C-
EAUX DE PROFONDEUR
Lorsqu'il pleut, une partie de l'eau se perd par infiltration
à travers les fissures et les pores de l'écorce terrestre et
descend sous l'effet de la pesanteur jusqu'à rencontrer une couche
imperméable d'argile ou roches compactes au dessus de laquelle elle
s'amasse : ce sont les réserves souterraines ou eau de
profondeur.
L'eau de profondeur est la source la plus importante des
sources d'approvisionnement pour la plupart des communautés
rurales ; elle offre des avantages multiples, notamment, elle est souvent
exempte de bactéries pathogènes et est
généralement utilisée sans traitement.
Les couches géologiques exercent un pouvoir filtrant
sur les eaux de profondeur. Ce pouvoir épurant est fonction des
données hydrogéologiques.
1-Données hydrogéologiques
Les études hydrogéologiques du secteur
d'étude reposent sur l'interprétation de la carte
hydrogéologique réalisée au 1/200 000e par M. ENGALENC
avec le projet FED en 1985 et celles des coupes de forages profonds et les
résultats de prospections géologiques effectuées en
février 2006 par HYDRO TPE pour le compte de la réalisation des
ouvrages hydrauliques dans l'arrondissement de Toviklin.
La commune de Toviklin est située sur les
aquifères de calcaires du paléocène, une nappe captive
exploitable par des forages de 90 à 190 mètres de profondeur. Il
s'agit des aquifères de sable de Mæstrichtien: c'est une nappe
captive entre les faciès argilo marneux du paléocène et du
socle ancien.
On y rencontre aussi des aquifères de socle qui sont
discontinus, très limités et à très faible
potentialité. Il en ressort deux types de nappes :
une couche d'altération argilo sableuse de 10 à
30 mètres d'épaisseur exploitable par des puits modernes à
grand diamètre et dont la perméabilité est de l'ordre de
8.10-6 m/s,
un rocher sous jacent à la couverture
d'altération dans les fissures qui constitue un aquifère
discontinu.
Cette diversité de nature géologique fait de la
commune de Toviklin, une zone plus ou moins difficile sur le plan
hydrogéologique.
La nappe est peu épaisse dans la région et
présente des disparité et on observe à certaines
profondeurs, des affleurements du socle. Cet état de chose explique le
tarissement précoce de plusieurs puits traditionnels dans la
région. ( fig.4)
Figure 4 : Coupe hydrogéologique du
Département du Couffo
Source : M. ENGALEC 1985, Carte
hydrogéologique modifiée
2-
Citernes, puits et forages
a) Citernes
Les citernes sont les simples trous de grand diamètre
creusés manuellement dans le sol à l'aide d'une pioche, d'une
pelle ou de tout autre matériel d'excavation. Elles sont aussi des
puisards sans margelle de faible profondeur (1 à 2 mètres)
souvent creusés par les populations à côté des
maisons construites en tôles ou dans le lit des eaux de ruissellement.
Ces citernes servent souvent à retenir l'eau de pluie ou les eaux de
ruissellement. Les citernes sont pour la plupart érigées à
côté des maisons en tôle avec un dispositif approprié
et fabriqué pour recueillir l'eau à travers des tuyaux, des
entonnoirs en tôle comme l'indique la photo n°1.
La Direction Générale de l'eau avait fait
l'option dans les années 1990 mais ces ouvrages ne garantissent ni la
potabilité de l'eau ni la durabilité de l'ouvrage.
Les eaux de pluie qui en sont issues ne sont pas de bonne
qualité car elles sont mal conservées. A cela s'ajoute la
pollution des eaux de pluie causée par l'insalubrité de
l'environnement immédiat.
Photo n°1: Citerne traditionnelle dans le
hameau de Sèkouhoué
Cliché : Dégbey D.
Février 2007
b) Puits
Selon le dictionnaire Larousse, les puits sont des trous profonds
creusés dans la terre pour en tirer de l'eau. Dans la commune de
Toviklin , on distingue deux sortes de puits :
-les puits ordinaires ou puits traditionnels
-les puits modernes cimentés.
Puits traditionnels
Les puits traditionnels sont des forages à grand
diamètre qui ne respectent pas les règles de l'art. Ces puits ne
sont pas cimentés jusqu'au niveau statique, c'est-à-dire jusqu'au
toit de l'aquifère. Les parois n'étant pas cimentées, on
enregistre des pousses de moisissures le long des trous de ces puits. Ces
moisissures polluent l'eau qui pourtant au départ est potable.
Au fil des ans, ces parois se dégradent et ensablent
ainsi le puits qui perd une grande partie du volume d'eau qu'il contient et
rend ainsi l'eau polluée. Les populations n'ayant autre source que cette
dernière sont obligées de se servir de l'eau de ce puits pour
satisfaire leurs besoins. Plusieurs maladies surviennent après la
consommation de cette eau, mais compte tenu de l'ignorance de la population,
personne n'en parle et toute infection hydrique est attribuée aux dieux.
C'est le cas de certaines maladies dermatologiques qui sont attribuées
au dieu SAKPATA, le dieu de la terre.
Les puits sont au nombre de 89 lors de notre dernier passage
dans les villages et quartiers de Toviklin en juin 2007. Ils sont pour la
plupart abandonnés par les populations car ayant fait plusieurs
années sans entretien deviennent de vieux puits taris et subissent
des désagrégations à cause de leur âge. Ils
appartiennent à des familles ou à une seule personne dont les
eaux sont destinées à la vente.
