3-2- Eau, assainissement et santé des
populations de la ville de Lokossa
La maîtrise de l'eau est loin d'être une
réalité dans la commune de Lokossa. La fourniture d'eau potable
dans la ville de Lokossa se fait par la SONEB. La figure 5 illustre
l'évolution du nombre d'abonnés au réseau de la SONEB dans
la ville de Lokossa.
Figure 5 : Evolution du nombre de
ménages abonnés à la SONEB
Le nombre de ménages abonnés à la SONEB a
progressé avec un taux d'accroissement moyen de 2,8% entre 2005 et 2009.
Cependant ce chiffre représente juste 1/3 du nombre de ménages de
la ville. Une bonne partie des ménages non abonnés utilisent les
sources d'eau alternatives et principalement les eaux de puits.
L'enquête ménage réalisé a permis
d'identifier les différents usages faits de l'eau de la Soneb et des
eaux de puits dans la ville de Lokossa. Le tableau II présente les
différentes sources d'eau utilisées pour la consommation dans les
ménages
Tableau II : Sources d'eau
utilisées pour la consommation dans les ménages
|
Sources d'approvisionnement en eau
|
Total ménages enquêtés
|
SONEB
|
Puits
|
SONEB et Puits
|
Boisson
|
60 (31 %)
|
90 (46 %)
|
45 (23 %)
|
195 (100 %)
|
Cuisine
|
25 (20 %)
|
136 (62 %)
|
34(18 %)
|
195 (100 %)
|
Source : Travaux de
terrain, 2010
De l'analyse de ce tableau, il ressort que 31 % des
ménages enquêtés utilisent uniquement l'eau de la SONEB
pour la boisson, 46 % uniquement l'eau de puits et 23 % les deux sources d'eau
(eau de la SONEB et eau de puits) compte tenu des difficultés
d'approvisionnement. Cependant, pour la cuisine, 20 % des ménages
enquêtés utilisent l'eau de la SONEB contre 62 % pour l'eau de
puits et 18 % pour les ménages qui alternent l'utilisation des deux
sources d'eau.
Le tableau III présente quant à lui la
quantité de coliformes fécaux observée dans les eaux de
puits suite à des analyses effectuées dans seize (16)
ménages de la ville de Lokossa.
Tableau III : Quantités de
coliformes fécaux dans les puits échantillonnés
Germes
|
Quantité
|
Nombre de puits
|
Qualité de l'eau
|
Coliformes fécaux
|
1 à 10
|
05
|
Raisonnable
|
10 à 100
|
11
|
Suspecte
|
Source : Enquête de
terrain, 2012
L'observation des résultats issus de ces analyses
montre une forte présence de coliformes fécaux dans quinze (15)
échantillons d'eaux de puits avec des quantités de 82 UFC/ 100 ml
d'eau. Entre 1 à 10 UFC/ 100ml d'eau, l'eau est considéré
de qualité raisonnable. Aux delà, l'eau doit être
traitée car suspecte.
La présence de coliformes fécaux dans l'eau d'un
puits met en évidence une pollution d'origine fécale, humaine ou
animale, et la présence possible de pathogènes entériques.
La consommation des eaux de ces puits constitue donc un risque pour la
santé des populations. Les déterminants de la qualité des
eaux de puits dans la ville de Lokossa sont présentés dans
la figure 6.
Recueil Transport Stockage Manipulation de l'eau
pour consommation
|
|
Paramètres biologiques
|
|
Dépotoirs sauvages des ordures
|
|
|
|
|
|
|
|
Qualité de l'eau des puits
|
|
|
Paramètres physiques
|
|
|
|
Paramètres chimiques
|
Figure 6 : Déterminants de la
qualité de l'eau dans la ville de Lokossa
Source : MAKOUTODE, 1999
Cette figure indique les relations entre la qualité de
l'eau des puits (variable dépendante) et les déterminants
(variables indépendantes) qui influencent cette dernière dans la
ville de Lokossa. Les facteurs qui influencent la qualité biologique des
eaux de puits dans la ville de Lokossa sont essentiellement la mauvaise gestion
des déchets solides et liquides ménagers associée aux
paramètres physiques du milieu (qualité du sol,
inondation,...).
