
inadaptées ont à joué un rôle important dans la
détérioration des conditions de vie des populations au Cameroun.
Dès lors, les pays du Nord comprennent la nécessité de
faire des ONG de véritables partenaires au développement. Ces
dernières s'installent progressivement au Cameroun et font
désormais partie des acteurs clef du développement
socio-économique du Cameroun.
Dans la deuxième partie, nous avons
présenté une classification et une caractérisation des
OING opérant dans la région du Centre, leurs différentes
formes de partenariat qu'elles établissent dans le cadre de leurs
activités, ainsi qu'une mise en relief de leurs actions concrètes
dans cette localité. Ensuite, nous avons examiné les facteurs qui
constituent des limites à une action efficace des OING et des
recommandations ont été formulées à l'endroit des
différents acteurs impliqués dans ce processus.
En effet, les OING actives dans notre région
d'étude sont principalement d'origine occidentale et de type
anglo-saxon. En effet, en dehors des ONG d'origine américaine dont les
financements proviennent en grande partie du gouvernement américain, les
autres sont indépendantes de leurs Etats d'origine du point de vue
financier. Leurs ressources financières proviennent donc des sources
diverses (siège de l'OING, bailleurs de fonds, les organisations
internationales, les multinationales, les particuliers ...) et constituent pour
certaines des enveloppes très considérables. Les ressources
humaines quant à elles sont principalement constituées des
nationaux quoi que les positions stratégiques soient plus
occupées par le personnel international parfois du pays d'origine de
l'ONG. Dans la mise en oeuvre de leurs
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projets, ces organisations établissent des partenariats
avec d'autres acteurs notamment l'Etat, les OI, d'autres OING, les ONG et
entreprises locales ... Ces projets sont principalement axées sur des
questions de développement notamment la santé et le VIH/SIDA,
l'éducation, le développement local, les droits de l'homme,
l'environnement, et quelquefois sur des questions d'urgence humanitaire. Ces
faits exposés confirment notre hypothèse de départ selon
laquelle l'oeuvre des OING dans la région Centre du Cameroun est
principalement axée sur le développement en vue d'une
amélioration des conditions de vie des populations vulnérables.
Il convient ici de préciser que les interventions dans les domaines de
la santé, le VIH/SIDA, l'éducation et le développement
local retiennent plus l'attention des OING et couvrent plus de la moitié
de leurs réalisations dans la région.
Toutefois, cette oeuvre sociale en faveur des personnes
vulnérables de la région du Centre pourrait être plus
efficace si une attention particulière était accordée par
les différents intervenants à la question de bonne gouvernance.
Elle devrait en effet occuper une place centrale dans les stratégies
aussi bien des OING que l'Etat. Une révision du cadre
réglementaire, une revalorisation des compétences locales, une
réorientation des thématiques d'intervention, l'implication des
populations dès la phase de conception des projets et une meilleure
coordination des actions contribuerait à une action efficace et
efficiente.
Au moment de terminer ce travail, nous réalisons
l'importance et en même temps la complexité de la question de
gouvernance au niveau global. En effet, si cette dernière a
contribué à l'émergence des OING dans les pays en
développement, il faut cependant dire qu'elle représente
aujourd'hui un problème majeur pour cette catégorie d'acteurs du
développement. Alors devrons-nous penser à une nouvelle
catégorie d'acteurs ? Si non, ne devrait-on pas repenser l'aide au
développement dans son ensemble ?
Finalement, loin d'être utopique, loin de remettre en
cause l'action bienfaisante des OING au Cameroun, la question suivante nous
taraude certes l'esprit : une amélioration significative du niveau de
gouvernance au Cameroun ne permettrait-elle pas à l'Etat de garantir les
droits économiques et sociaux de ses citoyens, réduisant ainsi sa
dépendance à l'aide extérieure entre autres celle des
organisations internationales non gouvernementales ?
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