CHAPITRE I : INTRODUCTION
1.1. EPIDEMIOLOGIE
La fièvre typhoïde est une infection
potentiellement mortelle due à la bactérie Salmonella
typhi. Elle se propage en général par l'eau ou les aliments
contaminés. Une fois la bactérie ingérée, elle se
multiplie et passe dans la circulation sanguine. [1]
C'est une maladie à répartition ubiquitaire ;
elle est présente dans tous les pays en développement (PED) a
faible niveau d'hygiène avec, en 2016, dans le monde, un nombre de cas
estime à 26,9 millions de cas avec une incidence supérieure
à 100 cas
/100,000 dans les PED versus inférieur à 1 cas
/100,000 dans les pays développés. [2]
Le réservoir est humain ; rôle des porteurs
sains. C'est une maladie du péril fécal. La transmission peut
être directe interhumaine, mais le plus souvent indirecte à partir
d'aliments (ou d'eau) contaminés : coquillages, fruits de mer,
légumes crus contamines ; aliments manipules par un porteur de
bactéries. [2]
La seule espèce (99.5 % des cas) de salmonelle
pathogène pour l'homme est Salmonella enterica causant la
fièvre typhoïde est due aux stéréotypes Typhi (S.
Typhi), et Paratyphi. [3]
La mortalité est de l'ordre de 1 % si bien
traitée ; 10 à 25 % en l'absence de traitement antibiotique
approprie. [2]
Dans de nombreux pays en voie de développement, il
s'agit d'une infection endémique liée à la
précarité des conditions sanitaires ; elle pose alors un
véritable problème de santé publique.Le diagnostic de la
fièvre typhoïde n'est pas toujours aisé car les signes
cliniques ne sont pas spécifiques et les diagnostics alternatifs sont
nombreux. [4]
Dans les pays industrialisés, la plupart des
fièvres typhoïdes sont contractées lors d'un voyage à
l'étranger. 100 à 200 souches de Salmonella typhi sont
isolées en France chaque année, provenant presque exclusivement
de cas importés. [5]
L'OMS, selon son rapport annuel de 2018 estime que, chaque
année, de 11 à 20 millions de personnes contractent cette maladie
et que de 128 000 à 161 000 en meurent dans le monde. [1]
Les fièvres typhoïde et paratyphoïde sont des
maladies infectieuses potentiellement mortelles en l'absence de traitement. Ces
fièvres surviennent le plus souvent dans des zones où
l'hygiène est précaire et frappent principalement les pays en
voie de développement. Dans le monde, il y a 20 millions de cas et plus
de 200 000 morts par an. En France, de 100 à 150 cas sont
répertoriés chaque année chez des voyageurs ou des
personnes originaires de zones d'endémie (Afrique, Asie, Amérique
latine). Toujours en France, 8000 à 10 000 souches expertisées
chaque année par le centre national de référence
[6]
Si la quasi-disparition de la fièvre typhoïde a
été observé en Europe de l'Ouest et en Amérique du
Nord, cette maladie reste très prévalue dans le reste du monde et
en particulier en Asie et en Afrique. [7]
A Mayotte, En 2016, 13 cas ont été
signalés dans le village de Longoni, au nord de l'île. Les
investigations, réalisées par les enquêteurs de la Cellule
de veille, d'alerte et de gestion sanitaire (CVAGS) de l'Agence de santé
Océan Indien (ARS OI), avaient permis d'identifier la rivière de
Longoni, fréquentée par 9 des cas au cours du mois
précédent le début de leurs symptômes, comme source
de contamination probable. En 2017, de nouveaux cas ont été
signalés dans la même région, regroupés dans les
villages de Koungou et Longoni. [8]
Au Maroc, la fièvre typhoïde demeure une maladie
infectieuse d'actualité, fréquente chez l'enfant, et
sévissant sur un mode endémique. Des cliniciens ont mené
une étude rétrospective qui a intéressé aux
dossiers des malades hospitalisés dans le service des maladies
infectieuses pédiatriques de l'hôpital d'enfants de Casablanca
entre janvier 2010 et décembre 2017. Au cours de cette période,
918 enfants ont été hospitalisés pour fièvre
typhoïde. Le seul critère d'inclusion retenu a été
une hémoculture positive à Salmonella typhi,
parathyphi A, B ou C. Ainsi, parmi 918 dossiers consultés, 291
cas de fivère typhoïde ont été confirmés
à l'hémoculture. Au total, 31 enfants avec un seul type de
complication, 5 enfants avec 2 types de complication, 1 enfant avec 3 types de
complication. Ces complications se répartissent ainsi : complications
neuropsychiatriques (17 cas), complications digestives (13 cas), complications
hématologiques (6 cas), complications pleuropulmonaires (5 cas),
complications cardiovasculaires (2 cas), complications rénales (2 cas).
[9]
En Algérie en 2016, la FT était la
deuxième maladie la plus rencontrée au niveau du service des
maladies infectieuses au CHU de Tlemcen après la brucellose. En 2012, la
FT était classée la première maladie rencontrée au
niveau service des maladies infectieuses au CHU de Tlemcen parmi toutes les
maladies avec un pourcentage de 12.8%. En 2013, l'hépatite était
la maladie majoritaire du service des maladies infectieuses après
laquelle se classe la FT avec un pourcentage de 12,62%.
[10]
Au Cameroun en 2017, 171 cas suspects de fièvre
typhoïde (taux d'attaque : 684/ 10.000 habitants) dont 4 cas de
décès (taux de létalité : 2,23%) ont
été notifiés dans le village de Gassa.
L'épidémie a duré 40 jours, avec une phase aiguë de 9
jours où 153 cas ont été enregistrés, et une phase
d'accalmie de 20 jours et des cas sporadiques dans les 2 dernières
semaines.
Le cas index a eu lieu à la semaine
épidémiologique 23 (12 juin 2011 plus précisément),
avec un pic à la semaine 24 (103 cas avec 2 décès), dont
le taux d'attaque de 412/10.000 habitants, avec un taux de
létalité de 1,94%. Durant toute l'épidémie, on a
enregistré 4 décès, dont un à la semaine 23 et un
à l semaine 24, deux à la semaine 25. [11]
La République Démocratique du Congo, notre
pays, est également victime de cette maladie. Elle est un des pays
à conditions hygiéniques très précaires. Pas de
progrès de l'hygiène et d'amélioration des conditions
d'approvisionnement en eau potable. Les principaux véhicules de
transmission sont l'eau et les aliments. [12]
Entre le 1er et le 10 décembre 2014, on a
dénombré 615 cas souffrant d'une péritonite avec ou sans
perforation, dont 134 mortels (taux de létalité de 21,8%). S.
typhi a été retrouvée dans 5 échantillons sur
32. [13]
En 2016, MSF a notifié 13 000 consultations et
soigné près de 4 000 cas suspects de FT, près de 500
patients hospitalisés et assurés 36 interventions chirurgicale
dans la région centre de la RDC. [15]
Le Nord-Kivu n'échappe pas à la fièvre
typhoïde. En 2017, on y a enregistré 4913 cas de FT avec 4
décès. [16]
Dans la ville de Goma, les cas de FT en 2016 étaient
de 17 744 cas avec 0 cas de décès et en 2017 étaient de 18
042 cas avec un cas de décès. Dans la zone de Karisimbi, la
fièvre typhoïde a représenté 13 146 cas avec 0 cas de
décès en 2016 et 9556 cas avec 0 cas de décès en
2017. [17]
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