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à‰tat des lieux de l'oeuvre des ONG internationales dans la région centre du Cameroun de 1960 à  2010.

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par Judith Tsafack
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2013
  

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CHAPITRE III : UNE PARTICIPATION EFFECTIVE DES
ORGANISATIONS INTERNATIONALES NON
GOUVERNEMENTALES AU DEVELOPPEMENT DE LA REGION
CENTRE DU CAMEROUN

46

INTRODUCTION

De manière générale, les organisations non gouvernementales se donnent pour mission de participer au développement socio-économique des localités dans lesquelles elles exercent leurs activités. Leurs actions sont souvent plus visibles à travers des interventions dans des zones de conflit, des régions de forte crise alimentaire ou suite à des catastrophes naturelles. Elles viennent ainsi en aide aux victimes et leurs apportent l'assistance d'urgence et les secours de première nécessité à travers l'aide médico-sanitaire, alimentaire, sécuritaire, logistique... Dans le cas du Cameroun, plus précisément dans la région du Centre, l'absence de conflits armés depuis la fin de la lutte pour l'indépendance dans les années 1960 donne à penser que l'environnement politico-social peut être qualifié de paisible, sinon stable. De plus, la région est restée à l'abri des catastrophes naturelles entre 1960 et 2010. Par ailleurs, malgré la condition préoccupante de la sécurité alimentaire dans certaines zones du pays (cas du Grand Nord), la région du Centre ne court pas un risque de crise alimentaire sérieux, quoique la situation se soit considérablement dégradée ces dernières années.50 Au regard du tableau ainsi brossé, l'on pourrait s'interroger, non sans pertinence, sur la nécessité et même l'opportunité de la présence des OING dans notre pays en général, et dans la région du Centre en particulier.

Le paradoxe apparent précédemment décrit s'estompe dès lors qu'on tient compte du fait que l'action des OING ne se limite guère à la seule aide humanitaire, encore moins à l'humanitaire dit d'urgence. En effet, il convient de distinguer ici l' « humanitaire d'urgence »,

50 Le Cameroun est considéré comme un Pays à Faible Revenu et à Déficit Vivrier (PFDRV) et classé au 144ème sur 177 pays dans le rapport 2007 de développement humain du PNUD. Près de 25% de la population camerounaise était touchée par l'insécurité alimentaire avant le début de la crise alimentaire mondiale de 2008, 40.2 % de sa population vit au-dessous du seuil de pauvreté (1 dollar EU par jour) et 70% dépendent des activités agropastorales.

47

l'« humanitaire de reconstruction » et l' « humanitaire de développement ». Le premier renvoie à l'assistance apportée aux victimes de crises diverses (crise alimentaire, conflit armé, catastrophe naturelle...) en leur fournissant les soins primaires, les premiers secours, les produits de première nécessité, la logistique... Il s'agit de soulager les besoins immédiats des populations vulnérables, ou rendues ainsi par le fait d'une situation de crise donnée. C'est donc une aide qui se déploie dans l'extrême nécessité. Par conséquent, sa durée dans le temps est assez limitée. Elle prend fin dès lors que les risques représentés par la situation d'urgence sont réduits, voire maîtrisés. La seconde forme d'aide humanitaire, renvoie à la réhabilitation des infrastructures détruites lors des catastrophes et grandes crises. La dernière forme à laquelle la plupart des professionnels s'accordent à réserver le substantif de « coopération au développement », s'inscrit quant à elle dans une dynamique de plus long terme. En effet, elle renvoie aux diverses actions menées par les OING pour accompagner les Etats dans leurs politiques de développement. Ces actions se situent en droite ligne des programmes gouvernementaux et se consacrent à des secteurs de développement précis. Les institutions étatiques bénéficient de l'expertise de ces structures ainsi que des financements qu'elles mobilisent, afin de mener avec force et pertinence les actions définies par le gouvernement dans la poursuite de ses axes prioritaires de développement. C'est justement cette forme d'assistance humanitaire que l'on retrouve principalement dans la région Centre du Cameroun. Il devient dès lors capital de s'interroger sur la réalité de la participation de ces structures au développement de ladite région, de découvrir les modalités de leurs interventions et de scruter l'environnement dans lequel leurs actions sont menées. De prime abord, il apparaît que l'oeuvre des ONG internationales dans ladite région durant le cinquantenaire qui constitue notre période d'étude est caractérisée par une diversité et une pluralité qui transparaissent non seulement à travers leurs identités (section I), mais aussi par le biais des actions concrètes menées par celles-ci sur le terrain (section II).

