Introduction
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La cosmétique répond depuis la nuit des temps
aux besoins de l'homme ; comme l'hygiène, l'entretiens du corps et de la
peau, et la faculté de se distinguer et de se valoriser par son
apparence.
Le contexte mondial actuel du développement du
marché cosmétique s'oriente de plus en plus vers des produits
naturels, plus particulièrement vers les matières
végétales.
Bien que la cosmétique soit omniprésente et
encrée dans différentes cultures, son usage traditionnel semble
peu exploité.
En Algérie, la cosmétique traditionnelle fait
partie intégrante de la culture locale. Afin de la préserver, ces
connaissances sont transmises au fil des générations. Ayant une
position géographique privilégiée, l'Algérie
possède une flore extrêmement riche et variée. Par
ailleurs, le passage de plusieurs civilisations a pu influencer les pratiques
et les connaissances de sa population, ce qui présente un
intérêt scientifique pour la compréhension et le savoir
dans le domaine de l'ethnobotanique.
Divers travaux de recherches ethnobotaniques ont
été entrepris en Algérie, mais peu se sont
intéressées à l'utilisation traditionnelle des
cosmétiques naturels. En effet, à ce jour, une seule étude
a été publiée ; elle a été
réalisée dans trois villes du nord-est algérien : Annaba,
El Tarf, et Skikda pour évaluer quantitativement l'utilisation des
plantes dans les applications phyto-cosmétiques [1].
Ce mémoire de fin d'étude est motivée par
le désir de connaitre les traditions cosmétiques qui sont souvent
négligées, et dont la connaissance n'est que partielle à
l'heure actuelle, ainsi que de valoriser les savoirs faires locaux.
Notre travail consiste en une enquête ethnobotanique en
Algérie auprès de la communauté féminine, avec pour
objectif principal :
? L'inventaire des plantes traditionnellement utilisées
en cosmétique naturelle. D'autres objectifs, secondaires, ont
été également visés, notamment :
? L'évaluation des habitudes et de l'usage traditionnel
des cosmétiques naturels en Algérie par la communauté
féminine ;
? Le recueil des recettes traditionnelles d'utilisation ;
? L'évaluation du savoir-faire populaire à la
lumière des travaux scientifiques.
Afin de présenter notre travail, nous avons
structuré ce manuscrit en deux parties. Dans la première, une
revue bibliographique organisée en trois chapitres dédiés
à la présentation du
Introduction
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système tégumentaire d'une part, des
cosmétiques conventionnels, puis naturels d'une autre part. La
deuxième partie du manuscrit comprend le volet pratique de notre
étude ; elle présente notre méthodologie de travail et
discute l'essentiel de nos résultats analysés à l'aide
d'indices ethnobotaniques quantitatifs.
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Partie 1 : Revue
bibliographique
Chapitre I : Présentation du
système tégumentaire
Chapitre I : Présentation du système
tégumentaire
Revue Bibliographique
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I.1. Structure générale I.1.1.
Peau
La peau également appelée tégument (du
latin tegumentum, couverture), enveloppe du corps humain est l'un des organes
les plus importants du corps, avec un poids de 4kg et une superficie de
2m2 chez un adulte moyen. Son épaisseur varie selon la zone
corporelle, plus épaisse au niveau de la paume des mains et de la plante
du pied, et plus fine sur le reste du corps. En moyenne elle mesure 2mm.
La peau est constituée de trois tissus
superposés : externe l'épiderme, intermédiaire le derme -
profond l'hypoderme [2] [3] détaillés dans la figure 01.
![](Enqute-ethnobotanique-sur-lutilisation-traditionnelle-des-cosmetiques-naturels-en-Algerie10.png)
Figure 01. Ultrastructure de la peau (d'après
Pour la Science, mars 1986) [2].
