B. Les Comités contre la Répression en
Belgique : de Charleroi à Bruxelles 1973-1995
B.1 La composition des comités
La constitution des CCRM en Belgique a trouvé un cadre
favorable par l'implantation d'une première cellule de l'UNEM à
Bruxelles au mois de novembre 1965146. Le bureau bruxellois de
l'UNEM avait son siège à l'Université Libre de Bruxelles.
Qui plus est, la solidarité syndicale entre des jeunes étudiants
marocains de l'UNEM et des membres des Jeunesses Ouvrières
Chrétiennes (JOC) à Charleroi a largement contribué
à la naissance d'un bureau permanent du CCRM dans la même ville,
durant la moitié de l'année 1973147. Durant la
même année, le CCRM de Charleroi et la section bruxelloise de
l'UNEM ont organisé, avec le Cercle du Libre Examen, à
l'Université Libre de Bruxelles, une conférence relative à
l'interdiction de l'UNEM au Maroc et au huitième anniversaire des
événements du 23 mars 1965. Ces trois organisations ont
convié Marcel Liebman*, un représentant d'Amnesty International
et Pierre Le Grève* à prendre la parole148.
b.1.2 Le comité de Charleroi
Le CCRM de Charleroi est donc très lié à
la JOC mais aussi aux Jeunesses Socialistes et Communistes Belges (JSB et JCB)
et à des mineurs marocains, dont certains faisaient partie de
l'UNFP149. Parmi les membres qui joueront un rôle fondamental
dans la gestion du CCRM de Charleroi et, plus tard,
145 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°406, les CLCRM - Listes et organigrammes : Liste des comités
en Europe datée de 1980.
146 Archives Personnelles de Mohamed El Baroudi, Documents
relatifs à la gestion internes de l'UNEM section Bruxelles :
Communiqué de l'UNEM section Bruxelles relatif à
l'enlèvement de Mehdi Ben Barka à Paris, daté du 11
novembre 1965.
147 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°407, les CLCRM - Comptes rendus et documents internes : Bilan des
activités du comité de Charleroi lors de la coordination des 25
et 26 octobre 1980.Informations données par le sociologue Mohamed
Ouslikh, et les médecins Jacques Van Damnes et Jacques Charles.
Interview du 1er avril 2014.
148 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°344, Documents relatifs au mouvement étudiant : UNEM :
Conférence-débat organisé par l'UNEM et le Cercle du Libre
Examen du vendredi 22 mars 1973.
149 Interview de Mohamed Ouslikh le 26 février 2014.
44
dans la création du bureau bruxellois figure sans
conteste Ernest Glinne*. Ernest Glinne*, socialiste de gauche, fut membre du
Mouvement Wallon et successivement député de l'arrondissement
administratif de Charleroi, bourgmestre de Courcelles, Ministre du Travail et
de l'Emploi et député européen du Parti Socialiste entre
1961 et 1994. Sa solidarité envers les Mouvements de Libération
Nationaux dans le Tiers- Monde l'avait conduit à soutenir la
création du CCRM à Charleroi.
b.1.3 Le comité de Bruxelles
En 1976, à Bruxelles, et suite à la
création du bureau carolorégien, une autre personne très
impliquée dans la solidarité internationale faisait parler d'elle
dans le monde politique belge : il s'agissait de Pierre Le
Grève*.Vétéran de la guerre (1940-1945), Pierre Le
Grève* fut professeur de morale laïque, trotskiste anti-stalinien
et membre actif du Parti Communiste International pendant plus de 25 ans.
Depuis 1954, Pierre Le Grève* s'est investi dans la lutte pour
l'indépendance de l'Algérie et créa en 1958, le
Comité pour la Paix en Algérie. Par ailleurs, son implication
dans la libération du peuple algérien fut telle que
l'Organisation Armée Secrète manqua de l'assassiner par colis
piégé150.