48

Section I) Un profil pluriel des organisations internationales non gouvernementales présentes dans la région Centre du Cameroun

Les OING oeuvrant dans la région du Centre présentent quelques similitudes, mais en général, elles diffèrent profondément les unes des autres. Elles sont toutes d'origine occidentale, exception faite d'INADES Formation, qui est une association internationale africaine. Quant aux divergences, elles sont plus nombreuses et portent sur une multitude de points, allant des objectifs principaux jusqu'aux ressources humaines et financières, en passant par les domaines d'intervention, la nature, le public cible etc. Cette disparité d'éléments caractéristiques décrit une mosaïque hétérogène qui s'avère difficilement intelligible, si l'on ne dispose pas de repères et d'outils de catégorisation pouvant nous servir de clé de lecture. A cet effet, il nous revient d'une part d'effectuer une classification de ces organisations en fonction des diverses caractéristiques propres à chacune d'entre elles (A), et d'autre part, de donner une description panoramique de l'environnement dans lequel elles évoluent, ainsi que du cadre des différents partenariats mis en place (B).

Paragraphe A) Caractéristiques et classification des organisations internationales non gouvernementales présentes dans la région du Centre

Dans le cadre de cette étude, les données recueillies auprès des OING présentes dans la région du Centre nous ont permis d'élaborer une classification de ces dernières. En effet, plusieurs critères peuvent être retenus pour distinguer ces différentes organisations. Sans prétendre à une classification exhaustive, il ressort des résultats51 de cette étude que cette caractérisation peut être faite sur la base de deux principaux groupes d'éléments majeurs, et distinguer ainsi d'un côté les critères identitaires que sont la nature, la période d'établissement, le positionnement envers l'Etat d'origine...(1) et de l'autre, les critères d'effectivité représentés par les domaines d'intervention, les ressources financières, les ressources humaines...(2).

51 Voir tableau des données ci-dessous.

49

Tableau 1: Synthèse des données recueillies auprès des OING52

#

Organisation

Période

d'établissement

Personnel

Ressources
financières

 
 

Avant

1990

A partir de 1990

Hommes

Femmes

National

Intl.

(en euros)

1

COE

1970

 

204

214

397

21

2.389. 635

2

Care Cameroun

1983

 
 
 
 
 
 

3

Catholic Relief Services

1961

 
 
 
 
 
 

4

Counter Part International

 

2008

19

16

34

1

4.001.786

5

Fairmed

1960

 

25

11

34

2

1.524.490

6

France Volontaires

1964

 

3

1

2

2

 

7

Geoaid Cameroun

 

2008

5

1

5

1

 

8

Global Viral

Forecasting Initiative

 

2008

12

5

 
 
 

9

Helen Keller International

 

1992

 
 

30

1

 

10

INADES Formation

1970

 
 
 

17

0

304.898

11

International Medical Corps

 

2008

 
 

67

4

 

12

Management Sciences for Health

 

2012

 
 
 
 
 

13

Médecins Sans Frontières

1984

 
 
 
 
 
 

14

Plan Cameroon

 

1996

105

38

141

2

8.396.000

15

Planète Urgence

 

2009

1

1

1

1

200.000

16

Population Services international

1989

 
 
 
 
 
 

17

Sight Savers International

 

1997

7

4

9

2

 

18

SNV

1963

 

25

13

30

8

3.000.000

19

SOS village d'enfants

 

1990

 
 
 
 
 

20

UICN

 

1995

 
 

45

5

1.500.000

21

VSO

 

1998

 
 
 
 
 

22

WCS

 

2001

32

8

39

3

800.000

23

WWF

 

1990

110

30

 
 

4.573.470

 

TOTAL

10

14

554

345

829

53

26.690.636

Source: Tsafack Judith

52 Les organisations n'ont pas toutes fournies les informations demandées, ce qui explique la présence des cases vides dans ce tableau.

50

1) Selon les critères identitaires

Les OING établies dans la région du Centre sont en très grande majorité des associations à caractère laïc et apolitique. Du point de vue de leur nature, on peut y voir une certaine homogénéité. Toutefois, on peut les distinguer non seulement selon la période à laquelle elles se sont installées au Cameroun, mais aussi en fonction des rapports qu'elles entretiennent avec leur Etat d'origine.

? La période d'établissement

La législation nationale en matière d'associations a connu une certaine évolution. La loi de Juin 1967 y relative a été abrogée par celle de décembre 1990, elle-même complétée par celle de Juillet 1999. On distingue alors d'un côté les OING installées au Cameroun avant 1990 c'est-à-dire sous l'ancienne loi, et de l'autre, les organisations présentes après Décembre 1990, donc sous le régime de la loi actuelle. Des résultats de cette étude, il ressort que des 23 OING répertoriées, 9 d'entre elles soit 37% se sont installées au Cameroun avant 1990 contre 15 représentants 63% pour celles installées au Cameroun après cette date.