Chapitre I : Présentation du système
tégumentaire
Revue Bibliographique
I.1.1.1. Epiderme
L'épiderme est formé d'un
épithélium de revêtement stratifié, pavimenteux,
kératinisé mesurant de 0,1 mm (paupières) à 1 mm
(paume des mains et plante des pieds) [5], non vascularisé,
contrairement au derme et à l'hypoderme sous-jacents. Les nutriments lui
proviennent du derme et y pénètrent par diffusion [2]. Il est
essentiellement constitué de quatre types cellulaires : les
kératinocytes en grande majorité (90%) [4] qui permettent son
renouvellement constant [6], les mélanocytes, les cellules de Langerhans
et les cellules de Merkel [4] [5] [6].
Les kératinocytes prennent naissance au niveau
de la couche basale aussi appelée stratum corneum, se
différencient au fil de leur passage vers les couches
supérieures, épineuse, granuleuse et finissent par s'aplatir,
perdre leur noyaux et former la couche cornée qui est une couche
protectrice et semi-perméable grâce à la synthèse de
kératine molle [4] [5] [6]. Dans une peau normale la
différenciation des kératinocytes de la couche basale à la
couche cornée s'effectue entre 28 et 50 jours [6].
On distingue cinq couches différentes dans
l'épiderme selon le stade de différenciation des
kératinocytes qui les composent : germinative, épineuse,
granuleuse, claire, et cornée [3] [6]. Les mélanocytes
constituent 5 à 10% des cellules totales de l'épiderme,
localisés dans le follicule pileux et la couche basale [3]. Ils sont
spécialisés dans la production de mélanine [3] [5] [7] qui
colore et protège le poil et la peau des rayons ultraviolets nocifs
[3].
Les cellules de Langerhans constituent 3 à 8 %
de la population cellulaire épidermique [5]. Issues de
précurseurs hématopoïétiques elles sont
essentiellement localisées dans la couche épineuse de
l'épiderme [3] [5]. Leur fonction immunitaire repose sur leur attitude
à capter les antigènes exogènes, en les présentant
aux lymphocytes T ganglionnaires [3] [5] [7].
Les cellules de Merkel sont des acteurs clés du
système Neuro-Endocrino-Immunitaire cutané [3]. Elles envoient
des prolongements dendritiques entre les keratinocytes et les cellules de
Langerhans et peuvent former des synapses avec des neurones sensoriels [8], par
ailleurs leur fonction de mécanorécepteurs est responsable de la
sensation tactile fine [3] [8].
Elles sont irrégulièrement réparties dans
l'épiderme inter folliculaire, et sont particulièrement abondante
au niveau des lèvres, paume, la pulpe des doigts et du dos des pieds [5]
[8].
I.1.1.2. Derme
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Il s'agit d'un tissu conjonctif considéré comme
l'armature de la peau. Essentiellement constitué de fibroblastes
(cellules fixes) de cellules sanguines (cellules mobiles) en association avec
le
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Chapitre I : Présentation du système
tégumentaire
Revue Bibliographique
collagène, l'élastine et la réticuline
qui baignent dans la substance fondamentale. Cette dernière joue un
rôle de cohésion et est constituée de mucopolysacccharides
dont l'acide hyaluronique [2] [5].
I.1.1.3. Hypoderme
C'est la couche la plus profonde et la plus épaisse de
la peau [9]. Il s'inscrit dans la continuité du derme. C'est un tissus
adipeux innervés et vascularisé, non seulement
caractérisé par la présence de lobules graisseux
constitués d'adipocytes et de fibres de collagène et
d'élastine assurant la tenue du tissus et le passage des nerfs et
vaisseaux, mais également des fibroblastes et les cellules du
système immunitaire [3] [4] [5].
L'hypoderme constitue un coussin amortisseur, qui fait office
de protection mécanique, permet également d'isoler le corps des
variations thermiques [5] [9].
