1.3. Problématique
A nos jours, plusieurs textes sont mis en place par le
gouvernement de la RDC dans son engagement dans la lutte contre la
pauvreté et le changement climatique. Du code forestier de 2002, passant
par l'arrêté N°035/CAB/MIN/ECN-EF/2006 du 5 octobre 2006
relatif à l'exploitation forestière confia un permis
d'exploitation des bois fixés dans le périmètre de la
communauté, uniquement aux Congolais vivant dans une communauté
rurale, pour les besoins énergétiques tel que
complété par l'arrêté ministériel N°05
du 17 juin 2009 fixant le modèle des documents qui sont prévus
pour l'exploitation forestière, jusqu'aux DSCRP I et II (Jolien et
al., 2011).
En 2011, le Ministère du Plan avait affirmé que
70,00 % des ménages congolais étaient encore pauvres et
utilisaient près de 62,30 % de leurs budgets pour des besoins
alimentaires avec une disparité entre les milieux ruraux et urbains.
Pour y faire face, le gouvernement s'est engagé à relancer
l'agriculture dans sa stratégie de croissance et de réduction de
la pauvreté sans compromettre la lutte contre le changement climatique
(Ministère du Plan, 2011).
Considérée, comme une forme d'aménagement
forestier, l'agroforesterie spatio-temporelle caractérisée par
l'incinération des brindilles et de la litière qui se pratique
dans le cadre du projet « Ibi Batéké » constitue un
palliatif au problème de la productivité des sols de la
région, et à l'atténuation de la dégradation de ses
ressources naturelles biophysiques. Les agriculteurs pratiquent ce
système en associant l'Acacia auriculiformis aux cultures
vivrières, essentiellement le manioc associé au maïs et/ou
au niébé ainsi que les arbres fruitiers (Vermeulen et
al., 2010 ; Nsombo, 2016).
Ce système joue un rôle irremplaçable pour
la production de bois-énergie, la sécurité alimentaire, la
réduction du taux de chômage dans la zone, ainsi qu'à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES)
(Kasongo et al, 2009 ; ONF International, 2011 ; Nsombo, 2016).
4
Sachant que l'agroforesterie est l'une des alternatives
susceptibles de concilier les besoins de réduction de la pauvreté
et de gestion durable de l'environnement, sachant aussi que la
littérature dit qu'elle apporte nombreux avantages tant pour le fermier
que pour la société, plusieurs partenaires de
développement nationaux et/ou internationaux se sont engagés dans
le renforcement des capacités de la population rurale pour la mise en
oeuvre de cette nouvelle technologie agricole (Buttoud, 1994 ; Edna, 2007).
Grâce aux soutiens matériels, financiers et
techniques de l'ONG GI Agro dans le cadre du programme d'amélioration
des revenus et de la sécurité alimentaire de 590
bénéficiaires de la grande périphérie d'Ibi-village
et du territoire de Kwamouth, ainsi que de contribuer à la
séquestration de carbone, en 2014, les ménages agricoles de ce
milieu, réunis au sein des comités locaux de développement
(CLD), ont installé chacun au moins 0,50 ha associant l'Acacia
auriculiformis au manioc. Cependant, après la récolte de
manioc, environ 90,00 % des bénéficiaires de ce projet ont
abandonné le système (SLCD & GI Agro, 2014). Quels sont les
déterminants du développement des SAF à Ibi-village et ses
hameaux ? Voilà la question principale que se pose ce travail. Pour y
répondre, trois énigmes doivent être
révélées. Quelles sont les caractéristiques des SA
mises en place à Ibi-village et ses hameaux ? Les SAF mis en place ne
seraient-ils pas financièrement moins rentables que les SAT
qu'appliquent les paysans dans la zone ? Quels sont les facteurs qui expliquent
significativement l'abandon des SAF par les agriculteurs de la zone ?
|