Avant 1990 A partir de 1990

58%

42%

Graphique 1: Répartition des OING selon la période d'établissement au Cameroun

Lorsqu'on y regarde de plus près, il apparaît que le choix de la période d'établissement est plus lié au contexte socio-économique ambiant qu'au cadre légal national. Certes, la loi de 1990 a probablement offert un cadre plus propice à l'installation des ONG étrangères au Cameroun. Cependant, l'analyse poussée des résultats nous permet de penser que les ONG

51

actives avant 1990 (France Volontaires, COE, Catholic Relief Services, SNV, INADES53 et FAIRMED) se sont installées pour certaines quelques années après les indépendances afin de contribuer au développement économique et social du jeune Etat qu'était le Cameroun en ce moment. Certaines ont même connu une évolution : c'est le cas de France Volontaires qui s'installa dans la région du Centre sous le nom de l'AFVP (Association Française des Volontaires du Progrès). La SNV par exemple était une Association de Volontaires Néerlandais (SNV comme sigle de Stichting Nederlandse Vrijwilligers en Néerlandais). Plus tard, elle est passée à l'organisation de coopération néerlandaise pour devenir Organisation néerlandaise de développement. Nous constatons que ces OING installées au Cameroun après les indépendances ont évolué avec le développement du Cameroun et ont pour certaines changé leur nom en fonction des facteurs soient internes à l'organisation, soient internes au pays dans lequel elles exercent.

Quant aux organisations installées à partir de 1990 qui représentent d'ailleurs plus de la moitié du nombre total d'OING, il est logique de penser que les programmes d'ajustements structurels (PAS) auxquels les Etats africains entre autres le Cameroun, ont été soumis à la fin des années 1980 ont eu un effet dévastateur plongeant les populations camerounaises dans la pauvreté. A travers les PAS, les Institutions Financières Internationales (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) ont obligé le Cameroun à effectuer de nombreuses coupes budgétaires dont les populations en sont devenues les principales victimes. En réalité, les années 1990 marquent un tournant décisif dans la compréhension des questions de sous-développement et de lutte contre la pauvreté. A l'inverse de la décennie 80 qualifiée de « perdue » par divers théoriciens hétérodoxes du développement, elles ont été caractérisées par un changement considérable dans la réflexion sur le « marché » du développement et les méthodes pour le promouvoir. Les enseignements tirés de l'échec des PAS, conjugués aux innovations dans le domaine des théories économiques, institutionnelles, politiques et sociales ont débouché sur une nouvelle perspective qui semble être caractérisée par une compréhension plus large et plus intégrée du développement54. C'est dans cette optique d'une compréhension plus étendue du développement que s'inscrivent dès lors la plupart des initiatives et politiques de coopération au développement en faveur des populations des pays dont les économies ont subi de telles

53 Inades Formation, certes organisation transnationale (africaine), est classée parmi les ONG internationales dans le cadre de cette étude.

54 DIOUBATE Badara., Histoire et fondements théoriques de l'économie du développement, Op Cit.

52

détériorations. Il s'agit désormais de prendre en compte la nécessité de soutenir les pays du tiers-monde dans la correction des méfaits causés par la mise en place dans ces pays des programmes de développement inadaptés, et qui se sont avérés au final contre productifs. C'est également pourquoi la société civile du Nord manifeste son élan de solidarité vis-à-vis de celle du Cameroun en créant des branches de certaines organisations occidentales au Cameroun avec pour but d'améliorer les conditions de vie des populations qui subissent cette pauvreté.

? Les rapports avec l'Etat d'origine

Selon Pierre MICHELETTI, les associations de solidarité internationale peuvent être distinguées en fonction de la nature des rapports qu'elles entretiennent avec leur Etat d'origine. Dans ce cas, on en distingue trois principaux types :

y' Le modèle rhéno-scandinave ayant des relations fortes avec leurs Etats (Ex. Suède, Danemark).

y' Le modèle anglo-saxon où l'on a affaire à des ONG plus libérales dans l'esprit et dans la logique de leur financement.

y' Modèle méditerranéen hérité des thèses de De Tocqueville au XIXè siècle : les ONG se positionnent comme des outils de contre pouvoir.55