Parlementaire et membre de la Centrale Générale
des Services Publiques (CGSP) secteur Enseignement, il participa à la
création de plusieurs comités de soutien aux pays du Tiers-Monde
dont : le Comité contre le colonialisme et l'apartheid en Afrique du Sud
(1964), le Comité National Viêtnam (1967), le Comité de
soutien aux ressortissants chiliens (1974), et, plus tard, le Comité
pour le Respect des Droits de l'Homme et de la Démocratie au Rwanda
(1994).
Ami d'Ernest Glinne*, Pierre Le Grève s'est
mobilisé en faveur de plusieurs ressortissants de pays dictatoriaux.
Parmi ces ressortissants, citons pour l'année 1970, le cas d'Oliveira
Vital recherché par le régime autoritaire de Salazar au
Portugal151. Oliveira Vital, ne pouvant obtenir sa carte de
séjour, était maintenu dans une situation de
clandestinité. Après avoir mis sur pied un Comité de
soutien en faveur des opposants politiques espagnols en 1965, Pierre Le
Grève* intervint en faveur de plusieurs opposants politiques espagnols
auprès du Ministère de la Justice belge. Ces opposants,
réfugiés auprès du Haut-Commissariat de l'ONU,
étaient impliqués dans le procès du Front de
Libération de la Catalogne, le 25 mai 1972152. Il s'agit de
Cervera- Hurtado, Romeu-Holler, Dicon-Ballaguer, Garcia-Sole et Jordi-Soriano
Rubio. Homme des comités et internationaliste infatigable, Pierre Le
Grève* commença à s'intéresser au Maroc à
travers les rencontres de plusieurs ouvriers et étudiants marocains vers
la fin des années 1960. Pierre Le Grève* est intervenu en faveur
de plusieurs ressortissants marocains menacés
d'expulsion153.
150 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°128, Algérie : La résistance par les textes,
Témoignages de tortures pratiquées en France par les
autorités nationales.
151 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°69, Correspondance générale pour les années
1970 à 1972 : Intervention en faveur d'Oliveira Vital le 24 avril
1970.
152 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°70, Correspondance générale pour les années
1973 à 1976 : Intervention auprès du groupe des Frontistes de
Catalogne le 3 février 1973.
153 La correspondance de Pierre Le Grève avec Abderkam
Tahar et avec l'ouvrier Mohamed El Moussaoui quant aux renouvellements des
permis de travail est significative à cet égard. CEGES, Fonds
Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse n°254 et n°255,
Correspondance de Pierre Le Grève avec Abderkam Tahar en 1969 et Mohamed
El Moussaoui en 1972.
45
Mais paradoxalement, ces premiers contacts politiques
marocains se sont effectués à travers...les réseaux du FLN
algérien154. Dans ces réseaux figurait un groupe
d'hommes politiques belges forts proches du FLN tels : l'ancien Bourgmestre de
Saint-Josse-Ten-Noode Guy Cudell* et l'avocat au barreau de Bruxelles Serge
Moureaux*. Il y a aussi une raison supplémentaire à cette
rencontre des militants marocains avec Pierre Le Grève*, c'est que,
déjà depuis 1963, le parti de l'UNFP disposait de plusieurs
stations-radios en Algérie. Et, au nom d'une solidarité militante
entre l'UNFP et le FLN, l'Algérie, avant le coup d'Etat du Colonel
Houari Boumédiene de 1965, servait de terre d'exil à l'opposition
marocaine et inversement155.
