I.2. Etat des lieux de la
situation problématique
L'eau constitue un bien considéré à
l'instar de l'air, comme essentiel à la vie humaine. Elle est la plus
cruciale des ressources naturelles et qui rend la vie possible et soutient les
écosystèmes et les entreprises de l'homme. L'eau est à la
fois une ressource stratégique et l'élément de base
fondamental nécessaire à une économie saine (L.
ODOULAMI , 1998, p 23). L'accès à cette ressource pose
encore d'énormes difficultés dans plusieurs régions du
monde dont particulièrement les pays en voie de développement. En
effet, un milliard quatre cent millions environ d'êtres humains dans le
monde n'avaient toujours pas accès en 2003 à l'eau potable et
parmi eux, 450 millions se situaient en Afrique (Gauthier, 2004).
Alors qu'environ 85% de la population urbaine en Afrique ont
de l'eau potable, 55% de la population rurale n'y ont toujours pas accès
(Enterprise Works World Wide, 2003). La situation est surtout alarmante dans
les pays désertiques et sahéliens où un litre d'eau vaut
plus qu'un lingot d'or (l'eau s'obtient dans certains pays désertiques
par échange avec de l'or, parfois l'existence de ce métal ne
garantit aucune sécurité en approvisionnement en eau car elle
manque avec acuité). Sur le plan national, l'approvisionnement en eau
potable en milieu rural reste faible.
La situation oblige cependant encore plus de la moitié
de la population rurale de s'approvisionner au marigot, à la
rivière, au puits non protégé et même à
partir des citernes remplies d'eau de pluie et mal entretenues (PROTOS, janvier
2006). Il existe un lien direct entre le manque d'accès à l'eau
et toutes sortes de maladies dont sont victimes les populations pauvres dans le
monde, en particulier dans les pays en voie de développement (Briand et
Lemaître, 2004).
Aujourd'hui elle fait objet de grandes préoccupations
des chefs d'État et de gouvernements et de plusieurs institutions
nationales, régionales ou internationales comme l'Union Africaine, le
NEPAD, l'OMS, l'UNICEF etc. , compte tenu de l'enjeu qu'elle représente
dans la vie de l'homme à travers plusieurs projets ou programmes.
Au Bénin, des populations continuent de souffrir de
l'eau en particulier dans le Département du Couffo. En effet, le taux de
desserte dans cette région du Bénin est de 60,9% (Base de
Données Intégrées ; BDI, mai 2012) si l'on prend en
compte tous les points d'eau (FPM, PEA, AEV). Les AEV constituent une
amélioration du niveau de service de l'eau.
En effet, pour favoriser une pérennité des
ouvrages, le processus de professionnalisation de la gestion des AEV a
été engagé dans toutes les communes des 11
départements du Bénin ; mais son bilan actuel reste encore
mitigé avec 62% des AEV seulement en affermage effectif dont 30%
présentent des problèmes majeurs avec une situation très
contrastée suivant les communes (DG-Eau/GIZ, mai
2012).
Le critère majeur jouant sur l'avancement et le bon
déroulement du processus est d'abord la compréhension et
l'implication des élus d'une commune, et en premier lieu le maire,
renforcé par la présence dans les services communaux d'un
responsable du secteur eau et assainissement ; cependant, d'autres
éléments jouent un rôle important dans les
difficultés actuelles de mise en place de l'affermage des AEV :
· de nombreux appels à concurrence se sont
révélés infructueux du fait de l'absence, ou du nombre
trop faible d'offres recevables ;
· la non rentabilité structurelle de quelques
AEV ;
· les consommations constatées plus faibles que
celles prévues lors des études : populations
surestimées et/ou concurrence des autres points d'eau ;
· la mise en affermage d'AEV thermiques anciennes sans
réhabilitation du système de pompage ;
· la réticence, voire le blocage du processus par
les anciens gestionnaires ;
· la fixation du prix de l'eau et du montant des
redevances faite sans s'appuyer sur des éléments objectifs.
Il apparaît donc fondamental qu'en ce qui concerne la
dynamisation du suivi de la gestion des AEV, de poursuivre l'appui aux communes
dans le processus de professionnalisation.
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