Dans le cadre du Cameroun en général et dans la région du Centre en particulier, la troisième catégorie de cette typologie est tout à fait inexistante. Les OING se positionnant comme des outils de contre pouvoir sont beaucoup plus présentes dans les grandes démocraties occidentales, où il règne un rapport de force dynamique entre les autorités gouvernementales et les diverses entités de contradiction. Dans notre contexte, seuls les deux premiers types d'organisation sont présents. En effet, au regard de la loi n°90/053 du 19 décembre 1990 relative à la liberté d'association, l'article 4 précise que les actions des associations doivent être conformes à la Constitution, aux lois et aux bonnes moeurs, et ne doivent pas porter atteinte à la sécurité, à l'intégrité territoriale, à l'unité nationale, à l'intégration nationale et à la forme républicaine de l'Etat. En outre, étant donné qu'au Cameroun, les associations (autre que les partis politiques) sont tenues de conserver un caractère apolitique, quand bien même une association étrangère traiterait des questions politiques dans son pays d'origine, en s'installant au

55 MICHELETTI Pierre, Les enjeux contemporains de l'action humanitaire non gouvernementale, IRIC, CA2D, 2012.

53

Cameroun, elle se doit de respecter la législation en vigueur. Par conséquent, elle ne saurait s'immiscer dans des questions politiques au point de se positionner comme un outil de contrepouvoir. Toutefois, cette disposition ne les empêche pas de mener des actions de plaidoyer auprès des autorités étatiques. La répartition en fonction des diverses catégories est précisée dans le diagramme ci-dessous.

La plupart de ces organisations sont de type anglo-saxon (Plan Cameroon, WWF, Sight Savers, MSF, Planète Urgence, VSO, Geoaid Cameroon, SOS villages d'enfants). Elles jouissent d'une certaine autonomie vis-à-vis de leurs Etats d'origine. C'est pourquoi une partie considérable des initiatives prises l'est de façon indépendante de l'Etat d'origine. C'est donc une collaboration directe entre les sociétés civiles du Nord et celles du Sud.

Les ONG d'origine américaine telles que Counter Part International, Management Sciences for Health, International Medical Corps, Global Viral Forecast Initiative appartiennent au modèle rhéno-scandinave. Leurs ressources financières proviennent principalement du gouvernement américain soit directement des départements d'Etat, soit de l'Agence Américaine d'aide au développement USAID.

2) Selon les critères d'effectivité

Les critères ici présentés portent sur les modalités d'action des OING dans la région d'étude. Ils prennent en compte le champ d'action, les visées que se fixent lesdites structures, le type de population auxquelles elles s'intéressent, leurs capacités humaines et même financières.

? Les domaines d'intervention

Ces organisations agissent dans la région du Centre dans des domaines assez divers. Leurs initiatives répondent à des besoins identifiés soit directement par les populations auprès desquelles elles interviennent, soit par les organisations elles-mêmes, ou encore en fonction des priorités définies par le gouvernement. Si certaines OING mettent l'accent sur un volet bien précis, d'autres par contre couvrent des champs d'intervention multiples. Il s'agit notamment de l'éducation (l'accès à l'éducation primaire pour les populations les plus défavorisées, et dans une moindre mesure, la qualité de l'éducation secondaire) ; les droits de la personne humaine (avec une insistance sur les droits des catégories vulnérables telles que les femmes, les enfants, la jeune fille, les minorités) ; le genre ; le développement local ; les problématiques environnementales

54

(environnement et conservation) ; la recherche et production (en vue de la mise en place d'un savoir-faire et des solutions adaptées aux exigences du contexte) ; la santé (notamment la lutte contre le VIH/SIDA, la santé maternelle et infantile, l'éradication des maladies liées à la pauvreté, l'accès pour tous aux soins de première nécessité...) ; l'eau et l'assainissement ; l'humanitaire ; les questions de gouvernance (lutte contre la corruption, liberté d'expression...) ; l'agriculture (formation aux techniques agricoles et aux métiers du secteur agropastoral...).

Le tableau ci-dessous (fig.1) récapitule les divers domaines dans lesquels interviennent les

structures identifiées.

55

Tableau 2: Matrice d'intervention des OING présentes dans le Centre

Domaines d'intervention

ONG

Agriculture

Développement local

Droits de l'Homme

Eau et assainis- sement

Education

Environnement

VIH/SIDA

Humanitaire (urgences)

Santé

1.

CARE

 

X

X

 
 
 

X

X

X

2.

COE

 

X

 
 

X

 

X

 
 

3.

Catholic Relief Services

 
 
 
 
 
 

X

 

X

4.

Counter Part Intl.

 

X

 
 

X

 
 
 
 

5.

FAIRMED

 
 
 
 
 
 
 
 

X

6.

France Volontaires

 

X

 
 

X

X

 
 
 

7.

Geoaid

X

X

 
 
 
 
 
 

X

8.