Dans l'arrondissement urbain (Toviklin I et II), ces puits ne
sont plus nombreux, ils sont délaissés au profit des eaux de la
SONEB. Les quelques individus qui continuent de s'approvisionner à cette
source sont ceux dont le pouvoir d'achat est très faible.
La qualité de l'eau au niveau des puits traditionnels
est douteuse par rapport à celle des puits modernes car ces puits
traditionnels sont soumis à des effets polluants. Cela s'explique par
les raisons suivantes :
v la technique de captage des eaux, ce qui engendre un
fréquent éboulement des parois.
v les moyens d'exhaure ne sont rien d'autre que des puisettes
en caoutchouc munies de cordes.
v la protection n'est qu'une simple couverture de bois, de
feuille de palmier ou de feuille de tôle pour les nantis.
v l'absence d'une margelle et d'une aire anti -bourbier
facilite l'intrusion des eaux de ruissellement.
v l'absence de cuvelage laisse pénétrer les eaux
d'infiltration des alentours où les hommes, les femmes et les animaux
domestiques déposent leurs excréments.
Les puits traditionnels sont plus nombreux que ceux modernes
dans l'arrondissement car ils représentent pratiquement 60% des ouvrages
hydrauliques.
Photo n°2: Puits traditionnel dans le village de AKOME
Cuvelage non renforcé,
Cliché : Dégbey DJIDJI,
Février 2007
Dans l'arrondissement de Toviklin, ces puits traditionnels
sont plus fréquentés que les puits modernes à cause du
coût de la bassine d'eau. En effet, les populations
préfèrent cette eau de qualité douteuse pour plusieurs
autres raisons à savoir :
- la distance entre elles et le puits moderne,
- le coût de la bassine d'eau
- la fréquentation des puits par les femmes,
- difficulté de trouver un compagnon pour aller puiser
l'eau car ceci se fait souvent à deux au moins pour réduire les
peines.
Les puits modernes
Les puits modernes sont des puits à grand
diamètre (1,2m à 2,2m) pouvant atteindre 100 mètres de
profondeur selon le niveau des aquifères et selon l'unité
hydrogéologique de la région. Dans l'Arrondissement de Toviklin,
ces puits sont financés par la Direction Générale de l'Eau
sur appui financier à travers des programmes tels que PADEAR, COOP92,
GTZ/KFW, OPEP/KFW, JAPON, BADEA, CEAO, CE I, IDA-DANIDA, USAID, SNV, FED, CBA
etc exécutés par les ONGs ou des entreprises travaillant dans le
domaine de l'approvisionnement en eau comme FORAG-FORATEC, INTRAFOR, FORAG-SA,
NISAKU, BATICO-BENIN. Ceci se fait avec la participation financière des
populations locales selon les indications des stratégies nationales
d'approvisionnement en eau potable et le principe « l'eau paie l'eau
» (250.000F pour les FPM, PM, et 5% du coût des ouvrages AEV).
Construits suivant des techniques modernes un puits moderne
correspond à un point d'eau et est en mesure d'alimenter 250 habitants
dans les conditions judicieuses d'usage. Les parois des puits modernes sont
cuvelées jusqu'au captage. Dans l'arrondissement de Toviklin, nous avons
enregistré au 31 décembre 2006, huit puits modernes
financés par les structures ci-dessus citées.
Au total, il existe 09 puits modernes dont le moyen d'exhaure
est pour la plupart des poulies ou des treuils. Il est à noter qu'aucun
PEA n'est disponible dans l'arrondissement ainsi que des AEV.
Au 31 décembre 2006, la population de l'arrondissement
de Toviklin pour s'approvisionner normalement en eau potable selon les normes
de la stratégie nationale de l'approvisionnement en eau potable en
milieu rural a besoin de 59 points d'eau car pour une population de 16075, le
taux de couverture est de 15.24% et le taux de desserte est de 8.47%.
Pendant que la population de cet arrondissement
s'accroît au rythme exponentiel, les demandes en eau des populations ne
sont pas satisfaites tant au niveau des AEV, des PEA qu'au niveau des
adductions d'eau de la SONEB.
Photo n°3: Puits moderne à Tannou-Avédji
(Cuvelage fortement renforcé en béton armé)
Cliché : Dégbey D. Février 2007
c) Forages
Les forages sont des ouvrages de captage des eaux
souterraines : ce sont des trous de diamètre relativement
réduit (creusés dans le sol à l'aide des machines
appelées sondeuses et pouvant atteindre une très grande
profondeur pour permettre d'extraire un important volume d'eau. Ils
interviennent dans le cadre des adductions d'Eau Villageoise (AEV)
Les forages permettent de parer aux difficultés
d'approvisionnement en eau potable dans les zones à faible
pluviométrie et dans celles où l'eau de surface est
polluée.
Le forage est muni d'un moyen d'exhaure qui est la
pompe : celle-ci est choisie en fonction des caractéristiques
ci-après.
-Le débit possible d'exploitation,(au moins
5,1m3)
- Le côte du niveau statique et dynamique
-le diamètre du forage
-la profondeur à laquelle la pompe peut descendre.
Dans l'arrondissement de Toviklin, il n'existe pas de PEA ni
d'AEV, il n'existe qu'un seul FPM dans le village de Doko Djoudomè qui
continue de fonctionner jusqu'au aujourd'hui.
Photo n°4 : FPM à Latéhoué
(Village de Doko djoudomè)
Cliché : Dégbey D. Septembre
2007
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