Si le derme peut être considéré comme
réserve d'eau, la graisse stockée au sein des adipocytes de
l'hypoderme constitue une réserve d'énergie. Celles-ci peuvent
être facilement remises en circulation par voie sanguine en cas d'effort
intense ou de défaut d'apport énergétique [3] [5].
I.1.2. Annexes cutanées
Elles comprennent les phanères (ongles et poils) et les
glandes (les glandes sébacées, les glandes sudoripares eccrines
et apocrines) [2] [3].
I.1.2.1. Appareil pilosébacé
Le follicule pileux né dans le derme, traverse
l'épiderme et débouche à la surface de la peau par
l'orifice pilo-sébacé. La partie du poil alors visible est
nommé tige pilaire qui contient l'écorce et la cuticule, et de la
mélanine en quantité variable. Le poil est protégé
par deux gaines folliculaires. Le follicule pileux est lié à
trois annexes : le muscle arrecteur, la glande sébacée et la
glande sudoripare apocrine retrouvée dans certaines régions du
corps [3] [10].
Le muscle arrecteur du poil provoque une boursouflure
communément appelé chair de poule, résultant d'une torsion
du derme qui l'environne, réponse à un stimulus (froid ou peur)
[3] [10].
Les glandes sébacées sécrètent le
sébum, composé lipidique qui se dépose sur
l'épiderme et a un rôle bactéricide et antifongique ; il
protège également l'épiderme du frottement et de la
déshydratation. La densité de répartition des glandes
sébacées est variable. Sur le visage, on les retrouve
volumineuses et en grande quantité au niveau de la région
médio faciale (front, nez, menton) [3] [10].
I.1.2.2. Appareil sudoripare
![](Enqute-ethnobotanique-sur-lutilisation-traditionnelle-des-cosmetiques-naturels-en-Algerie12.png)
Les glandes sudoripares sont des glandes exocrines
reliées au derme et à l'épiderme. Elles possèdent
des canaux excréteurs qui s'ouvrent soit à la surface de
l'épiderme, soit au niveau d'un
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Chapitre I : Présentation du système
tégumentaire
Revue Bibliographique
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Chapitre I : Présentation du système
tégumentaire
Revue Bibliographique
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follicule pileux. On trouve deux grands types de glandes
eccrines et les glandes et apocrines [3] [10].
Les glandes sudoripares eccrines produisent la sueur qui est
libérée à la surface de la peau, provoquant son
rafraîchissement, ce qui régule ainsi la température
corporelle [3]. On les retrouve au niveau du derme et de l'épiderme,
plus nombreuses au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds [3]
[10]. La sueur est composée d'eau, de chlorure de sodium, de potassium,
d'acide urique et d'ammoniaque [3].
Les glandes sudoripares apocrines se trouvent dans des
régions précises de l'organisme (aisselles, pubis et
régions génitales), et sont toujours reliées à un
follicule pilo-sébacé [3] [10]. Le fonctionnement et le
développement de ces glandes dépendent essentiellement des
hormones sexuelles. Leur produit de sécrétion est gras, alcalin,
laiteux et inodore, sauf présence d'agents bactériens [3]
[10].
I.1.2.3. Appareil unguéal
Les ongles sont des formations épidermiques, qui
protègent les extrémités des doigts et des orteils. Ils
sont constitués de couches très kératinisés en deux
parties distinctes : l'une cachée, la racine qui s'étends
profondément dans le derme. L'autre visible, la tablette unguéale
qui se repose sur le lit de l'ongle. Des indications importantes sur la
circulation sanguine au niveau du derme sont fournies à l'examen de la
tablette [3] [10] [11].
I.2. Fonctions
La peau constitue l'interface d'échange entre le milieu
intérieur de l'organisme et son environnement, et ce en le renseignant
sur ses besoins et en lui permettant de répondre aux perturbations
externes (température, humidité, bactéries, UV...) [4].
I.2.1. Protection et barrière
La peau exerce d'abord une fonction protectrice, vis à
vis de toutes les agressions venues de l'extérieur [12].