GVFI

 
 
 
 
 
 
 
 

X

9.

Helen Keller International

 
 
 
 
 
 
 
 

X

10.

INADES

X

X

X

 

X

 
 
 
 

11.

International Medical Corps

 
 
 
 
 
 

X

X

X

12.

MSH

 
 
 
 
 
 
 
 

X

13.

MSF

 
 
 
 
 
 

X

X

 

14.

Plan Cameroon

 
 

X

X

X

 

X

X

X

15.

PSI/ACMS

 
 
 
 
 
 

X

 

X

16.

Planète Urgence

 

X

 
 

X

X

 
 
 

17.

Sight Savers Intl.

 
 

X

 
 
 
 
 

X

18.

SNV

X

X

 

X

 
 
 
 
 

19.

SOS Villages d'enfants

 

X

X

 

X

 

X

 

X

20.

UICN

 
 
 
 
 

X

 
 
 

21.

VSO

 
 
 
 
 
 
 
 
 

22.

WCS

 
 
 
 
 

X

 
 
 

23.

WWF

 
 
 
 
 

X

 
 
 
 

Total par domaine

3

9

6

2

11

5

9

5

17

Source: Tsafack Judith

56

La lecture de cette matrice nous permet de constater qu'un accent particulier est mis sur les domaines identifiés comme étant les plus sensibles. Il est important de remarquer que ces aspects sont tous liés aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le but principal est de réduire l'état de précarité dans lequel vivent certaines populations de la planète. Parmi ceux-ci, on retrouve la santé (OMD 4 : Réduire la mortalité infantile, OMD 5 : Améliorer la santé maternelle, OMD 6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies) ; l'éducation (OMD 2 : Assurer l'éducation primaire pour tous), le développement (OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement), l'environnement (OMD 7 : Assurer un environnement durable).

Le graphique ci-dessous représente une répartition des divers domaines d'intervention en fonction de leur importance.

Graphique 2: Répartition des OING par domaine d'intervention

Urgences
Humanitaires

7%

Eau et
Assainissement

6%

Gouvernance

4%

Agriculture

4% VIH/SIDA

Répartition par domaine d'activité

Santé

24%

12%

Education

14% Droits de l'Homme

10%

Environnement

7%

Développement local

12%

Source : Judith Tsafack

Ce diagramme nous montre que 24% des OING présentent dans le Centre interviennent dans le domaine de la santé, 14 % dans l'éducation, 12% dans le VIH/SIDA, 12% également dans le développement local. S'agissant de la santé et le VIH/SIDA, cet engouement des OING est en partie justifié par l'intensité de la lutte contre cette pandémie qui touchait 5,5% de la population camerounaise en 2004 et le paludisme dont le taux de

57

prévalence national était d'environ 40% la même année.56 A cela s'ajoute la prise en charge de la santé maternelle et infantile. D'ailleurs, selon le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), le nombre de femmes qui décèdent à la suite d'un accouchement au Cameroun est passé de 430 à 669 pour 100.000 naissances entre 1998 et 2004. Nous notons ainsi une dégradation de la situation sanitaire qui appelle à une intensification des efforts de la part des différents acteurs en matière de santé. De plus, le domaine de la santé à lui seul est évoqué dans trois OMD à la fois (OMD 4 : Réduire la mortalité infantile, OMD 5 : Améliorer la santé maternelle, OMD 6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies), et le rôle des OING consiste entre autres à la poursuite de ces objectifs, ce qui peut justifier qu'elles soient un certain nombre à se préoccuper de ces questions.

Il en ressort également que 12% de ces organisations interviennent dans des questions de développement local. Dans le cadre des thématiques d'intervention, le terme développement local désigne l'ensemble des actions dont le but immédiat est l'augmentation du niveau de revenu des populations locales. Une telle proportion justifie la précarité dans laquelle vivent les populations de notre région d'étude. Si le niveau de vie dans la ville de Yaoundé semble relativement élevé, on ne saurait faire le même constat pour les autres départements. En outre, dans la région, il existe un besoin réel de maîtrise et réduction du taux de chômage des jeunes.

Quant à l'éducation, elle mobilise 14% des OING, l'éducation primaire constituant la principale priorité. Malgré une légère hausse du taux de scolarisation primaire au Cameroun entre 2001 et 200757, il faut reconnaître que la qualité de l'éducation continue de poser problème. En plus, le poids de la culture camerounaise contribue à la sous-scolarisation de la jeune fille, ce qui pousse un nombre considérable d'organisations sensibles à la question du genre à s'intéresser à l'éducation de la jeune fille.