b.1.3.1 Rencontres à la CGSP
A la suite ces événements que prennent contact,
entre autres, Mohamed El Baroudi* et Pierre Le Grève*, tous les deux
alors membres de la CGSP secteur Enseignement. Mohamed El Baroudi* était
depuis le début des années 1960 membre de l'UNFP. Ayant
quitté le Maroc à la suite de la rafle du 16 juillet 1963
à l'encontre de son parti, il s'exila en Algérie. Depuis 1963,
dans le cadre de la mission confiée par le parti, Mohamed El
Baroudi*devait participer à la consolidation des mouvements syndicaux
des ouvriers marocains en France dont l'AMF. En 1966, il finira par s'installer
en Belgique. Depuis son installation en Belgique, Mohamed El Baroudi*, fort
d'une expérience politique déjà acquise au Maroc, va
s'employer à comprendre le paysage politique européen. Pour ce
faire, il multiplie ses contacts au sein de la CGSP, mais aussi de la CSC et de
la FGTB. Cette prise de connaissance du paysage syndical belge va être
suivie d'une recherche d'une méthode de travail. Les recherches
bibliographiques répétées sur l'histoire du Maroc à
l'Albertine vont pousser Mohamed El Baroudi* à mieux situer l'enjeu du
Maroc vis-à-vis de l'Europe mais aussi sur l'échiquier politique
international. Il fallait aussi compter avec une forte implantation des
immigrés marocains à Bruxelles. De plus, Mohamed El Baroudi*
était attentif aux idées et savoir-faire des autres mouvements
politiques, des autres syndicats et des autres Mouvements de Libération
du Tiers-Monde. Ainsi, de 1966 jusqu'en 1972, Mohamed El Baroudi* va
progressivement se doter d'une méthode de travail. Cette méthode
ne sera pas sans influence plus tard dans le CCRM de Bruxelles, car il s'agira
d'abord de faire comprendre à la partie belge du Comité,
l'actualité politique, économique, sociale et culturelle du
Maroc.
De la CGSP secteur Enseignement est aussi issue une femme
pourvue d'une rigoureuse méthode de
travail, il s'agit de Louise Lacharon*. Licenciée en
philologie romane, Louise Lacharon* est écrivaine retraitée et
fut anciennement enseignante au niveau « régendat ». Longtemps
présidente de la CGSP secteur Enseignement, elle va être la
véritable cheville ouvrière du bureau bruxellois du CCRM
où elle passera beaucoup de temps à lire, corriger, envoyer les
communiqués et les PV des réunions entre les bureaux des CCRM et
les administrations publiques.
154 P. LE GREVE, Souvenirs d'un marxiste anti-stalinien,
Bruxelles, Seconde Carnets de route, 1996, pp. 217-221.
155 De 1959 jusqu'à 1965, l'UNFP avait établi des
stations radios à Alger.
46
b.1.3.2 De la CGSP aux mouvements associatifs belges
Comme à Charleroi, le futur bureau bruxellois a
été le fait de jeunes étudiants belges issus de la FGTB
mais aussi du Mouvement Chrétien pour la Paix (MCP), d'OXFAM-Belgique et
de la Coordination Nationale d'Action pour la Paix et la Démocratie
(CNAPD). Parmi ces jeunes, figuraient Philippe Doucet*, alors fraîchement
diplômé en architecture et sa femme Annie Crolop* enseignante et
membre de la FGTB156. Annie Crolop* dispensait, alors, des cours
d'alphabétisation dès 1967, dans les locaux de la FGTB au 43 rue
de Suède dans la commune de Saint-Gilles. Ces cours dispensés aux
immigrés espagnols, marocains et turcs ont aboutis, à la
naissance du Collectif Alpha en 1971157.
Philippe Doucet a joué un rôle de «
secrétaire-adjoint » au sein du Comité, où il passera
beaucoup de temps à rédiger les bulletins d'informations et les
communiqués pour les coordinations des comités sur lesquels nous
reviendrons plus loin. Avec Pierre Le Grève*, Mohamed El Baroudi* et
Louise Lacharon*, Philippe Doucet* s'est attaché à concentrer les
informations sur la répression politique au Maroc reçues des
autres Comités, dont celui de Paris. Il rédigeait, par ailleurs,
les comptes rendus des réunions. En plus du jeune couple, il y avait
Pierre Galand* alors jeune économiste et membre fondateur
d'OXFAM-Belgique et du CNAPD. Pierre Galand a fortement participé au
travail de terrain du CCRM durant les premières années de son
existence158.