Contre les agressions mécaniques : La peau
assure une protection souple et efficace à 3 niveaux : la
kératine de la couche cornée, solide barrière continue ;
les fibres du derme, collagènes, qui confèrent à la peau
leur force de tension, et élasticité grâce auxquelles la
peau revient en place après étirement ; ainsi que le coussin
graisseux de l'hypoderme, qui protège les muscles et les os sous-jacents
contre les chocs et les pressions [12].
Contre les agressions chimiques : La couche
cornée et le film formé par la sueur et le sébum forment
une barrière, mais cette dernière n'est pas infranchissable.
Certains produits peuvent pénétrer lentement à travers la
peau pour gagner la circulation générale. Cette
pénétration peut
être utilisée pour l'application de certains
médicaments. A l'inverse, elle représente un danger vis à
vis de produits toxiques [12].
Contre les microorganismes : la défense de la
peau est assurée par la couche cornée, les cellules immunitaires
du derme, et aussi par la flore microbienne commensale qui s'oppose au
développement de la flore dite pathogène (streptocoque,
staphylocoque doré ...). Cette flore normale doit donc être
respectée. L'emploi de produits antiseptiques pour la toilette
quotidienne est déconseillé [12].
En outre, la défense antimicrobienne de la peau est
assurée grâce à une légère acidité de
la couche cornée (pH5) et à la libération d'agents
bactéricides tels que les â-défensines, les
antileucoprotéases, le lysozyme et la RNase [12].
Contre les agents oxydants : les polluants
atmosphériques et les rayonnements agressent constamment la peau. Pour
s'en protéger, elle filtre 70% du rayonnement UVB et limite la
production d'espèces réactives à l'oxygène (ROS) ;
et ce grâce à ses systèmes d'élimination des
radicaux libres : système enzymatique (catalase et superoxyde dismutase)
et non enzymatique (vit E et C, acide urique et glutathion) [12].
I.2.2. Thermorégulation
Les échanges thermiques au niveau de la peau
dépendent du système vasculaire cutané et des glandes
sudoripares qui sont sous le control du centre thermorégulateur. La
vasodilatation élimine l'énergie thermique, tandis que la
vasoconstriction évite une perte trop importante [13] [14]. Par
ailleurs, les glandes sudoripares permettent à l'organisme
d'évacuer de l'énergie thermique sous forme de vapeur d'eau : il
y'a refroidissement par évaporation [13].
I.2.3. Fonction métabolique (synthèse de
vit D)
La vitamine D est synthétisée en premier lieu
dans l'épiderme, au niveau des kératinocytes. Après
exposition aux rayons ultraviolets B, la vitamine D3 ou
cholécalciférol est synthétisée à partir de
son précurseur (le 7-déhydrocholestérol). Elle est ensuite
doublement hydroxylée au niveau du foie puis au niveau du rein
aboutissant au calcitriol forme hormonale active de la vitamine D3. Cette
dernière est essentielle à la régulation du calcium et du
phosphate de l'organisme [3].
I.2.4. Fonction sensorielle
Grace aux terminaisons nerveuses la peau capte des
informations cognitives, qu'elle transmet au cerveau. Ce que lui donne sa
fonction sensorielle permettant défense et adaptation au milieu
environnant [5] [13].
Chapitre I : Présentation du système
tégumentaire
Revue Bibliographique
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L'organisme est sensible à la pression, à la
douleur, et aux variations de la température grâce aux :
corpuscules lamelleux qui se trouvent dans les couches profondes du derme ou de
l'hypoderme, et aux terminaisons nerveuses libres se situant dans toute la
peau. Elle apprécie les formes, la nature et le contact d'objets
grâce aux corpuscules tactiles capsulés localisées dans les
papilles du derme [13].