La protection de l'environnement dans l'ensemble occupe également une place de choix parmi les objectifs définis. 7% de la population étudiée y consacre des activités. On retrouve d'ailleurs pas moins de trois organisations spécialisées sur les questions liées à l'environnement. En effet, cet intérêt des OING pour l'environnement peut se justifier par l'augmentation des atteintes à la biodiversité (exploitation abusive des ressources forestières, le braconnage...). Néanmoins, leurs interventions dans la région du Centre concernent beaucoup plus l'appui au gouvernement en matière de définition des stratégies de protection

56 Institut National de la Statistique, Rapport Enquête Démographique et de Santé Cameroun (EDSC), 2004.

57 Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi, Cameroun, 2009.

58

de l'environnement et des espèces menacées, les actions de terrain se focalisant sur d'autres régions.

Les droits de la personne humaine, l'eau et l'assainissement ainsi que l'assistance humanitaire font l'objet d'un certain intérêt (23% pour les trois réunis). Les sujets les moins traitées sont ceux relatifs à la gouvernance et à l'agriculture58. Ces secteurs réunis intéressent moins de 10% des structures recensées.

Si cette répartition selon les domaines d'activités révèle une certaine pertinence, d'autres facteurs peuvent être pris en compte pour effectuer cette classification.

? Les ressources humaines

Les OING présentent dans le Centre agissent parfois dans des domaines similaires, mais leurs actions n'ont pas nécessairement une ampleur identique. Celle-ci varie notamment en fonction des capacités d'intervention de l'une ou l'autre structure. Pour évaluer ces dernières, l'on pourrait se référer à un indicateur de capacité, à l'instar de la dotation en ressources humaines qui constitue une clé du succès des actions de ces organisations.

L'observation de la réalité de l'oeuvre des ONG internationales dans la région Centre du Cameroun révèle une grande disparité en termes de personnel déployé. En effet, elles emploient plus d'un millier de personnes, sans distinction de genre avec une moyenne d'environ 73 employés par organisation. L'histogramme ci-dessous montre une répartition des organisations en fonction du nombre d'employés recensés.59

58 Le secteur agricole camerounais est pourtant en pleine effervescence, mais ici, l'Etat agit en collaboration principalement avec les institutions internationales et interétatiques ainsi que les organismes de coopération. Au niveau national, il fait participer les collectivités territoriales ainsi que les ONG et associations nationales.

59 Le personnel dont il est question concerne l'ONG dans son ensemble, les employés peuvent donc être affectés à des tâches effectuées dans des régions autres que le Centre. Par ailleurs, une distinction n'a pas été faite entre le personnel permanent salarié d'une part, et le personnel temporaire non salarié d'autre part, constitué de volontaires, bénévoles, stagiaires.

59

Graphique 3: Effectif des employés par OING

418

35 36 6 31 17

71

143

2 11 38 50 42

140

Source : Judith Tsafack

Il ressort de cette représentation que, dans la région du Centre, l'on peut distinguer en fonction du personnel employé d'une part des structures qui comptent plus d'une centaine d'employés, et que l'on peut qualifier de « grandes » OING, il s'agit de l'Association COE (41%), Plan Cameroun (14%), WWF (14%). D'autre part des « petites » structures qui comptent quant à elles moins d'une trentaine d'employés à l'instar de Inades Formation (2%), GVFI (2%), Geoaid (1%), Helen Keller (1%), France Volontaires (1%), Planète Urgence (moins de 1%). Cette hétérogénéité apparente s'explique part le fait que certaines « grandes » structures mobilisent un effectif considérable afin de faire face à leurs besoins d'intervention dans des domaines assez variés. De plus, leurs zones géographiques d'intervention couvrent plusieurs régions du Cameroun dans lesquelles elles possèdent parfois des bureaux. C'est le cas par exemple de :

? Associazione COE (Zone d'intervention : Centre, Nord, Ouest, Extrême-Nord, Littoral. Bureaux régionaux : Mbalmayo, Garoua, Bafoussam, Douala).

? Plan Cameroon (Zone d'intervention : Centre, Est, Nord-ouest, Nord, Adamoua et

Extrême-Nord. Bureaux régionaux : Yaoundé, Bertoua, Bamenda, Garoua et Maroua). ? WWF (Zone d'intervention : Centre, Est, Sud, Sud-ouest. Bureaux régionaux :

Yokadouma, Campo'o Man, Jengi).

A l'opposé, d'autres organisations, les « petites », optent pour des tâches beaucoup plus ciblées, généralement dans un domaine bien spécifique requérant une expertise certaine.