La précarité de l'accès à l'eau
potable reste un facteur déterminant pour la santé dans la ville
de Lokossa. Celle-ci constitue une menace pour la santé des populations
et ajoute une pression supplémentaire aux systèmes de
santé publique déjà fragiles. L'eau étant
considérée comme vecteurs de transmission, plusieurs maladies
sont répertoriées comme pathologies liées à l'eau
(tableau IV).
Tableau IV : Principales maladies
liées à l'eau selon l'OMS (1996)
Maladies
|
Cause et voie de transmission
|
Dysenterie amibienne ou bacillaire
|
Les protozoaires ou bactéries suivent la voie
fécale-orale par l'intermédiaire d'eau contaminée,
d'aliments, de contact de personne à personne.
|
Maladie diarrhéique
|
Des bactéries, virus et protozoaires divers suivent la
voie fécale-orale par l'intermédiaire d'eau contaminée,
d'aliments, de contact de personne à personne.
|
Choléra
|
Les bactéries suivent la voie fécale-orale par
l'intermédiaire d'eau contaminée, d'aliments, de contact de
personne à personne.
|
Hépatite A
|
Le virus suit la voie fécale-orale par
l'intermédiaire d'eau contaminée, d'aliments, de contact de
personne à personne.
|
Paratyphoïde et typhoïde
|
Les bactéries suivent la voie fécale-orale par
l'intermédiaire d'eau contaminée, d'aliments, de contact de
personne à personne.
|
Polio
|
Le virus suit la voie fécale-orale par
l'intermédiaire d'eau contaminée, d'aliments, de contact de
personne à personne.
|
Ascaridiase
|
Les oeufs fécondés sont transmis par les
fèces humaines. Les larves que contiennent les oeufs se
développent dans un sol chaud. Les humains ingèrent le sol que
contiennent les aliments. Les larves écloses pénètrent
dans la paroi intestinale, où elles parviennent à
maturité.
|
Draconculose (ver de
Guinée)
|
Le ver Dracunculus est ingéré par un
crustacé, le Cyclops. Quand des humains digèrent le Cyclops, les
larves du ver sont libérées dans l'estomac. Les larves
pénètrent dans la paroi intestinale, puis deviennent des vers qui
traversent les tissus. Au bout d'un an, le ver adulte atteint la surface de la
peau des extrémités inférieures. La femelle entre en
contact avec l'eau, puis décharge les larves dans l'eau.
|
Schistosomiase
(bilharzia)
|
Les oeufs du ver schistosome sont transportés par les
fèces humaines. Les oeufs éclosent au contact de l'eau,
libérant le parasite miracidium. Le parasite se loge dans un escargot
d'eau douce, dans lequel il se réplique. Il est libéré
dans l'eau, puis pénètre dans la peau de l'homme et, quelques
secondes après, dans les vaisseaux sanguins. Au bout de 30 à 45
jours, miracidium devient un ver, qui peut pondre de 200 à 2.000 oeufs
par jour pendant une moyenne de 5 ans.
|
Dengue
|
Le virus est prélevé par un moustique sur un humain
ou un animal infecté. Ledit virus incube pendant 8 à 12 jours et
se réplique. Quand le moustique prélève ensuite du sang,
il injecte alors le virus dans le sang d'un humain.
|
Filariose (y compris
éléphantiasis)
|
Les larves du ver sont ingérées par un moustique et
se développent. Quand le moustique infecté pique un humain, les
larves pénètrent dans la blessure et atteignent les ganglions
lymphatiques, où elles se reproduisent.
|
Paludisme
|
Les protozoaires se développent dans l'intestin d'un
moustique et sont transmis par sa salive chaque fois qu'il
prélève du sang. Les parasites sont alors transportés par
le sang jusqu'au foie de l'homme, qu'ils envahissent et où ils se
reproduisent.
|
Source : OMS, 1996
La recrudescence des maladies diarrhéiques et maladies
à transmission vectorielle dans la ville de Lokossa est la
résultante des problèmes d'assainissement observés dans
les ménages et des difficultés d'approvisionnement en eau potable
pour la consommation.
|