CHAPITRE IV : DISCUSSION
4.1. Caractères des SAF mis en place à
Ibi-village et ses hameaux
Bien que les autochtones soient majoritaires dans la zone
d'étude (56,79 %), les profils des agriculteurs
échantillonnés laissent entrevoir que les allochtones
représentent 43,21 % de la population enquêtés dont 48,57 %
des jeunes ingénieurs habitant à Ibi-village et travaillant pour
le GI Agro. La présence de ce groupe dans la zone est expliquée
par le chômage qui se visse dans la ville province de Kinshasa. A peine
10,49 % des ménages enquêtés sont gérés et/ou
représentés par les femmes célibataires, veuves et celles
dont les conjoints étaient absents pendant les enquêtes. La taille
et l'ancienneté moyenne des ménages dans la zone sont
respectivement de 5,00 membres et 12,50 ans. Les agriculteurs vivant sans
conjoint représentent 12,96 %. Environ 48,15 % des agriculteurs ont
moins de 40,00 ans. Ceux instruits ne représentent que 27,78 % de
l'échantillon, dont 12,35 % ont franchi le niveau d'étude
primaire et 15,43 % ont un niveau supérieur ou universitaire (tableau
10). L'écart trouvé entre le taux d'instruction avancé par
Biloso (2008), soit 43,20 %, par rapport à celui trouvé dans ce
travail, soit 27,78 %, s'explique par la quasi-inexistence des institutions
scolaires à Ibi-village et ses hameaux. Bien qu'une école
maternelle et primaire soit opérationnelle à Ibi-village
grâce au financement du GI Agro, les villages hameaux n'y accèdent
presque pas suite à la distance.
Tableau 10 : Niveau d'instruction des agriculteurs agricole
Niveau d'instruction Fréquence %
Analphabète 24 14,81
Primaire 93 57,41
Secondaire 20 12,35
Supérieur/Universitaire 25 15,43
Total 162 100,00
L'agriculture demeure dans cette zone l'activité
principale des ménages (42,71 %). La grande partie de revenu que les
ménages tirent de leurs activités est orientée vers la
consommation.
Ces résultats viennent renforcer les constats faits par
Kinkela & Bahandi (2005), Biloso & Lejoly (2006), Biloso (2008),
Marquant (2011) ainsi que Lopaka & Mbuyamba (2014) sur les plateaux des
Batéké en périphérie de Kinshasa. Dans leurs
études, ces auteurs ont trouvé que les allochtones à la
recherche du travail constituent une couche envahissante bien que la zone soit
encore sous la domination des autochtones. La taille moyenne des ménages
est dans ce
36
milieu de 5 individus. La main-d'oeuvre jeune est plus faible
en périphérie de la ville de Kinshasa par rapport à la
main-d'oeuvre vieille. La majorité des agriculteurs vivent avec au moins
un conjoint. Un nombre important de la population enquêtée par
Biloso (2008) dans le plateau des Batéké, soit 56,80 %, ne se
sont limités qu'au niveau primaire. Les populations de la zone survivent
de l'exploitation de leurs milieux naturels et plus souvent l'AT. Le revenu
tiré de la production de manioc est en partie consommé. Il est
à noter que Mushagalusa (2005) a fait les mêmes constats dans la
province du Sud-Kivu en RDC.
De son coté, Aboubacar (2014) dans son étude
socioéconomique des SAF à manguier et à anacardier dans le
terroir de Kotoudéni (Province du Kénédougou, Burkina
Faso) a trouvé que la participation des femmes dans la pratique
agroforestière est faiblement représentée (14,1%) suite
à la marginalisation cette couche dans la tradition africaine.
La faible représentation de l'association
Acacia-manioc dans le temps s'explique par le fait que ce
système est encore en phase d'expérimentation à
Ibi-village et ne se trouve pas dans les hameaux. Le système le plus
dominant est celui qui associe, dans le temps, l'Acacia au manioc
(98,15 %). Ce dernier occupe la place centrale dans les types des SAF
trouvés dans la zone car il fut le premier système à
être promu par la société Novacel à Ibi-village et
ensuite amplifié par le GI Agro dans les hameaux.
Un petit nombre des agriculteurs, non originaires de la zone
d'étude, habitant et travaillant à Ibi-village,
représentant 20,99 % de l'échantillon possède 49,29 % des
surfaces agroforestières enregistrées (tableau 11). Cette
situation s'explique par le partenariat que le GI Agro avait signé avec
les jeunes ingénieurs dans le but de tester à petite
échelle des filières non conventionnelles de développement
et à analyser in situ, en fournissant toutes les conditions pour leur
éclosion. En outre, la contrepartie que retire le GI Agro après
la récolte de manioc par leurs partenaires explique bel et bien cette
situation. Avec ce partenariat, l'ONG donne par métayage des terrains
délimités, labourés et hersés, ainsi que les
semences d'acacia et les sachets polyéthylènes à ses
partenaires et gagne en retour les arbres plantés par ces derniers. Les
autochtones ne possèdent qu'une petite portion des surfaces
agroforestières car le GI Agro les a aidés à labourer et
herser leur propre terre déjà délimitée et les a
dotés des semences d'acacia ainsi que des sachets
polyéthylènes sans attendre une contrepartie quelconque. Quant
à la superficie agricole des peuples Téké dans la zone,
Biloso (2008) avait démontré qu'elle ne dépasse pas un
ha.
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Tableau 11 : Possession des terres agroforestières (ha)
Village
|
Allochtone
|
Autochtone
|
Total
|
|
Fréquence
|
%
|
Fréquence
|
%
|
Fréquence
|
%
|
Dualé Bolingo
|
4,00
|
3,03
|
7,50
|
5,68
|
11,50
|
8,71
|
Dualé Mitterrand
|
2,00
|
1,52
|
2,00
|
1,52
|
4,00
|
3,03
|
Dualé Mukoko
|
0,00
|
0,00
|
3,00
|
2,27
|
3,00
|
2,27
|
Dualé Nico
|
3,50
|
2,65
|
4,50
|
3,41
|
8,00
|
6,06
|
Ibi-village
|
65,00
|
49,24
|
6,00
|
4,55
|
71,00
|
53,79
|
Kanisa
|
2,50
|
1,89
|
5,50
|
4,17
|
8,00
|
6,06
|
Lemba
|
1,50
|
1,14
|
4,50
|
3,41
|
6,00
|
4,55
|
Limeté
|
1,00
|
0,76
|
3,00
|
2,27
|
4,00
|
3,03
|
Mbempu
|
0,50
|
0,38
|
7,00
|
5,30
|
7,50
|
5,68
|
Mosali moko
|
2,00
|
1,52
|
4,00
|
3,03
|
6,00
|
4,55
|
Sarajevo
|
1,00
|
0,76
|
2,00
|
1,52
|
3,00
|
2,27
|
Total
|
83,00
|
62,88
|
49,00
|
37,12
|
132,00
|
100,00
|
La préférence des arbres fruitiers par rapports
aux non fruitiers qui sont choisis pour le bois-énergie est
expliquée par le fait que les premiers contribuent non seulement
à la fertilisation du sol, objectif secondaire des agriculteurs, mais
constituent une source importante et régulière de revenu et
assurent l'alimentation.
Les résultats similaires ont été
trouvés par Magsi (2009) dans son analyse des performances
économiques des SAF dans la province du Sind au Pakistan. De son
côté, Aboubacar (2014) dans son étude
socioéconomique des SAF à manguier et à anacardier dans le
terroir de Kotoudéni avait fait les mêmes constants.
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