Mais de brusques événements vont
précipiter la création du CCRM bruxellois. Parmi ceux-ci :
l'agression physique de militants marocains par les Amicales lors d'un meeting
à la Madeleine organisé par le RDM et la FGTB en décembre
1975159. Cette agression des Amicales fut une réponse
à une manifestation organisée par des ouvriers marocains à
Anvers, exigeant la dissolution des Amicales, le 2 février
1975160. Ensuite vint l'expulsion de Christine Jouvain*, future
épouse d'Abraham Serfaty*, par les autorités marocaines durant
l'été 1976161 et enfin, la perquisition musclée
d'une Brigade de Surveillance et de Recherche au domicile de Mohamed El
Baroudi* le 16 juin 1977162. La BSR avait été
informée par des policiers marocains de la présence de Mohamed El
Baroudi*sur le territoire belge. Cet incident fut porté à la
connaissance de Serge Moureaux* qui, comme en témoigne une lettre
écrite à Pierre Le Grève : «
156A. LEDUC (dir.), Mohamed El Baroudi : un
« Fil Rouge » de 40 ans d'immigration marocaine à
Bruxelles, Bruxelles, CFS asbl, N°7-8, 2007, pp. 40-50. Interview de
Philippe Doucet et Annie Crolop le12 avril 2014.
157 A. LEDUC (dir.), Fil rouge. En quête de
sens..., Bruxelles, Les Cahiers du Fil Rouge, CFS asbl, N°1,
2005-2006, pp. 4-5.
158 Interview de Pierre Galand le 26 mars 2014.
159 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°398, Correspondances diverses 1977-1994 : Communiqué du CCRM
relatif au meeting du 10 février 1978 à 20h00 à la salle
de la Madeleine
160 Archives Personnelles de Mohamed El Baroudi, Documents
relatifs à la gestion interne du RDM : Dossier relatif aux
activités des Amicales Associations de Solidarité des
Travailleurs et Commerçants Marocains : Le rôle des Amicales des
ouvriers et commerçants en Europe, Paris, octobre 1975, p. 11.
161 CH. DAURE-SERFATY, Lettre du Maroc, op.
cit., p. 34.
162 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°71, Correspondance générale pour l'année 1977 :
Communiqué relatif à la perquisition effectuée par la BSR
au domicile de Mohamed El Baroudi du 16 juin 1977.
47
ne pouvait tolérer le contrôle des opposants
marocains par certains éléments de la police belge collaborant
avec la police marocaine163».
b.1.3.3 Des mouvements associatifs belges aux
représentants politiques belges
Face à ces événements
précipités et fort de ses relations politiques, Pierre Le
Grève* a contacté plusieurs représentants politiques
importants, ainsi que des représentants de la société
civile belge pour organiser une réunion visant à la
création dans un premier temps d'un « Comité de Soutien et
de Défense des Marocains Démocrates »164. Mais,
au vu de la situation urgente, il ne fallait pas trop tergiverser sur la
nécessité d'être totalement original vis-à-vis des
travaux effectués par les comités de France et de Charleroi. Par
conséquent, les membres de cette réunion ont maintenu les grandes
lignes directrices des comités déjà existants en France.
Lors de cette réunion, étaient présents bien sûr le
premier « noyau dur » composé des personnes mentionnées
plus haut mais aussi de membres du Parti Communiste Belge (PCB), du Parti
Social-Chrétien (PSC), du Rassemblement Wallon (RW), des
Fédéralistes Démocrates Francophones (FDF), et du Parti
Socialiste Belge (PSB).
Les premiers partis politiques belges à avoir
apporté le premier élan du CCRM étaient le PSC-CVP, le
PSB-PCB et le RW. Ce soutien est fort représentatif de la composition du
Gouvernement Tindemans (CVP du 25 avril 1974 au 11 octobre 1978)165.