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Chapitre II :
Les cosmétiques
Chapitre II : Les cosmétiques
Revue bibliographique
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II.1. Législation et
règlementation
II.1.1. Définition
Les produits cosmétiques sont définit par
l'article 2 du décret exécutif n°97-37, du 5 Ramadhan 1417
correspondant au 14janvier 1997 du journal officiel de la république
algérienne.
« On entend par produit cosmétique et produit
d'hygiène corporelle, toute substance ou préparation autre que
les médicaments, destinée à être mise en contact
avec diverses parties superficielles du corps humain tels que
l'épiderme, le système pileux et capillaire, les ongles, les
lèvres, les paupières, les dents et les muqueuses, en vue de les
nettoyer, de les protéger, de les maintenir en bon état, d'en
modifier l'aspect, de les parfumer ou d'en corriger l'odeur. » [15].
Cette définition se rapproche très fortement de
celle de la directive européenne 76/768/CEE du 27.07.1976. JOCE L262 du
27.09.76 qui a été établie pour définir les
produits cosmétiques dans le but de les commercialiser, ainsi que pour
assurer la sécurité des consommateurs.
Cette dernière définit le produit
cosmétique comme suit : « On entend par produit cosmétique
toute substance ou préparation destinée à être mise
en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain
(épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres
et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses
buccales, en vue exclusivement ou principalement de les nettoyer, de les
parfumer, d'en modifier l'aspect et/ou de corriger les odeurs corporelles et/ou
de les protéger ou de les maintenir en bon état. » [16].
II.1.2. Règlementation :
La mise sur le marché des produits cosmétiques
est encadrée par le décret exécutif N° 10-114 du 18
Avril 2010 modifiant et complétant le décret exécutif
N° 97-37 du 14 Janvier 1997 définissant les conditions et les
modalités de fabrication, de conditionnement, d'importation, et de
commercialisation, sur le marché national, des produits
cosmétiques et d'hygiène corporelle. On y retrouve :
· La liste des produits considérés comme
produit cosmétiques (annexe I du JO).
· Les substances prohibées dans la composition des
cosmétiques (annexe II du JO).
· Les restrictions à respecter dans la composition
de ces derniers (annexe III du JO).
· La liste des colorants autorisés (annexe IV du
JO).
· La liste des conservateurs autorisés (annexe V du
JO).
· La liste des filtres UV que peuvent contenir les produits
cosmétiques (annexe VI du JO).
Chapitre II : Les cosmétiques
Revue bibliographique
L'article 13 du même journal officiel soumet les
produits cosmétiques et d'hygiène corporelle à une
autorisation préalable pour toute fabrication, conditionnement ou
importation délivré sur la base d'un dossier adressé aux
services de la direction du commerce de la wilaya [15].
II.1.3. Produits à statut
particulier
II.1.3.1. Produit dit « frontière
»
Il est parfois difficile de différencier entre produit
cosmétique et médicament. Certains produits sont très
proches des médicaments par leur composition ou leur action
revendiquée [17]. Ils contiennent au moins un ingrédient de
distinction et prétendent des bienfaits supérieurs aux
capacités des produits purement cosmétiques
généralement en apportant une modification thérapeutique
de la physiologie de la peau et/ou une inhibition du processus d'une maladie
[18].
Le terme cosméceutique, unissant les deux mots
cosmétique et pharmaceutique, a été donné à
ces produits et popularisé par le Dr Klingman dans les années 80.
Ce dernier a également proposé une distinction en deux
catégories de produits : les isocosmétiques qui conservent le bon
état de la peau (crèmes hydratantes, protection solaire), et les
améinocosmétiques qui améliorent l'état de la peau
(crèmes aux hydroxyacides) [17].
II.1.3.2. Nutricosmétiques
Les nutricosmétiques succèdent aux
cosméceutiques dans le marché des produits de beauté en
prétendant améliorer la santé, l'élasticité
et la beauté de la peau de l'intérieur [19].
