CHAPITRE II : DIAGNOSTIC DES PROBLÈMES
D'ASSAINISSEMENT DE LA VILLE DE LOKOSSA
Ce deuxième chapitre de l'étude aborde la
présentation du milieu d'étude et la situation de
l'assainissement dans la ville de Lokossa.
2-1- Présentation du milieu d'étude
La ville de Lokossa est située dans la commune de
Lokossa et plus précisément dans l'arrondissement de Lokossa.
Elle compte 08 quartiers répartis sur 9,35 km2. Ce sont les
quartiers : Tchicomè, Glo guincomè, Takon zongo,
Saguè Zounhoué, Agnivèdji, Ahouanmè
dékanmè, Adjacomè et Agonvè. La ville de Lokossa
est limitée au Nord par l'arrondissement de
Ouèdèmè, au Sud par la commune d'Athiémé,
à l'Est par l'arrondissement de Houin et à l'Ouest par le village
d'Atikpéta. Elle est localisée au Sud-Ouest de la commune de
Lokossa. Sa superficie représente 17,31 % de la superficie de
l'arrondissement de Lokossa (54 km²). La figure 1 présente les
situations géographique et administrative de la Ville de Lokossa.
Figure 1 : Situations géographique
et administrative de la ville de Lokossa
Le climat de la ville de Lokossa est un climat chaud
marqué par une humidité relativement élevée ;
les précipitations qu'on y observe sont relativement
modérées (900 à 1.100 mm), favorables aux inondations et
à la pollution environnementale en saison de pluie, surtout dans les
zones de terres noires ou à sols hydromorphes, comme c'est le cas de
l'arrondissement de Lokossa.
Les sols que l'on retrouve dans la ville de Lokossa sont de
type ferralitique et hydromorphe, le premier est facilement dégradable
si associé à de fortes pentes, tandis que le second reste
très propice à la stagnation des eaux pluviales et usées.
Ces caractéristiques pédologiques fragilisent l'équilibre
sanitaire de la population.
2-2- Situation de
l'assainissement dans la ville de Lokossa
2-2-1- Gestion des excrétas, eaux usées et
boues de vidange
Dans la ville de Lokossa, la couverture en latrines est
bien en dessous des attentes nationales. Moins de trente ménages sur
cent disposent d'une latrine pour l'évacuation des excrétas. Le
taux de couverture en est de 28 % à Lokossa centre (enquête de
terrain). La figure 2 présente le taux de couverture en latrines de la
ville de Lokossa.
Figure 2 : Couverture en latrines de la
ville de Lokossa
Le recensement exhaustif des dispositifs
améliorés d'évacuation des excréta et des eaux
usées réalisé par la Direction des Services Techniques
(DST) de la mairie dans la ville de Lokossa a permis de comptabiliser au total
2.467 ménages disposant de latrines pour 8.543 ménages que
comptait la ville en 2011. Dans la réalité des faits, un peu
moins d'un millier d'ouvrages supplémentaires sont implantés sur
le territoire communal sans vraiment servir. En effet, plus de 20 % des
ouvrages existant matériellement ne servent pas, soit pour interruption
prolongée de construction, soit parce qu'en mauvais état (DST,
Mairie Lokossa).
L'ampleur du besoin et l'acuité de la demande sont tels
que malgré ce faible taux de couverture, la proportion moyenne de
ménages utilisant des latrines est presque trois fois plus grande que
celle de ménages disposant de latrines. Le taux d'accès aux
latrines par les ménages est de 71 %. C'est la preuve de la forte
pression liée à l'usage des infrastructures d'évacuation
des excrétas. Ceci laisse supposer que près de 30 % des
ménages n'ont pas du tout accès aux latrines.
Les besoins en latrines familiales d'ici 2015, pour atteindre
l'Objectif n° 7 du Millénaire pour le Développement (OMD)
dans la commune de Lokossa (objectifs relatifs à la
réduction de moitié, de la proportion de ménages sans
accès à un système amélioré
d'assainissement), ont été évalués à 5.109
latrines, soit une moyenne de 1.022 latrines par an (Mairie Lokossa, 2010).
D'une façon générale, près de 83 %
des ménages ne disposant pas de latrines, utilisent comme lieux
d'aisance la brousse, le reste (17 %) utilise les latrines publiques, les
latrines des écoles, les abords des concessions, etc.
La situation de la gestion des eaux usées est moins
reluisante. Le recensement exhaustif réalisé a
révélé deux types de puits perdus dans la ville de
Lokossa : les puits perdus modernes (fosse partiellement
maçonnée, couverture en béton...) et les puits perdus
traditionnels qui sont en fait des trous creusés et fermés avec
une feuille de tôle ou des bois empêchant les animaux de venir se
baigner dans les eaux stagnantes. Sur cent ménages, moins de neuf
disposent d'un puits perdu, avec 6 % de couverture en puits perdus modernes et
2 % en puits perdus traditionnels. Le peu de puits perdus existant dans la
commune de Lokossa est essentiellement utilisé pour l'évacuation
des eaux de douche. Cependant, dans la majeure partie des cas, il s'agit de
puisards hors norme ou construits sur l'emprise des voies (photo 1). Il est
également observé le phénomène des connexions
illicites des ménages sur les canalisations publiques pour
l'évacuation des eaux usées de toute nature est également
très répandu.
1a
1b
Photo 1 : Puisards installés aux
abords d'une concession à Agonvè
Prises de vues :
Mikponhoué, avril 2011
La photo 1 présente une concession dont les
canalisations de rejets d'eau usées débouchent directement dans
la rue où est aménagé un trou couvert par une dalle (photo
1a) et un puisard en état de délabrement dans la rue (photo 1b).
L'enquête de terrain a révélé que
les abords des maisons sont les lieux prépondérants de rejet des
eaux de lessive (67 %), de vaisselle (65 %) et de cuisine (63 %). Quant aux
eaux de douche mal évacuées, elles stagnent aux alentours des
maisons dans la plupart des ménages sans puits perdus.
En ce qui concerne la gestion des boues de vidange, la commune
de Lokossa, malgré son statut de ville secondaire et sa forte
agglomération urbaine, ne dispose pas d'un service local de vidange des
fosses fonctionnel. L'unique camion vidangeur existant est en panne et
complètement amorti. De plus, le site utilisé pour le
déversement des boues de vidange n'est pas aménagé.
Pour répondre aux besoins des populations, un
mécanisme palliatif a été mis en place : la mairie se
réfère aux services d'une structure privée de vidange
située à Cotonou après un recensement de 20 fosses
pleines (car en deçà, le déplacement de
l'opérateur ne serait plus rentable). Cette structure réalise la
vidange des fosses au prix fixé et adopté en session communale
pour Lokossa (41.600 FCFA). Cependant, avant d'atteindre ce nombre de 20 fosses
pleines, les demandes durent plusieurs semaines si bien que les premiers
inscrits éprouvent d'énormes difficultés dans
l'exploitation de leurs fosses. Cet état de chose ne permet pas souvent
de satisfaire les demandes des populations dans la période requise et
suscite beaucoup de plaintes de la part de ces dernières. Certaines sont
obligées de recourir tout simplement aux vidangeurs manuels, au
mépris des risques encourus.
|