Etaient donc présents Léo Tindemans*, en personne, membre de la
Christelijke Volkspartij (CVP devenu CD&V) devenu Premier ministre et
succédant à Edmond Leburton (PSB). Ensuite, Jacques Moins* avocat
au barreau de Bruxelles, président alors du PCB166, membre
actif de la Fondation Joseph Jacquemotte et très impliqué dans
les activités culturelles des associations des communautés
immigrées167. Aux côtés de Jacques Moins*, se
trouvait son homologue flamand du Kommunistische Partij van België (KPB)
Louis Van Geyt*. On notait aussi la présence d'Yves de Wasseige*
représentant du RW. Etaient aussi présents, du futur Parti ECOLO
(fondé en 1980), Xavier Winkel* et José Daras*. Serge Moureaux*
représentait la tendance FDF. Chez les socialistes enfin étaient
présents à cette réunion, Willy Burgeon*,
député de 1971 à 1995 et Roger Lallemand*, sénateur
entre 1979 et 1999. Avec les représentants politiques, des figures de la
société civile belge s'étaient aussi montrées dont
François Rigaux*, ancien juriste et professeur à
l'Université Catholique de Louvain (UCL), François Houtart*,
fondateur du Centre Tricontinental (CETRI) situé dans la même
ville, ainsi que Paulette Pierson- Mathy, juriste, professeur à
l'Université Libre de Bruxelles (ULB) et spécialiste de l'Afrique
du Sud. Toutefois, il fallait distinguer les membres actifs du Comité
d'avec les
163 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°398, Correspondances diverses 1977-1994 : Lettre adressée au
CCRM par Serge Moureaux sur la perquisition au domicile de Mohamed El Baroudi
et la complicité des polices belges et marocaine, datée du 29
février 1980.
164 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°71, Correspondance générale pour l'année 1977 :
PV d'une réunion passée entre Pierre Le Grève et plusieurs
responsables politiques belges, daté du 27 juin 1977.
165 CRISP, Documents Politiques, Gouvernements
Fédéraux depuis 1944 : Gouvernements Léo Tindemans I, II,
III, IV.
166 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse
n°398, Correspondances diverses 1977-1994 : Lettre de Jacques Moins
à Pierre Le Grève confirmant son adhésion au CCRM
datée du 24 juin 1977.
167 CARCOB - Archives Communiste (Bruxelles), Fonds Jacques
Moins, Boîte N°7, Liasse n°3, Notes personnelles de Jacques
Moins relatives à sa participation à la Fondation Joseph
Jacquemotte, non datées.
48
membres prête-noms, car la participation de chaque
membre se faisait en fonction de ses disponibilités et de son emploi du
temps. Les membres prête-noms permettaient aussi au Comité de
disposer d'un premier capital de sympathie et d'une certaine protection.
En date du 23 juin 1977, à la suite d'une importante
réunion, était né à Bruxelles un Comité de
Lutte contre la Répression au Maroc. Repris à l'adresse sise 8
avenue du Furet 1170 Bruxelles, le bureau bruxellois nouvellement né ne
sera pas tout de suite effectif. En effet, en fonction du capital humain et
matériel rendu accessible par les membres adhérents du bureau
bruxellois, il fallait faire connaître l'existence du Comité
contre la Répression au Maroc au grand public. Aussi, le CCRM a
activé ses contacts dans le monde syndical pour l'organisation d'un
premier meeting le 10 février 1978 dans la salle de la
Madeleine168.
Le CCRM va contacter à cet effet la JOC, le MCP, le
Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie
(MRAX) en la personne d'Yvonne Jospa*, la JCB, l'Union Belge pour la
Défense et pour la Paix (UBDP), le Mouvement pour l'autogestion
socialiste, le PSB, le Collectif des Avocats, l'Ecole d'alphabétisation
de Mons-Borinage et la Ligue Internationale pour le Droit à la
Libération des Peuples169. Ces mouvements ont soutenu
l'initiative de ce meeting fondateur tout en s'engageant à distribuer
des tracts ou à poser des affiches en faveur du CCRM170. Le
meeting a eu un retentissement considérable auprès d'un public
fort nombreux, et de cet événement, le CCRM a tiré une
première leçon dans un compte rendu qui reprend les grandes
lignes de Paris tout en l'adaptant à la situation belge. Une esquisse
des objectifs du CCRM de Bruxelles est énoncée en ces quelques
termes : « (...) Que le Comité contre la Répression
à Bruxelles soutient les démocrates marocains. (...) Que le
Comité contre la Répression à Bruxelles va relayer les
travaux du Comité de Paris. (...) Que le Comité contre la
Répression dénonce la présence de la police marocaine
à travers les actes d'intimidations et de violences
perpétrés par les Amicales (...)171. »
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