Il est bien établi dans la définition qu'un
produit cosmétique est destiné à être mis en contact
avec les parties superficielles du corps humain, les nutricosmétiques ou
cosmétiques oraux n'entrent donc pas dans le domaine des
cosmétiques. Les produits qui en font partie sont des compléments
alimentaires [16].
II.1.4. Cosmétovigilence
Dans les conditions normales d'utilisation les
cosmétiques ne doivent pas nuire à la santé humaine. Bien
que les produits cosmétiques soient encadrés notamment en
Algérie par une autorisation préalable (article 13 JO) ainsi que
leurs composition via diverses restrictions (détaillées dans les
annexes II, III, IV, V, et VI du JO) [14] ; il n'y a pas de certitude absolue
d'innocuité avant l'utilisation à grande échelle [20].
Il est donc essentiel de fournir une surveillance après
commercialisation pour assurer la sécurité du consommateur. La
vigilance est une structure de recueil d'informations sur les effets
indésirables, et lorsqu'il s'agit de produits cosmétiques on
parle donc de cosmétovigilence [20].
![](Enqute-ethnobotanique-sur-lutilisation-traditionnelle-des-cosmetiques-naturels-en-Algerie18.png)
En Algérie, après la mise sur le marché
des produits cosmétiques, le système de cosmétovigilance
encourage la déclaration des effets indésirables, ainsi que le
recueil
10
Chapitre II : Les cosmétiques
Revue bibliographique
![](Enqute-ethnobotanique-sur-lutilisation-traditionnelle-des-cosmetiques-naturels-en-Algerie19.png)
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d'informations relatives à ces effets dans un but
préventif. Ainsi, les professionnels de la santé mais aussi les
consommateurs et les professionnels de la beauté peuvent déclarer
tous les effets indésirables graves dont ils ont connaissance,
susceptibles de résulter de l'utilisation d'un produit cosmétique
ou de son mésusage [21].
Ces déclarations s'effectuent à l'aide d'une
fiche de cosmétovigilence dite fiche rose disponible sur le site web du
Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance
(annexe1).
II.2. Les catégories de produits
cosmétiques II.2.1. Produits d'hygiène corporelle
II.2.1.1. Produits nettoyants et
démaquillants
Ils nettoient et rafraichissent la peau en éliminant
toutes impuretés retrouvée à sa surface. Grace aux agents
tensioactifs présents dans leur composition. L'utilisation des
différents nettoyants varie selon plusieurs critères : selon
l'âge du sujet, types de peau, la région à nettoyer, et
selon leur présentation liquide ou solide, avec ou sans rinçage
[22].
Savon : c'est le plus utilisé des produits
d'hygiène. Le savon est un sel d'acides gras obtenu par action d'une
base forte sur des matières grasses d'origine animale ou
végétale. C'est un tensioactif anionique, a un PH alcalin ce qui
le rend agressif sur la peau, d'où la nécessité d'un
rinçage soigneux [22] [23] [24] [25].
Syndets : c'est une évolution du savon
ordinaire, formulé à base de tensioactif de synthèse. Ils
ont un pouvoir bactéricide et propriété de mousse et de
rinçage supérieur à celui des savons. Moins agressifs et
plus doux, ils maintiennent l'hydratation de la peau [26] [27].
Laits de toilettes : Ce sont des émulsions
nettoyantes ou démaquillantes. Ils permettent un nettoyage à sec
ou avec rinçage. Ils ont une bonne tolérance et se trouvent en
variation selon les types de peaux [22] [28].
Toniques ou lotions nettoyantes : constituent une bonne
option de nettoyage aux peaux sensibles, grâce à leur composition
de tensioactifs non ionique. Elles peuvent également avoir un effet
rafraichissant, adoucissant ou astringent selon l'actif ajouté. Une
application simple au coton est suffisante [22].