60

Ces structurent utilisent alors un personnel dont l'effectif est beaucoup moins important, mais avec des qualifications beaucoup plus poussées. Elles se constituent dès lors comme un soutien technique pour le gouvernement et leur rôle consiste ainsi à conseiller les instances publiques sur les décisions à prendre, à les accompagner dans l'exécution des décisions prises et à jouer un rôle de plaidoyer lorsque ces dernières s'écartent de ce qui est considéré comme la norme à suivre. Il faut également observer qu'il s'agit pour certaines d'entre elles, des organisations de volontariat international. Elles utilisent un modèle qui selon elles ne nécessitent pas absolument un effectif élevé au niveau du Cameroun. Elles sont tout simplement des plateformes d'interface entre les organisations locales nécessiteuses d'une expertise donnée et le volontaire qui est disposé à mettre ses connaissances et compétences au profit de l'organisation locale identifiée par l'OING. Les volontaires quant à eux, viennent souvent d'un pays étranger, la France pour Planète Urgence et depuis quelques années, de plusieurs pays du monde en ce qui concerne France Volontaires. Nous constatons que les organisations de volontariat international disposent d'une petite équipe de coordination au Cameroun. Les volontaires sont soit des salariés en Occident qui profitent de leur congé pour mener une action sociale au Cameroun, soit, de jeunes volontaires qui viennent séjourner au Cameroun pour une durée d'un à deux ans afin de mettre leur connaissance au profit des organisations locales, et en retour acquérir une expérience professionnelle.

D'autres par contre, bien qu'installées dans la région du Centre, n'y mènent aucune action. Leurs locaux de Yaoundé servent en effet de bureau de coordination. C'est le cas de VSO, Counter Part International ....

Les ressources humaines peuvent également être scindées en fonction de la nationalité d'origine. On peut distinguer d'une part les employés nationaux, d'autre part, les employés internationaux. De manière générale, 94% des employés sont des camerounais, alors que seuls 6% sont d'origine étrangère. C'est dire que ces structures prennent en compte le capital humain local dans la réalisation de leurs activités. Nous constatons ainsi que dans l'ensemble, les OING font plus recourt au personnel local qu'au personnel international. D'un côté, on peut se dire que le personnel international, généralement à des postes de management coûte extrêmement cher pour l'organisation. Et d'un autre coté, l'Etat du Cameroun se rassure lors de la signature de l'Accord d'Etablissement de l'OING au Cameroun qu'elle emploiera à une certaine proportion la main d'oeuvre locale. Ce personnel varie en fonction des domaines d'intervention. On y retrouve des spécialistes de la santé pour celles exerçant dans le domaine de la santé et du VIH Sida, les spécialistes de l'éducation pour le domaine de l'éducation, des

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ingénieurs pour la thématique Eau et Assainissement, des juristes pour des questions de droits de l'Homme, des Ecologistes, Environnementalistes et Socio économistes pour des questions de Conservation et environnement, des sociologues, anthropologues et économistes pour des questions de développement, pour ne citer que ceux-là. A cela, s'ajoute le personnel administratif et financier. Il faut préciser ici que les locaux sont présents à tous les niveaux de responsabilité et occupent quelquefois des positions hiérarchiques considérables notamment celles de Directeur national : COE (Mr MBARGA Georges Alex), Fairmed (Dr UM BOOCK), INADES Formation Cameroun (Mme MBEZELE Elisabeth Epse MBALLA)...

L'aspect genre retient également notre attention dans cette étude. Des treize OING ayant répondu à la question sur le nombre d'hommes et femmes employés, nous constatons qu'elles emploient 62% d'hommes contre 38% de femmes. Nous constatons ainsi que, si certaines d'entre elles accordent une attention particulière à l'aspect genre dans le recrutement du personnel, il n'en est de même pour d'autres. Spécifiquement, le COE est celle qui prend le plus en compte l'approche genre dans le recrutement de son personnel.

Graphique 4: Répartition du personnel des OING en fonction du genre

Approche Genre

FEMMES

38%

HOMMES

62%

Source : Judith Tsafack

Contrairement à ce qui est constaté dans la majorité des cas, le COE emploie 214 femmes contre 204 hommes, soit 67%, donc plus de femmes que d'hommes ! Ceci pourrait se justifier non seulement par le souci d'équilibre entre les genres, mais aussi et surtout par la nature des thématiques dans les quelles cette organisation intervient. Il s'agit notamment la santé, l'éducation, la formation professionnelle en Industrie d'Habillement (IH) et l'Economie Sociale et Familiale (ESF). Apparemment, ce sont des domaines qui font considérablement appel à une main d'oeuvre féminine (infirmières, aides-soignantes, institutrices, enseignantes

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d'ESF et IH). Dans cette même logique, Counter Part International emploie environ 46% de femmes et Sight Savers International en compte 36%.