Démaquillants spécifiques (yeux et
lèvres) : à base d'eau thermale ou purifiée, doux et
anti irritants. Démaquillent le pourtour de l'oeil (sourcils, cils,
paupière) et les lèvres. Existent sous différentes formes
généralement sans rinçage. Seuls les démaquillants
waterproof qui ont une composition plus spécifique huileuse
nécessitent un rinçage [22].
Chapitre II : Les cosmétiques
Revue bibliographique
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Chapitre II : Les cosmétiques
Revue bibliographique
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Produits pour le bain et la douche : c'est une forme
améliorée de savon pour le nettoyage du corps. Le plus souvent
sous forme de gel moussant bien parfumé. Certains permettent aussi
d'hydrater la peau, leur application est suivie d'un bon rinçage
[28].
II.2.1.2. Déodorants et anti
transpirants
? Les anti-transpirants contrôlent la transpiration et
l'odeur qu'elle produit, grâce à des principes actifs tels que les
sels d'aluminium. Par un mécanisme physique, ils forment un bouchon peux
profond près de la partie supérieure de la glande sudoripare
diminuant ainsi l'écoulement de la sueur [22] [30].
? Les déodorants sont destinés à
supprimer ou à masquer les odeurs dues aux secrétions apocrines.
Ils agissent soit par action antimicrobienne (Triclosan, aluminium, zirconium,
alcools et glycols) en limitant la prolifération des bactéries,
soit en neutralisant les molécules responsables des mauvaises odeurs.
Les déodorants peuvent également contenir des antioxydants et des
parfums afin de masquer les mauvaises odeurs et procurer une sensation
agréable et fraiche [22] [31].
II.2.1.3. Produits de rasage
Ce sont des produits cosmétiques destinés
à la population masculine. Ils apportent une action adoucissante,
antiseptique, hypoallergénique et anti-irritante. Ils sont disponibles
sur le marché en mousse, gel ou en crème [32] [33].
II.2.1.4. Produits d'épilation
L'épilation est essentiellement à but
esthétique mais constitue aussi un geste d'hygiène. Elle est
pratiquée soit par des moyens mécaniques (pince, cire), par
destruction chimique (dépilatoires) ou encore par destruction
électrique ou par irradiation laser [29] [35].
Les cires, qu'elles soient chaudes réutilisables ou
froides à usage unique, permettent l'arrachage du poil grâce
à leur propriété adhésive et collante. Elles sont
à base de résines naturelles ou synthétiques ou à
base de sucre [29] [34].
Les dépilatoires chimiques sont composés
essentiellement d'un dérivé de soufre (acide thioglycolique et
thiolactique), ils permettent l'enlèvement du poil de la surface et non
pas de la racine [29].
II.2.1.5. Hygiène buccale
Le brossage est le principal mécanisme de nettoyage des
dents. Il se fait au dentifrice : une crème pâteuse
aromatisée, composée essentiellement d'un abrasif (phosphate
dicalcique, silice ou bien carbonate de calcium), d'un tensioactif, un agent de
prévention des carries comme le fluorure de sodium et un humectant
(glycérine ou sorbitol). D'autres alternatives sont utilisées
aussi comme les poudres dentifrices et les bains de bouches
qui contiennent une forte dose d'essence de menthe ou de thym, des agents
antiseptiques et un pourcentage d'alcool mélangé à de
l'eau [29] [36] [37].
II.2.2. Produits de soin pour le visage et le corps
II.2.2.1. Crèmes de soin
Elles sont destinées à la protection de la peau
des agressions extérieurs et permettent la correction des défauts
de la peau (peau sèche, grasse ou sensible, les taches noires,
rides...). Ce sont des émulsions présentes en deux phases
eau/huile, huile/eau ou en trois phases huile/eau/huile ou eau/huile/eau [29]
[38].
a) Crèmes de protection :
elles protègent la peau des agressions extérieures
(soleil, rayons UV, ventilation intense...). Ce sont des émulsions avec
une texture plus ou moins liquide ou pâteuse de type E/H, riche en corps
gras, en cires et en produits occlusifs [29] [38].
b) Crèmes base de maquillage :
ce sont des émulsions légères et fluides de type H/E
appliquées seules ou avant l'utilisation du fond de teint ou de poudre
de maquillage. Elles pénètrent facilement la couche cornée
et permettent une meilleure fixation du maquillage tout au long de la
journée [29] [38].
c) Crèmes de soins spécifiques
:
- Soin hydratant : La crème hydratante est une
substance hygroscopique et hydrophile qui couvre la surface cutanée et
empêche la peau de perdre l'eau lors de la transpiration. Il existe
celles pour peaux sèches essentiellement anti-déshydratantes et
celles pour peaux grasses, composée principalement d'agents absorbants
et séborégulateurs comme l'argile et le zinc. Elles contiennent
aussi des substances matifiantes, des gélifiants et des antioxydants
[29] [38] [39].
- Soins anti-acnéiques : elles limitent la
prolifération des bactéries et jouent un rôle dans la
régulation du sébum en diminuant sa production [29] [38].
- Soin pour peaux sénescentes : les soins
antivieillissement, anti-âge et antiride, sont des soins qui luttent
contre le vieillissement cutané. Ils sont riches en substances actives
agissant sur les fibroblastes dermiques, stimulant le renouvellement
cellulaire, hydratant, qui permettent l'amélioration de la
tonicité et l'élasticité de la peau [29] [38].
- Soin anti rougeurs : apaisent les irritations et les
rougeurs du visage. Elles contiennent des substances actives qui
améliorent la microcirculation cutanée [29] [38].
- Soins contour des yeux : ce sont des crèmes
fluides et légères, pauvre en matière grasse,
dépourvu d'alcool et de parfums. Elles contiennent des agents tenseurs,
des décongestionnants et des hydratants [29].
Chapitre II : Les cosmétiques
Revue bibliographique
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- Soin des lèvres : riche en substances
naturelles nourrissantes et réparatrices, ce sont
généralement des soins à base d'huile et de beurre
végétal comme l'huile d'argan et le beurre de karité, qui
permet une bonne action émolliente et une forte hydratation [38]
[40].
II.2.2.2. Masques
Les masques sont des préparations cosmétiques
destinées à être appliquées sur le visage en couche
épaisse avec un temps de pause déterminé. Ils contiennent
plusieurs ingrédients à principes actifs différents,
choisis en considération du type de peau et selon l'effet
désiré. Plusieurs types sont disponibles, on trouve :
? Les masques crèmes ou en gel qui nettoient, hydratent
et nourrissent la peau, conseillés aux peaux sèches.
? Les masques terreux à base d'argile et de substances
qui absorbent l'excès de sébum, indiqués souvent aux peaux
grasses.
? Les masques pélliculables et coagulables à
froid qui ont une action stimulante et raffermissant, composés à
base de polymères filmogènes ayant un effet occlusif très
hydratant, conseillés le plus souvent pour les peaux
déshydratées et vieillissantes.
? Les masques plâtres sont auto-chauffants
dégageant de la chaleur à l'application. Ils durcissent
après séchage, et se retirent par décollement [29]
[38].
II.2.2.3. Produits de gommage
Le gommage est destiné à faire disparaitre les
petites imperfections de la peau par une action superficielle au niveau des
premières assises de la couche cornée. Il existe deux
façon de gommages : un gommage mécanique obtenue par un
frottement d'un produit gommant contenant des granules plus ou moins grosses,
la poudre des noyaux d'abricots et les billes de polyéthylène
sont les abrasifs les plus utilisés, et un gommage chimique à
base de deux substances actives : les alpha-hydro acides principalement l'acide
glycolique a une concentration dépassant les 10% et l'acide salicylique
à une concentration plus faible [29] [38].
Chapitre II : Les cosmétiques
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