Si la prise en compte des ressources humaines donne une idée assez précise des capacités d'intervention de ces structures, l'analyse de leurs ressources financières apporte un complément d'information indispensable à une étude pertinente.

? Les ressources financières

Les ressources financières sont une condition sine qua none au fonctionnement de toute structure, entreprise, organisation et les OING ne sont pas en reste. Si les capacités en termes de personnel déployé permettent une certaine évaluation de l'ampleur de l'action des OING dans le Centre, la prise en compte des moyens financiers mobilisés pour la réalisation des différentes actions donne également un aperçu assez révélateur de l'étendue de leur oeuvre. L'histogramme60 ci-dessous présente la répartition des OING en fonction de leurs capacités financières. Il prend en compte uniquement la moyenne du budget annuel de chaque structure.

Graphique 5: Ressources financières par OING

Budget annuel moyen (en euros)

9000000 8000000 7000000 6000000 5000000 4000000 3000000 2000000 1000000

0

 
 

Source : Judith Tsafack

60 Seules les organisations ayant acceptées de nous fournir leurs données financières sont présentées dans ce graphique.

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Dans cet histogramme, on constate une certaine divergence quant aux ressources financières mobilisées. L'ensemble des OING ici considérées réuni un montant d'environ 30 millions d'euros par an, pour une moyenne de près de deux millions et demi d'euros par structure. Cette statistique ne ressort pas toutefois la grande variabilité que l'on peut constater d'une organisation à l'autre. Parmi les 23 OING répertoriées desquelles 18 nous ont accordé une collecte d'informations, une moyenne de 60% a accepté de nous fournir des informations sur leur budget annuel ainsi que les sources de financement. Pour d'autres, les informations financières sont des données sensibles qu'elles ne souhaitent pas partager. Le budget le plus considérable est celui de Plan Cameroon qui tourne autour de huit millions et demi d'euros (5 milliards de FCFA), soit plus du triple de la moyenne !61 Dans cette catégorie, on retrouve d'autres organisations à l'instar du WWF avec plus de quatre millions et demi d'euros (3 milliards de FCFA), Counter Part nantie à peu près de la même dotation financière, et trois millions d'euros (un peu plus de 1,9 milliards de FCFA) pour la SNV. Par ailleurs, on retrouve également des ONG avec des budgets beaucoup plus modestes comme Inades Formation qui dispose 305 000 euros (soit environ 200 millions de FCFA) et Planète Urgence avec 200 000 euros (plus de 131 millions de FCFA)...

Cette disparité entre les différentes enveloppes budgétaires s'explique d'une part par les méthodes de mobilisation des ressources financières, et d'autre part par le poids des partenaires financiers. Ainsi, certaines OING possèdent des mécanismes assez variés pour la récolte fonds ou plutôt d'accès au financement. Pour la plupart, elles reçoivent un financement de base et de façon régulière de leur siège. En plus de ces financements s'ajoutent les diverses subventions, les contributions des particuliers et des entreprises. A côté de cela, certaines dans le cadre des partenariats avec les bureaux nationaux62 de l'ONG en Occident, reçoivent des fonds pour le financement des projets précis, c'est le cas de Plan Cameroon et du WWF. Des OING telles que Counter Part International et la SNV reçoivent des fonds du gouvernement de leur pays d'origine, respectivement le Département d'Etat américain à l'Agriculture et la Direction Générale de la Coopération Internationale du Ministère néerlandais des Affaires Etrangères (DGIS). De cette étude, il ressort également que la crise financière en Europe a eu un impact considérable sur les budgets des OING et elles

61 Seul le budget annuel global est pris en compte ici. Abstraction est faite des autres paramètres de comparaison. Une répartition par projet aurait été plus pertinente, mais elle a été rendue impossible du fait de l'inaccessibilité d'une telle statistique auprès des structures enquêtées.

62 Les bureaux nationaux sont des représentations nationales de l'ONG. Elles se retrouvent généralement dans les pays dits du Nord. Leur travail consiste à mobiliser des fonds dans leurs pays pour soutenir les bureaux programmes qui se trouvent dans les pays en développement.

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réfléchissent désormais à nouer des contacts avec de nouveaux partenaires financiers, à des alternatives qui pourront leur permettre de traverser cette période difficile.

Outre cette classification qui nous a permis de prendre conscience du profil pluriel des OING que l'on retrouve dans notre région d'étude, l'environnement dans lequel elles évoluent constitue également une donnée qui permet de rendre compte fidèlement de leur action.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand